Le forum d'ActuSF.com

L'équipe d'ActuSF n'hésite pas à traverser la France pour couvrir les manifestations qui réservent une plus ou moins grande place à l'imaginaire...
Aujourd'hui Nathalie vous fait partager ses découvertes et coups de coeur en direct du festival Off d'Avignon.

Nous avons malheureusement raté l'adaptation de K. Dick
http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... ture_1026/

Ainsi que celle de Demain les chiens
http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... oies_1005/

Mais parmi les centaines de spectacles du OFF, la part belle est faite aux adaptations de contes, avec notamment plusieurs Blanche-Neige et une relecture décapante de contes d'Andersen (je vous en reparle très vite).
J'ai aussi assisté à une conférence de Dracula (ou plutôt au duo hilarant proposé par ses deux assistants en l'absence du comte), là encore ce spectacle fera l'objet d'un post.

Jules Vernes est aussi à l'honneur, avec notamment
http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... tion-_1120
et
http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... alle_1050/


Alice a aussi logiquement sa place
http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... soies_1005
(chronique à venir en fin d'après-midi.

Don Quichotte est aussi de la partie
http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... ages_1065/

Bref à Avignon l'imaginaire occupe le devant de nombreuses scènes du OFF et ActuSF offre un coup de projecteur à quelques-unes des pièces...

Le spectateur est accueilli par le duo des assistants du Comte Dracula, Ivan et Igor, et déjà leurs personnalités s'esquissent : l'un arbore une attitude solennelle alors que l'autre ne peut s'empêcher de montrer sa jovialité.
Et comme le Comte s'est fait la malle (en laissant une malle derrière lui), ses deux assistants prennent en charge le spectacle, racontant au public venu assister à la très sérieuse conférence sur l'état du vampirisme au XXIe siècle que devait donner Dracula la rencontre de celui-ci avec la très jolie Mina, la fiancée du chargé d'affaires londonien dont s'éprend Dracula.
Beaucoup d'inventivité assaisonnée de quelques effets spéciaux (un écran de fumée qui ne masque pas l'absence du comte), un livre qui prend feu confère à ce spectacle un rythme trépidant entre mime, burlesque et cinéma.
Les deux comédiens assument en se travestissant notamment le peu de moyens dont ils disposent pour déployer tout l'univers de Dracula, allant même jusqu'à recruter Mina parmi les spectatrices...
Ils placent dans la trame de leur spectacle quelques allusions à l'actualité de ces derniers mois, du lever de bouclier des catholiques intégristes au moment des représentations de Golgota Picnic au théâtre du Rond-point au naufrage du Costa Concordia.
Tour à tour en désaccord ou en complicité, Ivan et Igor captivent le public avec humour et brio.

http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... _la-_1023/

Une fois traversée l'agréable cour du théâtre Buffon plantée d'un figuier centenaire, préparez-vous à l'immersion dans un univers chamarré et déjanté, une réécriture moderne de 3 contes d'Andersen...
Dans un royaume, une princesse s'éprend d'Henri, un garçon porcher bien conseillé par son meilleur ami futé. Mais le père de la princesse a d'autres desseins pour elle  : elle doit épouser le roi chauve et édenté du royaume d'à côté. Ce monarque suspicieux doute de la pureté de la lignée de la jeune fille et charge son MST (ministre des sentiments tendres) de tirer cette affaire au clair. Celui-ci teste la délicatesse de sa peau en glissant un petit pois sous les 24 matelas, ce petit pois remplit sa mission bien qu'il rêve de partager son rap aux paroles inspirées avec le public.
Pendant ce temps, Henri et son meilleur ami décident grâce à un habile subterfuge de saboter les noces du vieux roi avec Henriette. Ils prétendent tisser une étoffe miraculeuse que seules les personnes intelligentes et n'usurpant pas leur place peuvent voir...
La troupe revendique l'influence des Monty Python et effectivement les gags s'enchaînent.
Cinq comédiens incarnent une trentaine de personnages et jouent avec cette démultiplication. Ainsi l'acteur qui incarne les trois dames de compagnie de la princesse s'amuse à varier sa voix, des borborygmes incompréhensibles à la voix de fausset. Les postiches sont nombreuses et tout le répertoire de l'accoutrement (des habits improbables du roi vaniteux au bonnet blanc de fortune dégoté par un des narrateurs) est exploité.
Le roi d'à côté avec son orgueil quant à son apparence n'est pas sans rappeler M. Jourdain du Bourgeois gentilhomme.
Quand la foule découvre la supercherie dont le roi a été victime, le public est invité à participer à ce mouvement de mécontentement...
Après ce petit moment de défoulement, les spectateurs n'ont plus qu'à applaudir et à se méfier de la riposte de la troupe, à l'énergie aussi palpable que la complicité...


http://www.theatre-laluna.fr/festival-2 ... u,150.html

Vera Chen se débat entre deux écrans, comme coincée dans une interface. Sur celui qui la sépare du public apparaissent des phylactères qui vantent les mérites du dernier vélo à la mode pour l'inciter à l'achat. Dans la scène suivante, une discussion entre deux femmes attablées à une terrasse parvient à la convaincre de se mettre au yoga afin d'en retirer moult bénéfices.
Vient ensuite la propagande alimentaire et l'injonction de se gaver de pilules pour lutter contre les effets néfastes des radicaux libres. Dans un premier temps, Vera Chen se précipite pour profiter de la manne des pilules qui tombent du ciel. Elle s'en gave, en recueille dans les plis de sa robe, au creux de ses mains. Puis vient l'heure du questionnement  : qu'est-ce qu'au juste que ces radicaux libres dont on lui rabat les oreilles  ?

Les contorsions et les fréquents vertiges de Vera Chen la transforment en Alice au pays des monts et merveilles du marketing moderne. Elle finit par traverser le miroir et se débarrasse de sa robe et dénoue ses cheveux. Elle court ainsi dépouillée vers la sortie et une caméra prend le relais, filmant la rue dans laquelle se situe le théâtre, et le zoom sur le ciel bleu raccompagne en douceur le spectateur vers la vie réelle.


http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... oies_1005/

Un petit garçon s'endort au chevet de son père hospitalisé. Dans ses rêves tout est possible. Le petit garçon peut se déplacer la tête en bas. Les nuages prennent vie et forme, s'incarnent en chimères, offrent un corps au père qui peut enfin se mouvoir avec grâce.
Mais c'est un bout de ces mêmes nuages qui irradie une lueur étrange que le chirurgien extrait de la tête malade du père.
La tête du père et un nuage se retrouvent au fond d'une poubelle dans une décharge que fouillent une grand-mère et un autre enfant encore plus jeune et chétif. Le père troque son corps nuageux contre un corps fait de bric et de broc, de rebuts, boites de conserves et bouteilles.
Manipulés par des marionnettistes vêtus et masqués de noir, les personnages interagissent avec beaucoup d'élégance et de tendresse. Grâce à de beaux jeux sur la matière (et notamment celle malléable dont sont faits les nuages) et sur la lumière ainsi que des effets sonores finalement ciselés, ce spectacle aborde avec beaucoup de poésie et d'onirisme des thématiques difficiles. Et puisqu'il flotte sur le tout un parfum de surréalisme, ce spectacle très émouvant s'avère être beau comme la rencontre sur une table d'opération d'une décharge et de nuages.


http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... oies_1005/

La salle ronde du théâtre de la Condition des soies se prête à merveille au dispositif imaginé par Isabelle Starkier. Alice est entourée par deux hommes aux consoles multi-média.
Les deux gentleman commencent à raconter l'histoire en anglais avec un léger décalage. Alice prend le dessus et impose son histoire en français.
Au moment de sa chute dans le terrier, c'est en fait un cylindre de tissu qui s'élève progressivement derrière l'héroïne, offrant ainsi un support aux projections des rétro-projecteurs dont disposent les deux hommes.
Alors que celui de droite assure sur son clavier la bande son et interpelle Alice avec des effets de réverbération anxiogènes, celui de gauche illustre en direct les histoires que le rat et ses amis racontent à Alice ou donne vie avec des formes découpées aux soldats ou à la reine de cœur.
Ils incarnent également le Chapelier fou et le Lièvre de Mars pour la Mad tea party.
Alice se débat avec beaucoup d  'énergie contre les changements d'échelle auxquels elle est confrontée et se lamente avec malice sur les métamorphoses qu'elle subit.
Astuce et sens aigu de l'absurde président à cette nouvelle mise en scène qui mêle habilement la subtilité britannique et les ressources technologiques.
Un spectacle plein d'humour, d'inventivité et de poésie.

http://www.avignonleoff.com/programme/2 ... oies_1005/