Éditeurs français

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Mîreldar
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Message par Mîreldar » jeu. mai 03, 2007 4:46 pm

Ben non, c'est des romans de sf. Si tu doute de l'un d'entre eux, fais moi savoir lequel exactement pour que je vérifie.

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Patrice
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Message par Patrice » ven. mai 04, 2007 10:05 pm

Salut,

Pour en revenir à la question "pourquoi y a-t-il si peu d'auteurs français publié en France", je pense que la réponse vient aussi de certains personnages influents qui n'ont pu s'empêcher de regarder la SF européenne avec une certaine condescendance, et donc lui nuire. Je pense notamment à Francis Valéry.

Je viens de relire une intervention de sa part au débat sur "La mort de la SF" paru dans Antarès à la fin des années 80 (ici le n°30, 1988, p. 123-131.

Quelques citations:

"Je dis et je répète qu'il paraît, bon an mal an, une trentaine de romans [...] de qualité et très agréables à lire [aux USA]. Je vois difficilement quel pays européen pourrait se vanter de produire chaque année trente romans de qualité! En France, nous produisons si peu de romans intéressants que lorsqu'arrive la corvée de remplissage du bulletin de vote pour le prix Rosny aîné, personne n'arrive à en trouver cinq! Une fois que l'on a inscrit "le" J'ai Lu de Wintrebert ou de Léourier et "les deux" Présence du Futur de Volodine, Ligny ou Berthelot, il faut aller piocher dans la production du Fleuve Noir pour compléter le bulletin de vote!"

Voilà une attitude complètement idiote de la part de quelqu'un qui prétend, dans le même article, aimer et même dévorer les pulps américains: ne pas se rendre compte que le FNA a fait pendant des années office d'équivalent des pulps, avec une littérature populaire. Personnellement, j'ai plus de plaisir à lire un Le May ou un Thirion ou un Carsac, qu'une suite sans fin de Silverberg ou autre.
Autre idiotie: il faut comparer ce qui est comparable: certes, du point de vue démographique, la France ne peut fournir autant d"écrivains de qualité que les USA. Mais dans ce cas il faut prendre en compte l'ensemble de l'Europe pour que la comparaison soit valable.

Je continue:
"Il faut bien constater que la SF américaine écrase en quantité mais aussi en qualité les oeuvres européennes. Pour un honnête roman de Lem ou un chef-d'oeuvre suédois comme "Kallocaïne", pour une poignée de bonnes nouvelles italiennes, russes ou allemandes découvertes au détour de "Livres d'Or" pourtant compilés par des connaisseurs, que d'éblouissements tout au long des pages des vieux pulps, des revues modernes digests, des anthologies originales comme Orbit, New Dimensions ou Universe!"

Où l'on voit comment le serpent se mort la queue: Francis Valéry n'avait lu à l'époque que ce qui avait été traduit en français et se permet d'en tirer des conclusions. Or la SF allemande (RFA comme RDA) était très riche, de même que la SF russe (dans les années 80 elle devenait beaucoup plus libre et diversifiée). On doit en déduire aussi qu'il n'avait pas lu Lino Aldani...
Mais on atteint le comble de la goujaterie avec l'extrait suivant:
"Que de regrets alors de constater qu'il n'y a pratiquement rien dans Antarès qui soit au niveau des meilleures nouvelles et novellas publiées dans Isaac Asimov SF Magazine (je choisis à dessein ce qui, à mon avis, est la meilleure revue américaine depuis des années)".

C'est tellement facile de comparer David et Goliath. Bien sûr, le journal communal de Trifouilly est de moins bonne qualité que Le Monde!

Mais on comprend le pourquoi du comment quand il se compare, en tant qu'auteur, aux auteurs américains:

"Mais il convient de garder les pieds sur terre: lorsque je lis certains textes de jeunes auteurs américains, je me sens tout petit, minuscules... et j'ai parfois l'impression d'être publié parce qu'il faut bien un "quota" d'écrivains français dans Univers et non parce que mes nouvelles sont "objectivement" aussi bonnes que celles de mes "concurrents" américains".

Ben oui mon gars, c'est vrai pour Univers dans les années 80, mais c'était tout autre chose pour Univers dans les années 70. Passons... En tout cas, nous y voilà: un immense complexe d'infériorité!
Et dire que Francis Valéry a été pendant longtemps éditeur, anthologiste, directeur de Cyberdream (dans laquelle il a maintenu le même credo de la supériorité américaine).

Quelque part ça rappelle Sarko appelant la France à moins d'arogance.

A+

Patrice

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Eric
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Message par Eric » ven. mai 04, 2007 10:39 pm

Je pense qu'il faut relativiser. De l'eau à couler sous les ponts depuis. Aussi bien pour Francis Valéry, que pour l'état des lieux.

Rappelons que dans les années 80, la SF un peu mature est quasi inexistante en France.

Maintenant, je te rejoins sur le complexe d'infériorité, qui a eu - et a encore - un effet pervers durable sur le lectorat, qui s'est mis à assimiler l'idée que la SF étrangère est forcément meilleure. Une des raisons, je crois, qui fait que la SFF peine encore à trouver son public.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Mîreldar
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Message par Mîreldar » ven. mai 04, 2007 11:13 pm

On vit exactement le même complexe d'infériorité au Québec. Les amateurs de SF lisent très peu la SF produite par des Québécois. Certains vont pouvoir nommer un ou deux auteurs, Vonarburg, Sernine, et encore. La SF québécoise n'est connue que par le milieu, qui est assez restreint. Mais les éditeurs font l'effort de la publier, même s'ils savent qu'elle ne sera pas vendue... ceci à l'aide d'une subvention évidemment.

Il n'y a pas vraiment d'auteurs Américains de publiés au Québec. C'est pas nécessaire puisque les amateurs Québécois achètent la version originale américaine, sinon la traduction française. Ces traducteurs Français influencent donc aussi le marché québécois, qui est déjà pas mal petit.
Modifié en dernier par Mîreldar le sam. mai 05, 2007 9:46 am, modifié 1 fois.

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Eric
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Message par Eric » sam. mai 05, 2007 9:06 am

D'ailleurs quelles sont les subventions en France, les éditeurs qui traînent sur le forum peuvent peut-être nous parler des rôles des DRACs ?

Je crois que c'est pour cette raison que pas mal de petites maisons d'éditions sont installées en province ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Message par Patrice » sam. mai 05, 2007 9:48 am

Salut,

Tu as raison, Eric, depuis, de l'eau a coulé sous les ponts... et maintenant la situation est pire: le FNA a disparu, Présence du Futur aussi et sa remplaçante Folio SF est plus que décevante. Les auteurs français débutant doivent se rabattre sur la micro-édition, qui a bien du mérite d'exister. Quant aux "grands" éditeurs de notre microcosme favori, il ne mange que du fast food anglo-saxon.

Pourtant, quand tu parles de subventions, elles existent: elles ne viennent pas des DRAC mais des CRL et du CNL, peuvent aussi accorder des aides à la traduction (pour les auteurs européens). Encore faut-il avoir le courage d'en faire la démarche (et surtout l'intérêt).
Encore une fois, c'est tellement plus facile de piocher dans le marché américain, où tout est déjà trié, formaté.

Mais honnêtement, n'aurait-on pas pu pu, en lieu et place des suites sans fin signalées sur un autre fil, prendre un peu plus de risques???

A+

Patrice

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Message par Eons » sam. mai 05, 2007 11:01 am

Côté aides et subventions du CNL, il faut savoir qu'il faut entre autres justifier de certaines choses pour y avoir droit. Notamment avoir fait un CA suffisant l'année précédente. Autrement dit, on a droit aux aides dès lors qu'on a atteint un point où on n'en a plus vraiment besoin.

Comme toujours, en France, on ne prête qu'aux riches.

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Message par Mîreldar » dim. mai 06, 2007 4:08 pm

Bonjour Monsieur Dunyach,

Pourquoi vous ne formez pas de comités de lecture pour lire les manuscrits français?

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Message par Mîreldar » dim. mai 06, 2007 6:47 pm

Merci pour votre réponse.

Pour ma part, je ne vois rien de mal à utiliser des bénévoles qualifiés. Ce forum même est administré par des bénévoles qui ont la gentillesse de nous offrir un lieu d'échange et de réflexions. Des bénévoles qualifiés en sf il y en a beaucoup en France, et ils ne le font pas nécessairement pour une promesse d'embauche ou de l'argent. Ils le font par passion, pour la reconnaissance et pour approfondir leur expertise.

Le milieu littéraire fonctionne en grande partie grâce au bénévolat. N'est-ce pas ainsi que les gens qualifiés finissent par se distinguer, pour former une relève, une nouvelle collection ou ouvrir une maison d'édition? Comment de nouveaux auteurs Français peuvent se faire connaître si leur manuscrit ne sont pas lus?

PEREKAAN

Message par PEREKAAN » dim. mai 06, 2007 8:39 pm

le hic c'est qu'il y a pas foison de bénévoles qualifiés non auteurs... 8)
je pars me cacher au fin fond de schglourb 3 système solaire pathétique...

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marc
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Message par marc » lun. mai 07, 2007 8:15 am

Je me demande comment les éditeurs font pour dénicher ces (beta) lecteurs. Ce n'est pas parce qu'ils aiment lire qu'ils ont les mêmes gouts que l'éditeur ou ses lecteurs dans son ensemble. Peut-être un roman leur paraitra t-il mauvais alors que si il était publié il cartonnerait Peut-être un roman qu'ils ont beaucoup apprécié va t-il faire un bide. Ces comités de lecture m'ont toujours un peu effrayé. Si on pourrait m'en dire plus sur le sujet... Et à quel moment le directeur de collection intervient-il? Avant le comité de lecture, ou après?
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Message par Eric » lun. mai 07, 2007 9:32 am

Ça se fait généralement par réseau. Bragelonne, je crois, en repère pas mal via leur forum (qui fédère un grand nombre de lecteurs en affinité avec leur politique éditoriale).

Ailleurs, c'est par connaissance. Souvent des libraires, des gens du fandom, des chroniqueurs...

Ça se fait le plus souvent sur le principe du bénévolat, ou de l'échange de bon procédés (genre bouquins gratos). Ce genre de menus services peut aussi être un moyen de mettre le pied dans le monde de l'édition. Dans son interview, Pascal Godbillon le patron de Folio SF, nous disait qu'alors qu'il était encore à la Fnac, il rendait ce genre de service à quelques éditeurs.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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