Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Cela dit, le polar étant massivement réalisto-centriste, quand il aborde la politique, on peut au moins faire semblant que c'est sérieux, même si c'est dans un genre au départ peu légitime.
Alors, que la SF, on l'a déjà dit par tous les bouts, ce n'est pas très sérieux. Donc la dimension politique de la SF n'a pas grand-chose à voir avec celle, réaliste, du polar.
On aura beau clamer qu'il y a du politique, là-dedans, ça n'aidera pas trop la légitimation, sauf à revenir aux sempiternels 1984 et Meilleur des mondes, qui sont quand même fort datés, et qui sont au mieux des compagnons de route de la SF.
Tiens, c'est pas mal comme expression "compagnon de route de la SF", je me demande si on l'a déjà employée pour parler de ces textes qui ressemblent à de la SF, pourraient en être, mais ne collent pas tout à fait pour des raisons X ou Y.
Alors, que la SF, on l'a déjà dit par tous les bouts, ce n'est pas très sérieux. Donc la dimension politique de la SF n'a pas grand-chose à voir avec celle, réaliste, du polar.
On aura beau clamer qu'il y a du politique, là-dedans, ça n'aidera pas trop la légitimation, sauf à revenir aux sempiternels 1984 et Meilleur des mondes, qui sont quand même fort datés, et qui sont au mieux des compagnons de route de la SF.
Tiens, c'est pas mal comme expression "compagnon de route de la SF", je me demande si on l'a déjà employée pour parler de ces textes qui ressemblent à de la SF, pourraient en être, mais ne collent pas tout à fait pour des raisons X ou Y.
- bormandg
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Je la replacerai, celle-là. Jusqu'à présent je parlais de para-SF, de quasi SF littéraire, mais compagnon de route n'est pas mal...silramil a écrit : Tiens, c'est pas mal comme expression "compagnon de route de la SF", je me demande si on l'a déjà employée pour parler de ces textes qui ressemblent à de la SF, pourraient en être, mais ne collent pas tout à fait pour des raisons X ou Y.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Surtout que oui, 1984 et Huxley sont légitimés, mais pourquoi ? Parce que leur propos critique la science et le futur technologique.silramil a écrit : Alors, que la SF, on l'a déjà dit par tous les bouts, ce n'est pas très sérieux. Donc la dimension politique de la SF n'a pas grand-chose à voir avec celle, réaliste, du polar.
On aura beau clamer qu'il y a du politique, là-dedans, ça n'aidera pas trop la légitimation, sauf à revenir aux sempiternels 1984 et Meilleur des mondes, qui sont quand même fort datés, et qui sont au mieux des compagnons de route de la SF.
1984, est utilisé à toutes les sauces pour s'en prendre aux médias, à la télé, alors que le roman date de 1948, et qu'il traite du stalinisme. Bizarrement, c'est un aspect qu'on met peu en avant
Bref, 1984 et Huxley sont des références, parce qu'elles rassurent. Elles mettent en garde contre l'avenir, contre tout renversement des valeurs et le progrès. Bref, c'est de la SF qui sert contre la SF.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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Je ne crois pas que quiconque imagine cela ?silramil a écrit :On aura beau clamer qu'il y a du politique, là-dedans, ça n'aidera pas trop la légitimation...
Tant qu'a citer de la SF "politique", je viserai plutôt "Planètes à Gogo" ou "La zone du dehors"... sauf à revenir aux sempiternels 1984 et Meilleur des mondes, qui sont quand même fort datés, et qui sont au mieux des compagnons de route de la SF.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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Ah, parce que le propos de la "vraie" SF n'est jamais de critiquer la science et le futur technologique ? Et la "vraie" SF ne met jamais en garde contre l'avenir, contre tout renversement des valeurs et le progrès ?Erion a écrit :Surtout que oui, 1984 et Huxley sont légitimés, mais pourquoi ? Parce que leur propos critique la science et le futur technologique.
(...)
Bref, 1984 et Huxley sont des références, parce qu'elles rassurent. Elles mettent en garde contre l'avenir, contre tout renversement des valeurs et le progrès. Bref, c'est de la SF qui sert contre la SF.
Alors, je vais finir par me dire que si les légitimateurs officiels, quand ils trouvent bon un ouvrage de SF, déclarent que ce n'est pas de la SF, de leur côté, certains amateurs de SF, quand ils constatent qu'un ouvrage de SF est "légitimé", déclarent que c'est "contre" la SF. La vraie" SF, bien sûr.
Cette symétrie me laisse pantois...
Giangi
Oui. Si tu prend la culture, même si le contenu politique est consistant, y'a des vaisseaux spatiaux qui parlent avec des noms ridicules.silramil a écrit : Alors, que la SF, on l'a déjà dit par tous les bouts, ce n'est pas très sérieux. Donc la dimension politique de la SF n'a pas grand-chose à voir avec celle, réaliste, du polar.
Alors que John Brunner est certainement l'un des écrivains de SF qui a été le plus apprécié hors du milieu grâce à ses romans politiques situés dans un futur proche.
Donc c'est simple : pour légitimer le genre, suffit de faire de la sf politique near future.[/i]
Après des années de cérémonie du Thé, il n’y a rien de meilleur que de vomir de la Bière.
1984 et Huxley sont de la vraie SF, mais ils sont utilisés par les "légitimateurs" pour expliquer à quel point il ne faut pas de progrès, pas de futur, pas de science, pas de changement. Ils sont instrumentalisés contre toute spéculation.Giangi a écrit : Alors, je vais finir par me dire que si les légitimateurs officiels, quand ils trouvent bon un ouvrage de SF, déclarent que ce n'est pas de la SF, de leur côté, certains amateurs de SF, quand ils constatent qu'un ouvrage de SF est "légitimé", déclarent que c'est "contre" la SF. La vraie" SF, bien sûr.
Cette symétrie me laisse pantois...
C'est pourquoi ils sont des références légitimées. Leur statut de "vraie SF" n'a aucune importance, parce que ce sont des références rassurantes pour le discours anti-futur ou anti-technologie. Dès qu'il faut parler des dangers d'Internet, zou, on sort 1984, en oubliant de quoi cause le roman (et en invitant Alain Badiou sur les plateaux, cherchez l'erreur), et tout ce qu'il y a de puissant et de contrepouvoir dans le Net.
On ne va jamais mettre en avant Banks, par exemple : une société anarchiste sans argent. Ni tous les auteurs ayant imaginé un futur DIFFERENT pour critiquer notre présent.
De ce que j'ai constaté dans les médias, quand un journaliste commence à faire référence à 1984, 9 fois sur 10, c'est pour balancer une connerie soit sur le roman, soit sur la technologie et le futur.
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C'est possible que Brunner ait été "le plus apprécié hors milieu", mais je n'en suis même pas si sûr. C'est ce que NOUS avons tendance à nous dire, parce qu'on se dit que, tout de même, là, c'est de la SF abordable, en prise avec le présent, et que le public "normal" devrait apprécier. Il me semble que "Dune", nettement moins "réaliste" que "Tous à Zanzibar", a eu plus de succès. Il faudrait vraiment se livrer à une étude poussée pour juger de la réception (succès public, succès critique, "légitimation") pour en juger.rmd a écrit :Oui. Si tu prend la culture, même si le contenu politique est consistant, y'a des vaisseaux spatiaux qui parlent avec des noms ridicules.silramil a écrit : Alors, que la SF, on l'a déjà dit par tous les bouts, ce n'est pas très sérieux. Donc la dimension politique de la SF n'a pas grand-chose à voir avec celle, réaliste, du polar.
Alors que John Brunner est certainement l'un des écrivains de SF qui a été le plus apprécié hors du milieu grâce à ses romans politiques situés dans un futur proche.
Donc c'est simple : pour légitimer le genre, suffit de faire de la sf politique near future.[/i]
A vue de nez, je n'ai pas l'impression que Brunner soit si réputé que cela, à part chez nous (au moins pour la France)…
Oncle Joe
Je suis d'accord. Ils ont d'ailleurs étudié ces romans à l'école, c'est souvent leur référence essentielle, celle dont on dira d'ailleurs souvent que c'est "autre chose" que de la SF, que cela va "bien au-delà" de la SF, etc. Puisque c'est de la littérature légitime, il FAUT que cela porte autre chose que de la SF (que ce soit vrai ou non, fondamentalement, cela n'a guère d'importance, c'est l'apparence de respectabilité qui compte).Erion a écrit : De ce que j'ai constaté dans les médias, quand un journaliste commence à faire référence à 1984, 9 fois sur 10, c'est pour balancer une connerie soit sur le roman, soit sur la technologie et le futur.
Oncle Joe
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Huxley a affirmé que le meilleur des mondes n'est pas de la SF et Orwell a reconnu n'en avoir jamais écrit.
1984 critique le Stalinisme et le meilleur des mondes critique les dérive de la société capitaliste ( visible avec l'obsession pour la figure de Henry Ford et la volonté d'uniformité).
Donc c'est vrai qu'ils sont souvent balancé hors de leur contexte. La critique des média elle est plutôt chez Spinrad, Brunner ou Sheckley.
1984 critique le Stalinisme et le meilleur des mondes critique les dérive de la société capitaliste ( visible avec l'obsession pour la figure de Henry Ford et la volonté d'uniformité).
Donc c'est vrai qu'ils sont souvent balancé hors de leur contexte. La critique des média elle est plutôt chez Spinrad, Brunner ou Sheckley.
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Tout dépend si on limite la SF à sa signification historique (école artistique structurée) ou si on la définit comme mode de réflexion, ce qui oblige à y introduire les "compagnons de route".Fabien Lyraud a écrit :Huxley a affirmé que le meilleur des mondes n'est pas de la SF et Orwell a reconnu n'en avoir jamais écrit.
Quant à la suite, séparer la satire politique de la réflexion sociologique, de la critique des medias, ou tout autre point précis de réflexion... Si on commence, on se verra obligé de définir un genre différent pour chaque oeuvre.
1984 est un "roman 1984esque", le Meilleur des mondes est un "roman meilleurdesmondesque", etc....
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- dracosolis
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Pourtant Iain Banks est reconnu à la la fois comme auteur en litterature générale et en science-fiction. Ce n'est pas le cas de John Brunner.rmd a écrit :Oui. Si tu prend la culture, même si le contenu politique est consistant, y'a des vaisseaux spatiaux qui parlent avec des noms ridicules.silramil a écrit : Alors, que la SF, on l'a déjà dit par tous les bouts, ce n'est pas très sérieux. Donc la dimension politique de la SF n'a pas grand-chose à voir avec celle, réaliste, du polar.
Alors que John Brunner est certainement l'un des écrivains de SF qui a été le plus apprécié hors du milieu grâce à ses romans politiques situés dans un futur proche.
Donc c'est simple : pour légitimer le genre, suffit de faire de la sf politique near future.
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