Le Cyberpunk est-il l'avenir (marketing) de la SF ?

[Seb]

Le Japon a pour meilleure arme sa capacité d'adaptation et son formidable sens de l'innovation. Ce n'est pas le monstre froid et flippant de Gibson mais dans le domaine de l'intimidation économique, ça fout les jetons. Tout comme rome en son temps, le Japon a vu, comprendu et utilisu à sa façon les influences extérieures pour produire un truc indescriptible mais terriblement dynamique. Le Japon bouge culturellement sinon dans les mentalités (là c'est carrément figé) et propose quelque chose de vraiment excitant et novateur. Alors oui, la Jpop c'est craignos et question cinéma, c'est limité à quelques pointures, mais la littérature, l'art contemporain (surtout celui de la rue) montre qu'il y a une véritable effervescence.

[Florent]

Je sais bien que c'est ce que tu a écris. Mais le sens de la discussion partait sur la puissance du Japon (en faisant référence à son PIB par exemple) avant de dériver vers l'impact de sa culture sur le monde. Or les deux ne sont pas liés. Dans le cyberpunk, le Japon est influent sur ces 2 tableaux, or nous voyons bien que dans la réalité, économiquement, il a subi un revers. Qui a prévu une telle émergence de la Chine ? (A part Alain Peyrefitte).

[Seb]

Ce que disait Gibson dans Neuromancien correspondait à un état des rapports de force économique à son époque (c'est pourquoi ce n'était pas une anticipation au sens strict) qui s'est révélé faux plus tard, mais il serait tout à fait plausible de réécrire Neuromancien et de faire du Japon une puissance centrale, sauf que sa puissance prendrait d'autres formes.

Ben le Japon s'est offert une bonne ventrée dans les années 80, avant la fameuse "bulle spéculative" qui a plombé l'économie de l'archipel. Gibson a connu la période la plus faste de l'influence nippone sur la planète. Aujourd'hui, le Japon c'est un géant de la banque. Il joue dans l'ombre, sans montrer les muscles et ajoute à ça une culture qui s'exporte très bien en occident.

[Seb]

économiquement, il a subi un revers.

Un revers ? Un ralentissement sensible c'est certain mais l'économie brasse toujours plus que tout le monde sur la planète. Disons que les projections se sont avérées trop optimistes. De là à parler de camouflet...

[Laurence]

Vous parlez surtout de politique et d'économie, parce qu'apparemment ce qui vous intéresse surtout dans le cyberpunk c'est l'aspect critique du capitalisme, de la mondialisation, etc. Personnellement, ce qui m'intéresse dans ce genre c'est la place du virtuel dans le quotidien, et surtout la frontière entre les deux. Il me semble qu'avec ce que nous avons déjà (Internet, multimédia, animations 3D, téléphonie etc.) notre époque devrait être une sorte d'âge d'or du cyberpunk ! C'est typiquement le moment où tout est envisageable par rapport à l'avenir du "cyber" (pris au sens le plus large du terme, bien sûr). Je trouve que comparativement à l'ominprésence du virtuel dans notre quotidien, le thème est finalement relativement peu utilisé dans la littérature SF, par rapport aux nanotechnologies et (surtout) au space opera.

J'adore par exemple "Autremonde" de Tad Wiliiams qui, lui, exploite bien le sujet de la confusion monde virtuel / monde réel, tout en plaçant d'ailleurs le thème des grands patrons qui se réunissent pour dominer le monde, mais sous une forme plus digeste, je trouve, que ne le fait le cyberpunk pur et dur. J'aime beaucoup ce passage incessant d'un monde à l'autre, avec toutes les confusions que cela implique...

[Byrautor]

nous voyons bien que dans la réalité, économiquement, il ( le Japon) a subi un revers.

Comparer un pays de 100 millions d'habitants avec un pays de plus d'un milliard ça c'est de la Science Fiction !
Parvenir à survivre sur un territoire qui n'a pas ou peu de ressources naturelles, c'est aussi de la Science Fiction.
Quand au revers japonais, le Figaro économique l'annonce depuis 40 ans. J'ai écris sur ce sujet à ses (anciens) journalistes. Muets comme des tombes, bien entendu.
J'attends sans impatience " l'écroulement du Japon" .

[Florent]

Peu importe à quoi on le compare. Quand une armée de 100 hommes se fait écraser par une armée d'un million d'hommes, elle subit aussi un revers. Je ne vois pas ce que cela change. On imagine bien que ce n'est pas avec la France que le Japon allait subir une concurrence contre laquelle il ne pourrait pas lutter.

Et quand on voit d'anciens cadres dormir dans des cartons, malheureusement cela n'est pas de la science-fiction. Je crois qu'en France on a une vision erronée de la situation du Japon, notamment parce que c'est un pays fier qui essaye de cacher ses problèmes mais qui en a, comme tout le monde.

[Nébal]

Et quand on voit d'anciens cadres dormir dans des cartons, malheureusement cela n'est pas de la science-fiction.

Comme dans Tomorrow Parties, du même William Gibson ?

[Florent]

Connait pas, mais il a dû s'inspirer de la réalité.

[Byrautor]

Florent, je ne parle pas de guerre.
Maintenant il y a plusieurs façons de ne pas avoir de revers militaire.
Une arme atomique par exemple ? un bon virus contre lequel on est prémuni ?
En SF (et même réellement parlant) il y a le choix.
Sur le plan technologique et en recherches fondamentales ou appliquées nos échanges envahiraient le site.
Comme je suis fatigué de ces opinions à l'emporte-pièce, en cyberpunk, ou autres j'abandonne le champ "d'honneur" , celui où l'on meure, virtuellement ou non.

[Florent]

Quel est le rapport ? Pour résumer : le Japon n'est pas, ou plus, la superpuissance économique qui régirait le monde du futur comme le pensaient les écrivains cyberpunk dans les années 80. Pourquoi ? Parce qu'elle n'a pas pu faire face à l'essor fulgurant de la Chine et de l'Inde sur le terrain des échanges commerciaux internationaux. Elle a donc subit un revers économique, comme les USA et l'Europe, et a perdu de sa position prédominante car personne ne peut lutter contre une dictature de 1,5 milliards d'habitants où les travailleurs n'ont pas le droit de moufter. En revanche, le Japon a su s'imposer comme un modèle d'originalité et de dynamisme sur le plan de la pop-culture. C'est ce qui ressort du sujet.

On ne compare donc pas la Chine et le Japon sur le plan des moyens. Parler du revers du Japon ne revient pas à dire que le pays a échoué face à un adversaire disposant des mêmes moyens. On ne parle pas non plus d'armée, ou de bombe atomique, ou de je ne sais quoi (en fait j'avoue ne rien avoir compris au dernier post) mais d'un revers économique. Un bon écrivain d'anticipation aurait prévu l'avènement de la Chine et de l'Inde à la place du Japon.

[Seb]

Comme dans Tomorrow Parties, du même William Gibson ?

Affirmatif Nébal.

[Seb]

Un bon écrivain d'anticipation aurait prévu l'avènement de la Chine et de l'Inde à la place du Japon.

Encore fallait-il prévoir que la Chine deviendrait un état crypto capitaliste. Imaginer le communisme le plus rance s'accommodant de la doctrine maudite pour laisser pousser des mégapoles hyper consuméristes comme Shangaï demandait un effort considérable à un écrivain des années 80.

[Florent]

Ben oui mais si c'était facile de prévoir le futur on décernerait le titre de "génie visionnaire" à n'importe qui.

[dracosolis]

Et quand on voit d'anciens cadres dormir dans des cartons, malheureusement cela n'est pas de la science-fiction.

c'est vrai que c'est mieux quand c'est un ancien chauffeur de bus

Je crois qu'en France on a une vision erronée de la situation du Japon, notamment parce que c'est un pays fier qui essaye de cacher ses problèmes mais qui en a, comme tout le monde.

je sais pas très bien pourquoi mais un truc me titille dans cette phrase

la notion de fierté relative aux problèmes qu'on peut avoir sans doute

mais soit dit sans acrimonie ni demande de justification de ta part, hein, florent?