Le programme de parution de Milady

[Fred Combo]

Rah.. recommençons :

Athos (le comte de la Fère) s'est marié avec une certaine Anne de Breuil, qu'il a répudiée après avoir découvert qu'elle était marquée d'une fleur de lys. Cette même Anne de Breuil se remarie avec le comte de Winter, et devient Milady de Winter.

Bon, Milady fait sa méchante, elle se fait tuer. Donc, les aventures des mousquetaires étant finies, Athos voyage et rencontre sur son chemin la duchesse de Chevreuse déguisée. Elle avait demandé asile à un presbytère, et Athos ayant demandé asile un peu plus tôt lui ouvre. Elle pense qu'il est un prêtre et se dit : "haha, ce serait cool de baiser un curé", ils passent donc la nuit ensemble, et paf, ça fait (des chocapic) un Raoul de Bragelonne.

Mais bon, on découvre dans Vingt Ans après que Milady a eu un fils (qui devient le méchant du roman, Mordaunt) mais ceci est une autre histoire ^^

Ce que c'est de n'avoir internet qu'au boulot ! Mais il ne sera pas dit que j'aurais cherché pour rien et je rajouterai une petite anecdote people en plus : la Duchesse de Chevreuse est une ex d'Aramis !

Ha !

Et le passage racontant la conception de Raoul se trouve dans le chapitre XXII de 20 ans après : Une aventure de Marie Michon (pseudo de la Duchesse lorsqu'elle était avec Aramis)

Mais c'est vrai qu'une collection de bouquins intitulée "Marie Michon"...
"Hé, t'as vu le programme de parution de Marie Michon ? Génial !"

[erispoe]

Certes, mais par ailleurs Brage sort chaque mois ce que LdE sort en un an. Entre 8 et 10 grands formats.

Et ça marche !
Au point que la boite a les reins assez solides pour créer son plus ou moins clone.

Difficile d'en vouloir à une entreprise de renouveler une formule qui lui a réussit.

... et de nous prouver qu'il y a un marché en France.
Croire qu'un éditeur va saturer les rayons et tuer ses concurrents, c'est vraiment penser que l'émulation se fait par le bas.

S'ils peuvent le faire, c'est que c'est "faisable" et un point c'est tout.

"Difficile d'en vouloir à une entreprise de renouveler une formule qui lui a réussit."
Sans doute mais quand tu habites une petite ville et que tu n'as qu'un seul libraire dont le linéaire qu'il réserve à la fantasy et à la SF est occupé à 60 ou 70% par les livres de Bragelonne (ce qui se fait forcément au détriment d'autres éditeurs) et que tu n'apprécies guère les textes publiés par Alain Névant et Stéphane Marsan, tu peux quand même être un peu moins enthousiaste en pensant qu'une nouvelle collection de Bragelonne va prendre encore un peu plus de place sur les étagères.

Oui il y a visiblement un marché pour les livres de Bragelonne. Mais j'ai quand même l'impression, du fond de ma province, qu'il pourrait y avoir un marché pour Lunes d'Encre ou pour les Moutons Electriques si leurs bouquins pouvaient être un peu plus présents chez les petits libraires.

De ce point de vue, la multiplication des livres publiés est une sorte de course en avant qui raccourcit de plus en plus la durée d'exposition des bouquins chez les libraires (avant leur retour chez l'éditeur). Quand on voit le programme de parution de Milady, on peut donc être un peu inquiet...
Non ?

[Eric]

Assez d'accord. Qu'ils aient mis le doigt sur un secteur qui marche et en tirent les bénéfices, ce n'est que justice et là-dessus, rien à dire. En revanche Princesse Chaos ta vision est un peu trop candide, et élude commodément l'aspect bizness de l'affaire. Car effectivement, il y a aussi une saturation du marché et un nivellement, peut-être pas par le bas, mais au moins par niveau de rentabilité. Il est bien évident qu'un libraire mettra plus facilement en évidence un Goodkind qui vend 50 000 ex qu'un Noon qui en vend 500, et si ton distributeur t'amène deux Goodkind, trois Feist et quatre Gemmel, en deux mois, il ne va pas rester beaucoup de place pour le reste.

Lorsque tu dis :

S'ils peuvent le faire, c'est que c'est "faisable" et un point c'est tout.

Ça n'est que partiellement vrai. Ils n'ont pas démontré qu'il y avait un marché rentable pour les littératures de l'Imaginaire en France, mais un marché rentable pour un certain type de littérature de l'Imaginaire. Et la nuance est de taille. Car la rentabilité d'un Goodkind a sans doute servie de moteur a des auteurs comme Green, Hamilton, Gemmel, etc... mais pas à des auteurs qui se situent dans un Imaginaire plus exigeant ou même simplement SF ou fantastique. Constat qui se fait d'ailleurs chez Bragelonne aussi ou la collection Les Ombres est loin d'avoir les résultats de leur catalogue fantasy.

[Simon]

Bof. J'ai passé 25 ans dans une petite ville de province et même avant Bragelonne, c'était pas terrible. J'avais déjà coutume de faire 50 bornes pour trouver ce qui m'intéressait à une Fnac ou la grosse librairie régionale. Et ça fait un moment qu'Internet m'a résolu ces soucis de choix.

[Lensman]

Simon:
Il ne fait aucun doute que la vente par correspondance va prendre une part de plus en plus considérable.
Oncle Joe

[Bouse Bleuâtre]

S'ils peuvent le faire, c'est que c'est "faisable" et un point c'est tout.

Seulement, faut-il faire quelque chose parce que c'est faisable ?

Tuer son voisin, c'est faisable, par exemple.

Envahir l'Irak aussi.

[dracosolis]

c'est limite point godwin ça, à mon avis...

je maintiens que l'argument place ne tient pas, le petit libraire de chez moi ne cesse de me dire à quel point les brage qu'il met en vitrine sont autant d'appel pour les tirages moins importants qu'il colle à côté, que sans les Brage, les gens n'iraient même pas dans le rayon

maintenant, si ce qui vous titille est de stigmatiser une fois de plus le grand satan bragelonien et ses tentacules
libre à vous

[MF]

Bon, Stéphane Marsan se défendait de vouloir étouffer le marché de l'imaginaire en France, indiquant qu'il créait juste avec Milady un concurrent direct à Bragelonne, il n'empêche que 10 sorties en juin, 3 en juillet et 8 en août, ça fait beaucoup, quand même. Je suis quand même super surpris qu'ils puissent sortir autant de titres sans que les ventes s'en ressentent un minimum. Et, pour rebondir sur une remarque de Joseph sur un autre fil, quand je vois qu'à la FNAC ils ont déjà du mal à étaler toutes les nouveautés SF/F/F, une telle avalanche de livres supplémentaires va clairement poser d'énormes problèmes (même si y'a pas mal de titres poche). Et je ne parle bien sûr pas des "petits" libraires.

"Difficile d'en vouloir à une entreprise de renouveler une formule qui lui a réussit."
Sans doute mais quand tu habites une petite ville et que tu n'as qu'un seul libraire dont le linéaire qu'il réserve à la fantasy et à la SF est occupé à 60 ou 70% par les livres de Bragelonne (ce qui se fait forcément au détriment d'autres éditeurs) et que tu n'apprécies guère les textes publiés par Alain Névant et Stéphane Marsan, tu peux quand même être un peu moins enthousiaste en pensant qu'une nouvelle collection de Bragelonne va prendre encore un peu plus de place sur les étagères.

Si tout ce foin permet que le linéaire "accordé" à la SF/Fantasy dans la grande distribution (y compris la FNAC) comme dans la petite s'agrandisse, au détriment du politico-people ou du soft-sex qui l'un et l'autre gagnent de plus en plus de linéaire parce que la production explose, ça sera toujours ça de pris.

[Lensman]

Le public a toujours raison, come le rapele souvent une autorité du domaine.
Oncle Joe

[Fred Combo]

c'est limite point godwin ça, à mon avis...

je maintiens que l'argument place ne tient pas, le petit libraire de chez moi ne cesse de me dire à quel point les brage qu'il met en vitrine sont autant d'appel pour les tirages moins importants qu'il colle à côté, que sans les Brage, les gens n'iraient même pas dans le rayon

maintenant, si ce qui vous titille est de stigmatiser une fois de plus le grand satan bragelonien et ses tentacules
libre à vous

Je suis plutôt d'accord. Nous avons souvent tendance à raisonner en "amateurs (plus ou moins) éclairés" sans penser à ceux qui ne pratiquent pas intensivement la lecture F/SF. Si la surabondance de BCF amène effectivement les gens dans les bons rayons, c'est toujours ça de pris.
Maintenant, je ne sais pas si quelqu'un qui achète le dernier Goodkind sera tenté par... euh... disons "la jeune détective" de Kelly Link qui vient de sortir. Cela ne résoud probablement pas le fond du problème qui est de provoquer chez le consommateur de BCF le déclic qui le fera passer à quelque chose de plus exigeant. C'est plutôt une question d'indépendance intellectuelle, ce qui est exactement ce contre quoi luttent les techniques de marketting agressif que l'on connait.

[Lensman]

dracosolis:
...ça me fait penser aux débats sur le pouvoir d'achat: il augmente, alors que tout le monde a l'impression qu'il baisse.
Là, objectivement, Bragelone devrait être perçu positivement. Coment expliquer alors ces critiques? simple malentendu?
Oncle Joe

[Eric]

Il n'est pas question de stigmatiser Bragelonne. Mais contrairement à toi Draco, je ne crois pas à l'argument du produit d'appel. Effecivement, ça marche peut-être au coup par coup, mais sur des magasins comme la FNAC (qui abandonne peu à peu sa politique de vendeurs spécialisés), ou chez mon libraire du coin qui fait la fine bouche sur la SF et n'y connaît quedalle, désolé, mais la production pléthorique de Bragelonne phagocyte complètement les rayons spé.

Dans un cas, c'est parce qu'on est dans une logique de vente au kilo en rentrant, de préférence des références qui marchent. C'est ce qu'ils font depuis longtemps sur le disque, et quand Madonna fait produire son album par Mirwais, non, ça ne fait pas grandir le rayon electro. Et dans le deuxième cas de figure, c'est parce que, la mort dans l'âme, le libraire qui consent à polluer ses rayonnages avec un truc aussi méprisable que la SF&F va le faire en demandant avis au commercial de son distributeur qui va lui refourguer ce qui se vend le plus.

Et dans le cas de Milady, où la distribution va se confronter au centrales d'achat de la grande distribution, tu ne vas pas me faire croire qu'il vont agrandir le rayon SF. S'il faut faire de la place, ce sont les éditeurs moins agressifs ou tout simplement moins bien implantés sur ce marché qui vont en faire les frais. Le poche, c'est une logique industrielle avant tout.

[Daylon]

L'autre chose intéressante étant que, sur du moyen/long terme, en prolongeant les remarques d'Éric, tu peux saturer et étouffer la concurrence, ce qui te permet ensuite de pratiquer les prix et la politique marketing qui te chante. Donc en général, en bricolant pas mal de paramètres pour augmenter ta marge à l'unité.

[Simon]

A lire certains messages on a comme une image de rayons SF/fantasy qui n'ont pas changé de taille depuis des décennies. Est-ce la réalité ? Les rayonnages aujourd'hui dévolues à la fantasy sont du même accabit que la SF auparavant ? La fantasy ne viendrait bouffer que l'espace qui était dévolue à la SF, et en ce sens la SF serait donc la première cible de "concurrence" ? Quid des polars, des Mary Hggins Clark, de la people, de la "blanche" ?

[orcusnf]

Mais Milady ne vise à priori pas les librairies mais les grandes surfaces, donc ça ne devrait normalement pas créer de problème. Attendons le mois de juin pour et là, nous verrons si ça pose effectivement un problème.