George R.R. Martin critiqué

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silramil
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Message par silramil » jeu. sept. 01, 2011 5:13 pm

Hoêl a écrit :
Il choisit donc les situations les plus à même de susciter ces émotions. Mutilations, tortures, viols, massacres, pertes d'enfants et de parents, tout ceci est beaucoup plus fréquent chez Martin que dans un bouquin classique (mais cela correspond bien au type de feuilleton que met en place Martin). Les femmes, étant des victimes la plupart du temps dans les sociétés humaines, sont des victimes encore plus souvent que les hommes dans ces bouquins.
Justement , à bien des égards , Le trône de fer me fait penser aux feuilletons de Zévaco , Dumas et autres auteurs prolifiques du XIXème .
Nous en sommes d'accord.
On y voyait tout autant d'horreurs et ça ne choquait pas grand monde , la population de l'époque étant sans doute mieux placée que la nôtre , en notre petite société ultra protégée , pour percevoir la part de réalité , certes accentuée par le romanesque , que contenaient ces bouquins .
Il me semble que ça choquait, justement, et qu'il y avait des gens pour dire que les feuilletons nourrissaient les bas penchants du bas peuple.
Et puis , la violence et l'humanité , c'est une vieille histoire d'amour , non ?
Oui, mais justement. L'argument de la critique consiste à dire que ceux qui lisent ces livres y trouvent de quoi nourrir leur penchant pour la violence envers les femmes. Est-ce une bonne chose ? Moi, ça ne m'empêche pas d'aimer ces bouquins, mais je ne prétendrai pas que cette violence ne s'y trouve pas.
La question subsidiaire étant toujours, quel est l'impact d'une fiction sur ses lecteurs? Je ne me place dans aucun camp à ce sujet.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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dracosolis
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Message par dracosolis » jeu. sept. 01, 2011 5:37 pm

bon ben on n'a plus qu'à écrire des romans qui se passent en suisse dans un salon de thé*
les deux tiers de la planète sont interdits de fiction





* Il faudra bien faire attention à ce qu'il y ait une cliente black de profession libérale
et un client asiatique écrivain
(pas de turc, faut pas déconner quand même)
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silramil
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Message par silramil » jeu. sept. 01, 2011 5:44 pm

Florent a écrit :Elle ne prend en compte que ce qui arrange sa propre opinion et ses préjugés, surtout. Si on se place du point de vue des associations de protections de l'enfance, cette histoire est également horrible. Du point de vue des protecteurs des animaux, pareil. Mais encore une fois, c'est le contexte médiéval qui veut ça. C'est à croire qu'elle n'a jamais ouvert un livre d'Histoire, la réalité est bien pire que tout ce que peut décrire Martin. Ou bien alors il faudrait réécrire les livres d'Histoire, pour qu'ils soient en accord avec ses principes. Et c'est à peine une blague...
L'argument de "la réalité contient x, donc l'auteur a le droit (voire raison) de reconduire x dans sa fiction" est très faible, surtout s'agissant d'un monde dans lequel on trouve de la magie.
Martin a fait des choix en établissant sa fiction. Il a choisi quels éléments de notre monde il reprenait, de quelle manière il les agençait et pour quel effet. Il a choisi quels éléments nouveaux il introduisait, de quelle manière il rompait avec notre réalité.
La réalité ne s'est pas imposée à lui : il a décidé ce qu'il en gardait.

Ce qui s'est imposé, c'est la nécessité de construire un monde qui plaise à ses lecteurs, avec des péripéties intéressantes. Et il a choisi une modalité sinistre, dont il joue à la perfection, dans laquelle tous ses personnages sont des victimes potentielles.
La convergence de cadres médiévalisants dans lesquels les hommes agissent, et cette nécessité dramatique de créer des victimes, aboutit à créer une histoire où les femmes souffrent beaucoup.

le déséquilibre entre hommes et femmes ne tient pas seulement au fait qu'elles soient plus facilement victimes, car comme je l'ai moi-même rappelé les hommes souffrent aussi de plein de façons.
Il tient au fait que les femmes ne sont presque que des victimes dans cette histoire. S'il s'en trouve pour agir, leurs actes sont mal inspirés ou inutiles. Les hommes, eux, souffrent, mais ils réussissent parfois dans leurs entreprises et beaucoup d'entre eux sont admirables : ned Stark et tous ses fils; les trois hommes Lannister, et j'en passe.
Catelyn Stark, Cersei, au contraire, ne font que des trucs stupides et/ou dangereux, sauf quand elles sont guidées par des hommes. Sansa Stark est une cruche abominable et même Aria, que j'apprécie beaucoup, passe plus de temps à s'enfuir et être capturer qu'à quoi que ce soit d'utile. Leurs frères, en revanche, ont des destins extraordinaires.

Et ça, c'est un choix spécifique de Martin. Il n'est ni le premier, ni le dernier à reprendre des schémas de ce genre, mais j'estime qu'on a droit de le signaler.

Un personnage intéressant à cet égard est Daenerys, qui réussit bien plus que tous les autres personnages féminins. Le problème est qu'elle est souvent paralysée par l'indécision et peu perspicace. Si on me signale qu'elle a 13 ou 14 ans, je répondrai simplement que Martin a choisi son âge. Il a décidé de lui donner cette caractéristique.
Il y a un argument moralisant vicieux (si j'ose écrire...) qui consisterait à dire que, justement, dans une fiction, il ne faudrait pas reproduire les horreurs de la réalité...

Oncle Joe
Ou plus exactement, que celui qui les reconduit sait très bien ce qu'il fait et qu'il fait des choix. Il serait donc hypocrite de dire "c'est normal qu'il y ait de la torture dans l'histoire, parce que la torture existe". Et il vaut mieux assumer tranquillement, comme je le fais volontiers, en disant "oui, ce livre repose sur une série de renversements de fortune au cours desquels de nombreux personnages, en particulier des femmes et des jeunes filles, subissent des tortures, des humiliations et des viols, mais je trouve que ça fait une bonne histoire, en l'occurrence".
Florent a écrit :]Pourquoi ? Un livre n'est pas censé présenter un monde de bisounours nettoyé de toutes les horreurs de la réalité. Le jour où en sera arrivé là, je m'exile sur une île déserte, déjà que ça me tente pas mal... L'écrivain qui décide d'écrire une histoire dans un contexte médiéval, mais où les femmes ne sont pas opprimées, pour ne pas choquer les féministes, où les tribus de l'est ne sont pas sauvages, pour ne pas contrarier les antiracistes, où aucun animal n'est molesté, pour ne pas perturber les amis des animaux, et où on mange végétarien et on on trie ses déchets, je ne suis pas sûr d'avoir envie de le lire.
Et si c'est un bon livre ? Là, tel que tu le décris, ça m'a l'air intéressant. ça me rappelle même un peu ça

Parce qu'il n'y a pas de relation de cause à effet entre "livre contenant des scènes de viol, des sous-entendus racistes et des mauvais traitemetns sur animaux" et "livre que tu as envie de lire", selon toi, si ?

Il se trouve que le trône de fer est composé de bons bouquins, mais je connais aussi beaucoup de bons bouquins qui ne sont pas particulèrement sexistes ni racistes.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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silramil
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Message par silramil » jeu. sept. 01, 2011 5:51 pm

dracosolis a écrit :bon ben on n'a plus qu'à écrire des romans qui se passent en suisse dans un salon de thé*
les deux tiers de la planète sont interdits de fiction
Allons, allons. Il ne s'agit pas de bannir la violence de la fiction. Juste de signaler qu'un bon bouquin reprend des clichés et que c'est dommage.
Parce que les peuplades de l'Est chez Martin, par exemple, tu m'excuseras mais je trouve qu'elles sont stéréotypées, à l'exclusion heureuse de ville comme Braavo. c'est rigolo et ça me fera pas abandonner le livre, mais je ne vois pas pourquoi il serait interdit de le signaler.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Erion
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Message par Erion » jeu. sept. 01, 2011 5:53 pm

Florent a écrit :Elle ne prend en compte que ce qui arrange sa propre opinion et ses préjugés, surtout. Si on se place du point de vue des associations de protections de l'enfance, cette histoire est également horrible. Du point de vue des protecteurs des animaux, pareil. Mais encore une fois, c'est le contexte médiéval qui veut ça. C'est à croire qu'elle n'a jamais ouvert un livre d'Histoire, la réalité est bien pire que tout ce que peut décrire Martin. Ou bien alors il faudrait réécrire les livres d'Histoire, pour qu'ils soient en accord avec ses principes. Et c'est à peine une blague...
L'argument du livre d'Histoire ne me semble pas pertinent. A partir du moment ou G.R.R. Martin écrit une fiction, il fait des choix. On ne lui demande pas d'être exhaustif par rapport à des archives, des données. Du coup, quand il met en scène des actes violents/sexistes/racistes, on peut supposer au moins deux choses : soit il a un but, il veut montrer/démontrer un point de vue (et dans ce cas, il est légitime de s'interroger sur celui-ci), soit c'est purement gratuit (et là aussi, on peut s'interroger sur sa responsabilité en tant qu'auteur).

N'ayant pas lu le cycle, je ne me prononce pas sur la pertinence des arguments, mais prenons un exemple limite et assez classique.
Imaginons qu'un auteur écrive une fiction sur un responsable de camp de concentration et qu'il le présente avec des aspects sympathiques ou, au moins, qu'on puisse avoir de l'empathie pour lui (c'est un cas d'école, hein, aucun auteur n'a eu de telle bienveillance pour un tel personnage), ce n'est pas la même chose que si un historien présentait le cas réel d'un responsable de camp et que, au détour d'une anecdote, d'un fait, certains aspects de sa personnalité puissent paraître sympathiques.

Dans le premier cas, c'est un choix, une volonté de l'auteur et une volonté que l'on peut juger, estimer, remettre en cause, dans l'autre on est confronté à des faits. Dans un cas, l'auteur créé du sens, dans l'autre l'absurdité du réel peut être acceptée (avec tout cela comporte de dérangeant). Tout ceci pour dire que ce n'est pas parce que le réel est violent, dénué de sens, que l'auteur de fiction devient irresponsable de ses choix.
Après, je ne sais absolument pas comment GRR Martin met en scène tout ça, donc il se peut que l'auteur du blog soit totalement à côté de la plaque, mais le questionnement me paraît légitime quand on traite d'une oeuvre de fiction, alors qu'on aura pas la même démarche sur un ouvrage historique.

Mieux, si on fait un roman ou un téléfilm à partir de la vie des Borgias et qu'il n'y a ni incestes, ni viols, ni empoisonnements, on pourra s'en prendre aux auteurs légitimement. Parce qu'on attend d'une telle oeuvre de refléter la réalité, même sous une forme fictionnelle. Dans une oeuvre de pure imagination (sans référence à des personnages historiques), les attentes du lecteur sont différentes.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » jeu. sept. 01, 2011 5:58 pm

Parce que les peuplades de l'Est chez Martin, par exemple, tu m'excuseras mais je trouve qu'elles sont stéréotypées,
Les Dothrakis ne font que reprendre le fonctionnement des hordes mongoles. Les Qarthiens semblent inspirés par la civilisation perse.

Dans un roman où l'auteur fait le choix de s'inspirer des sociétés du monde médiéval en les modifiant légèrement ce n'est pas choquant.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh


Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
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silramil
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Message par silramil » jeu. sept. 01, 2011 6:01 pm

Fabien Lyraud a écrit :
Parce que les peuplades de l'Est chez Martin, par exemple, tu m'excuseras mais je trouve qu'elles sont stéréotypées,
Les Dothrakis ne font que reprendre le fonctionnement des hordes mongoles. Les Qarthiens semblent inspirés par la civilisation perse.

Dans un roman où l'auteur fait le choix de s'inspirer des sociétés du monde médiéval en les modifiant légèrement ce n'est pas choquant.
Je n'ai pas dit que c'était choquant. Je trouve juste ça un peu décevant, compte tenu du boulot fait par ailleurs par Martin pour bâtir un monde très complexe.
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Message par silramil » jeu. sept. 01, 2011 6:05 pm

Erion a écrit : Imaginons qu'un auteur écrive une fiction sur un responsable de camp de concentration et qu'il le présente avec des aspects sympathiques ou, au moins, qu'on puisse avoir de l'empathie pour lui (c'est un cas d'école, hein, aucun auteur n'a eu de telle bienveillance pour un tel personnage),
Heu, les Bienveillantes ?
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dracosolis
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Message par dracosolis » jeu. sept. 01, 2011 6:07 pm

Erion a écrit :[


Imaginons qu'un auteur écrive une fiction sur un responsable de camp de concentration et qu'il le présente avec des aspects sympathiques ou, au moins, qu'on puisse avoir de l'empathie pour lui (c'est un cas d'école, hein, aucun auteur n'a eu de telle bienveillance pour un tel personnage),
.
tu te payes la tête de qui Erion ?^^
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Florent
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Message par Florent » jeu. sept. 01, 2011 6:29 pm

silramil a écrit :
Florent a écrit :Elle ne prend en compte que ce qui arrange sa propre opinion et ses préjugés, surtout. Si on se place du point de vue des associations de protections de l'enfance, cette histoire est également horrible. Du point de vue des protecteurs des animaux, pareil. Mais encore une fois, c'est le contexte médiéval qui veut ça. C'est à croire qu'elle n'a jamais ouvert un livre d'Histoire, la réalité est bien pire que tout ce que peut décrire Martin. Ou bien alors il faudrait réécrire les livres d'Histoire, pour qu'ils soient en accord avec ses principes. Et c'est à peine une blague...
L'argument de "la réalité contient x, donc l'auteur a le droit (voire raison) de reconduire x dans sa fiction" est très faible, surtout s'agissant d'un monde dans lequel on trouve de la magie.
Alors là je ne suis pas du tout d'accord. Encore une fois, il y a un contexte. L'auteur choisit de raconter ce qu'il veut de la manière qu'il veut, mais il se doit d'être cohérent avec l'univers qu'il a choisi. Si j'écris une saga sur les bisounours, j'ai un cahier des charges que je dois respecter si je veux être cohérent. Et quand je choisis un contexte moyen-âgeux, je ne peux pas mettre en scène une femme possédant tous les pouvoirs, obéies des hommes, etc. Il y en a eu, qu'elles soient régentes (le personnage de Cersei tient d'ailleurs ce rôle) ou, plus rare, héroïnes (Jeanne d'Arc), mais si l'auteur veut être HONNÊTE, il décrit la condition réelle des femmes à cette époque et non une condition fantasmée par une femme occidentale vivant en 2011. Or LE TRONE DE FER a ceci de particulier qu'il s'inspire de l'Histoire, d'un contexte réaliste ayant réellement existé, et qu'il ne s'inscrit pas dans la lignée d'une fantasy où, si l'auteur en a envie, il peut créer à foison des personnages de femmes puissantes, craintes et respectées. La réalité ne s'est pas imposée à lui, mais il a choisi de la respecter : le reste est question de cohérence.

Ensuite, avancer que les femmes, dans cette histoire, ne font que des mauvais choix là où les hommes sont admirables, c'est aller un peu vite en besogne. Barathéon est un roi alcoolique, un héros déchu vivant dans le souvenir d'une défunte aimée. Stark, en tant que main du roi, ne fait que des mauvais choix et provoque la chute du royaume par sa naïveté. Les fils Lannister, admirables ? L'un d'eux trahit son roi et le tue de sa main, balance un enfant de 10 ans du haut d'une tour... Les hommes du TRONE DE FER font constamment des mauvais choix, autant, sinon plus que les femmes, et leurs actes n'ont rien d'admirable, ils sont plus pathétiques qu'autre chose. Martin s'amuse à démonter ses idoles et celles de la fantasy : ici il n'y a pas de héros. Jamme Lannister, qui correspond à l'archétype du chevalier blanc, est une belle ordure, etc.

Si on compare les morts féminines et masculines, il y a bcp plus de morts chez les hommes, par ailleurs. Les femmes sont plus malines, elles s'en sortent généralement. Cersei est tout sauf idiote, Catelyn Stark idem, par contre leurs époux ne sont pas bien malins. Et leurs fils guère plus, il suffit de voir la conclusion de leurs "destins extraordinaires", de Geoffrey à Robb Stark.

Donc pour conclure, je dirais que l'on trouve dans ce livre ce que l'on veut bien y trouver, comme dans tous les livres par ailleurs. Mais prétendre que ses personnages féminins sont des idiotes (ce qui reste à prouver, comme je viens de l'écrire) juste là pour se faire martyriser, au grand plaisir du lecteur, c'est considérer l'auteur comme un racoleur, au mieux, ou comme une espèce de taré au pire.

D'ailleurs, en lisant tout ça, pour qui n'aurait jamais lu le livre, on a l'impression qu'à chaque page des femmes se font violer, torturer, massacrer... Or de mémoire, je me souviens d'une nuit de noce forcée, d'une reine dont le roi se désintéresse, d'une princesse malgré elle humiliée par son prince, d'une femme violée par un prince, événement qui provoqua une révolte et la chute d'un roi... Autant d'éléments choquants mais courants au Moyen Age et, qui d'une, servent l'histoire, et d'autre part ne sont pas relatés en détails, comme le ferait un auteur souhaitant racoler comme tu le prétends.
« J’ai un projet, devenir fou. »

Charles Bukowski

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Florent
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Message par Florent » jeu. sept. 01, 2011 6:33 pm

Erion a écrit :
Florent a écrit :Elle ne prend en compte que ce qui arrange sa propre opinion et ses préjugés, surtout. Si on se place du point de vue des associations de protections de l'enfance, cette histoire est également horrible. Du point de vue des protecteurs des animaux, pareil. Mais encore une fois, c'est le contexte médiéval qui veut ça. C'est à croire qu'elle n'a jamais ouvert un livre d'Histoire, la réalité est bien pire que tout ce que peut décrire Martin. Ou bien alors il faudrait réécrire les livres d'Histoire, pour qu'ils soient en accord avec ses principes. Et c'est à peine une blague...
L'argument du livre d'Histoire ne me semble pas pertinent. A partir du moment ou G.R.R. Martin écrit une fiction, il fait des choix. On ne lui demande pas d'être exhaustif par rapport à des archives, des données. Du coup, quand il met en scène des actes violents/sexistes/racistes, on peut supposer au moins deux choses : soit il a un but, il veut montrer/démontrer un point de vue (et dans ce cas, il est légitime de s'interroger sur celui-ci), soit c'est purement gratuit (et là aussi, on peut s'interroger sur sa responsabilité en tant qu'auteur).

N'ayant pas lu le cycle, je ne me prononce pas sur la pertinence des arguments, mais prenons un exemple limite et assez classique.
Imaginons qu'un auteur écrive une fiction sur un responsable de camp de concentration et qu'il le présente avec des aspects sympathiques ou, au moins, qu'on puisse avoir de l'empathie pour lui (c'est un cas d'école, hein, aucun auteur n'a eu de telle bienveillance pour un tel personnage), ce n'est pas la même chose que si un historien présentait le cas réel d'un responsable de camp et que, au détour d'une anecdote, d'un fait, certains aspects de sa personnalité puissent paraître sympathiques.

Dans le premier cas, c'est un choix, une volonté de l'auteur et une volonté que l'on peut juger, estimer, remettre en cause, dans l'autre on est confronté à des faits. Dans un cas, l'auteur créé du sens, dans l'autre l'absurdité du réel peut être acceptée (avec tout cela comporte de dérangeant). Tout ceci pour dire que ce n'est pas parce que le réel est violent, dénué de sens, que l'auteur de fiction devient irresponsable de ses choix.
Après, je ne sais absolument pas comment GRR Martin met en scène tout ça, donc il se peut que l'auteur du blog soit totalement à côté de la plaque, mais le questionnement me paraît légitime quand on traite d'une oeuvre de fiction, alors qu'on aura pas la même démarche sur un ouvrage historique.

Mieux, si on fait un roman ou un téléfilm à partir de la vie des Borgias et qu'il n'y a ni incestes, ni viols, ni empoisonnements, on pourra s'en prendre aux auteurs légitimement. Parce qu'on attend d'une telle oeuvre de refléter la réalité, même sous une forme fictionnelle. Dans une oeuvre de pure imagination (sans référence à des personnages historiques), les attentes du lecteur sont différentes.
Je te renvoie à LA MORT EST MON METIER de Robert Merle.

EDIT : oups j'ai lu le post de Dracosolis après coup.
« J’ai un projet, devenir fou. »

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Sybille
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Message par Sybille » jeu. sept. 01, 2011 6:35 pm

silramil a écrit :
Et puis , la violence et l'humanité , c'est une vieille histoire d'amour , non ?
Oui, mais justement. L'argument de la critique consiste à dire que ceux qui lisent ces livres y trouvent de quoi nourrir leur penchant pour la violence envers les femmes. Est-ce une bonne chose ? Moi, ça ne m'empêche pas d'aimer ces bouquins, mais je ne prétendrai pas que cette violence ne s'y trouve pas.
La question subsidiaire étant toujours, quel est l'impact d'une fiction sur ses lecteurs? Je ne me place dans aucun camp à ce sujet.
Deux questions donc :
1/ Pourquoi des femmes aiment le roman s'il nourrit des penchants etc. ?
2/ Toi, personnellement, est-ce que ça nourrit tes penchants toussa ?

Parce que, moi, ce qui me fait un peu beaucoup marrer, en fait, c'est les prétendus "pacifistes" qui prétendent savoir ce qui se passe dans la tête des autres.

Quand on a trois ans et qu'on ne distingue pas la réalité de l'imaginaire, je pense que ces fictions peuvent avoir un impact néfaste.
Mais je crois que le lecteur moyen de roman de fantasy n'a pas trois ans. Me trompé-je ?

Pour de vrai, ce genre de buzz n'a aucun intérêt.

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. sept. 01, 2011 6:40 pm

... ça me rappelle les bonnes vieilles polémiques autour de Portier de nuit...
http://www.cinemaniac.fr/news/portier-de-nuit-damnes

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Message par Erion » jeu. sept. 01, 2011 6:45 pm

Florent a écrit : JE te renvoie à LA MORT EST MON METIER de Robert Merle.
Tu sais que Ruldof Lang est inspiré de Rudolf Höss, on est donc pas totalement dans la fiction. Ce qui rejoint ce que je disais des Borgias. A partir du moment où il y a une conformité à des faits, le rapport du lecteur au texte est différent.
Comme l'a noté Silramil, je pensais plus aux Bienveillantes, qui a suscité une polémique récente, et où le personnage principale est une pure création. Du coup, la question de la place du lecteur n'est pas la même.

Je laisse Silramil discuter sur les aspects propres à l'oeuvre de GRR Martin, mais qu'un lecteur s'interroge sur les choix de l'auteur, sur ce qu'il représente me paraît légitime, même s'il comprend mal le propos de l'auteur. L'argument de la conformité à une "réalité" historique n'est pas pertinent, parce que, justement, c'est un choix, il a voulu montrer quelque chose en ayant ce parti-pris. RIen, mais alors rien, ne l'obligeait (ce qui n'était pas le cas de Robert Merle dès lors qu'il raconte la vie de Rudolf Höss dans son camp).
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Message par Sybille » jeu. sept. 01, 2011 6:52 pm

Erion a écrit :Dans le premier cas, c'est un choix, une volonté de l'auteur et une volonté que l'on peut juger, estimer, remettre en cause, dans l'autre on est confronté à des faits. Dans un cas, l'auteur créé du sens, dans l'autre l'absurdité du réel peut être acceptée (avec tout cela comporte de dérangeant). Tout ceci pour dire que ce n'est pas parce que le réel est violent, dénué de sens, que l'auteur de fiction devient irresponsable de ses choix.
Ben, déjà, si l'auteur veut faire "réaliste" (ce qui peut être un projet même en fantasy), il doit reproduire l'absurdité du réel.
Modifié en dernier par Sybille le jeu. sept. 01, 2011 6:57 pm, modifié 1 fois.

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