Roma Aeterna - Robert Silverberg
Posté : lun. mai 25, 2009 4:04 pm
Bon, c'est pas vraiment de la SF (encore que...) mais on va faire comme si.
Donc, Roma Aeterna, uchronie ambitieuse de Silverberg, selon laquelle l'Empire romain ne se serait jamais effondré et formée de plusieurs nouvelles couvrant plusieurs époques, du Ve siècle après JC jusqu'à nos jours... ou presque.
Le postulat de base est intéressant, ambitieux et supposait notamment une solide documentation.
Déjà, il y a plusieurs éléments divergents, et non pas un. Les Juifs n'ont jamais quitté l'Egypte (donc pas de Palestine, pas de Christ, pas de christianisme).
Ensuite, c'est Titus Gallius qui succède à Caraccalla et non Macrin, et qui réussit à redresser l'Empire.
Y en a d'autres, mais je ne suis pas allée jusque là.
En fait, pour l'instant, j'ai même du mal à entrer dans la première nouvelle.
Je m'explique.
Pour bien nous faire comprendre en quoi l'Histoire a divergé, Silverberg introduit le "nouvel" empire dans un prologue où discutent deux historiens.
L'un est chargé de chroniquer la vie de Titus Gallius et nous permet de comprendre en quoi il a fait changer les choses par rapport à Macrin.
L'autre est une sorte d'ethnologue qui se passionne pour un petit groupe atypique à la religion extrêmement originale à ses yeux : les Juifs d'Egypte.
Jusque là, tout va bien.
Le problème, c'est qu'au lieu de se contenter de trouver vraiment très intéressante la conception du monde et de la Divinité qu'en ont les Juifs, leur fan numéro un fait de l'extrapolation.
Et là, Silverberg rate un coche important.
Une bonne uchronie, à mon sens, nécessite de pouvoir se défaire des automatismes que notre Histoire nous a fait intégrer. C'est difficile, certes, mais nécessaire pour que le récit soit crédible. Les choses se sont passées différemment, donc les gens pensent différemment. A plus forte raison quand la "révolution" monothéiste a été manquée.
Le problème avec Silverberg, c'est qu'il n'arrive pas très bien à s'abstraire de ses réflexes judéo-chrétiens : son historien part dans une espèce de délire imaginatif dans lequel, si les Juifs avaient réussi leur fuite d'Egypte, ils se seraient installés en Palestine (ah ? pourquoi là précisément ?) et leur religion aurait fini par se transformer et se répandre, faire tache d'huile.
Il y a juste deux petits problèmes : la religion juive n'est pas prosélyte (c'est le "peuple élu", hein, on en fait partie ou pas, point) donc il est extrêmement hasardeux pour un observateur extérieur (de l'époque) d'envisager sa diffusion ; et le Dieu des Juifs est loin d'être celui des Chrétiens tel que décrit dans le Nouveau Testament. Amour, pardon et fraternité, ça arrive avec Jésus. L'Ancien Testament, c'est plutôt vengeance, talion et règles strictes (pardon pour ce schématisme lapidaire et primaire). Rien qui permette réellement d'envisager ne serait-ce qu'une seconde sa transformation en Peace and Love avant-gardiste
Donc, Silverberg nous fait de l'ethnocentrisme judéo-chrétien mal digéré.
ça, plus des erreurs historiques flagrantes (enfin, pour moi) : les Juifs étaient et sont restés esclaves en Egypte... sauf que l'esclavage n'existaient pas dans l'Egypte pharaonique (il est arrivé avec les Perses, et surtout les Grecs).
Notre historien judéophile prétend avoir trouvé des traces d'une fuite ratée dans les chroniques égyptienne (l'Exode qui a fait plouf). Sauf que ledit Exode n'a pas été référencé par les Egyptiens (qui notaient pourtant tout) et les Hébreux ne sont mentionnés par eux que bien plus tard, une fois, parmi d'autres peuples vaincus en Palestine... et c'est tout.
Il me paraît donc très bizarre qu'il ait trouvé mention d'une fuite ratée d'un peuple que les Egyptiens considéraient visiblement comme insignifiant.
Là encore, il réagit comme le judéo-chrétien qu'il est et donne aux Juifs, dans son histoire, une place qu'ils n'ont pas prise.
Eh ben, désolée, en commençant ainsi, je n'arrive pas à y croire.
Il se serait contenté de laisser son historien parler de son intérêt pour les particularités de la religion juive, ça serait passé. C'est vrai, ce particularisme était bien suffisant pour alimenter la conversation.
Mais non, il a fallu qu'il extrapole n'importe comment.
Résultat, en quatre pages, il a réussi à ne pas me donner envie de lire la suite. C'est con, mais je n'arrive pas à me départir de l'idée, à la lecture de ce prologue, qu'il a raté son coup, que je vais trouver d'autres grosses ficelles dans les nouvelles ou autres aberrations historiques ou philosophiques...
Ai-je tort de me braquer ainsi ? (oui, sûrement, mais c'est plus fort que moi...) Je passe probablement à côté d'un bouquin intéressant. C'est pourquoi j'aimerais avoir quelques avis dessus (histoire de savoir si j'enterre définitivement ou si je persévère).
Enfin, tout de même, au bout de 4 pages, c'est une première (jamais fait de post aussi long sur une lecture aussi courte non plus).
Donc, Roma Aeterna, uchronie ambitieuse de Silverberg, selon laquelle l'Empire romain ne se serait jamais effondré et formée de plusieurs nouvelles couvrant plusieurs époques, du Ve siècle après JC jusqu'à nos jours... ou presque.
Le postulat de base est intéressant, ambitieux et supposait notamment une solide documentation.
Déjà, il y a plusieurs éléments divergents, et non pas un. Les Juifs n'ont jamais quitté l'Egypte (donc pas de Palestine, pas de Christ, pas de christianisme).
Ensuite, c'est Titus Gallius qui succède à Caraccalla et non Macrin, et qui réussit à redresser l'Empire.
Y en a d'autres, mais je ne suis pas allée jusque là.
En fait, pour l'instant, j'ai même du mal à entrer dans la première nouvelle.
Je m'explique.
Pour bien nous faire comprendre en quoi l'Histoire a divergé, Silverberg introduit le "nouvel" empire dans un prologue où discutent deux historiens.
L'un est chargé de chroniquer la vie de Titus Gallius et nous permet de comprendre en quoi il a fait changer les choses par rapport à Macrin.
L'autre est une sorte d'ethnologue qui se passionne pour un petit groupe atypique à la religion extrêmement originale à ses yeux : les Juifs d'Egypte.
Jusque là, tout va bien.
Le problème, c'est qu'au lieu de se contenter de trouver vraiment très intéressante la conception du monde et de la Divinité qu'en ont les Juifs, leur fan numéro un fait de l'extrapolation.
Et là, Silverberg rate un coche important.
Une bonne uchronie, à mon sens, nécessite de pouvoir se défaire des automatismes que notre Histoire nous a fait intégrer. C'est difficile, certes, mais nécessaire pour que le récit soit crédible. Les choses se sont passées différemment, donc les gens pensent différemment. A plus forte raison quand la "révolution" monothéiste a été manquée.
Le problème avec Silverberg, c'est qu'il n'arrive pas très bien à s'abstraire de ses réflexes judéo-chrétiens : son historien part dans une espèce de délire imaginatif dans lequel, si les Juifs avaient réussi leur fuite d'Egypte, ils se seraient installés en Palestine (ah ? pourquoi là précisément ?) et leur religion aurait fini par se transformer et se répandre, faire tache d'huile.
Il y a juste deux petits problèmes : la religion juive n'est pas prosélyte (c'est le "peuple élu", hein, on en fait partie ou pas, point) donc il est extrêmement hasardeux pour un observateur extérieur (de l'époque) d'envisager sa diffusion ; et le Dieu des Juifs est loin d'être celui des Chrétiens tel que décrit dans le Nouveau Testament. Amour, pardon et fraternité, ça arrive avec Jésus. L'Ancien Testament, c'est plutôt vengeance, talion et règles strictes (pardon pour ce schématisme lapidaire et primaire). Rien qui permette réellement d'envisager ne serait-ce qu'une seconde sa transformation en Peace and Love avant-gardiste
Donc, Silverberg nous fait de l'ethnocentrisme judéo-chrétien mal digéré.
ça, plus des erreurs historiques flagrantes (enfin, pour moi) : les Juifs étaient et sont restés esclaves en Egypte... sauf que l'esclavage n'existaient pas dans l'Egypte pharaonique (il est arrivé avec les Perses, et surtout les Grecs).
Notre historien judéophile prétend avoir trouvé des traces d'une fuite ratée dans les chroniques égyptienne (l'Exode qui a fait plouf). Sauf que ledit Exode n'a pas été référencé par les Egyptiens (qui notaient pourtant tout) et les Hébreux ne sont mentionnés par eux que bien plus tard, une fois, parmi d'autres peuples vaincus en Palestine... et c'est tout.
Il me paraît donc très bizarre qu'il ait trouvé mention d'une fuite ratée d'un peuple que les Egyptiens considéraient visiblement comme insignifiant.
Là encore, il réagit comme le judéo-chrétien qu'il est et donne aux Juifs, dans son histoire, une place qu'ils n'ont pas prise.
Eh ben, désolée, en commençant ainsi, je n'arrive pas à y croire.
Il se serait contenté de laisser son historien parler de son intérêt pour les particularités de la religion juive, ça serait passé. C'est vrai, ce particularisme était bien suffisant pour alimenter la conversation.
Mais non, il a fallu qu'il extrapole n'importe comment.
Résultat, en quatre pages, il a réussi à ne pas me donner envie de lire la suite. C'est con, mais je n'arrive pas à me départir de l'idée, à la lecture de ce prologue, qu'il a raté son coup, que je vais trouver d'autres grosses ficelles dans les nouvelles ou autres aberrations historiques ou philosophiques...
Ai-je tort de me braquer ainsi ? (oui, sûrement, mais c'est plus fort que moi...) Je passe probablement à côté d'un bouquin intéressant. C'est pourquoi j'aimerais avoir quelques avis dessus (histoire de savoir si j'enterre définitivement ou si je persévère).
Enfin, tout de même, au bout de 4 pages, c'est une première (jamais fait de post aussi long sur une lecture aussi courte non plus).