Mélanie a écrit :Erion a écrit :Tolkien a toujours revendiqué que le SDA était non-allégorique.
Je ne parlais pas seulement d'allégorie "directe", plutôt d'éléments qui peuvent imprégner le récit de manière moins consciente. L'auteur est le fruit de son époque, et il me semble que ça doit avoir une influence sur son rapport particulier aux mythes.
Oui, mais ça, ce n'est précisément "que" de la littérature. J'ai la flemme de rechercher mon cours, mais si on compare Brazil de John Updike et Good News from Outer Space de John Kessel, on a dans ces deux romans, des cas de changements de couleur de peau. Ca parle dans les deux cas du racisme, sauf que chez Updike, c'est lié à une histoire chamanique, tandis que chez Kessel, c'est une drogue. Le fait de choisir un instrument (en anglais on dirait "device") est typique de l'approche SF.
Chez Tolkien, tout témoignait de sa volonté de créer une mythologie autochtone anglo-saxonne. Il y avait bien une volonté particulière qui a présidé à la structuration du mythe de la Terre du Milieu, une volonté politique, si tu veux. C'est ce qui se rapproche le plus de ce que tu veux dire, j'ai l'impression.
Mais fondamentalement, les outils utilisés ne sont pas les mêmes, le réel est une matière pour la SF, un instrument qui va manipuler nos fantasmes, alors que le fantastique aura tendance à faire l'inverse (se servir des fantasmes pour manipuler le réel), la fantasy n'a pas la prétention de jouer avec le réel (peu de gens se préoccupent de savoir si des gamins peuvent manipuler des épées à deux mains, voyager pendant des mois, et accomplir de tas d'exploits. On sait dès le départ qu'on est dans l'arbitraire de l'auteur). Peut-être que dans la fantasy on établit un jeu entre les fantasmes et les mythes, que l'on met à jour les fantasmes à travers les mythes, que sais-je encore, mais le réel a peu à voir avec ça. Le réel est un décor, le plus souvent, pas un acteur (et dans les rares cas où cela peut arriver, la solution n'est pas dans le monde réel, mais dans le monde alternatif).