Avaleur de mondes de Walter Jon Williams
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Avaleur de mondes de Walter Jon Williams
Le beau titre original de ce roman ("Implied Spaces") a été rendu de manière farfelue par "Avaleur de mondes" chez L'Atalante, alors que "Mondes implicites", qui ne demandait pas des heures de réflexion, me semble sonner magnifiquement. Allez comprendre (peut-être que la réponse est que "Mondes implicites" était déjà pris..).
A la page 162, je lis le dialogue suivant:
"-Tu veux que je te commande un en-cas? proposa celle-ci.
- Pourquoi pas? elle consacra une demi seconde à passer en revue les menus électroniques.
-Des nouilles à la citronnelle?
-D'accord.
-Avec du poulet, du porcs ou des crevette?
- Des crevettes.
-Un robot te les apporta sur le quai.
-Merci."
Curieusement, c'est à ce moment que je me suis aperçu que je ne terminerais pas ce roman, qui pourtant avait tout pour me passionner: un futur lointain où les humains changent de personnalité à volonté, possèdent des univers-bulles personnels, vivent des centaines, voire des milliers d'années, mangent des nouilles... un monde qui est une espèce de généralisation (de ce que je m'imagine être, je n'y connais rien du tout de rien du tout, aux jeux de rôle, mais je vois bien les joueurs manger des nouilles chinoises) de l'univers du jeu de rôle. Avec de la technologie en veux-tu en voilà (trous de vers, des IA en forme de chat et tout le bazar), de la philosophie (Sartre et Camus sont cités, je jure que je ne plaisante pas: ".. ça trimbale un cervelle aussi grosse qu'une planète, et ça se fait baiser par Sartre comme le commun des mortels.")
Eh bien, je me suis ennuyé. Et ça ne peut pas être la traduction, puisqu'elle est signée Jean-Daniel Brèque (ça coule d'ailleurs très bien).
Sans doute l'auteur a-t-il voulu dire que, dans un monde où on peut à peu près tout pendant une durée illimitée, on finit par s'emmerder ferme. C'est réussi de ce point de vue (le lecteur s'emmerde lui aussi au bout d'un moment). Sans doute s'adresse-t-il a un public de joueurs de jeux de rôle, qui doivent être pliés quatre à certaines allusions (il aurait pu faire des allusions au rock, tant qu'il y était, ça aurait été le bouquet... de crevettes).
J'ai feuilleté le reste (les 240 pages restantes). A moment donné, un type se demande si l'univers lui-même n'est pas un truc artificiel construit par des joueurs un grade au dessus... ça a failli m'arracher un rictus.
A ne pas noter, la couverture pas très réussie de Benjamin Carré, illustrateur que j'admire et que l'on a connu beaucoup plus inspiré.
J'ai dû passer à côté de quelque chose... D'autres avis? (A part: "Tonton, tu devrais te mettre au jeu de rôle, tu rates quelque chose!")
Oncle Joe
PS: A part ça, c'est très lisible, et je dirais même qu'un Papou de Nouvelle-Guinée qui, par extraordinaire, n'aurait jamais lu un bouquin de SF de sa vie pourrait trouver ça formidablement original et exaltant.
A la page 162, je lis le dialogue suivant:
"-Tu veux que je te commande un en-cas? proposa celle-ci.
- Pourquoi pas? elle consacra une demi seconde à passer en revue les menus électroniques.
-Des nouilles à la citronnelle?
-D'accord.
-Avec du poulet, du porcs ou des crevette?
- Des crevettes.
-Un robot te les apporta sur le quai.
-Merci."
Curieusement, c'est à ce moment que je me suis aperçu que je ne terminerais pas ce roman, qui pourtant avait tout pour me passionner: un futur lointain où les humains changent de personnalité à volonté, possèdent des univers-bulles personnels, vivent des centaines, voire des milliers d'années, mangent des nouilles... un monde qui est une espèce de généralisation (de ce que je m'imagine être, je n'y connais rien du tout de rien du tout, aux jeux de rôle, mais je vois bien les joueurs manger des nouilles chinoises) de l'univers du jeu de rôle. Avec de la technologie en veux-tu en voilà (trous de vers, des IA en forme de chat et tout le bazar), de la philosophie (Sartre et Camus sont cités, je jure que je ne plaisante pas: ".. ça trimbale un cervelle aussi grosse qu'une planète, et ça se fait baiser par Sartre comme le commun des mortels.")
Eh bien, je me suis ennuyé. Et ça ne peut pas être la traduction, puisqu'elle est signée Jean-Daniel Brèque (ça coule d'ailleurs très bien).
Sans doute l'auteur a-t-il voulu dire que, dans un monde où on peut à peu près tout pendant une durée illimitée, on finit par s'emmerder ferme. C'est réussi de ce point de vue (le lecteur s'emmerde lui aussi au bout d'un moment). Sans doute s'adresse-t-il a un public de joueurs de jeux de rôle, qui doivent être pliés quatre à certaines allusions (il aurait pu faire des allusions au rock, tant qu'il y était, ça aurait été le bouquet... de crevettes).
J'ai feuilleté le reste (les 240 pages restantes). A moment donné, un type se demande si l'univers lui-même n'est pas un truc artificiel construit par des joueurs un grade au dessus... ça a failli m'arracher un rictus.
A ne pas noter, la couverture pas très réussie de Benjamin Carré, illustrateur que j'admire et que l'on a connu beaucoup plus inspiré.
J'ai dû passer à côté de quelque chose... D'autres avis? (A part: "Tonton, tu devrais te mettre au jeu de rôle, tu rates quelque chose!")
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PS: A part ça, c'est très lisible, et je dirais même qu'un Papou de Nouvelle-Guinée qui, par extraordinaire, n'aurait jamais lu un bouquin de SF de sa vie pourrait trouver ça formidablement original et exaltant.
- marc
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Je ne l'ai pas repris sur ma liste à acheter ni demander en service presse parce que je n'arrive pas à définir le genre.
Marc Le Blog science-fiction de Marc et Phenix Mag
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A là, pour le coup, c'est de la science-fition dur de dur! ça se passe dans un avenir lointain, il y a plein de technologie (imaginaire et un peu vaguement vraie, je suppose), etc., comme la Culture de Banks, ou "La cité des permutants" de Egan, par exemple, et même des allusions explicites à Asimov (pour les IA) et la Singularité de Vinge.marc a écrit :Je ne l'ai pas repris sur ma liste à acheter ni demander en service presse parce que je n'arrive pas à définir le genre.
Je me demande bien ce qui a pu te faire douter une seconde, quand on voit la 4e de couverture ou le prière d'insérer!
A la limite, la cover est un poil ambigue (le type à turban avec le cimeterre), mais un poil seulement: il y a des machins technologiques qui virevoltent autour (c'est un peu sombre, c'est vrai).
Oncle Joe
- marc
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La cover entre autre. Des sabres en SF ne me rassurent pas vraimentLensman a écrit :Je me demande bien ce qui a pu te faire douter une seconde, quand on voit la 4e de couverture ou le prière d'insérer!
A la limite, la cover est un poil ambigue (le type à turban avec le cimeterre), mais un poil seulement: il y a des machins technologiques qui virevoltent autour (c'est un peu sombre, c'est vrai)



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Re: Avaleur de mondes de Walter Jon Williams
Comme l'Empereur-Dieu de Dune alors ?Lensman a écrit :C'est réussi de ce point de vue (le lecteur s'emmerde lui aussi au bout d'un moment).

L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
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Re: Avaleur de mondes de Walter Jon Williams
N'exagérons rien, ce n'est pas un pensum, mais j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à ce qui arrive. Il y a comme une platitude dans la narration. Ce n'est pas lourd, mais ça m'a semblé bien vain.Sans doute suis-je passé à côté du fond de l'ouvrage, je sens confusément que ça doit plutôt parler aux amateurs de jeux de rôles.Herbefol a écrit :Comme l'Empereur-Dieu de Dune alors ?Lensman a écrit :C'est réussi de ce point de vue (le lecteur s'emmerde lui aussi au bout d'un moment).
Oncle Joe
Bon, alors peut-être que j'essaierai de la lire, puisque je suis amateur de jeu de rôle. 

L'affaire Herbefol
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- bormandg
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Curieuse, la remarque de Marc: je n'ai pas écrit pour Phenix une critique d'Avaleur? Pourtant j'en ai une sur mon DD... Aurais-je oublié de l'expédier.?...
Bon, après réflexion, et parce que certaines critiques de Notre Oncle sont justes, si je dois réexpédier ma critique, je modérerai mon enthousiasme... mais je continue à apprécier le livre malgré les nouilles et un certain nombre d'autres intrusions abusives de la vie actuelle dans un univers prétendûment post-Singularité. Comme je l'ai pensé, sinon écrit: je crois que ce retour abusif du présent dans un futur lointain est plus ou moins inévitable tant qu'on n'écrira pas dans le futur pour ramener le texte par chronomachine.
Bon, après réflexion, et parce que certaines critiques de Notre Oncle sont justes, si je dois réexpédier ma critique, je modérerai mon enthousiasme... mais je continue à apprécier le livre malgré les nouilles et un certain nombre d'autres intrusions abusives de la vie actuelle dans un univers prétendûment post-Singularité. Comme je l'ai pensé, sinon écrit: je crois que ce retour abusif du présent dans un futur lointain est plus ou moins inévitable tant qu'on n'écrira pas dans le futur pour ramener le texte par chronomachine.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Tout de même, l'auteur n'a pas fait beaucoup d'efforts...
L'un des défis de la SF est de créer un effet d'étrangeté. Par exemple, ses personnages sont censés avoir vécus des tas de vies différentes. Heureusement qu'il le précise, parce que, autrement, rien ne les distingue de personnes normales contemporaines, et encore pas spécialement brillantes.
Quand on pense à certains personnages de Zelazny, aux quasi-immortels de Farmer, aux univers virtuels vertigineux de Egan ("La cité des permutants") ou au monde de la Culture de Banks, pour citer des exemples de base (je ne vais pas chercher loin) que tout le monde connait... c'est pas bien brillant.
La Singularité, heureusement aussi qu'il en parle, difficile de la deviner aussi dans les ringardises qui sont décrites. Si la Singularité, c'est juste un truc pour fabriquer des mondes de rolistes sans imagination (les quarante pages de description du monde moyenâgeux de 75e zone, au début, sont pitoyables, mais on me dira que c'est fait exprès... enfin, je l'espère...)
Alors, oui, écrire des textes sur l'avenir morne de désoeuvrés immortels, c'est possible (voir du côté de Moorcock). Mais ça demande un peu d'effort et d'imagination.
Dans ce roman, tout est convenu, tout est aseptisé, on dirait que c'est fabriqué comme avec un légo. Quelle platitude!
C'est décevant, car cet auteur a fait beaucoup mieux.
Par contre, un (jeune) lecteur qui ne connait pas la SF peut y trouver un intérêt. D'ailleurs, je me demande si ce n'était pas destiné à la jeunesse...
Oncle Joe
L'un des défis de la SF est de créer un effet d'étrangeté. Par exemple, ses personnages sont censés avoir vécus des tas de vies différentes. Heureusement qu'il le précise, parce que, autrement, rien ne les distingue de personnes normales contemporaines, et encore pas spécialement brillantes.
Quand on pense à certains personnages de Zelazny, aux quasi-immortels de Farmer, aux univers virtuels vertigineux de Egan ("La cité des permutants") ou au monde de la Culture de Banks, pour citer des exemples de base (je ne vais pas chercher loin) que tout le monde connait... c'est pas bien brillant.
La Singularité, heureusement aussi qu'il en parle, difficile de la deviner aussi dans les ringardises qui sont décrites. Si la Singularité, c'est juste un truc pour fabriquer des mondes de rolistes sans imagination (les quarante pages de description du monde moyenâgeux de 75e zone, au début, sont pitoyables, mais on me dira que c'est fait exprès... enfin, je l'espère...)
Alors, oui, écrire des textes sur l'avenir morne de désoeuvrés immortels, c'est possible (voir du côté de Moorcock). Mais ça demande un peu d'effort et d'imagination.
Dans ce roman, tout est convenu, tout est aseptisé, on dirait que c'est fabriqué comme avec un légo. Quelle platitude!
C'est décevant, car cet auteur a fait beaucoup mieux.
Par contre, un (jeune) lecteur qui ne connait pas la SF peut y trouver un intérêt. D'ailleurs, je me demande si ce n'était pas destiné à la jeunesse...
Oncle Joe
- marc
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Je répète ce que je dis plus haut : je n'ai pas demandé ce livre et je ne compte pas l'acheter. L'avis d'oncle Joe me suffit amplement.bormandg a écrit :Curieuse, la remarque de Marc: je n'ai pas écrit pour Phenix une critique d'Avaleur? Pourtant j'en ai une sur mon DD... Aurais-je oublié de l'expédier.?..
Ceci dit, j'ai NSO qui m'attend, mais je voudrais d'abord lire Baroudeur de Vance sorti chez ActuSF.
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C'est une faiblesse hélas courante : je ne compte pas le nombre de bouquins où l'aventure se déroule dans un futur lointain et où on a l'impression de quelque chose de contemporain avec juste un "décor" futur en décalcomanie.Lensman a écrit :Tout de même, l'auteur n'a pas fait beaucoup d'efforts...
L'un des défis de la SF est de créer un effet d'étrangeté. Par exemple, ses personnages sont censés avoir vécus des tas de vies différentes. Heureusement qu'il le précise, parce que, autrement, rien ne les distingue de personnes normales contemporaines, et encore pas spécialement brillantes.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
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Ce n'est pas propre à la SF... Il suffit d'ouvrir un Christian Jacq récent pour voir des personnages très contemporains et des intrigues bien d'aujourd'hui se dérouler dans un beau décor d'Égypte antique. Je ne sais pas s'il s'agit d'une paresse de l'auteur, ou d'attentes de lecteurs qui veulent faire du tourisme sans être trop déstabilisés.Eons a écrit :C'est une faiblesse hélas courante : je ne compte pas le nombre de bouquins où l'aventure se déroule dans un futur lointain et où on a l'impression de quelque chose de contemporain avec juste un "décor" futur en décalcomanie.Lensman a écrit :Tout de même, l'auteur n'a pas fait beaucoup d'efforts...
L'un des défis de la SF est de créer un effet d'étrangeté. Par exemple, ses personnages sont censés avoir vécus des tas de vies différentes. Heureusement qu'il le précise, parce que, autrement, rien ne les distingue de personnes normales contemporaines, et encore pas spécialement brillantes.
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