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Entretien avec Fabrice Colin sur Fin de partie

Posté : lun. mai 15, 2006 3:23 pm
par Transhumain
Bonjour,
Comme annoncé la semaine dernière, je vous invite à découvrir, sur mon blog Fin de partie, une dense interview de Fabrice Colin, qui devrait en étonner plus d'un. C'est ici : http://findepartie.hautetfort.com/archi ... colin.html. Bien entendu, vos réactions, sur le blog ou ici-même, sont les bienvenues.
Que vous ayez lu ou pas Kathleen ou Le Syndrome Godzilla, ses deux excellents derniers romans, venez nombreux !
Bonne lecture.

Posté : lun. mai 15, 2006 7:32 pm
par Kay
Waouh. C'est la première fois que je vois un interviewer s'auto-citer.
Une idée pour la prochaine fois : demander à Fabrice Colin de vous poser direct les questions.

Posté : mar. mai 16, 2006 10:28 am
par Transhumain
Kay a écrit :Waouh. C'est la première fois que je vois un interviewer s'auto-citer.
Une idée pour la prochaine fois : demander à Fabrice Colin de vous poser direct les questions.
Pourquoi pas en effet.

Posté : mar. mai 16, 2006 2:18 pm
par kibu
En fait, cette ITW est un teaser pour la suite de Sunk...

Posté : ven. mai 19, 2006 5:06 pm
par zomver
Merci pour ce lien, Transhumain !

Honte à moi ! Je n’ai jamais rien lu de Fabrice Colin mais cette ITW donne réellement envie de combler la lacune !

S’il m’est donc impossible de me référer à l’une des œuvres de cet écrivain, je puis toutefois formuler un petit commentaire. On trouve au fil de l’ITW des phrases telles que :

"Quelles vies en-dehors de la vie ?"
"Ne pas mourir, qu’est-ce que c’est ?"
"[…]il y a quelque chose de christique dans la conscience de ce siècle."

Bien sûr, ce n’est pas la première fois qu’un auteur de SF tient des propos que je qualifierais de mystiques (je précise qu’il n’y a aucune connotation péjorative dans cette remarque) mais cela deviendrait-il une tendance "lourde" de pas mal de nos auteurs français actuels de SF ?

Quelques points pour justifier ma question :

Aux dernières Utopiales, Pierre Bordage et Serge Lehman ont largement évoqué l’importance que revêtait pour eux le "sacré".
Il me semble également que le moins que l’on puisse dire est que Maurice G. Dantec n’est pas éloigné de ces préoccupations.
Le personnage principal du Meddik de Thierry Di Rollo, n’évoque t-il pas Dieu ? Sans oublier Jean-Michel Truong dont les références fréquentes à Teilhard de Chardin sont loin d’être anodines, n’est-ce pas ?

J’avoue rechercher ce genre de démarche sans doute parce qu’elle constitue un support à ma réflexion personnelle tout en m’épargnant la lecture d’oeuvres philosophiques qui, écrites dans un langage d’initiés peu accessible à la non-littéraire que je suis, me laissent souvent sur le bord du chemin.
Mais lorsqu’une démarche de réflexion personnelle nous amène par souci de tolérance et d’ouverture d’esprit, je n’en doute pas, à des déclarations telles que celles que Fabrice Colin tient à propos de Gurdjieff : "Passé le baroque de la mise en scène, c’est une démarche que je respecte", je ne suis plus à l’aise du tout. Quelque chose en moi déclenche une alarme anti-secte, anti-perte de libre arbitre. Là où Fabrice Colin semble savoir clairement séparer chez Gurdjieff, le bon grain de l’ivraie , je me surprends à douter que cela soit le cas pour tout le monde.
Cette réflexion ne se veut pas polémique d’autant qu’il ne serait pas correct de l’être puisque Fabrice Colin n’est pas là pour répondre.
Elle se veut juste inquiète.

Sinon, pour recentrer sur l'écrivain lui-même, y a t-il un roman par lequel il est préférable de commencer ?

Posté : ven. mai 19, 2006 10:28 pm
par Nicolo
Moi je suggère de commencer par ses nouvelles, personnellement. Il suffit de piocher à droite à gauche dans les anthos de l'Oxy, il y est souvent, ou dans des magazines et anthologies autres.
:D

Posté : sam. mai 20, 2006 1:54 pm
par Transhumain
Cher Zomver,
Les nouvelles sont en effet un excellent moyen d'entrer dans l'univers de Colin. Mais pourquoi ne pas essayer directement Kathleen, ou Le Syndrome Godzilla, tous deux excellents et assez faciles à lire ?

Il me semble naturel qu'à une époque comme la nôtre, en pertes de repères, les écrivains s'interrogent. J'y vois moins, a priori, une convergence de quêtes spirituelles individuelles (qu'on ne peut toutefois nier), qu'une prise de conscience collective. Les auteurs que vous avez cités y sont tous associés d'une manière ou d'une autre (même si, pour ma part, je n'y incluerais sans doute pas T. Di Rollo). A leur façon, ils essaient tous de "réenchanter le monde", c'est-à-dire, de lui redonner un sens, des valeurs, un socle spirituel au travers de leurs oeuvres. Je ne sais pas si je suis clair...

Sur Gurdjieff, laissons Fabrice s'en expliquer s'il le désire. Mais pourquoi refuser d'admettre que dans la démarche d'un Gurdjieff, il y a plus qu'une simple dérive sectaire ? Au prétexte que nous serions tous des moutons (ce que n'était pas loin de penser Gurdjieff !), Colin aurait dû se contenter de le dénoncer comme dangereux gourou ? Colin est écrivain, pas journaliste à Envoyé Spécial... Et laissons les lecteurs décider s'ils sont czpables, ou non, de "séparer le bon grain de l'ivraie", comme vous dites.

Bien à vous,
Olivier

Posté : sam. mai 20, 2006 2:57 pm
par Bouse Bleuâtre
Mais lorsqu’une démarche de réflexion personnelle nous amène par souci de tolérance et d’ouverture d’esprit, je n’en doute pas, à des déclarations telles que celles que Fabrice Colin tient à propos de Gurdjieff : "Passé le baroque de la mise en scène, c’est une démarche que je respecte", je ne suis plus à l’aise du tout.
Ah, tiens, toi aussi ?
Mais pourquoi refuser d'admettre que dans la démarche d'un Gurdjieff, il y a plus qu'une simple dérive sectaire ?
Je veux bien admettre qu'il y a aussi une bonne part d'escroquerie (et pas seulement intellectuelle).
Au prétexte que nous serions tous des moutons (ce que n'était pas loin de penser Gurdjieff !), Colin aurait dû se contenter de le dénoncer comme dangereux gourou ?
Peut-être quelque élégante précaution oratoire aurait-elle en effet été appropriée dans le cas présent.

Jeu : remplacer « Gurdjieff » par « Ron Hubbard » dans les citations ci-dessus.

Posté : sam. mai 20, 2006 4:56 pm
par Transhumain
Colin n'avait aucune raison de prendre mille précautions en évoquant Gurdjieff, personnage irréductible aux clichés actuels du politiquement correct.

Et d'ailleurs, ma chère bouse, puisque vous paraissez si savante en matière de sectes - ce qui est possible -, pourquoi ne pas nous expliquer votre point de vue ? Je ne saurais en effet me contenter d'affirmations aussi péremptoires... Ron Hubbard, dites-vous ? Sans plus d'argument, vous auriez aussi bien pu citer Sigmund Freud, Feric Jaggar ou Averell Dalton, vous ne m'auriez pas plus convaincu.

Posté : sam. mai 20, 2006 11:03 pm
par Elisabethforever
Transhumain a écrit :Colin n'avait aucune raison de prendre mille précautions en évoquant Gurdjieff, personnage irréductible aux clichés actuels du politiquement correct.

Et d'ailleurs, ma chère bouse, puisque vous paraissez si savante en matière de sectes - ce qui est possible -, pourquoi ne pas nous expliquer votre point de vue ? Je ne saurais en effet me contenter d'affirmations aussi péremptoires... Ron Hubbard, dites-vous ? Sans plus d'argument, vous auriez aussi bien pu citer Sigmund Freud, Feric Jaggar ou Averell Dalton, vous ne m'auriez pas plus convaincu.
Et, je suppose, prendre au sérieux des passages tels que celui-ci (tirés du livre d'Ouspensky, le disciple qui a consigné la parole du "maître".


L'homme endormi, les mensonges et les "tampons"

(Source : Extrait de: Fragments d'un enseignement inconnu - Ouspensky - Edition Stock)


" La vérité permanente et le mensonge permanent ne peuvent exister que pour un homme permanent. Si un homme change continuellement, la vérité et le mensonge eux aussi changeront pour lui continuellement. Et si, à tout moment, les hommes sont chacun dans un état différent, leurs conceptions de la vérité devront être aussi diverses que leurs conceptions du bien. Un homme ne remarque jamais de quelle façon il commence à regarder comme vrai ce qu'il considérait hier comme faux, et vice versa. Il ne remarque pas plus ces renversements qu'il ne remarque la transformation de l'un de ses "moi" en un autre.
" Dans la vie de l'homme ordinaire, la vérité et le mensonge n'ont aucune valeur morale, parce qu'un homme ne peut jamais s'en tenir à une vérité unique. Sa vérité change. Si, pendant un certain temps, elle ne change pas, c'est simplement parce qu'elle est retenue par les " tampons ". Et un homme ne peut jamais dire la vérité. Quelquefois, `"ça dit" la vérité, quelquefois, "ça dit" un mensonge. Par conséquent sa vérité et son mensonge sont également dépourvus de valeur. Ni l'un ni l'autre ne dépendent de lui, ils dépendent tous deux de l'accident. Et cela n'est pas moins vrai en ce qui concerne les paroles de l'homme, ses pensées, ses sentiments et ses conceptions de la vérité et du mensonge.
" Pour comprendre l'interdépendance de la vérité et du mensonge dans sa vie, un homme doit parvenir à comprendre son mensonge intérieur, les incessants mensonges qu'il se fait à lui-même.
" Ces mensonges sont produits par les " tampons ". Pour arriver à détruire les mensonges qu'il se fait inconsciemment à lui-même, aussi bien que les mensonges qu'il fait inconsciemment aux autres, les "tampons" doivent être détruits. Mais l'homme ne peut pas vivre sans "tampons". Ils commandent automatiquement toutes ses actions, toutes ses paroles, toutes ses pensées et tous ses sentiments.
Désolée pour la longueur, mais un tissu d'âneries, c'est un tissu d'âneries et dans le domaine, rien ne vaut l'exemple, que je fournis à l'aimable assistance parce que je suis particulièrement sensible à la perversion que constitue ce genre de discours pseudo-philosophique.
C'est mauvais pour l'intelligence et pour l'humain en général.

Posté : sam. mai 20, 2006 11:10 pm
par Elisabethforever
Bon, voilà que j'oublie le début de mes phrases maintenant…

Dans le message précédent, il faut lire :

Le transhumain suggère à Bouse Bleuâtre de mieux expliquer son point de vue, je suppose qu'il voudrait aussi qu'elle prenne au sérieux des passages etc.

Posté : sam. mai 20, 2006 11:28 pm
par Bouse Bleuâtre
Petit jeu : remplacer « tampons » par « engrammes » dans l'extrait ci-dessus.

Posté : dim. mai 21, 2006 10:20 am
par kibu
Effectivement, ça pue comme discours.

Posté : dim. mai 21, 2006 10:50 am
par Transhumain
Premièrement, Gurdjieff n'est pas Ouspensky, et deuxièmement, on peut à la limite trouver le passage cité farfelu, mais je n'y vois rien de "puant"... Est puant, pour certains, ce qu'ils ne comprennent pas, ou ce qui ne leur ressemble pas. Ouspensky, dans ce passage, exhorte-t-il ses lecteurs à tuer leurs enfants ? à commettre un génocide ? Non, si vous savez lire, vous voyez qu'il parle simplement, certes sans talent, de la vérité et du mensonge.

Posté : dim. mai 21, 2006 11:51 am
par Bouse Bleuâtre
Soyons sérieux : Gurdjieff, c'est ni plus ni moins le cliché du hâbleur mystique levantin de l'entre-deux-guerres. Un mythomane rusé passé maître dans la manipulation mentale. Un escroc doué qui a réussi à se parer d'une aura de respectabilité parce qu'il a astucieusement attiré quelques intellectuels dans son sillage. Charles Manson n'agissait guère autrement en s'incrustant chez Brian Wilson avec sa Famille, et je ne parle même pas de la vague de célébrités recrutées par les continuateurs de Ron Hubbard.

Tout ça, c'est des trucs de facho.