Supplément "SF" du Courrier International
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
Salut,
Juste en passant: j'ai beaucoup lu de SF politique, et je dois être un des rares à ne pas cracher sur cette SF française de la fin des années 70 début 80, celle d'Andrévon, Frémion, bref, l'école Kesselring.
Ca n'était pas toujours très bon, mais ça secouait fort, ça prenait aux tripes.
Et puis on dit: voilà la chose qui a tué la SF française...
Depuis, je lis Sorokine...
A+
Patrice
Juste en passant: j'ai beaucoup lu de SF politique, et je dois être un des rares à ne pas cracher sur cette SF française de la fin des années 70 début 80, celle d'Andrévon, Frémion, bref, l'école Kesselring.
Ca n'était pas toujours très bon, mais ça secouait fort, ça prenait aux tripes.
Et puis on dit: voilà la chose qui a tué la SF française...
Depuis, je lis Sorokine...
A+
Patrice
Voui, enfin, on a aussi écrit que ce qui a tué la SF française, c'est qu'elle avait renoncé au récit, qu'elle ne voulait plus raconter d'histoires, mais que désormais, cette période était révolue, et que la SF renouait avec sa veine populaire, qu'elle était maintenant reconnue, partout.Patrice a écrit :Salut,
Juste en passant: j'ai beaucoup lu de SF politique, et je dois être un des rares à ne pas cracher sur cette SF française de la fin des années 70 début 80, celle d'Andrévon, Frémion, bref, l'école Kesselring.
Ca n'était pas toujours très bon, mais ça secouait fort, ça prenait aux tripes.
Et puis on dit: voilà la chose qui a tué la SF française...
C'était ce qu'on écrivait en 1999.
Je crois même, il faudrait vérifier, que c'était dans une anthologie intitulée "Escales".
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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- bormandg
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AMA, si elle était sinon morte du moins en état de coma prolongé malgré quelques auteurs (dont certains sur ce foum), elle a ressucité il y a quelques années (je parle de l'arrivée de la génération 2000, avec Johan Héliot, Xavier Mauméjean, Catherine Dufour, Alain Damasio, Stéphane Beauverger, Frédéric Delmeulle et j'en oublie).Cachou a écrit :O_O La SF française est morte? Pourquoi personne ne m'a prévenue?
Et une mauvaise SF "politique" (mais les deux adjectifs ne sont liés que par pure coïncidence), écrite par des auteurs qu'on ne cite plus mais qui faisaient partie de l'"écurie" Kesselring à côté des bons auteurs de cette écurie (Andrevon Joelle Wintrebert), n'est pas pour rien dans ce coma.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Ben on ne peut même pas les citer pour la petite inculte que je suis? (non, je ne sais pas de qui on parle)("Globalia" de Ruffin me semblait politique, mais dans le bon sens du terme, même si c'est un resucée de "1984"...)bormandg a écrit :AMA, si elle était sinon morte du moins en état de coma prolongé malgré quelques auteurs (dont certains sur ce foum), elle a ressucité il y a quelques années (je parle de l'arrivée de la génération 2000, avec Johan Héliot, Xavier Mauméjean, Catherine Dufour, Alain Damasio, Stéphane Beauverger, Frédéric Delmeulle et j'en oublie).Cachou a écrit :O_O La SF française est morte? Pourquoi personne ne m'a prévenue?
Et une mauvaise SF "politique" (mais les deux adjectifs ne sont liés que par pure coïncidence), écrite par des auteurs qu'on ne cite plus mais qui faisaient partie de l'"écurie" Kesselring à côté des bons auteurs de cette écurie (Andrevon Joelle Wintrebert), n'est pas pour rien dans ce coma.
J'ai toujours eu un gros doute la dessus.bormandg a écrit : Et une mauvaise SF "politique" (mais les deux adjectifs ne sont liés que par pure coïncidence), écrite par des auteurs qu'on ne cite plus mais qui faisaient partie de l'"écurie" Kesselring à côté des bons auteurs de cette écurie (Andrevon Joelle Wintrebert), n'est pas pour rien dans ce coma.
Personne (je parle du public "normal") ne faisait attention à ces trucs (vite soldés...), et lisait ses J'ai Lu, ses A&D... L'impact de la "mauvaise" SF politique française n'a guère dû dépasser, pour faire une analogie qui parlera à tout le monde, celui de la dizaine de V2 lancées vainement contre le pont de Remagen en 1945...
Ce sont toujours les mêmes personnes qui en parlent (nous, en gros...). Le public, lui, ignore même qu'il y a eu une SF politique française...
Oncle Joe
- bormandg
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J'ai Lu, AD, etc... publiaient des auteurs américains, non? Bon, il y a eu qq essais de publier des français, peut pas dire que le public ait suivi.Lensman a écrit :J'ai toujours eu un gros doute la dessus.bormandg a écrit : Et une mauvaise SF "politique" (mais les deux adjectifs ne sont liés que par pure coïncidence), écrite par des auteurs qu'on ne cite plus mais qui faisaient partie de l'"écurie" Kesselring à côté des bons auteurs de cette écurie (Andrevon Joelle Wintrebert), n'est pas pour rien dans ce coma.
Personne (je parle du public "normal") ne faisait attention à ces trucs (vite soldés...), et lisait ses J'ai Lu, ses A&D... L'impact de la "mauvaise" SF politique française n'a guère dû dépasser, pour faire une analogie qui parlera à tout le monde, celui de la dizaine de V2 lancées vainement contre le pont de Remagen en 1945...
Ce sont toujours les mêmes personnes qui en parlent (nous, en gros...). Le public, lui, ignore même qu'il y a eu une SF politique française...
Oncle Joe

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Une bise.Roland C. Wagner a écrit :Tiens, ça me fait penser à quelque chose…Le_navire a écrit :"Si la Sf n'est plus un genre viable, c'est parce que les convictions humanistes qui la sous-tendaient ne sont plus crédibles, même en tant que fiction. Le type d'écriture hybride qui s'est développé ces dernières années est révélateur. [Ce que] le Splitstream, le cyber punk [et le bizarro] [...] ont en commun, c'est l'absence d'idées politiques. aucun d'entre eux n'a le projet de changer le monde"
John Gray.
Voyons… qu'est-ce que c'était, déjà ?…
Ah oui, l'autre benêt même pas foutu de réaliser qu'un auteur de SF réfléchit parfois sur le plan politique avant de créer un monde.
C'est comme ça qu'on se retrouve avec Sarkozy, Hortefeux, Besson, Woerth et toute la bande des corrompus crypto-fascistes et ouvertement xénophobes de l'UMP en train de foutre en l'air tout ce qui tenait encore debout dans ce pays pour s'en mettre plein les poches avec leurs potes du Fouquet's.
Allez-y, les mecs, faites l'apologie de tout ce qui ne risque pas de choquer, ni de mettre le doigt sur ce qui fait fait mal, et encore moins de faire réfléchir le bas peuple qui ne mérite que TF1 et le France Inter de Val & Hees.
Vive la littérature dépolitisée, celle qui transforme les gens en zombies qui courent joyeusement se faire écraser par le rouleau compresseur néolibéral.
Vivent les décérébrés qui consomment sans réfléchir jusqu'à leur dernier sou(ffle).
Et mort à Heinlein, Spinrad, Brunner, Jeury, et tous les autres auteurs qui essay(ai)ent de mettre un peu de réflexion sociopolitique dans leurs textes.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Je parlais de l'aspect négatif de la SF politique française...bormandg a écrit : J'ai Lu, AD, etc... publiaient des auteurs américains, non? Bon, il y a eu qq essais de publier des français, peut pas dire que le public ait suivi.
Pas suivi, le public? J'ai souvent entendu dire que les ventes des auteurs français, si elles étaient inférieures, n'étaient pas catastrophiques, dans les grands coollection J'ai Lu, A&D, Dimension, etc...
Oncle Joe
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Réflexions sur le supplément d’été du Courrier International
Bon, j’ai l’objet en main depuis ce matin et je l’ai lu à la loupe.
Il ne mérite ni l’honneur ni l’excès d’indignités qu’on lui fait sur ce fil. Il me semble, comment dirais-je ? globalement positif. Et le ton du fil est, lui, fanzineux, dans ce mépris supposément informé de ce qui se trame autour de la spécialité hors de l’assentiment des cognoscenti.
D’abord, pour ceux qui ne connaissent pas le Courrier International, cet hebdomadaire n’est pas une revue à proprement parler ou plutôt c’est une revue de presse, qui reproduit des articles parus dans la presse internationale, donc ici étrangère, dans les pages de ses périodiques correspondants qui sont nombreux et de qualité pour autant que la presse en général le soit.
La rédaction du CI a donc la responsabilité du choix des articles mais pas de leur contenu. Les traductions sont généralement assez bonnes compte tenu de la rapidité nécessaire, avec une exception pour les langues romanes, italien, roumain, espagnol, etc, et slaves où elles semblent parfois approximatives. J’y reviendrai. Mais ce n’est pas trop gênant dans la mesure où on saisit bien la tonalité générale.
Dans un hexagone volontiers refermé sur lui-même, le CI est rafraîchissant même si tel ou tel article peut agacer voire irriter. Mais c’est la loi du genre : savoir ce que les autres lisent et pensent, même et surtout si on n’est pas d’accord. Le CI ressemble un peu à ces dossiers de presse quotidiens ou hebdomadaires qu’on glisse avant leur arrivée sur le bureau de personnages importants. J’ai bénéficié jadis de ce privilège. Si. Si.
Ce numéro est consacré à des représentations de l’avenir en trois parties nettement distinctes.
La première concerne des techno-sciences prometteuses, la deuxième des technoprophètes plutôt allumés et la troisième enfin la science-fiction proprement dite même si des rapports sont continûment établis entre elle et les autres sujets.
Prenons les choses page par page.
Page 3, en guise d’éditorial un article du New Scientist, hebdomadaire d’information scientifique britannique fort sérieux et qui touche un large public. L’article de Marcus Chown, après avoir souligné que la science-fiction est la forme contemporaine des contes que les humains ont depuis très longtemps goûtés, même s’il véhicule quelques clichés comme celui « des magazines criards et médiocres » (qui n’est pas entièrement infondé comme l’a rappelé jeandive, si l’on considère leurs couvertures sans adhérer à cette esthétique très particulière) des années 1930 à 1950 et s’il ne témoigne pas d’une connaissance approfondie du domaine que nous avons tous évidemment dans Notre Club, expose un certain nombre d’idées bien fondées qui nous sont chères : une littérature d’avertissement, « relativement respectable », qui a infiltré la « fiction traditionnelle » ( lisez la littérature), thèse que j’ai vu défendue sur ce site même. Et après avoir évoqué Carl Sagan, Brunner, Wells et Clarke, de citer quelques œuvres dont le Shikasta de Doris Lessing qu’il ne qualifie nulle part de « métaphysique » (ou alors nous n’avons pas le même texte ni sur papier ni sur écran) mais de « fantastique « fiction spatiale » ». Et il conclut sur un note très optimiste (peut-être trop) sur l’avenir du genre : « la science-fiction a évolué vers une multitude de formes, dont beaucoup sont bien vivantes et se portent à merveille. La vitesse du changement (scientifique) a … élevé la barre de l’imagination pour la génération des écrivains actuels. Pourquoi ne relèveraient-ils pas ce défi ? »
Rien de bouleversant mais rien de scandaleux non plus. J’attends avec intérêt que Pour la science ou La Recherche en fasse autant. Olivier Postel_Vinay m’en avait fait jadis la proposition mais à l’exception d’un article, il n’a pas tenu parole.
Le Chapitre 1 touche à la science de pointe.
Les pages 3 à 7 sont consacrées à un article de Wired sur l’optogénétique et son application au contrôle neuronal, qui est très intéressant. On pourra tout au plus reprocher, comme pour les articles suivants, à l’équipe du CI d’avoir choisi des œuvres de science-fiction supposées précursives de ces recherches de façon biscornue voire totalement à côté de la plaque, ainsi ici Blade Runner, de Dick qui n’a rien à voir et qui a même perdu son vrai titre (par la faute de l’éditeur français, certes). Mais ce n’est chaque fois qu’un encadré timbre-poste.
Les pages 8 et 9 abritent un article provenant du New York Times qui me semble assez bidon mais non sans intérêt, sur un projet d’IBM concernant l’intelligence artificielle. Avec pour référence sf une série tv américaine nommée Caprica. Inconnue de moi mais non sans ressemblance avec BSG. La nouvelle de Murray Leinster, Un logique nommé Joe, aurait été encore mieux mais personne n’est supposé tout savoir. Sauf ici l’ordinateur (ou plutôt le programme) d’IBM nommé Watson.
Les pages 10 et 11 reproduisent un bon article de Popular Mechanics sur les drones militaires qui m’a fait penser à l’annexe de Dune (ici non citée) où Frank Herbert (j’ai bien dit Frank) évoque la guerre des Machines qui a conduit à l’interdiction de toute recherche sur les IA.
L’équipe du CI cite ici Terminator, ce qui me semble le rapprochement le plus pertinent de tout le numéro.
La page 12 est occupée par un article bref de la rédaction du CI consacré à la réalité et à la fiction de la présence de l’homme dans l’espace, citant K.S. Robinson, Clarke et Bradbury (on a vu pire) et concluant que la sf a encore de beaux jours devant elle.
Le timbre poste de référence est un manga. Voir Érion.
Au rez-de-chaussée, le résumé d’un article très vaseux sur le voyage dans le temps venu de The Independant, hebdo britannique de gauche plutôt sérieux, enfin pas plus que Le Nouvel Obs. C’est très con mais ce n’est pas de la faute du CI.
Le Chapitre 2 appartient aux technoprophètes de la singularité, du transhumanisme et posthumanisme et autres tartes à la crème qui ont remplacé le New Age en apparemment (seulement) plus sérieux.De la page 13 à la 16, l’espace est accordé à un article plutôt rigolo du New York Times portant sur la Singular University et Raymond Kurzweil, un allumé de première même s’il fut un grand ingénieur. On ne parvient pas à décider si le journaliste se fout complètement de sa gueule ou s’il le prend au sérieux. Je crains la deuxième hypothèse.
Pour équilibrer, le CI reproduit un bref article fort critique du précédent publié dans le Scientific American par John Horgan.
Je passe sur un article page 17 paru dans H+Magazine (Santa Monica), inteview d’un illuminé inconnu de moi sur l’homme de demain qui sera calé sur les super-héros de BD.
Page 18, de la même source, un article pas génial mais pas trop mauvais sur la nécessité de renouveler les cellules de notre cerveau si nous voulons prétendre à l’immortalité. Et il semble que ce ne soit pas facile.
Nous entrons ensuite dans le Chapitre 3 de bonne inspiration mais malheureusement mal titré Le Renouveau de l’Imaginaire (on se croirait à Épinal).
En fait, on atteint enfin les rivages de la science-fiction avec du bon et du moins bon.
Pages 19 et 20, un bon article de Kim Stanley Robinson, tout à la gloire de la science-fiction britannique dont je pense avec lui qu’elle est le dernier bastion (après avoir été l’un des premiers), introduit par une lettre exceptionnelle de Virginia Woolf à Olaf Stapledon, dont la découverte et la lecture justifieraient à elles seules l’achat du numéro. Trop de gens ont oublié qu’elle a fleureté avec le genre, comme, mais avant, Lessing.
Bas de page 20, la rédaction du CI rend hommage au Dr Who et à la BBC, ce dont le présent site ne saurait s’offusquer.
Le haut de la page 21 est conacré à un bref essai d’un certain John Gray, venu du New Statesman, sur la portée réflexive de la science-fiction, sans grand intérêt ni erreur manifeste, donc très bien pour le public de cette éminente revue de « la gauche indépendante » (indépendante de quoi, on se le demande, peut-être de leur PS).
Le bas est livré à un robot japonais issu des mangas. Voir Érion.
Les pages 22 et 23 sont nourries d’un article intéressant d’Eduardo J. Carletti, sur la sf en Amérique Latine, tiré d’un fanzine argentin, Axxon, dont on se demande bien comment le CI a pu connaître seulement l’existence sans consulter bormand g. Carletti rapproche la création en Amérique Latine dans le domaine de celle de Théodore Sturgeon, ce qui lui donne le statut de caviar.
En bas de la page 22, un bref encadré effleure l’uchronie en accordant trop de mots à Harry Turtledove, ce qui me semble assez excessif mais qui est compensé par le doute exprimé sur l’intérêt de l’œuvre du susdit.
Ensuite, les choses se gâtent nettement avec la page 24 consacrée à un projet russe en cours qui semble totalement dénué d’intérêt et à côté duquel Perry Rhodan pourrait aspirer à un Nobel de littérature, sans même que l’on connaisse la réserve exprimée sur le même fil et qui tendrait à montrer que la Russie, même post-soviétique, n’a aucune morale. C’est toutefois intéressant en tant que témoignage comme il arrive souvent dans le CI. Mais la source n’est pas un périodique mais un site Internet, vzgliad.ru, probablement aussi douteux que la plupart de tels sites, y compris celui-ci.
La page 25 se partage entre un glossaire approximatif des sous-genres mais on a vu pire et une polémique bizarre apparue dans le quotidien ukrainien Den entre Russses et Ukrainiens à propos de la politique-fiction locale. Pour connaître l’endroit, j’aurais tendance à penser que, de toute façon, la politique locale est une fiction, très mauvais genre.
Page 26, un auteur roumain se livre à des confessions typiquement roumaines dans un mensuel littéraire, Dilameteca, via une traduction peut-être approximative où il est question de « littérature élevée » sans doute pour grande ou haute littérature. J’aime bien la Roumanie que j’ai explorée deux fois, au point d’y avoir créé un prix littéraire du nom de mon ami Vladimir Colin avec mes droits d’auteur locaux, mais je partage l’opinion d’Ovide : ce n’est pas un pays où exiler un homme de qualité.
Après les choses se gâtent.
Enfin, pas tout de suite. Page 27, une nouvelle d’un auteur mexicain est supportable, peut-être même pas mauvaise.
Mais pages 28, 29 et 30, une autre nouvelle de l’auteur roumain déjà présent en page 26 (les Roumains ont un art consommé de l’infiltration et celui-ci doit avoir une copine ou un copain au CI) hésite entre sf, fantastique et je ne sais quoi, sur un fond post-apocalyptique typiquement régional. Regrettable
Page 30 enfin, quatre petites nouvelles d’auteurs britanniques justement renommés, McDonald, McAuley, MacLeod et Stephen Baxter, n’ajoutent rien à leur gloire. Je pense qu’elles sont issues de la tentative intéressante d’une revue scientifique, Nature ou Science (j’ai oublié), de publier de tels textes brefs. Il en fut question sur ce site ou sur le Cafard. Baxter s’en sort le mieux.
Au total, un numéro spécial intéressant du CI si l’on considère qu’il n’est pas, pour ses deux tiers, consacré à la science-fiction et qu’il ne la dessert pas. Au contraire.
Un expert n’y trouvera certes pas de quoi s’alimenter. Mais que faut-il attendre de la grande presse mondiale ? Et le CI n’a jamais visé à plus que la représenter ou la répercuter.
Lisez-vous vraiment les News pour vous tenir au courant de la science ?
Eh bien ici, c’est pareil. Vous êtes tenu au courant non pas exactement de ce qu’est la science-fiction, mais de la façon dont les News se la représentent.
Et ça pourrait être bien pire.
Dieu
Bon, j’ai l’objet en main depuis ce matin et je l’ai lu à la loupe.
Il ne mérite ni l’honneur ni l’excès d’indignités qu’on lui fait sur ce fil. Il me semble, comment dirais-je ? globalement positif. Et le ton du fil est, lui, fanzineux, dans ce mépris supposément informé de ce qui se trame autour de la spécialité hors de l’assentiment des cognoscenti.
D’abord, pour ceux qui ne connaissent pas le Courrier International, cet hebdomadaire n’est pas une revue à proprement parler ou plutôt c’est une revue de presse, qui reproduit des articles parus dans la presse internationale, donc ici étrangère, dans les pages de ses périodiques correspondants qui sont nombreux et de qualité pour autant que la presse en général le soit.
La rédaction du CI a donc la responsabilité du choix des articles mais pas de leur contenu. Les traductions sont généralement assez bonnes compte tenu de la rapidité nécessaire, avec une exception pour les langues romanes, italien, roumain, espagnol, etc, et slaves où elles semblent parfois approximatives. J’y reviendrai. Mais ce n’est pas trop gênant dans la mesure où on saisit bien la tonalité générale.
Dans un hexagone volontiers refermé sur lui-même, le CI est rafraîchissant même si tel ou tel article peut agacer voire irriter. Mais c’est la loi du genre : savoir ce que les autres lisent et pensent, même et surtout si on n’est pas d’accord. Le CI ressemble un peu à ces dossiers de presse quotidiens ou hebdomadaires qu’on glisse avant leur arrivée sur le bureau de personnages importants. J’ai bénéficié jadis de ce privilège. Si. Si.
Ce numéro est consacré à des représentations de l’avenir en trois parties nettement distinctes.
La première concerne des techno-sciences prometteuses, la deuxième des technoprophètes plutôt allumés et la troisième enfin la science-fiction proprement dite même si des rapports sont continûment établis entre elle et les autres sujets.
Prenons les choses page par page.
Page 3, en guise d’éditorial un article du New Scientist, hebdomadaire d’information scientifique britannique fort sérieux et qui touche un large public. L’article de Marcus Chown, après avoir souligné que la science-fiction est la forme contemporaine des contes que les humains ont depuis très longtemps goûtés, même s’il véhicule quelques clichés comme celui « des magazines criards et médiocres » (qui n’est pas entièrement infondé comme l’a rappelé jeandive, si l’on considère leurs couvertures sans adhérer à cette esthétique très particulière) des années 1930 à 1950 et s’il ne témoigne pas d’une connaissance approfondie du domaine que nous avons tous évidemment dans Notre Club, expose un certain nombre d’idées bien fondées qui nous sont chères : une littérature d’avertissement, « relativement respectable », qui a infiltré la « fiction traditionnelle » ( lisez la littérature), thèse que j’ai vu défendue sur ce site même. Et après avoir évoqué Carl Sagan, Brunner, Wells et Clarke, de citer quelques œuvres dont le Shikasta de Doris Lessing qu’il ne qualifie nulle part de « métaphysique » (ou alors nous n’avons pas le même texte ni sur papier ni sur écran) mais de « fantastique « fiction spatiale » ». Et il conclut sur un note très optimiste (peut-être trop) sur l’avenir du genre : « la science-fiction a évolué vers une multitude de formes, dont beaucoup sont bien vivantes et se portent à merveille. La vitesse du changement (scientifique) a … élevé la barre de l’imagination pour la génération des écrivains actuels. Pourquoi ne relèveraient-ils pas ce défi ? »
Rien de bouleversant mais rien de scandaleux non plus. J’attends avec intérêt que Pour la science ou La Recherche en fasse autant. Olivier Postel_Vinay m’en avait fait jadis la proposition mais à l’exception d’un article, il n’a pas tenu parole.
Le Chapitre 1 touche à la science de pointe.
Les pages 3 à 7 sont consacrées à un article de Wired sur l’optogénétique et son application au contrôle neuronal, qui est très intéressant. On pourra tout au plus reprocher, comme pour les articles suivants, à l’équipe du CI d’avoir choisi des œuvres de science-fiction supposées précursives de ces recherches de façon biscornue voire totalement à côté de la plaque, ainsi ici Blade Runner, de Dick qui n’a rien à voir et qui a même perdu son vrai titre (par la faute de l’éditeur français, certes). Mais ce n’est chaque fois qu’un encadré timbre-poste.
Les pages 8 et 9 abritent un article provenant du New York Times qui me semble assez bidon mais non sans intérêt, sur un projet d’IBM concernant l’intelligence artificielle. Avec pour référence sf une série tv américaine nommée Caprica. Inconnue de moi mais non sans ressemblance avec BSG. La nouvelle de Murray Leinster, Un logique nommé Joe, aurait été encore mieux mais personne n’est supposé tout savoir. Sauf ici l’ordinateur (ou plutôt le programme) d’IBM nommé Watson.
Les pages 10 et 11 reproduisent un bon article de Popular Mechanics sur les drones militaires qui m’a fait penser à l’annexe de Dune (ici non citée) où Frank Herbert (j’ai bien dit Frank) évoque la guerre des Machines qui a conduit à l’interdiction de toute recherche sur les IA.
L’équipe du CI cite ici Terminator, ce qui me semble le rapprochement le plus pertinent de tout le numéro.
La page 12 est occupée par un article bref de la rédaction du CI consacré à la réalité et à la fiction de la présence de l’homme dans l’espace, citant K.S. Robinson, Clarke et Bradbury (on a vu pire) et concluant que la sf a encore de beaux jours devant elle.
Le timbre poste de référence est un manga. Voir Érion.
Au rez-de-chaussée, le résumé d’un article très vaseux sur le voyage dans le temps venu de The Independant, hebdo britannique de gauche plutôt sérieux, enfin pas plus que Le Nouvel Obs. C’est très con mais ce n’est pas de la faute du CI.
Le Chapitre 2 appartient aux technoprophètes de la singularité, du transhumanisme et posthumanisme et autres tartes à la crème qui ont remplacé le New Age en apparemment (seulement) plus sérieux.De la page 13 à la 16, l’espace est accordé à un article plutôt rigolo du New York Times portant sur la Singular University et Raymond Kurzweil, un allumé de première même s’il fut un grand ingénieur. On ne parvient pas à décider si le journaliste se fout complètement de sa gueule ou s’il le prend au sérieux. Je crains la deuxième hypothèse.
Pour équilibrer, le CI reproduit un bref article fort critique du précédent publié dans le Scientific American par John Horgan.
Je passe sur un article page 17 paru dans H+Magazine (Santa Monica), inteview d’un illuminé inconnu de moi sur l’homme de demain qui sera calé sur les super-héros de BD.
Page 18, de la même source, un article pas génial mais pas trop mauvais sur la nécessité de renouveler les cellules de notre cerveau si nous voulons prétendre à l’immortalité. Et il semble que ce ne soit pas facile.
Nous entrons ensuite dans le Chapitre 3 de bonne inspiration mais malheureusement mal titré Le Renouveau de l’Imaginaire (on se croirait à Épinal).
En fait, on atteint enfin les rivages de la science-fiction avec du bon et du moins bon.
Pages 19 et 20, un bon article de Kim Stanley Robinson, tout à la gloire de la science-fiction britannique dont je pense avec lui qu’elle est le dernier bastion (après avoir été l’un des premiers), introduit par une lettre exceptionnelle de Virginia Woolf à Olaf Stapledon, dont la découverte et la lecture justifieraient à elles seules l’achat du numéro. Trop de gens ont oublié qu’elle a fleureté avec le genre, comme, mais avant, Lessing.
Bas de page 20, la rédaction du CI rend hommage au Dr Who et à la BBC, ce dont le présent site ne saurait s’offusquer.
Le haut de la page 21 est conacré à un bref essai d’un certain John Gray, venu du New Statesman, sur la portée réflexive de la science-fiction, sans grand intérêt ni erreur manifeste, donc très bien pour le public de cette éminente revue de « la gauche indépendante » (indépendante de quoi, on se le demande, peut-être de leur PS).
Le bas est livré à un robot japonais issu des mangas. Voir Érion.
Les pages 22 et 23 sont nourries d’un article intéressant d’Eduardo J. Carletti, sur la sf en Amérique Latine, tiré d’un fanzine argentin, Axxon, dont on se demande bien comment le CI a pu connaître seulement l’existence sans consulter bormand g. Carletti rapproche la création en Amérique Latine dans le domaine de celle de Théodore Sturgeon, ce qui lui donne le statut de caviar.
En bas de la page 22, un bref encadré effleure l’uchronie en accordant trop de mots à Harry Turtledove, ce qui me semble assez excessif mais qui est compensé par le doute exprimé sur l’intérêt de l’œuvre du susdit.
Ensuite, les choses se gâtent nettement avec la page 24 consacrée à un projet russe en cours qui semble totalement dénué d’intérêt et à côté duquel Perry Rhodan pourrait aspirer à un Nobel de littérature, sans même que l’on connaisse la réserve exprimée sur le même fil et qui tendrait à montrer que la Russie, même post-soviétique, n’a aucune morale. C’est toutefois intéressant en tant que témoignage comme il arrive souvent dans le CI. Mais la source n’est pas un périodique mais un site Internet, vzgliad.ru, probablement aussi douteux que la plupart de tels sites, y compris celui-ci.
La page 25 se partage entre un glossaire approximatif des sous-genres mais on a vu pire et une polémique bizarre apparue dans le quotidien ukrainien Den entre Russses et Ukrainiens à propos de la politique-fiction locale. Pour connaître l’endroit, j’aurais tendance à penser que, de toute façon, la politique locale est une fiction, très mauvais genre.
Page 26, un auteur roumain se livre à des confessions typiquement roumaines dans un mensuel littéraire, Dilameteca, via une traduction peut-être approximative où il est question de « littérature élevée » sans doute pour grande ou haute littérature. J’aime bien la Roumanie que j’ai explorée deux fois, au point d’y avoir créé un prix littéraire du nom de mon ami Vladimir Colin avec mes droits d’auteur locaux, mais je partage l’opinion d’Ovide : ce n’est pas un pays où exiler un homme de qualité.
Après les choses se gâtent.
Enfin, pas tout de suite. Page 27, une nouvelle d’un auteur mexicain est supportable, peut-être même pas mauvaise.
Mais pages 28, 29 et 30, une autre nouvelle de l’auteur roumain déjà présent en page 26 (les Roumains ont un art consommé de l’infiltration et celui-ci doit avoir une copine ou un copain au CI) hésite entre sf, fantastique et je ne sais quoi, sur un fond post-apocalyptique typiquement régional. Regrettable
Page 30 enfin, quatre petites nouvelles d’auteurs britanniques justement renommés, McDonald, McAuley, MacLeod et Stephen Baxter, n’ajoutent rien à leur gloire. Je pense qu’elles sont issues de la tentative intéressante d’une revue scientifique, Nature ou Science (j’ai oublié), de publier de tels textes brefs. Il en fut question sur ce site ou sur le Cafard. Baxter s’en sort le mieux.
Au total, un numéro spécial intéressant du CI si l’on considère qu’il n’est pas, pour ses deux tiers, consacré à la science-fiction et qu’il ne la dessert pas. Au contraire.
Un expert n’y trouvera certes pas de quoi s’alimenter. Mais que faut-il attendre de la grande presse mondiale ? Et le CI n’a jamais visé à plus que la représenter ou la répercuter.
Lisez-vous vraiment les News pour vous tenir au courant de la science ?
Eh bien ici, c’est pareil. Vous êtes tenu au courant non pas exactement de ce qu’est la science-fiction, mais de la façon dont les News se la représentent.
Et ça pourrait être bien pire.
Dieu
Mon immortalité est provisoire.
Dieu soit loué ! je viens me farcir tout le fil alors qu'il suffisait de lire le dernier post...
Merci pour cet avis.
Et Caprica est une spin-off de Battlestar Galactica .

Merci pour cet avis.
Et Caprica est une spin-off de Battlestar Galactica .
Malheureusement, les progrès de la science sont souvent comme une hache dans les mains d’un criminel pathologique - Albert Einstein