SF, F & F versus l'école
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
Il m'est arrivé la même aventure qu'à Papageno.
Je ne remercierais jamais assez Maupassant d'avoir écrit des choses ennuyeuses, ni Stendhal d'avoir commis Le Rouge et le Noir... Ils ont formé définitivement ma vision de la littérature !
Le vrai souci que peut avoir un pédagogue aujourd'hui - problème qui n'existait qu'à peine voici trente ans - est que plus personne ne lit - ni SFF ni classique. Je connais des maisons où il n'y a qu'une dizaine de livres (L'Encyclopedia Universalis - c'est classe mais on ne l'ouvre pas, un dictionnaire - pour le scrabble, un atlas mondial, un livre de Sarkozy et quelques Asterix)...
Du coup les jeunes - qu'il n'y a pas besoin de pousser - se tournent vers la télévision et Internet - où la culture peut arriver pré-digérée et être avalée sans effort.
Pour revenir au sujet : SF ou pas à l'école ? , je dirais qu'il faudrait surtout aborder l'apprentissage du français (et donc de sa littérature) totalement différemment, qu'il s'agisse de SF ou pas.
Ce que j'ai retenu de mes années lycée - concernant le français et la philo (pour moi c'est pareil, j'ai fait C ), c'est que les profs n'ont rien compris, ni à la psychologie de leurs élèves, ni à ce qu'est un livre. Ils tentaient de nous faire voir des beautés qui n'étaient pas là en s'extasiant sur des textes abscons, tout en faisant mine d'ignorer dédaigneusement l'univers littéraire dans lequel nous - jeunes - vivions (depuis les comics jusqu'au récits de voyages en passant par la SF et les policiers).
Et, pire, ils ont toujours chercher à nous casser, à nous rabaisser, pour être sûr de nous dominer, de se rassurer peut-être sur leur potentiel personnel... A douze ans, j'écrivais des petites nouvelles et de la poésie. Mais à dix-huit, j'avais été convaincu d'être un incapable, un handicapé littéraire - puisque j'avais mon bac C - qui ne pourrait jamais écrire que des documents techniques. Il m'a fallu attendre d'avoir quarante ans pour accepter de rejeter cette "déséducation" et me remettre à écrire...
Alors qu'y peut-on ? j'ai repris goût à écrire avec un atelier d'écriture et je pense qu'il y a là des pistes à creuser pour des profs intelligents et qui chercheraient à donner aux élèves un vrai plaisir tant à lire qu'à écrire - à partager, en fait.
je voudrais ici faire un parallèle avec les cours de musique. Si un prof se contente de passer la 4 Saisons de Vivaldi en expliquant "écoutez, là, le petit ruisseau qui coule" il va dans le mur (oui, je dois aussi mon goût du vrai Rock qui sonne dur à un prof de musique imbécile) mais j'ai vu mes enfants prendre plaisir à jouer de la flûte à bec et à aimer tous les styles musicaux en les jouant, avec leurs possibilités.
En littérature, l'important n'est pas tant d'instruire que d'éveiller, à mon avis. Et les littératures de l'imaginaire sont des leviers puissants pour cela.
Je ne remercierais jamais assez Maupassant d'avoir écrit des choses ennuyeuses, ni Stendhal d'avoir commis Le Rouge et le Noir... Ils ont formé définitivement ma vision de la littérature !
Le vrai souci que peut avoir un pédagogue aujourd'hui - problème qui n'existait qu'à peine voici trente ans - est que plus personne ne lit - ni SFF ni classique. Je connais des maisons où il n'y a qu'une dizaine de livres (L'Encyclopedia Universalis - c'est classe mais on ne l'ouvre pas, un dictionnaire - pour le scrabble, un atlas mondial, un livre de Sarkozy et quelques Asterix)...
Du coup les jeunes - qu'il n'y a pas besoin de pousser - se tournent vers la télévision et Internet - où la culture peut arriver pré-digérée et être avalée sans effort.
Pour revenir au sujet : SF ou pas à l'école ? , je dirais qu'il faudrait surtout aborder l'apprentissage du français (et donc de sa littérature) totalement différemment, qu'il s'agisse de SF ou pas.
Ce que j'ai retenu de mes années lycée - concernant le français et la philo (pour moi c'est pareil, j'ai fait C ), c'est que les profs n'ont rien compris, ni à la psychologie de leurs élèves, ni à ce qu'est un livre. Ils tentaient de nous faire voir des beautés qui n'étaient pas là en s'extasiant sur des textes abscons, tout en faisant mine d'ignorer dédaigneusement l'univers littéraire dans lequel nous - jeunes - vivions (depuis les comics jusqu'au récits de voyages en passant par la SF et les policiers).
Et, pire, ils ont toujours chercher à nous casser, à nous rabaisser, pour être sûr de nous dominer, de se rassurer peut-être sur leur potentiel personnel... A douze ans, j'écrivais des petites nouvelles et de la poésie. Mais à dix-huit, j'avais été convaincu d'être un incapable, un handicapé littéraire - puisque j'avais mon bac C - qui ne pourrait jamais écrire que des documents techniques. Il m'a fallu attendre d'avoir quarante ans pour accepter de rejeter cette "déséducation" et me remettre à écrire...
Alors qu'y peut-on ? j'ai repris goût à écrire avec un atelier d'écriture et je pense qu'il y a là des pistes à creuser pour des profs intelligents et qui chercheraient à donner aux élèves un vrai plaisir tant à lire qu'à écrire - à partager, en fait.
je voudrais ici faire un parallèle avec les cours de musique. Si un prof se contente de passer la 4 Saisons de Vivaldi en expliquant "écoutez, là, le petit ruisseau qui coule" il va dans le mur (oui, je dois aussi mon goût du vrai Rock qui sonne dur à un prof de musique imbécile) mais j'ai vu mes enfants prendre plaisir à jouer de la flûte à bec et à aimer tous les styles musicaux en les jouant, avec leurs possibilités.
En littérature, l'important n'est pas tant d'instruire que d'éveiller, à mon avis. Et les littératures de l'imaginaire sont des leviers puissants pour cela.
C'est moins grave que si c'était pire ! (S.A.)
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Ah non Jean!!!
Si je vois ici un débat pédagogiste à deux balles "pédagogies de l'éveil" vs "pédagogies de la transmission", j'arrête de poster sur ce forum.
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Bruno - http://systar.hautetfort.com
Je vois... Ca c'est de l'ouverture !
Je m'excuse si je t'ai choqué, cela me navre mais je pense avoir le droit de m'exprimer même si je conçois que le fait d'être un scientifique me retire ici une bonne part de légitimité.
Bon, sérieusement, je ne débattais pas vraiment, j'exposais mon expérience. C'est peut-être à deux balles, si tu le dis. Et je n'avais pas mis de grand mots sur mes idées, juste des propositions concrètes hors de tout courant de pensée dogmatique - le seul dogme que je respecte étant de ne pas en avoir...
Je m'excuse si je t'ai choqué, cela me navre mais je pense avoir le droit de m'exprimer même si je conçois que le fait d'être un scientifique me retire ici une bonne part de légitimité.
Bon, sérieusement, je ne débattais pas vraiment, j'exposais mon expérience. C'est peut-être à deux balles, si tu le dis. Et je n'avais pas mis de grand mots sur mes idées, juste des propositions concrètes hors de tout courant de pensée dogmatique - le seul dogme que je respecte étant de ne pas en avoir...
C'est moins grave que si c'était pire ! (S.A.)
- dracosolis
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Re: SF, F & F versus l'école
Je la comprends ta nièce.Lensman a écrit :Ce matin, je supervisais les devoirs de ma nièce (en 4e).
Elle avait à lire un recueil de Barbara Sadoul ("La dimension fantastique") que la prof avait forcé la classe à acheter.
A moment donné, elle me dit: "J'aime pas les nouvelles. Et j'arrive pas à finir celle-là".
"Celle-là", c'était "Je suis d'ailleurs", de Lovecraft.
J'ai dû me courber encore davantage sous le poids des ans, et je me suis dit qu'il devrait être sévèrement interdit aux profs, sous peine de diminution de salaire et d'heures supplémentaires obligatoires, de faire TRAVAILLER les gamins sur la SF, le F et la F.
La gamins n'ont qu'à suer sur les vieux classiques, ça leur fait du bien, c'est fait pour ça! Mais par pitié ! laissez le reste hors du champ de l'école! Laissez le au seul champ de la découverte-plaisir!
Oncle Joe
Franchement, c'est pas le fait d'être un travail scolaire qui est en cause, là.
J'en ai lu plein, des Lovecraft, je me suis acharnée, puisque tant de gens bavent d'admiration dessus : Lovecraft/Tranxène, même combat ! M'étonne pas que ça fasse le même effet à une gamine.
Pour situer, ma nouvelle "lovecraftienne" préférée (ce qui veut juste dire au cas d'espèce que je n'ai ni baillé ni soupiré et que je pourrais la relire sans grincer des dents à cette idée), c'est Les chiens de Tindalos, mais c'est pas de Lolo !
- orcusnf
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Je suis d'accord avec jean, tout vient des parents. Moi à 7 ans, un soir, mes parents m'ont offert un livre, puis un deuxième, un troisième, etc. Et après ils m'ont inscrit à la bibliothèque. Et dans les gens que je connais et qui aiment lire, yen a pas mal où ça c'est passé comme ça, accrocher avec des livres sympas puis pousser vers la bibliothèque avec d'autres livres sympas qu'on peut choisir en plus ( le tout très jeune).
http://www.fantastinet.com l'actualité de la littérature de l'imaginaire
- jlavadou
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Eh bien, je dois être allé dans un collège puis dans un lycée extraordinaire pour avoir eu, attendez que je compte... 5 bons profs de français. J'ai vraiment du bol, hein.
Ou alors je me suis contenté d'être ouvert et à l'écoute, même quand ça m'ennuyait ? Bizarre, je pensais que c'était à la portée de tout le monde... Surtout de gens qui lisent aujourd'hui des littératures de l'imaginaire, supposées être les plus ouvertes...
Désolé si j'en blesse certains, mais votre "dégoût" de la littérature scolaire ne viendrait-elle pas plutôt d'une posture adolescente qui veut qu'on se fout de tout et surtout de ce que nous enseignent les profs ?
Moi non plus je n'ai pas tout aimé de ce qu'on m'a fait étudié. Heureusement d'ailleurs. Mais sans l'enseignement de la littérature, je n'aurais jamais découvert Saint-Exupery, Molière, Tchekov, Yourcenar, j'en passe et des nombreux. Je ne dis pas que je les lis tous les jours, ni même que je m'en souviens. Ni même que ce sont mes profs qui m'ont amené à lire de la SF aujourd'hui (je l'ai découverte tout seul). Mais sans eux, je n'aurais jamais appris à LIRE. Et je mets des majuscules pour accentuer qu'il ne s'agit pas juste de lire des mots les uns à la suite des autres, mais de comprendre une oeuvre tout en y prenant plaisir, de savoir ce qu'elle contient. J'ai eu beau me faire chier avec Rousseau, Butor, Brecht, etc., les lire m'a été utile pour former mon goût d'aujourd'hui. Et les profs, en me forçant à étudier des oeuvres (n'importe lesquelles), m'ont tout simplement enseigné l'esprit critique. Si ma prof de 6ème ne nous avait pas balancé, comme sujet de première rédaction, "On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux" (même si j'ai rien compris sur le coup et que j'ai eu une sale note), est-ce que je me serais seulement penché sur la question ?
Alors, pour répondre à la question d'Oncle Joe (que je soupçonne de lancer des pavés dans la mare juste pour le plaisir de nous voir nous agiter sur nos claviers), je dis OUI à l'étude d'oeuvres de SF en classe, au même titre que d'oeuvres plus classiques. Il y a dans les bouquins de SF autant de choses à apprendre qu'ailleurs, autant de concepts à étudier, autant de plaisir à en tirer. Après, je ne dis pas que tous les profs auront une approche attirante, ni qu'ils choisiront les bonnes oeuvres. Je concède d'ailleurs une chose à Jean (mais une seule, hein, parce que le coup de la domination, hum...) : les programmes devraient intégrer les habitudes de lecture des jeunes d'aujourd'hui (et pourquoi pas des mangas ?).
Et puis la SF n'est pas qu'une littérature de plaisir, quoi !
Ou alors je me suis contenté d'être ouvert et à l'écoute, même quand ça m'ennuyait ? Bizarre, je pensais que c'était à la portée de tout le monde... Surtout de gens qui lisent aujourd'hui des littératures de l'imaginaire, supposées être les plus ouvertes...
Désolé si j'en blesse certains, mais votre "dégoût" de la littérature scolaire ne viendrait-elle pas plutôt d'une posture adolescente qui veut qu'on se fout de tout et surtout de ce que nous enseignent les profs ?
Moi non plus je n'ai pas tout aimé de ce qu'on m'a fait étudié. Heureusement d'ailleurs. Mais sans l'enseignement de la littérature, je n'aurais jamais découvert Saint-Exupery, Molière, Tchekov, Yourcenar, j'en passe et des nombreux. Je ne dis pas que je les lis tous les jours, ni même que je m'en souviens. Ni même que ce sont mes profs qui m'ont amené à lire de la SF aujourd'hui (je l'ai découverte tout seul). Mais sans eux, je n'aurais jamais appris à LIRE. Et je mets des majuscules pour accentuer qu'il ne s'agit pas juste de lire des mots les uns à la suite des autres, mais de comprendre une oeuvre tout en y prenant plaisir, de savoir ce qu'elle contient. J'ai eu beau me faire chier avec Rousseau, Butor, Brecht, etc., les lire m'a été utile pour former mon goût d'aujourd'hui. Et les profs, en me forçant à étudier des oeuvres (n'importe lesquelles), m'ont tout simplement enseigné l'esprit critique. Si ma prof de 6ème ne nous avait pas balancé, comme sujet de première rédaction, "On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux" (même si j'ai rien compris sur le coup et que j'ai eu une sale note), est-ce que je me serais seulement penché sur la question ?
Alors, pour répondre à la question d'Oncle Joe (que je soupçonne de lancer des pavés dans la mare juste pour le plaisir de nous voir nous agiter sur nos claviers), je dis OUI à l'étude d'oeuvres de SF en classe, au même titre que d'oeuvres plus classiques. Il y a dans les bouquins de SF autant de choses à apprendre qu'ailleurs, autant de concepts à étudier, autant de plaisir à en tirer. Après, je ne dis pas que tous les profs auront une approche attirante, ni qu'ils choisiront les bonnes oeuvres. Je concède d'ailleurs une chose à Jean (mais une seule, hein, parce que le coup de la domination, hum...) : les programmes devraient intégrer les habitudes de lecture des jeunes d'aujourd'hui (et pourquoi pas des mangas ?).
Et puis la SF n'est pas qu'une littérature de plaisir, quoi !
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Moi je crois de plus en plus à la prise en compte de la question:
"Quand est-on demandeur?"
Intellectuellement, quand est-on demandeur d'une certaine beauté raffinée (ce que sont les classiques), ou d'une formalisation et d'une systématisation puissante des intuitions que tout le monde peut ou non avoir sur le réel (ce que doit proposer un cours de philo).
Je crois que tous les élèves d'une génération sont capables, grosso modo, de comprendre ce qu'on met au programme de la classe où ils sont.
Simplement tous ne sont pas également demandeurs.
J'ai vu suffisamment d'amis trentenaires me dire qu'ils n'avaient pas adhéré à la philo en term mais qu'ils étaient intéressés maintenant, 10 ou 12 ans plus tard, pour penser cela. C'est pas une question d'intelligence pure.
Pareil pour la construction de quelque chose comme le "goût".
Le goût, ça s'éduque. La subjectivité n'a de sens qu'affrontée à des normes. Sinon ça n'a même aucun intérêt de l'exprimer à l'état brut, pur. Pour savoir où l'on est, encore faut-il savoir reconnaître, sur une carte ou sur un axe, les grands massifs, les reliefs, les passages difficiles, mais aussi les impasses.
Savoir que Gracq, Hugo, Molière, Maupassant et du Bellay incarnent tous la beauté, ou du moins manifestent tous une réussite littéraire ou esthétique patente, on peut le comprendre, et voir en quoi cela est vrai, même au collège.
Après comme le dit très bien Jérôme L., cette prise de conscience n'implique pas qu'on en mange tous les jours au petit déjeuner. Simplement cela pose des jalons, permet de se situer, de savoir à quoi ressemble une belle phrase en français, une belle description.
Ceci dit, je ne nie pas que certains choix d'enseignement émis par l'institution aient été contestables.
Quand j'ai passé le bac français, par exemple, ça semblait une évidence absolue de sacrifier à l'"éternel groupement de textes sur les Lumières, avec la relation maître/valet dans le théâtre classique puis du XVIIIème. Finalement, c'était toujours un thème chiant. Lorenzaccio a toujours été un personnage plus intéressant que Figaro. Même s'il semble moins incarner directement les Lumières.
Tiens, ça me rappelle quand j'avais passé le concours général de français en première: j'avais parlé de la science-fiction...
"Quand est-on demandeur?"
Intellectuellement, quand est-on demandeur d'une certaine beauté raffinée (ce que sont les classiques), ou d'une formalisation et d'une systématisation puissante des intuitions que tout le monde peut ou non avoir sur le réel (ce que doit proposer un cours de philo).
Je crois que tous les élèves d'une génération sont capables, grosso modo, de comprendre ce qu'on met au programme de la classe où ils sont.
Simplement tous ne sont pas également demandeurs.
J'ai vu suffisamment d'amis trentenaires me dire qu'ils n'avaient pas adhéré à la philo en term mais qu'ils étaient intéressés maintenant, 10 ou 12 ans plus tard, pour penser cela. C'est pas une question d'intelligence pure.
Pareil pour la construction de quelque chose comme le "goût".
Le goût, ça s'éduque. La subjectivité n'a de sens qu'affrontée à des normes. Sinon ça n'a même aucun intérêt de l'exprimer à l'état brut, pur. Pour savoir où l'on est, encore faut-il savoir reconnaître, sur une carte ou sur un axe, les grands massifs, les reliefs, les passages difficiles, mais aussi les impasses.
Savoir que Gracq, Hugo, Molière, Maupassant et du Bellay incarnent tous la beauté, ou du moins manifestent tous une réussite littéraire ou esthétique patente, on peut le comprendre, et voir en quoi cela est vrai, même au collège.
Après comme le dit très bien Jérôme L., cette prise de conscience n'implique pas qu'on en mange tous les jours au petit déjeuner. Simplement cela pose des jalons, permet de se situer, de savoir à quoi ressemble une belle phrase en français, une belle description.
Ceci dit, je ne nie pas que certains choix d'enseignement émis par l'institution aient été contestables.
Quand j'ai passé le bac français, par exemple, ça semblait une évidence absolue de sacrifier à l'"éternel groupement de textes sur les Lumières, avec la relation maître/valet dans le théâtre classique puis du XVIIIème. Finalement, c'était toujours un thème chiant. Lorenzaccio a toujours été un personnage plus intéressant que Figaro. Même s'il semble moins incarner directement les Lumières.
Tiens, ça me rappelle quand j'avais passé le concours général de français en première: j'avais parlé de la science-fiction...

Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Faut que Shalmaneser vienne te répondre. Il en connaît un rayon à ce sujet, c'est son job.jlavadou a écrit : : les programmes devraient intégrer les habitudes de lecture des jeunes d'aujourd'hui (et pourquoi pas des mangas ?).
Et puis la SF n'est pas qu'une littérature de plaisir, quoi !
D'après les instrucs officielles, c'est déjà intégré dans les listes de livres possibles à faire lire aux gamins au collège. Y a de la SF et du polar. (les machins à la Mango, ou qqch dans ce goût-là).
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Re: SF, F & F versus l'école
Gutboy!!!!Sand a écrit : Je la comprends ta nièce.
Franchement, c'est pas le fait d'être un travail scolaire qui est en cause, là.
J'en ai lu plein, des Lovecraft, je me suis acharnée, puisque tant de gens bavent d'admiration dessus : Lovecraft/Tranxène, même combat ! M'étonne pas que ça fasse le même effet à une gamine.
Pour situer, ma nouvelle "lovecraftienne" préférée (ce qui veut juste dire au cas d'espèce que je n'ai ni baillé ni soupiré et que je pourrais la relire sans grincer des dents à cette idée), c'est Les chiens de Tindalos, mais c'est pas de Lolo !
Ah non, lui, c'est pour van Vogt...
Bon, j'admets que Lovecraft, il faut aimer, et d'ailleurs cette nouvelle n'est pas la plus abordable (ni celle que je préfère...).
Mais dans le recueil, il y a aussi du Jean Ray, du Matheson, du Seignolle... Et l'accueil est le même.
C'est l'aspect "démarche imposée" que je regrettais. Sans doute parce que, comme Papageno, comme Jean, je projetais sur mon époque et mon expérience personnelle: l'école c'était l'école, les trucs qui me plaisaient, c'étaient les trucs qui me plaisaient, et que je trouvais tout seul.
Je dois cependant ajouter que mes profs ne m'ont jamais découragé dans mes lectures hétéroclites, tout au contraire (bac C aussi...). Je me souviens même que ma prof de français ne s'est pas offusquée quand je lui a demandé ce qu'était... la sémantique générale! C'est dire!
Oncle Joe
Assez d'accord aussi! Mes parents m'ont tout de suite fait lire les albums Tintin, m'achetaient le"Journal de Mickey" (avec Guy l'Eclair!), les roman de Jules Verne (la chouette édition du Livre de Poche, avec les vieilles gravures... deux baffes énormes, "Le voyage au centre de la Terre" et "Vingt mille lieues sous les mers"), mon père m'a offert "La guerre des mondes" de Wells, voyant où se situaient mes centres d'intérêt (sacré choc aussi!)... et en fait tous les livres que je voulais... mais c'était autre chose que l'école (que j'ai toujours adorée, par ailleurs, ne pas se méprendre sur mon discours...)orcusnf a écrit :Je suis d'accord avec jean, tout vient des parents. Moi à 7 ans, un soir, mes parents m'ont offert un livre, puis un deuxième, un troisième, etc. Et après ils m'ont inscrit à la bibliothèque. Et dans les gens que je connais et qui aiment lire, yen a pas mal où ça c'est passé comme ça, accrocher avec des livres sympas puis pousser vers la bibliothèque avec d'autres livres sympas qu'on peut choisir en plus ( le tout très jeune).
Oncle Joe
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Mon, je ne suis pas vexé, surtout qu'il y un peu de vrai dans ce que tu dis ! J'étais un élève rebelle, rebelle parfois jusqu'à la connerie !Désolé si j'en blesse certains, mais votre "dégoût" de la littérature scolaire ne viendrait-elle pas plutôt d'une posture adolescente qui veut qu'on se fout de tout et surtout de ce que nous enseignent les profs ?

Ceci dit, ce n'est pas tout a fait exact non plus. Dans d'autres domaines, j'ai des contre exemples. En mathématique, ou en physique par exemple, j'étais un élève passionné allant souvent très au delà des cours, et si le prof s'y prêtait (ou avait le temps), je pouvais restait très longtemps a discuter pour approfondir certaines parties du cours, voir même des parties non enseignées dans le secondaire.
Et adolescent, j'étais déjà, un amateur, d'opéra et de musique classique, au grand étonnement des prof. et malgré les quolibets constant de mes camarades de classe, moquant de mes gouts musicales de mémé (selon eux) !
je crois tous cela vient surtout de la personnalité de chacun
J'avoue avoir du mal a comprendre ça! l'approfondissement intellectuelle et artistique et aussi une distraction, un plaisir - peut-même surtout un plaisir - il me semble que c'est aussi ce que disait PK DickEt puis la SF n'est pas qu'une littérature de plaisir, quoi !