Le_navire a écrit :"Si la Sf n'est plus un genre viable, c'est parce que les convictions humanistes qui la sous-tendaient ne sont plus crédibles, même en tant que fiction. Le type d'écriture hybride qui s'est développé ces dernières années est révélateur. [Ce que] le Splitstream, le cyber punk [et le bizarro] [...] ont en commun, c'est l'absence d'idées politiques. aucun d'entre eux n'a le projet de changer le monde"
John Gray.
Vu sa construction, l'article a vraisemblablement été coupé par la rédaction du New Stateman, c'est dommage.
Sinon, sur le sujet habituel, un pote prof d'université directeur d'une section de recherche au Lirmm (en application robotique, entre autres), même âge que moi, passé l'autre jour : "j'ai beaucoup lu de SF (Tonton, Gut, un amateur de second cerveau, je l'ai adoubé.), j'ai arrêté, depuis je lis du polar." Moi : "Ah ben tiens, justement, explique pourquoi !" "Ben, fut un temps, je lisais beaucoup dans les trains, et dans les gares où j'achetais avant de partir, y avait que les Fleuve noir, y en avait tellement des pourris, j'ai lu tant de merdes que ça m'a gonflé, j'ai démarré une culture en polar, en commençant par les classiques, tous dispos en version Masque."
Pour ce qui est de mon cas particulier, les vieux classiques du polar (Ellery Queen, Boileau-Narcejac, John Dickson Carr et cie, enfin, l'idée que je me fais des classiques...), ma culture est faite depuis bien, bien longtemps...Je suis moins intéressé par le polar immédiatement contemporain, que je préfère au cinéma et à la télé qu'en livre.
L'âge joue beaucoup : il ne faut pas se leurrer, il est bien plus difficile de s'enthousiasmer autant à 50 balais qu'à 15 ans. La SF demande de l'enthousiasme, de la participation du lecteur, facultés qui baissent généralement avec le temps (et si, je parle en général...). Le polar (que j'aime bien), ne demande aucune qualité particulière pour être lu.
Pour l'absence d'"idées politiques", la question me semble très compliquée. Les "convictions humanistes", ce n'est pas la même chose que les "convictions politiques". Il y a souvent des problèmes de délais entre l'application des unes et des autres...
Un type comme Cordwainer Smith avait des convictions politiques au sens très pratique des choses. Après, il avait aussi des convictions humanistes de nature très riche et complexe. L'articulation entre les deux est loin, très loin d'être évidente. Cela ne l'empêchait pas de mener une carrière politique, ET d'écrire une SF particulièrement imaginative.
Les règles à l'emporte pièce dans ces domaines, je n'y crois pas beaucoup, et les cyber machin et autres trucs sont des des modes qui font leur temps et dont on garde parfois des choses, mais qui le plus souvent s'évanouissent tranquillement dans l'oubli (sauf pour des étiqueteurs bibliographes que certains d'entre nous sommes).
Oncle Joe