Kathleen de Fabrice Colin
Posté : mar. mai 09, 2006 3:54 pm
Bonjour,
La critique d'Eric Holstein de Kathleen de Fabrice Colin rend plutôt bien compte du roman, mais manque un peu de cohérence. Je vous renvoie pour commencer à mon propre article, qui du reste se présente moins comme une critique, ou comme une analyse, que comme un ensemble de fragments qui, j'espère, font cependant sens : http://findepartie.hautetfort.com/archi ... colin.html
Je voudrais toutefois revenir ici sur un ou deux points problématiques de la critique d'Eric. Premièrement, ne voir en Gurdjieff qu'un gourou fumeux ou un profiteur, est une grave erreur. Ses enseignements, en particulier en matière de manipulation mentale, ont réellement influencé certaines techniques modernes, mais surtout, ils procédaient d'une authentique quête spirituelle - ce qui, j'en conviens, n'est pas au goût du jour... Louis Pardieu n'est pas fou, il cherche un sens à sa vie, il cherche à retrouver le goût (y compris physique) de cet amour qui, en présence de Kathleen, l'a submergé (voir les ultimes mots du roman). Ce que seul permet, peut-être, un patient travail sur l'esprit. Et lorsque l'oubli le saisit, lorsque sa maladie ronge son corps et son cerveau, il n'oublie certes pas cet amour insensé. La mort, est l'occasion pour lui de rejoindre Kathleen, à jamais.
Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les passages plus "expérimentaux" du roman seraient "dispensables"... Au contraire, ils participent pleinement à la reconstruction de Louis Pardieu par le lecteur - tellement, en vérité, que le roman se ferme non sur un récit objectif, mais justement sur cette exploration mentale de Louis qui, à la toute fin, part retrouver sa Kathleen. Il y a au coeur du livre l'idée que nous ne sommes pas que la somme finie de nos actes : nous sommes aussi, et surtout, ce que nous laissons au monde. Le propos rappelle un peu le Big Fish de Tim Burton : l'imaginaire, la légende, est toujours plus vivante, plus vraie en un sens que la "réalité" parfois bien terne. Le récit fantastique, survol onirique des espaces intérieurs de Louis, sert précisément à donner une version supplémentaire des faits, qui, pour être intérieure, n'en est pas moins vraie...
Je compte sur vous, bien entendu, pour me signaler - juste retour des choses -, d'éventuels incohérences ou contresens de mon propre texte.
Je vous signale enfin la prochaine mise en ligne, dans quelques jours, d'une longue interview de Fabrice Colin, toujours pour mon site Fin de partie. Je reviendrai évidemment vous en faire part.
Cordialement,
O.N.
La critique d'Eric Holstein de Kathleen de Fabrice Colin rend plutôt bien compte du roman, mais manque un peu de cohérence. Je vous renvoie pour commencer à mon propre article, qui du reste se présente moins comme une critique, ou comme une analyse, que comme un ensemble de fragments qui, j'espère, font cependant sens : http://findepartie.hautetfort.com/archi ... colin.html
Je voudrais toutefois revenir ici sur un ou deux points problématiques de la critique d'Eric. Premièrement, ne voir en Gurdjieff qu'un gourou fumeux ou un profiteur, est une grave erreur. Ses enseignements, en particulier en matière de manipulation mentale, ont réellement influencé certaines techniques modernes, mais surtout, ils procédaient d'une authentique quête spirituelle - ce qui, j'en conviens, n'est pas au goût du jour... Louis Pardieu n'est pas fou, il cherche un sens à sa vie, il cherche à retrouver le goût (y compris physique) de cet amour qui, en présence de Kathleen, l'a submergé (voir les ultimes mots du roman). Ce que seul permet, peut-être, un patient travail sur l'esprit. Et lorsque l'oubli le saisit, lorsque sa maladie ronge son corps et son cerveau, il n'oublie certes pas cet amour insensé. La mort, est l'occasion pour lui de rejoindre Kathleen, à jamais.
Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les passages plus "expérimentaux" du roman seraient "dispensables"... Au contraire, ils participent pleinement à la reconstruction de Louis Pardieu par le lecteur - tellement, en vérité, que le roman se ferme non sur un récit objectif, mais justement sur cette exploration mentale de Louis qui, à la toute fin, part retrouver sa Kathleen. Il y a au coeur du livre l'idée que nous ne sommes pas que la somme finie de nos actes : nous sommes aussi, et surtout, ce que nous laissons au monde. Le propos rappelle un peu le Big Fish de Tim Burton : l'imaginaire, la légende, est toujours plus vivante, plus vraie en un sens que la "réalité" parfois bien terne. Le récit fantastique, survol onirique des espaces intérieurs de Louis, sert précisément à donner une version supplémentaire des faits, qui, pour être intérieure, n'en est pas moins vraie...
Je compte sur vous, bien entendu, pour me signaler - juste retour des choses -, d'éventuels incohérences ou contresens de mon propre texte.
Je vous signale enfin la prochaine mise en ligne, dans quelques jours, d'une longue interview de Fabrice Colin, toujours pour mon site Fin de partie. Je reviendrai évidemment vous en faire part.
Cordialement,
O.N.