Ham Hammond est mal barré. Le téméraire Ham, qui a été envoyé sur Vénus pour ramener le xixtchil, une rarissime drogue de jouvence, tente désépérement de sauver sa peau et celle de son adorable compagne Pat Burlingame. À la tombée du jour, ils ont été acculés à l'entrée d'un terrifiant canyon, par une "pâte à pain", l'une des plus monstrueuses créatures de la planète. Écœurante masse de protoplasme blanc, pesant plusieurs tonnes, la pâte à pain n'a ni intelligence, ni forme bien définie. Elle se propulse juste, poussée par son instinct, vers tout ce qui peut être comestible.
Et même le puissant pistoflamme de Ham ne pourrait la tuer qu'en détruisant toutes ses cellules.
Par ailleurs, Ham et Pat ne peuvent espérer se réfugier au fond du canyon, car derrière-eux, se trouvent les terribles vénusiens – des trilobites nocturnes avec trois yeux, quatre jambes, et des redoutables pinces. Comment Ham va-t-il s'en tirer ? Vous le saurez en lisant Une Odyssée martienne, un recueil posthume des nouvelles de science fiction de Stanley Weinbaum.
Follets et Rampants.
Avant sa mort en 1935, Weinbaum fourguait ses histoires à Wonder Stories et Astounding Stories pur un cent le mot. Il était loin de s'imaginer que les fans de science fiction en viendrait un jour à les considérer comme des classiques.
Weinbaum commença à écrire ses histoires au début des années 30. Il peupla Mars de créatures intelligentes ressemblant à des autruches et capables d'apprendre des bribes de langage humain. Su la lune jupitérienne, Io, il installa les très gloussant "Follets", complètement idiots avec leur tête en forme de ballon et leur cou d'un mètre cinquante. Et n'oublions pas les "Rampants", de vicieux nuisibles d'une trentaine centimètres ressemblant à des rats noirs portant une cape. Là où l'imagination de ses prédécesseurs s'était surtout illustrée avec des hommes et une collection de gadgets, Weinbaum s'attacha à donner corps à ses créatures non-humaines et s'efforça d'harmonieusement mettre en scène ses pâtes à pain et autres exemplaires de sa faune extra-planétaire.
De petits éditeurs dédiés à la science fiction, comme celle de Weinbaum, ont émergés ces dernières années, au point que soit apparue toute une économie qui est en train de prendre son essor. La plupart sont des petites structures de trois ou quatre personnes. Et la demi douzaine de sociétés spécialisées dans le genre publient chacune entre deux et une douzaine de titres par an. Et de fait, de toute petites compagnies comme Prime Press à Philadelphie, Fantasy Press à Reading, en Pennsylvanie ou Sashta Press à Chicago, parviennent à tirer quelques profits de leurs minuscules tirages, essentiellement pour deux raisons : 1) ils rognent sur la communication et les autres frais annexes et 2) ils savent qu'ils peuvent compter sur l'engouement de fans acharnés.
Space operas et utopies.
Pour beaucoup, Edgar Allan Poe, Jules Verne, Sir Arthur Conan Doyle et H.G.Wells, sont les quatre pères fondateurs de la science fiction. Aux Etats-Unis, Will F.Jenkins un vétéran de 29 ans, et qui lui-même écrit sous le nom de plume de Murray Leinster, est considéré comme le maître de chai de cette cuvée spéciale d'auteurs. Les plus doués, à en croire les éditeurs spécialisés, sont Robert Heinlein et A.E Van Vogt.
La plupart des maîtres du genre ont un point en commun : leurs histoires se passent dans le futur. Les vols interplanétaires sont choses courantes, comme dans ces space operas où les héros chassent les méchants d'un bout à l'autre de la galaxies. Une des plus anciennes formes de science fiction, reste l'utopie, où une histoire cohérente est mise en scène dans une sorte de monde idéal. Les prophéties sont un autre sous-genre qui marche bien, et dans lesquelles les conséquences de l'ingéniosité d'un homme dans, mettons le domaine des fusées spatiales, sont extrapolées. La gamme des sujets va ainsi de la zoologie sur d'autres planètes au tableau apocalyptique de notre monde, détruit au cours de la Troisième, Quatrième ou Cinquième Guerre Mondiale.
Les fans sont sur les dents.
Les lecteurs de science fiction se singularisent par un culte tout particulier à la collection des classiques du genre et une dévotion marquée aux expériences éditoriales. Ainsi, les prix des publications les plus prisées grimpent en flèche. Un exemplaire de Je suis d'ailleurs de H.P Lovecraft peut atteindre de 50 à 100$, et le premier numéro d'Astounding Stories of Super Science s'échange à 50$. Plusieurs éditeurs estiment que 30 à 40% de leurs lecteurs sont des professionnels, pour certains des scientifiques, qui lisent leurs histoires pour se détendre, mais avec un regard très critique pour les erreurs scientifiques. Des clubs de fans se montent aussi régulièrement. Ils se rencontrent et publient des magazines tels que Fandom Speaks, Fantasy Review, Macabre, The Gorgon ou Lunacy. Il y a même un californien qui garde précieusement ses quelques 2000 volumes dans une cave en béton ignifugée.
On s'est interrogé sur les raisons de cette tocade de la science fiction. Harrison Smith, de The Saturday Review of Literature relie le phénomène à "l'âge de l'anxiété" et voit dans ces "histoires de fantastique scientifique" un "palier de décompression face à des peurs bien connues et d'autres plus irrationnelles". Publishers Weekly pense de son côté que ce qui, dans ces histoires, attire les lecteurs, c'est "une imagination hors-limite… totalement désinhibée par rapport aux réalités de notre monde, même si parfois, elle est terriblement proche des nouvelles avancées de la science moderne".
Le lecteur qui s'essaierait à la science fiction avec un regard dépassionné, serait en fait très surpris de voir à quel point l'imagination humaine est attachée à la réalité. Même quand elle s'efforce de s'en affranchir. Les follets et les rampants d'un Stanley Weinbaum ne sont pas nouvelles. La forme diffère, mais ces chimères ne sont pas si éloignées que ça de celle que l'humanité a, de tous temps, croisées dans ces cauchemars d'enfants.
Serpent de mer
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- Eric
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Serpent de mer
Une chronique d'un recueil de Stanley Weinbaum et qui date de 1949. Elle fait un petit tour d'horizon du bizness de l'époque que je me suis amusé à traduire. Et c'est marrant de voir que finalement les choses n'ont pas tellement changées.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
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Ouais ! Pour les petits éditeurs à petit tirage, cela ressemble fichtrement à l’édition française actuelle. Encore que ! Jusqu’en 1949, l’essentiel de la SF US devait être publié en revue, non ?
Et puis les Fans qui se «singularisent par leur collection de classiques» – finalement rien ne change. (Moi, une collection de SF de plus de 3000 livres ! Affabulation risible !).
PS : De Weinbaum, j’ai lu «La flamme noir » et trois nouvelles parmi lesquelles «L’odyssée martienne» bien sur
J’en garde un très bon souvenir : mais lu aujourd’hui je ne sais pas ce que cela donnerait
Et puis les Fans qui se «singularisent par leur collection de classiques» – finalement rien ne change. (Moi, une collection de SF de plus de 3000 livres ! Affabulation risible !).
En 1949, Leinster devait avoir au moins la cinquantaine – ou alors c’est 29 ans de carrière!Aux Etats-Unis, Will F.Jenkins un vétéran de 29 ans, et qui lui-même écrit sous le nom de plume de Murray Leinster,
PS : De Weinbaum, j’ai lu «La flamme noir » et trois nouvelles parmi lesquelles «L’odyssée martienne» bien sur
J’en garde un très bon souvenir : mais lu aujourd’hui je ne sais pas ce que cela donnerait
- Eric
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Ben, n'étant pas un traducteur émérite, c'est pour ça que j'ai mis le lien sur le texte de référence. Cela dit, je lui ai rajouté 2 ans, mais il est bine possible que tu aies raison...Papageno a écrit :En 1949, Leinster devait avoir au moins la cinquantaine – ou alors c’est 29 ans de carrière!Aux Etats-Unis, Will F.Jenkins un vétéran de 29 ans, et qui lui-même écrit sous le nom de plume de Murray Leinster,
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- sandrine.f
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Si le coeur t'en dit, tout est depuis peu disponible iciPS : De Weinbaum, j’ai lu «La flamme noire » et trois nouvelles parmi lesquelles «L’odyssée martienne» bien sur
J’en garde un très bon souvenir : mais lu aujourd’hui je ne sais pas ce que cela donnerait

Désolé, mais c'est le problème de l'impression à la demande ; au lieu de coûter 3 euros à fabriquer, les livres en coûtent 12, ce qui oblige,pour pouvoir servir les libreires, à ce prix de 23 euros... A quoi il faut ajouer le port, 2,99 euros pour un livre, don 26 euros chez Lulu.Eons a écrit :Ça m'aurait bien plu, de lire La Flamme Noire en version intégrale, mais 23 €, c'est beaucoup trop cher. Pas de version numérique prévue ?
Mais pour une commande par courriel, c'est 24 euros port compris.
Pour les versions, numériques, il n'y en a pas de prévu. Une version en livre de poche dans dix-huit mois environ.
Je ne crois pas; si je prends l'exemple de Une Odyssée Martienne, un livre qui fait 115000 mots et 560000 signes (hors espaces et blancs), et si j'en juge par votre tableau situé sur la page http://www.eons.fr//main.php?lang=fr&ru ... q_liv#prix, ce livre coûterait au bas mot, chez Eons, entre 19,60€ et 23,10€, plus près du second chiffre d'ailleurs si l'on interpole sur le nombre de page et le format.Eons a écrit :Pas au mien.Ce bouquin, chez Eons, serait à 15,70 franco de port.
Par ailleurs, le format des livres Lulu est de 6 pouces par 9, soit 15,24 par 22,86, un format adapté aux romans, bien loin du format "semi-poche" d'Eons (13 cm par 20cm), ou de "l'exceptionnel" (d'après la FAQ) 14,5×23,5 cm : il ne s'agit pas vraiment du même objet, ni de la même mise en valeur du texte...
Il est probable qu'en semi-poche chez Lulu, le prix du livre se rapprocherait de celui que tu cites ; pour le savoir, il faudrait que je reformate chacun de mes livres, ce qui augmenterait bien sûr leur nombre de page. C'est quelque chose que je ferai peut-être dans dix-huit mois...
Le prix de vente actuel est justifié par le prix de fabrication chez Lulu, qui est de l'ordre de 11 euros et demi. Pour pouvoir servir les libraires sans y perdre - je n'ai pas travaillé pendant 21 mois pour cela, tu le comprendras sans peine - tout en respectant la loi sur le prix du livre, qui s'impose à moi, il faut prévoir une marge de 30 à 40 % du prix de vente, donc 7 à 8 euros. par bouquin. Je te laisse faire le reste du calcul.
Donc ce prix un peu élevé - mais qui pour l'instant ne semble pas trop gêner les ventes - est justifié par le modèle économique de l'impression à la demande, que je n'ai pas vraiment choisi : aucun éditeur n'a paru intéressé par mes travaux ; tant qu'il n'y aura pas plus de concurrence sur ce marché-là, on se heurtera à ce problème, qui n'est pas causé par nous autres, les auteurs.
Il est certain que je préfèrerais "gagner" deux fois moins sur chaque livre, et en vendre trois fois plus...

Tu voudras bien noter cependant que je suis à la recherche d'un éditeur à compte d'éditeur pour ces trois volumes, et aussi pour les futures parutions (trois autres romans de Weinbaum). Si Eons me fait une proposition, je lui apporterai tout l'attention nécessaire.
La situation est claire : les droits de publication de mes traductions sont à la disposition des éditeurs intéressés ; tous mes livres sont et resteront disponibles auprès de moi ou en ligne (chez Lulu.com ou chez d'autres Imprimeurs suivant la demande) tant qu'un éditeur bona fide ne les publiera pas. Quand ce sera le cas, je les retirerai de chez Lulu et consorts...
Amitiés,
Robert
A ma grande honteLensman a écrit :Eons aurait peut-être pu proposer à notre Weinbaumien de publier ses livres...v ça n'a pas été possible?

Mais j'apprends vite, et j'apprécie de rencontrer des gens sympas
