Zut, grillé par Eric.Eric a écrit :Les quotas de chansons françaises en radio.bormandg a écrit : Si tu connais des exemples de quotas qui ont obtenu un autre effet que la disparition du produit "défendu par le quota", j'aimerais le connaître.
De mon point de vue (je travaille dans le domaine en tant que parolier) ça a été tout bénéfices, vraiment. Quand les quota ont été imposés, j'ai entendu des grosses maisons de disques ou des radios soi-disant branchées crier au meurtre en expliquant que "ce que les jeunes voulaient, c'était Madonna ou Michaël Jackson, pas les français". Dix ans plus tard, il y a une French touch qui s'exporte aussi bien dans le domaine de la house, du Hip Hop, que de la variété, il y a une scène de la chanson française nettement plus vivante et intéressante que dans les années 90, et les mêmes maisons de disques et radios qui se plaignaient d'être forcées à "passer du franchouillard" (sic) se réjouissent de la vitalité de la nouvelle scène française, dont ils bénéficient au premier chef.
Toutefois, soyons clair: il y avait une vraie vitalité musicale déjà présente, à l'époque où les quotas ont été imposés, donc des artistes prêts à occuper avec talent l'espace ainsi libéré. Le public a suivi, parce que le blocage ne venait pas du manque de talents locaux mais des canaux de distribution et de publicité (en particulier les radios et la télé).
De plus, un producteur est capable de mesurer l'impact d'un morceau, de l'apprécier ou non, quel que soit la langue dans laquelle il est chanté. Une bonne chanson reste une bonne chanson, point. Il n'y a pas besoin de la traduire.
Si on imagine le même genre de quotas en littérature de l'imaginaire, par exemple à l'échelle Européenne (imaginons qu'on restreigne la publication d'oeuvres non européennes à un certain pourcentage, nettement plus bas que l'actuel) il faut mesurer l'impact en terme de coût, de changement du mode de fonctionnement des éditeurs français, et s'assurer qu'il y a de la matière pour combler le vide ainsi créé. Je suis bien convaincu que c'est le cas - il y a plein d'auteurs de SF/Fantasy européens qu'on ne traduit tout simplement pas parce qu'on manque de traducteurs du hollandais, du danois, du hongrois, qu'ils sont en général plus chers que les traducteurs anglo-saxons et, surtout, que les éditeurs capables de lire ces langues, et donc de choisir les livres à publier, manquent cruellement. Mais ça demanderait une refonte en profondeur du système, peut-être une aide à la traduction pour démarrer (j'en ai bénéficié pour être publié en Hongrie) et des liens accrus entre éditeurs du vieux continent. Peut-être même aura-t-on besoin des agents pour servir de liens d'un pays à l'autre.
Je vous poutoune,