Un nouveau roman de Maurice G. Dantec
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plusieurs possibilités:Lensman a écrit :Une question: lorsqu'on a compris un texte a priori difficile, et que l'on constate que, tout bien pesé, il était possible de dire la chose plus simplement, quelle conclusion faut-il en tirer?
Oncle Joe
1) que tu es décidément trop un crack, Joe
2) que le mec qui a écrit le texte était un pédant
3) que celui qui t'a dit que ce texte était difficile est un âne
Tu pensais à quoi, en particulier, comme texte de ce genre?
Bruno - http://systar.hautetfort.com
C'est bien là qu'il y a eu malentendu. Loin de moi la volonté de déformer ce que tu disais. Je voulais simplement dire pour ma part que Dantec, ici, ne me semble pas spécialement "à contrevent", ou, en clair, que le constat - général - que tu fais (la phrase que j'avais citée, donc) me paraît des plus contestables. Jusque dans l'exemple de Fondation que tu cites, d'ailleurs : Asimov n'a jamais caché que son fameux cycle émanait pour une bonne part d'une réflexion sur l'histoire et son interprétation fondée sur les grands historiens anglo-saxons (et notamment leur étude de la chute de l'Empire romain) ; il inscrit ainsi son oeuvre dans une "réalité culturelle", non ? Ce n'est qu'un exemple, je le sais bien, mais qui me paraît montrer en quoi je n'adhère pas à ce constat, qui ne me semble réellement valable que pour une science-fiction type space opera et axée uniquement sur le divertissement du lecteur (ce qui n'est en rien dégradant, hein, attention de ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit... ) ; seulement il y a bien plus en général dans la SF (et a fortiori dans la SF qui reste "terrienne", ou peu s'en faut), et Dantec me semble ici finalement plus obéïr à la règle qu'à l'exception (disons plutôt qu'il s'inscrit dans une lignée d'auteurs qui comprendrait notamment Philip K. Dick - pour lequel il n'a jamais caché son admiration, c'est le moins qu'on puisse dire - et les auteurs cyberpunk, notamment, ce qui fait quand même du monde) : il est très difficile (pour ne pas dire vain) de vouloir échapper au contexte culturel (ce que je disais en conclusion de ce paragraphe, d'ailleurs ), que cela ressorte sous la forme de citations directes ou par une "transposition" dans un univers différent, mais avec assez d'indices pour que le lecteur puisse faire le lien...Transhumain a écrit :Bien sûr Nébal ! Ai-je dit que Dantec innovait, ce faisant ? Ne jamais faire dire au forumeur ce qu'il n'a pas dit! Ce que j'ai écrit, très exactement, c'est : "Dantec inscrit sa science-fiction (...) dans une réalité culturelle, ce qui n'est pas si fréquent. La SF a souvent tendance à mettre en scène des mondes où l'histoire littéraire, philosophique, religieuse, a été opportunément oubliée..." Je maintiens. Pour un Hypérion, combien de Fondation (et ceci, sans juger de la qualité des textes) ? Je ne prétends même pas que l'une ou l'autre solution est préférable. Je me réjouis seulement que certains auteurs, comme Dantec, marchent un peu à contrevent.Nébal a écrit : Pour en revenir à la SF, et indirectement à Dantec, je ne suis pas si sûr que "La SF a souvent tendance à mettre en scène des mondes où l'histoire littéraire, philosophique, religieuse, a été opportunément oubliée" (copyright Transhumain). Pour prendre l'exemple des réflexions d'ordre théologique, inscrites dans un cercle culturel précis, et à grand renfort de citations si nécessaires, on a quand même pas attendu Dantec, même si ça a donné des choses plus ou moins pertinentes : Dick, par exemple, dans bon nombre de ses textes (et je ne parle pas uniquement de la "Trilogie divine", loin de là...), ou, plus récemment, et loin de notre bonne vieille terre, Dan Simmons dans Hypérion
Ou alors j'ai vraiment rien compris, c'est possible aussi.
EDIT : @ systar : le problème, c'est que la réponse est souvent 2), non ?
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
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Effectivement, c'est 2) le plus fréquent des 3...
L'hypothèse 4) que suggère Joe correspond au syndrôme dit du "khâgneux parisien": péteux qui croit avoir tout vu, tout lu, tout compris à 19 ans... (j'en fus!)
Genre "putain, mais pourquoi ils ont mis Rousseau au programme de spécialité philo, cette année? C'est pas de la philo, c'est super facile à comprendre" (réellement entendu dans des salles de khâgne...)
L'hypothèse 4) que suggère Joe correspond au syndrôme dit du "khâgneux parisien": péteux qui croit avoir tout vu, tout lu, tout compris à 19 ans... (j'en fus!)
Genre "putain, mais pourquoi ils ont mis Rousseau au programme de spécialité philo, cette année? C'est pas de la philo, c'est super facile à comprendre" (réellement entendu dans des salles de khâgne...)
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Fais gaffe, Holstein, je sais où tu habites!Eric a écrit :C'est bien ce que je pensais : un khâgneux, une balle !
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Tu sais Nébal, je suis 100% d'accord avec toi. Evidemment, que Fondation repose sur une riche matière (encore que le cycle, que je viens de relire, soit à mon avis surestimé, mais c'est une autre histoire), tout comme tes autres exemples. Ma remarque valait surtout, je le répète, pour les romans qui citent explicitement leurs sources, dans le texte, comme le fait Dantec (leurs sources, mais aussi des événements réels). Je trouve ça intéressant, un roman de SF en prise directe avec son époque. D'autres me rétorqueront que pour cette raison précise, il ne s'agit plus vraiment de SF, mais d'une "bulle de présent", pour reprendre l'expression de Sylvie Denis. Je n'ai toujours pas compris pourquoi ces romans devraient être exclus du champ de la SF. Babylon Babies, c'est de la SF ? Forteresse ? Glyphes ? Evidemment, ai-je envie de répondre. Reste que la distinction proposée par Sylvie Denis ne manque pas d'intérêt, ne serait-ce que pour la replacer non plus à la lisière, mais au centre du genre (repérer les différentes formes du genre, plutôt que d'en dessiner des frontières qu'on peut juger trop étroites).
Pour le reste, rien à redire à ce que tu me réponds !
Pour le reste, rien à redire à ce que tu me réponds !
Bonjour à tous,
Patrice a écrit "...tu es payé combien pour la promo de Dantec?"
Rien. Je chronique certains titres de SF pour un quotidien régional, et nous avons reçu "Artefact" en SP (épreuves). Il se trouve que je suis un lecteur de Dantec depuis longtemps, et que j'aime ce qu'il écrit. Il me semble que je ne suis pas le seul, c'est à ces amateurs que s'adressaient mon post. Enfin, si c'est faire de la publicité que d'évoquer un auteur et un roman, Actusf est une régie publicitaire spécialisée .... aux tarifs imbattables !!
Patrice a écrit "... Ring, site de fafs"
Mon lien renvoyait à un extrait de l'œuvre. Si un site de vente d'armes avait été le premier à mettre en ligne cet extrait, je l'aurais cité. Quand à Kersan, c'est le minimum de lui laisser la liberté de faire la promo d'un auteur dont il est l'agent.
Pour le reste du débat, il me semble qu'une dimension du travail de MGD est passé inaperçue. L'auteur conçoit son œuvre comme globale, avec un projet précis et pharaonique : élaborer une théorie de la littérature dans le cadre d'une théorie du monde, du réel. La fiction comme mode d'écriture n'est pas une option, c'est un moyen, celui d'amener l'esprit du lecteur sur des territoires complexes qui associent des idées, des émotions, des paroles, des actions. L'idée, d'autant plus présente dans "Artefact", est qu'un roman est une "machine à écrire" (sous-titre du roman) dans l'esprit et l'âme du lecteur et du corps social.
Quand aux références de Dantec, elles me semblent pour une bonne part pertinentes et éclairantes. Lisez Günther Anders ("L'obsolescence de l'homme", par exemple), et vous verrez que la pensée de la Machine de Dantec est limpide. Bien sûr, il y a le pamphlétaire, et ses vociférations. Je laisse le sujet à ceux qui n'ont rien d'autre à faire. Je laisse surtout le sujet dans les sphères qu'il concerne, la religion et la théologie, la géo-politique mondiale, et la "chasse aux sorcières" politiquement correcte, sport favori des crétins satisfaits.
Merci à Transhumain et Systar pour la digression sur la vérité et la complexité.
Montag
Patrice a écrit "...tu es payé combien pour la promo de Dantec?"
Rien. Je chronique certains titres de SF pour un quotidien régional, et nous avons reçu "Artefact" en SP (épreuves). Il se trouve que je suis un lecteur de Dantec depuis longtemps, et que j'aime ce qu'il écrit. Il me semble que je ne suis pas le seul, c'est à ces amateurs que s'adressaient mon post. Enfin, si c'est faire de la publicité que d'évoquer un auteur et un roman, Actusf est une régie publicitaire spécialisée .... aux tarifs imbattables !!
Patrice a écrit "... Ring, site de fafs"
Mon lien renvoyait à un extrait de l'œuvre. Si un site de vente d'armes avait été le premier à mettre en ligne cet extrait, je l'aurais cité. Quand à Kersan, c'est le minimum de lui laisser la liberté de faire la promo d'un auteur dont il est l'agent.
Pour le reste du débat, il me semble qu'une dimension du travail de MGD est passé inaperçue. L'auteur conçoit son œuvre comme globale, avec un projet précis et pharaonique : élaborer une théorie de la littérature dans le cadre d'une théorie du monde, du réel. La fiction comme mode d'écriture n'est pas une option, c'est un moyen, celui d'amener l'esprit du lecteur sur des territoires complexes qui associent des idées, des émotions, des paroles, des actions. L'idée, d'autant plus présente dans "Artefact", est qu'un roman est une "machine à écrire" (sous-titre du roman) dans l'esprit et l'âme du lecteur et du corps social.
Quand aux références de Dantec, elles me semblent pour une bonne part pertinentes et éclairantes. Lisez Günther Anders ("L'obsolescence de l'homme", par exemple), et vous verrez que la pensée de la Machine de Dantec est limpide. Bien sûr, il y a le pamphlétaire, et ses vociférations. Je laisse le sujet à ceux qui n'ont rien d'autre à faire. Je laisse surtout le sujet dans les sphères qu'il concerne, la religion et la théologie, la géo-politique mondiale, et la "chasse aux sorcières" politiquement correcte, sport favori des crétins satisfaits.
Merci à Transhumain et Systar pour la digression sur la vérité et la complexité.
Montag
L'aspect de l'entreprise de Dantec que tu relèves est évidemment l'aspect le plus intéressant, il me semble que personne n'en disconviendra (Dantec s'en explique dans des articles exaltés - pour le coup à bon escient - qui méritent vraiment l'attention). Et si Dantec n'était pas intéressant à plusieurs point de vue, on n'en parlerait pas (désolé d'être banal).
Cela dit, on peut tout de même regretter que cette entreprise soit largement gachée (à mon sens) par ses élucubrations et sa passion pour la chasse au "politiquement correct", largement aussi comique que l'inverse. Cela la fait basculer dans la banalité de la provocation médiatique, marrante comme ça, mais dont on doute qu'elle faborise la création artistique (à mon sens).
Ce n'est pas forcément grave, la postérité peut trancher: heureusement, on se rappelle davantage de Wagner pour son oeuvre musicale que pour ses idées philosophiques et politiques (enfin, je suppose!).
Oncle Joe
Cela dit, on peut tout de même regretter que cette entreprise soit largement gachée (à mon sens) par ses élucubrations et sa passion pour la chasse au "politiquement correct", largement aussi comique que l'inverse. Cela la fait basculer dans la banalité de la provocation médiatique, marrante comme ça, mais dont on doute qu'elle faborise la création artistique (à mon sens).
Ce n'est pas forcément grave, la postérité peut trancher: heureusement, on se rappelle davantage de Wagner pour son oeuvre musicale que pour ses idées philosophiques et politiques (enfin, je suppose!).
Oncle Joe