Message
par Argemmios » ven. oct. 15, 2010 10:59 am
Sauf que métier veut aussi dire "savoir faire". Et que l'argent n'est pas un critère de qualité ni de compétence.
Or nous savons faire. Nos auteurs peuvent en témoigner. Nos prix littéraires aussi. Le faible pourcentage de coquilles dans nos publications, aussi.
Quoi ? Lorsque Jérôme Noirez est publié chez Griffe d'Encre, ce serait moins bon et moins bien dirigé que lorsqu'il est publié chez Mango, par exemple ?
La direction littéraire de Griffe d'Encre, je sais d'expérience qu'elle est particulièrement pointue, pertinente et professionnelle. Ce n'est pas pour rien que j'ai tenu à remercier mes directeurs littéraires lorsque j'ai eu le prix Imaginales pour mon recueil publié chez cet éditeur.
Hélène déverse sa hargne sur une page Facebook sur laquelle je ne peux pas poster pour lui répondre. Je vais donc le faire ici. Nous avions de toute façon l'intention de publier des billets expliquant comment nous sommes devenus éditeurs.
Pour ma part, ma belle, j'ai une maîtrise d'Information et Communication du CELSA, option Marketing Publicité (à l'époque, les IUT métiers du livre, ça n'existait pas). J'ai un peu travaillé en agence de pub, comme conceptrice-rédactrice, mais l'ambiance ne m'a pas plu. J'ai ensuite travaillé comme responsable des achats dans la reliure industrielle, ce qui m'a permis d'apprendre concrètement comment on fabrique un livre, et de suivre une formation sur l'histoire du livre. De bouquiner régulièrement Livre Hebdo, aussi. D'accompagner le directeur commercial, que j'assitais un peu, au Salon du Livre de Paris, à l'époque où il était au Grand Palais, lors de la journée des professionnels. J'ai rencontré et fréquenté nombre d'éditeurs, de tous genres.
Après la publication de mon premier roman chez un éditeur généraliste et régional, alors même que c'était pourtant un conte fantastique (qualification qui lui fut donnée par Jacques Sadoul lui-même, et qui me fut transmise par Marion Mazauric), j'ai reçu des conseils avisés de la part d'auteurs comme Louis Nucéra et Yves Berger. Par la suite, j'ai publié de nombreux textes chez de nombreux éditeurs, j'ai été confrontée à tout un tas de directions littéraires, j'ai vu comment ça se pratiquait, chaque maison, chaque directeur littéraire ayant ses spécificités. Et cela pendant des années.
J'ai travaillé comme correctrice free lance pour plusieurs maisons d'édition (dont Bragelonne à ses débuts, et Griffe d'Encre sur Jouvence, la première des deux novella d'Alain le Bussy publiées par cet éditeur).
J'ai été anthologiste pour Nestiveqnen, ce qui a signifié sélectionner les textes et faire travailler les auteurs (fond, forme, cohérence narrative). Ma première expérience de direction littéraire vécue "de l'autre côté".
J'anime des ateliers d'écriture pour adultes (et pour enfants en milieu scolaire) depuis plusieurs années.
J'ai été membre du jury d'un concours de nouvelles policière, organisé par le CELSA. J'ai été membre du jury du prix INFINI pendant... 4 ans, je crois.
Cela fait plus de 20 ans, donc, que je trempe dans le monde du livre et que j'en ai testé presque toutes les saveurs.
Il y a quantité de choses pour la promotion de mes auteurs que je rêverais de faire et que je saurais parfaitement faire si j'avais l'argent pour les financer. Pour l'instant, je leur offre donc toute la médiatisation que je suis capable de leur procurer. Et chaque fois que je peux aller plus loin sans mettre en péril ma fragile structure, je le fais.
Tu écris que nos succès sont à porter au seul crédit de nos auteurs... c'est donc nier, sans nous connaître de l'intérieur, sans t'y être frottée, tout le travail de direction littéraire que nous accomplissons. Ou alors, est-ce à dire que lorsque ces auteurs que nous avons en commun nous envoient un manuscrit, celui-ci est parfait, alors que quand ils t'en envoient un, celui-ci est catastrophique et demande à être sauvé par ton intervention ? Serait-ce donc que quand ils écrivent pour toi, ils ne savent plus écrire à la hauteur de ce qu'ils écrivent pour nous ?
Alors je sais que tu ne souhaitais pas mettre tous les éditeurs de ce blog dans le même sac. Mais ta façon de t'exprimer l'a bel et bien fait.
Je conçois parfaitement, aussi, qu'il puisse y avoir, dans notre panier, une pomme te déplaisant. Mais cela ne t'autorise pas à jeter au feu tout le panier pour autant.
Et je ne suis pas fâchée après toi. Enervée mais pas fâchée. C'est juste que tu n'es pas la seule à avoir le droit de l'ouvrir, et que je ne supporte plus de la fermer et d'encaisser stoïquement depuis bien trop longtemps (de ta part ou de la part d'autres grandes gueules du milieu).
[EDIT : billet écrit avant d'avoir lu la réponse du Navire, qui nuance mieux ses propos et me permet de la rejoindre sur certains points.]