La Ligue de l'imaginaire...
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Ce n'est peut-être pas le terme "imaginaire" qui alimente sans fin ce fil de discussion, mais celui de "ligue" auquel il est associé.
Pris littéralement, ce dernier ne me semble pas poser de problème. Mais la "ligue" a un faux-ami, "se liguer". N'évoque-t-il pas l'adversité, l'opposition ? Ne dit-on pas "se liguer contre" ?
Ainsi, "imaginaire" considéré selon deux perspectives :
- un point de repère, d'ancrage de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy,
- une définition en creux, par rapport à la littérature blanche,
se révèlerait insidieusement comme une définition en opposition, par rapport à la littérature blanche, mais dressée abruptement contre son adversaire ; cette troisième perspective ne serait pas la plus engageante. J'imagine que cette Ligue de l'imaginaire n'est liguée contre personne. N'est-ce pas ?
Pris littéralement, ce dernier ne me semble pas poser de problème. Mais la "ligue" a un faux-ami, "se liguer". N'évoque-t-il pas l'adversité, l'opposition ? Ne dit-on pas "se liguer contre" ?
Ainsi, "imaginaire" considéré selon deux perspectives :
- un point de repère, d'ancrage de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy,
- une définition en creux, par rapport à la littérature blanche,
se révèlerait insidieusement comme une définition en opposition, par rapport à la littérature blanche, mais dressée abruptement contre son adversaire ; cette troisième perspective ne serait pas la plus engageante. J'imagine que cette Ligue de l'imaginaire n'est liguée contre personne. N'est-ce pas ?
- Eons
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Décoincez-vous, les gars : un texte de SF a forcément au moins un détail qui, si réaliste soit-il, ne colle pas avec la réalité qui nous entoure.bormandg a écrit :Raté le début, mais je vais soutenir l'idée que la SF est aussi réaliste (sinon plus, parce qu'elle veut justifier sa ressemblance avec la réalité par une réflexion sur le possible que le "mainstream" prétend inutile) que la littérature qui se prétend telle.Eons a écrit :Non, justement !Erion a écrit :Non, pas du tout. Mais tu sembles confondre réalité et réalisme.Eons a écrit :Tu confonds ressemblance et identité.Erion a écrit :Ce qui exclut donc la SF.Eons a écrit :Je pense que la définition russe est bonne : la littérature de l'imaginaire, c'est celel qui ne cherche pas à ressembler/imiter la réalité connue.
Autrement dit, je soutiens Erion: la définition que JL donne de la "fantastyka" exclut la SF.
Elle entre donc bien dans ma définition, laquelle n'exclut que le "mainstream" contemporain et historique.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
J'avoue être assez décontenancé devant ces remarques... Moi non plus, la SF ne me suffit pas et pour être clair, ne m'a jamais suffi, en tant que lecteur (et je ne parle pas des différents domaines de l'art, le cinéma par exemple...). Mais il ne va pas me venir à l'idée de prendre tout ce qui m'intéresse, et de le réunir sous une désignation commune que j'appellerais d'un nom particulier!fabrice a écrit :+1jlavadou a écrit : Or moi la SF ne me suffit pas (plus, en fait). La fantasy non plus. Le fantastique non plus. Et les 3 en même temps non plus. Utiliser le terme "imaginaire" n'a pas pour but d'appauvrir chaque genre qu'il englobe ni d'en gommer les spécificités, mais de définir un cadre global de recherche et d'expérimentation (pour moi en tant que lecteur - et j'imagine sans mal, pour certains auteurs).
En tant que lecteur ou que créateur, l'idée de s'intéresser à autre chose que la SF n'a pas à être défendue, c'est juste un truisme de première grandeur (à mon sens). Je doute vraiment que quiconque ne s'intéresse qu'à la SF, même quand il prétend le contraire... J'ai d'ailleurs toujours eu l'impression (d'après les autres milieux que je fréquente) que ceux qui s'intéressent à la SF s'intéressent souvent, et de manière assez furieuse, à des tas d'autres choses, beaucoup plus que dans d'autres milieux nettement plus renfermés sur eux-mêmes, contrairement aux apparences, et où la curiosité intellectuelle et l'ouverture d'esprit n'est pas autant de mise qu'on pourrait s'y attendre...
Par contre, le discours selon lequel la SF n'est pas assez littéraire, ou ne présente pas bien, ou est trop fantaisiste (sic), trop sérieuse, pas assez sérieuse, trop désinvolte, trop rigoureuse, que les auteurs de SF ne sont pas assez photogéniques, passent mal à la télé, sont trop matérialistes, trop spiritualistes, etc, on l'entend régulièrement. L'attitude de léger mépris et de légère distance, même de la part de certains auteurs de SF, du genre "moi, vous comprenez, je ne fais pas que de la SF", ou "je ne fais pas vraiment de la SF", ou encore, "voyez-vous, la SF n'est qu'un élément de mon merveilleux imaginaire et de ma prodigiseuse créativité, il m'arrive de l'utiliser, mais vous comprenez que c'est bien trop étriqué pour moi, je fais bien autre chose", me fait toujours bien rigoler. Je m'en fous: qu'ils fassent des trucs bien, de préférence en SF, ailleurs si ça leur chante.
Oncle Joe du matin
De toute façon, ne regarder que le texte ne sert à rien pour trancher: il faut regarder aussi le contexte et la tendance dans laquelle s'inscrit l'auteur. S'il y a volonté de réalisme, il y a réalisme, qu'il y ait des erreurs ou pas. Après, ça peût être du réalisme réussi ou raté, et par ailleurs, un récit que l'auteur a voulu réaliste et ne l'est pas, à cause de ses erreurs, peut aussi apparaître réussi au lecteur, pour d'autres raisons. Il y a de la place pour tout le monde, même pour des tas quiproquos qui peuvent être sympathiques...Eons a écrit :Décoincez-vous, les gars : un texte de SF a forcément au moins un détail qui, si réaliste soit-il, ne colle pas avec la réalité qui nous entoure.
Elle entre donc bien dans ma définition, laquelle n'exclut que le "mainstream" contemporain et historique.
Oncle Joe
Le "mainstream" aussi.Il y a toujours, dans un roman, un détail qui ne colle pas avec la réalité qui nous entoure.Eons a écrit :Décoincez-vous, les gars : un texte de SF a forcément au moins un détail qui, si réaliste soit-il, ne colle pas avec la réalité qui nous entoure.
Elle entre donc bien dans ma définition, laquelle n'exclut que le "mainstream" contemporain et historique.
"Les belles endormies" de Kawabata (vu que j'en ai parlé) parle d'un établissement où les personnes âgées peuvent dormir à côté de jeunes filles.
Ben, vous me croirez ou pas, mais...
Cet établissement n'existe PAS. C'est une invention. De l'imaginaire. Pas du réalisme.
Et je parle même pas du réalisme magique.
En revanche, et c'est le point où je voulais en venir, le moteur de la SF, c'est son rapport au réel. Même le fantastique a un rapport certain avec le réel (c'est le décrochage avec la réalité qui fait la force du texte de fantastique).
Bref, définition non pertinente.
Candidat suivant.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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Surtout un cadre qui englobe tout ce qui s'écrit. Dans ce cas, il existe un autre terme, beaucoup plus solide que le terme "imaginaire", éprouvé depuis longtemps, qui s'appelle "la littérature". Ce n'est pas un terme sale, ce n'est pas honteux. On peut très bien aimer la littérature, dans laquelle on trouvera de la littérature générale, du polar, du fantastique, du porno (pourquoi l'érotisme et le porno sont pas dans la littérature de l'imaginaire, mystère... Ptet parce que c'est pas propre, blanc et catholique ?). Ok, ça exclut les guides de cuisine et de voyage, mais c'est sans doute le but, non ?Lensman a écrit :J'avoue être assez décontenancé devant ces remarques... Moi non plus, la SF ne me suffit pas et pour être clair, ne m'a jamais suffi, en tant que lecteur (et je ne parle pas des différents domaines de l'art, le cinéma par exemple...). Mais il ne va pas me venir à l'idée de prendre tout ce qui m'intéresse, et de le réunir sous une désignation commune que j'appellerais d'un nom particulier!fabrice a écrit :+1jlavadou a écrit : Or moi la SF ne me suffit pas (plus, en fait). La fantasy non plus. Le fantastique non plus. Et les 3 en même temps non plus. Utiliser le terme "imaginaire" n'a pas pour but d'appauvrir chaque genre qu'il englobe ni d'en gommer les spécificités, mais de définir un cadre global de recherche et d'expérimentation (pour moi en tant que lecteur - et j'imagine sans mal, pour certains auteurs).
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La question était: en quoi l'étiquette "imaginaire" présente-t-elle aujourd'hui (je précise aujourd'hui) un intérêt, vu les belles autres étiquettes que nous avons déjà, et également l'absence d'étiquette que l'on peut aussi (non) utiliser, si l'on veut?Travis a écrit :C'était quoi déja le sujet de base?
Ma réponse est: l'étiquette "imaginaire" ne sert à rien, voire sème la confusion.
(C'est aussi, d'ailleurs, une conclusion - toute personnelle - que j'ai tirée des discussions passionnantes que j'ai eues avec mes anciens collègues du GPI).
Oncle Joe
- bormandg
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Si tu commences avec "un détail", tout texte de fiction SANS EXCEPTION diffère par plus d'un détail de la prétendue réalité (celle de quel observateur, d'abord?) et ta définition soit inclut le mainstream contemporain et historique (au titre d'uchronies, comme le sont toutes les fictions), soit exclut les fictions qui prétendent être basées sur la réalité, et donc la quasi-totalité de la SF non fantaisiste!Eons a écrit :Décoincez-vous, les gars : un texte de SF a forcément au moins un détail qui, si réaliste soit-il, ne colle pas avec la réalité qui nous entoure.bormandg a écrit :Raté le début, mais je vais soutenir l'idée que la SF est aussi réaliste (sinon plus, parce qu'elle veut justifier sa ressemblance avec la réalité par une réflexion sur le possible que le "mainstream" prétend inutile) que la littérature qui se prétend telle.Eons a écrit :Non, justement !Erion a écrit :Non, pas du tout. Mais tu sembles confondre réalité et réalisme.Eons a écrit :Tu confonds ressemblance et identité.Erion a écrit :Ce qui exclut donc la SF.Eons a écrit :Je pense que la définition russe est bonne : la littérature de l'imaginaire, c'est celel qui ne cherche pas à ressembler/imiter la réalité connue.
Autrement dit, je soutiens Erion: la définition que JL donne de la "fantastyka" exclut la SF.
Elle entre donc bien dans ma définition, laquelle n'exclut que le "mainstream" contemporain et historique.



"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
ça faisait longtemps que je voulais lire Wilson, je ne suis vraiment pas déçu et je vais poursuivre mes lectures avec Spin et d'autres.Aldaran a écrit :Comme la plupart des romans de Wilson qui sont autant d'études des comportements humains.Travis a écrit :Je viens de lire "Blind Lake" de Wilson c'est plus une étude des comportements humains que de la SF, cela dit le livre est très bien.
- bormandg
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C'est comme si tu écrivais: Ce roman est une fiction, ce n'est donc pas un roman. Toute la SF est une "étude des comportements humains", non?Travis a écrit :Je viens de lire "Blind Lake" de Wilson c'est plus une étude des comportements humains que de la SF, cela dit le livre est très bien.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."