D'ailleurs, il faut noter que cette évolution, dans le cas des arts plastiques, c'est accompagné d'un déni de tous ce qui ne cadre pas avec la "belle histoire" de la progression vers l'abstrait.Lem a écrit : Un cas intermédiaire entre l'accès direct à la musique et l'accès complexe à la littérature, c'est la peinture.
On en a déjà parlé ici mais il a fallu longtemps à la culture ambiante pour métaboliser la figuration déformée et l'abstrait. La réation basique du public, c'était le célèbre "c'est pas de la peinture ; mon gosse de cinq ans fait la même chose".
L'élargissement de la sensibilité ne pouvait pas se produire simplement par immersion et répétition, comme pour la musique. Il a fallu produire et faire circuler un discours critique sur ce que signifie "regarder une peinture". Il a fallu expliquer qu'on était sorti de l'idéal de la représentation pour amorcer une nouvelle phase de l'histoire de l'art, où la peinture est vécue comme expérience, où le sujet de l'œuvre, c'est ce qu'on éprouve quand on se tient devant elle, etc.
Le public – pas tout le monde, bien sûr, mais beaucoup de gens – a fini par recevoir ce discours. En tout cas, il était disponible et donnait une clé d'accès aux œuvres.
Ce n'est pas directement transposable à la littérature mais le déplacement à produire est du même ordre.
Un déni absurde et imbécille, qui a laissé en plan bien des artistes talentueux. Déni qui commence tout juste à disparaitre. Maintenant il est à nouveau possible de faire ça : Les agates