dracosolis a écrit :
Je ne vois pas au nom de quoi je ne devrait pas m'en indigner quand c'est Brage qui joue ce jeu là. Ils ont une immunité diplomatique ou quoi ?
immunité quoi ?

dès que Brage lève le petit doigt, y'a levée de boucliers chez certains par principe et parfois, parfois...
y'en a qui finissent par concéder du bout des lèvres que peut-être ils ont pas tort (mais au bout de 20 pages)
sinon c'est toujours les mêmes 3 ou 4 connards (herbie, JC et moi) (parfois Lucie) ou presque qui essaient de faire baisser les lances dardées...
Ah tiens, me serais-je fait traiter de connard ?
Je ne cherche pas spécialement à défendre Bragelonne, je ne bosse pas avec eux, je suis même pas pote, je n'avais jamais adressé la parole à Marsan avant la table ronde sur les anthologies d'Epinal cette année. Je connais un poil mieux Névant, mais à peine.
Ca serait mes meilleurs amis, ça serait pareil : je ne chercherais pas spécialement à défendre Bragelonne. Mais en effet, quand je vois des lances dardées je vais voir ce qu'il se passe et j'essaye de les faire baisser. Qu'il s'agisse de Bragelonne ou de Werber, à qui on reproche de s'être compromis pour l'argent, ou au contraire d'auteurs-éditeurs à qui on reproche de n'avoir pas fait suffisamment de compromissions ! Pourquoi ? Parce que la mauvaise foi me gave tout comme me gavent les parti-pris (décréter que tel ou tel bouquin est une daube sans l'avoir lu, comme le soulignait Mélanie)
Et quand je crois connaître une situation, pouvoir apporter une précision, ou du moins donner un avis, je le fais.
Mais quand le Navire dit :
Quand un bouquin dans une maison à la force de frappe de Brage ne fait pas plus de 500 ventes, malgré ses qualités, c'est qu'on ne s'en est pas occupé, point barre.
Là, je fais un pas en arrière et je réfléchis. Parce que le Navire, elle connaît bien mieux l'édition que moi.
Mais mes cogitations butent sur le "point barre". Le peu d'expérience que j'ai, mais aussi l'expérience que j'ai observée chez les autres éditeurs avec qui j'ai eu l'occasion de travailler et discuter me disent que ça n'est pas si simple. Qu'il y a des ouvrages qui ont besoin de s'installer sur un long terme, qui ne fonctionnent pas selon un phénomène de mode, et que le marché actuel est une grosse bouillie qu'il faut sans cesse réinventer.
De quels livres parlons-nous ? Moi, je parlais surtout de la collection Essais, mais je crois que tu parlais de certains romans de la collection SF, Navire ?
La collection Essais, faut pas chercher, jamais Brage ne vendra autant d'exemplaires des
Actes du CRELID que du dernier Gemmell. Il n'empêche qu'aucun éditeur universitaire ne publiera volontiers un ouvrage sur... la fantasy (c'est caca, la fantasy, vous vous souvenez ?)
En ce qui concerne la collection SF, Jean-Claude en parlera mieux que moi, mais ça n'est un secret pour personne que la SF marche dix fois moins bien que la fantasy actuellement. Ca n'est pas Bragelonne qui fait que la fantasy a du succès ! Elle en a hors-Bragelonne ! Ca n'est pas Bragelonne qui a publié Harry Potter ni Robin Hobb ! Tu penses qu'on ne s'est pas suffisamment occupé de certains ouvrages ? C'est possible. Il est possible que Bragelonne ait commis des erreurs. A vrai dire, Nevant et Marsan n'en commettrait jamais que ça m'inquiéterait, je ne les croirait pas humains. Mais de là à penser qu'ils puissent volontairement causer du tort à certains des ouvrages de leur catalogue... J'y crois pas. Se planter, peut-être. C'est autre chose.
Et à propos des magazines qui sont quand même le thème de ce fil. (au passage, le haro s'est instauré quand Jean-Claude a suggéré qu'on fasse avec la SF la même chose) On peut se poser la question de savoir pourquoi ces magazines sortent maintenant. Pourquoi la parution des séries de bit-lit semble s'accélérer chez Milady, etc.
Que se passe-t-il cet automne, dans le milieu de l'édition de fantasy en France ? Vous ne voyez rien ? L'arrivée d'Orbit, ça vous parle ?
Alors le topo : l'édition se portait déjà mal, les bouleversement sociétaux (l'arrivée du net, des jeux video, de 150 chaines TV, etc) et techniques (le numérique) n'étant pas digérés, loin de là. Par là-dessus vient se greffer la crise financière (je vous épargne le topo) dont l'un des résultats est que les libraires reçoivent de leur direction l'instruction de diminuer les stocks. Diminuer les stocks, ça veut dire quoi ? Ca veut dire des retours en masse, et des commandes en diminution.
Que se passe-t-il alors ? Les gros groupes décident que le gâteau est trop petit pour tout le monde et qu'il est temps de virer la racaille. J'entends pas là, les éditeurs indépendants. Du moins, les petits éditeurs, parce que, c'est bien connu, ce sont les petits qui font de l'ombre aux gros. Entre autres choses, les tarifs des stands aux Salon du Livre de Paris augmentent et les stands trampoline (réservés aux petits) ne seront plus accessibles qu'aux éditeurs venant pour la première fois. Plusieurs articles à lire dans
ActuaLitté.
Bien entendu, au niveau des diffuseurs, ça se tire dans les pattes, tandis que les distributeurs se frottent les mains : ils encaissent quand ils livrent, et ils encaissent quand ils retournent.
Bon, je vous la fais brève : Orbit arrive, avec une politique éditoriale de gagneur, et a bien l'intention de gicler Bragelonne de son rang de leader. Orbit, c'est quoi ? Un nouvel éditeur ? Pas du tout, c'est Hachette. Le premier groupe d'édition français, chiffre d'affaire annuel de deux milliards d'euros. C'est une multinationale qui avait déjà créé Orbit au Royaume-Uni.
Que croyez-vous qu'il va se passer pour Bragelonne ? Avec les libraires qui renvoient déjà les livres ? Il n'y a pas trente-six solutions : il faut passer le cap. Ca veut dire mettre le paquet sur la fantasy et la bit-lit, sur ce qui se vend en masse, parce que c'est ça ou risquer de se planter méchamment.
Et en termes d'entreprise qui a un certain nombre de salariés, ça serait plus grave que de se planter sur quelques bouquins.
Bon, tout ceci n'est que conjectures de ma part... Mais n'empêche que malgré toute l'estime que j'ai pour Audrey Petit, dans la guerre qui s'annonce entre Brage et Orbit, je suis pour Bragelonne. Parce que c'est un éditeur indépendant.
L'idéal bien sûr étant que les deux tournent bien tout en laissant une part de gâteau confortable aux gueux
Et pour en revenir à ces magazines : s'ils peuvent faire vendre, alors oui, je vote pour !! On peut les trouver moches, laids, vulgaires, ou drôles, inventifs, spirituels, on s'en fout. Mais qu'on n'aille pas dire que Bragelonne a tort de les publier ! Ils ont mille fois raison.