Nébal a écrit :
Mais "sentimental", re-désolé, pour moi ça évoque avant tout Delly et Barbara Cartland (cf. le cynisme dont parlait Papageno). Quitte à taquiner l'anus des drosophiles (les pauvres, y prennent cher en ce moment), je préfère employer un autre vocable pour des auteurs comme Sturgeon ou Cordwainer Smith, ou des oeuvres comme La Jetée. "Emouvant", peut-être ? Mieux, "sensible" ?
Ben voilà justement le problème (et je t'invite très cordialement à venir lire le billet que je suis en train d'écrire sur les romcoms - qui va me prendre encore une bonne heure je pense tellement j'ai de trucs à dire)(j'écris tout en vrac puis je coupe après seulement). "Sentimental", ce n'est pas une insulte (comme féminisme, mais on ne va pas relancer le débat ^_^), c'est juste que maintenant on accole à tout ce qui est "amour" cette idée de mélasse dégoulinante que nous servait Delly en son temps et que nous remâche Harlequin maintenant. Mais sentimental, au départ, avant que le mot ne soit connoté négativement, c'est juste ce qui est propre aux sentiments et à l'amour. Sensible serait à la limite plus péjoratif, car il veut dire "qui est susceptible de s'émouvoir - facilement sous entendu". L'amour, ce n'est pas une maladie honteuse dans les livres, même si on pourrait le croire à force de lire de la SF, et certaines des plus belles histoires jamais racontées impliquent une trame amoureuse.
Maintenant, comme "sentimental" est effectivement connoté négativement, s'il le faut, jouons sur la rhétorique (façon de parler) et trouvons un autre mot. Mais "émouvant" ne colle pas avec l'idée, on peut être ému par autre chose que de l'amour (un zoli coucher de soleil?)(pardon, je fais dans le cliché facile), y compris la mort. Et "sensible" s'applique à celui qui reçoit, pas à ce qui transmet le sentiment. Quoi alors? "Romantique"? Ah, non, pardon, ce mot-là aussi est connoté négativement (d'ailleurs je me sers de cette connotation pour introduire mon cours sur le Romantisme). Et au final, pourquoi ne pas garder "sentimental", en acceptant juste que ça ne couvre pas uniquement les livres mielleux et nauséabonds?
La question est: pourquoi est-ce que ça ressemble presque à une insulte de dire que "Cristal qui songe" est sentimental? Parce que je le dis clairement et simplement: j'ai été profondément touchée par l'histoire d'amour qui y est racontée, et mon implication dans celle-ci a été en partie responsable du plaisir que j'ai pris en le lisant. Est-ce honteux? Est-ce que je fais figure de "fille romantique" dans le sens négatif du terme en disant cela? Est-ce que je perds ma crédibilité en tant que lectrice de SF (et là je me pose sincèrement la question, ce n'est pas pour taquiner ou être cynique)?
(pardon pour les questions, je suis justement en train d'essayer de formuler mes pensées quant à un sujet similaire, ça me trotte donc fortement dans la tête)