Les revues US
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- Cordwainer
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Oui, exact.
Ca sortait au rythme des traductions et des contrats entre les maisons d'éditions.
Mais ça nous donnait un réel aperçu du genre. Enfin, c'est comme ça que je percevais les choses. Le mélange entre des textes anciens et d'autres plus récents nous immergeait plus profondément dans le monde de la S-F qu'en achetant un poche ou un grand format de temps en temps.
J'ai commencé à lire de la S-F à quatorze ans, en 1964..... A cet âge, combien de jeunes sont aujourd'hui capables, financièrement, de se procurer un panel de textes aussi larges que nous pouvions le faire à l'époque ?
C'est peut-être une des raisons qui font que la S-F ne prend pas vraiment l'ampleur qu'elle devrait prendre.
Non ?
Ca sortait au rythme des traductions et des contrats entre les maisons d'éditions.
Mais ça nous donnait un réel aperçu du genre. Enfin, c'est comme ça que je percevais les choses. Le mélange entre des textes anciens et d'autres plus récents nous immergeait plus profondément dans le monde de la S-F qu'en achetant un poche ou un grand format de temps en temps.
J'ai commencé à lire de la S-F à quatorze ans, en 1964..... A cet âge, combien de jeunes sont aujourd'hui capables, financièrement, de se procurer un panel de textes aussi larges que nous pouvions le faire à l'époque ?
C'est peut-être une des raisons qui font que la S-F ne prend pas vraiment l'ampleur qu'elle devrait prendre.
Non ?
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Les coûts d'édition ont diminué. Malheureusement, le lectorat a diminué aussi, et beaucoup plus. Dans les années 70, voire 80, un poche de SF devait tirer à 30-50.000 exemplaires minimum. Aujourd'hui, c'est plutôt 8-12.000, sauf exception. Les éditeurs ne sont pas fous: s'ils mettent un tel nombre d'exemplaires sur le marché, c'est qu'ils s'attendent à le vendre dans ces proportions.Cordwainer a écrit :Mais comment expliquer la longévité des revues mensuelles comme Galaxie et Fiction dans les années 60/70 ? Doit-on attribuer cela à une masse beaucoup plus importante de lecteurs de S-F à l'époque (j'en doute) ou à des coûts d'édition plus raisonnables ?
Non. Par contre, il y en avait moins, d'éditeurs, de livres... On pourrait aussi arguer que le pouvoir d'achat a baissé, ou qu'il y a beaucoup plus de sollicitations du budget cultures/loisirs désormais. En 1977, quand j'ai commencé à lire de la SF, on pouvait acheter des livres et des disques vinyle, et il n'y avait pas encore d'ordinateurs personnels, ni de magnétoscopes; aujourd'hui, on peut acheter des livres, des CD, des DVD, du matos informatique qui reste tout de même assez cher et qu'il faut renouveler (ou qu'on se laisse persuader de renouveler), des consoles de jeu, des jeux vidéo, de la vidéo et de la musique sur demande, etc. La différence grève à la fois le budget et le temps qu'on peut consacrer à la lecture.Cordwainer a écrit :Peut-on aussi imaginer que les éditeurs avaient alors un esprit plus "pionnier" qui les faisaient s'engager dans des aventures qu'ils n'oseraient pas entreprendre de nos jours ?
Autre facteur: ces deux revues étaient publiées par Opta, qui était la division littéraire d'une agence de pub, et je me suis toujours demandé dans quelle mesure il ne s'agissait pas d'une "danseuse", ou de quelque chose qui servait à "équilibrer" les comptes en tirant les bénéfices vers le bas; et de toute façon, Opta payait très mal ses écrivains francophones, ses traducteurs, ses chroniqueurs (au milieu des années 80, le tarif pour la traduction était chez eux trois ou quatre fois inférieur à ceux de la concurrence, si je me souviens bien).
Enfin, une revue qui vendait comme Fiction ou Galaxie à l'époque pouvait attirer un minimum de publicité. Avec la raréfaction du lectorat et la gestion beaucoup plus exigeante des budgets publicité, ce serait, à mon avis, désormais très différent (litote).
Ne nous leurrons pas: s'il était possible de vendre en kiosque une revue de ce type-là et de la rentabiliser, ce serait déjà fait. Je crois savoir qu'un groupe comme Bayard Presse y a réfléchi voici quelques années, et y a renoncé. Ils ont pourtant les reins solides, et l'expérience.
Modifié en dernier par PierrePaul le dim. févr. 04, 2007 12:39 pm, modifié 1 fois.
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Je ne sais pas s'ils en sont capables; ce qui est sûr, c'est qu'ils y sont moins enclins (je n'ai même pas parlé, dans mon message précédent, de l'achat de fringues de marque, ni des téléphones portables, autres gouffres financiers; ni de la télé: trois chaînes en 1977 qui ne passaient quasiment pas de SF, des centaines aujourd'hui, qui en diffusent plein, autre gouffre temporel).Cordwainer a écrit :J'ai commencé à lire de la S-F à quatorze ans, en 1964..... A cet âge, combien de jeunes sont aujourd'hui capables, financièrement, de se procurer un panel de textes aussi larges que nous pouvions le faire à l'époque ?
Par contre, je ne suis pas certain que tu n'idéalises pas un peu le panel dont tu disposais à l'époque.

Sur les textes courts, je ne discute pas. Mais sur les livres? En 1964, il y avait quoi? Le Rayon Fantastique en train de disparaître, le Fleuve Noir Anticipation, et Présence du Futur. Pas encore de bouquins chez Opta, si je ne m'abuse (et les CLA, de toute façon, c'était cher!), pas d'Ailleurs & Demain, pas de poches (quelques Ditis, peut-être). Même si on se reporte cinq ans plus loin, la situation est à peine meilleure (arrivée d'A&D, premières rééditions chez J'ai Lu, et la production Opta, dont les Galaxie-bis). Le vrai boum (sic) de la SF, c'est le milieu et la fin des années 70, et comme toutes les explosions, elle a laissé derrière elle un champ de ruines...
Modifié en dernier par PierrePaul le dim. févr. 04, 2007 12:37 pm, modifié 1 fois.
- sandrine.f
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en 1964, pas grand chose à se mettre sous la dent : OPTA commence effectivement en 1965 (GB & CLA), Ditis n'a fait de la SF qu'une année (1960), il ne reste guère que La patrouille du temps chez Marabout.PierrePaul a écrit :Sur les textes courts, je ne discute pas. Mais sur les livres? En 1964, il y avait quoi? Le Rayon Fantastique en train de disparaître, le Fleuve Noir Anticipation, et Présence du Futur. Pas encore de bouquins chez Opta, si je ne m'abuse (et les CLA, de toute façon, c'était cher!), pas d'Ailleurs & Demain, pas de poches (quelques Ditis, peut-être). Même si on se reporte cinq ans plus loin, la situation est à peine meilleure (arrivée d'A&D, premières rééditions chez J'ai Lu, et la production Opta, dont les Galaxie-bis). Le vrai boum (sic) de la SF, c'est le milieu et la fin des années 70, et comme toutes les explosions, elle a laissé derrière elle un champ de ruines...
Je prends la discussion en cours de route... Sur ce sujet précis, je dirais que les jeunes ont accès à la bibliothèque de leurs parents pour pas un rond. Certains, comme moi, ont la chance d'avoir un pater fan de SF, donc ça règle le problème des financesPierrePaul a écrit :Je ne sais pas s'ils en sont capables; ce qui est sûr, c'est qu'ils y sont moins enclins (je n'ai même pas parlé, dans mon message précédent, de l'achat de fringues de marque, ni des téléphones portables, autres gouffres financiers).Cordwainer a écrit :J'ai commencé à lire de la S-F à quatorze ans, en 1964..... A cet âge, combien de jeunes sont aujourd'hui capables, financièrement, de se procurer un panel de textes aussi larges que nous pouvions le faire à l'époque ?

Après, il reste les bibliothèques, les clubs de lecture et d'échange de bouquins, les livres d'occasion chez les libraires de quartier...
Et puis les livres de poche ne sont pas si chers que ça. En gros, un livre de poche = 7 croissants (au cours actuel chez mon boulanger).
A mes yeux, le hic, c'est plutôt le premier contact entre le "jeune" et la SF. C'est sûr que les livres sont un peu noyés dans la masse des produits culturels type DVDs, CDs, concerts, cinéma... Surtout qu'on voit rarement de pubs pour des romans à la télé, qui reste le premier media de diffusion de la culture (hohoho). Alors, pour un "d'jeune", penser à acheter un livre, quel qu'il soit, c'est déjà un bel exploit...
En revanche, une fois que le contact avec le monde de la lecture en général et de la SF en particulier est établi... Si ça plaît, la lecture n'est tout de même pas si onéreuse (si on se cantonne au livre de poche).
Comme pour toute chose, la première difficulté, c'est d'abord d'attraper le client.
Salut,
S'il y a bien un pays de cocagne pour la SF de nos jours, c'est la Russie, avec ses deux grosses revues: Esli (Si), mensuelle, pas très grosse mais de bonne tenue, et Polden, XXI veka (Midi, 21e siècle), actuellement bimensuelle, très épaisse et majoritairement ouverte aux jeunes auteurs russes (quelle est la revue pro française majoritairement ouverte aux jeunes auteurs français?).
Quand aux livres, sans reprendre la réthorique idiote de Bergier dans les années 60, leur tirage me laisse songeur. A titre d'exemple, la première version de l'édition critique intégrale de l'oeuvre des Strougatski a été tirée à 100000 exemplaire. Depuis, plusieurs rééditions ont eu lieu.
Et sans parler de Loukianenko avec ses plus de 3 millions d'exemplaires vendus.
Bref, ça vit, là bas, sur le plan littéraire. La télé et le cinéma n'ont pas encore tout tué.
A+
Patrice
S'il y a bien un pays de cocagne pour la SF de nos jours, c'est la Russie, avec ses deux grosses revues: Esli (Si), mensuelle, pas très grosse mais de bonne tenue, et Polden, XXI veka (Midi, 21e siècle), actuellement bimensuelle, très épaisse et majoritairement ouverte aux jeunes auteurs russes (quelle est la revue pro française majoritairement ouverte aux jeunes auteurs français?).
Quand aux livres, sans reprendre la réthorique idiote de Bergier dans les années 60, leur tirage me laisse songeur. A titre d'exemple, la première version de l'édition critique intégrale de l'oeuvre des Strougatski a été tirée à 100000 exemplaire. Depuis, plusieurs rééditions ont eu lieu.
Et sans parler de Loukianenko avec ses plus de 3 millions d'exemplaires vendus.
Bref, ça vit, là bas, sur le plan littéraire. La télé et le cinéma n'ont pas encore tout tué.
A+
Patrice
- sandrine.f
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et même avec le net, il est assez simple de se procurer du livre d'occasion pour encore moins cher, mode d'approvisonnement qui, dans ma (lointaine) jeunesse, dépendait de l'étal du bouquiniste sur le marché.En revanche, une fois que le contact avec le monde de la lecture en général et de la SF en particulier est établi... Si ça plaît, la lecture n'est tout de même pas si onéreuse (si on se cantonne au livre de poche).
Tout à fait! Ca m'était sorti de l'esprit.sandrine.f a écrit :et même avec le net, il est assez simple de se procurer du livre d'occasion pour encore moins cher, mode d'approvisonnement qui, dans ma (lointaine) jeunesse, dépendait de l'étal du bouquiniste sur le marché.
Mais j'avoue que fouiner dans les étals pour tomber sur une superbe occasion (comme un Asimov ou un Heinlein) à moins de dix francs, ça me procurait un plaisir énorme

Mon record, c'est le guide du routard galactique pour 5 francs

- Cordwainer
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Je voulais uniquement parler du panel d'auteurs et de textes que Galaxie et Fiction offrait à ses lecteurs (et aux jeunes en particulier) pour un prix tout à fait raisonnable.Par contre, je ne suis pas certain que tu n'idéalises pas un peu le panel dont tu disposais à l'époque.
Par exemple dans le numéro de Septembre 1967 de Galaxie, pour 2,50 f de l'époque, on se délectait de Cordwainer Smith, Harry Harrison, Ray Bradbury, Margaret St.Clair, Robert F. Young, Lester del Rey et Robert Sheckley ! Sept nouvelles pour ce seul mois ! Et c'était ainsi chaque mois sans compter les courts romans publiés sur plusieurs numéros !
En Janvier 1969 Fiction nous offrait John Wyndham, Daniel Walther, Mose Malette et Grabriel Deblander sans parler de Jonh Christopher et son "Petit peuple". Et cela pour 3,50 f de l'époque !
C'est de cela dont je parle. La possibilité qui nous était offerte de découvrir chaque mois des textes et des auteurs connus ou inconnus, en grand nombre et pour un prix raisonnable.
Je ne me suis pas amusé à faire le calcul mais je serais curieux de connaitre le nombre de textes que ces deux revues mensuelles (j'insiste là dessus) nous offraient en un an ! Voilà le panel dont je voulais parler. Et savoir le nombre de livres que l'on devrait acheter aujourd'hui pour arriver au même résultat. Et je ne parle même pas de la différence financière !
C'est AMHA une des raisons du recul du nombre de lecteur de S-F aujourd'hui. Il y a le net, bien sûr, les DVD etc....j'en ai parfaitement concience mais je ne crois pas que ceci explique cela. Pas en totalité en tous cas.
Et puis cela n'explique pas vraiment pourquoi ça continue de marcher aux USA et pas en France.
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On est bien d'accord.Cordwainer a écrit :Je voulais uniquement parler du panel d'auteurs et de textes que Galaxie et Fiction offrait à ses lecteurs (et aux jeunes en particulier) pour un prix tout à fait raisonnable.
150 textes, je dirais à vue de nez. Soit l'équivalent d'une dizaine d'anthologies, et trois ou quatre romans (passés en feuilletons dans ces revues) par-dessus le marché. (Mais il n'y avait pas que les nouvelles, du moins pour Fiction -- il y avait tous les articles, les critiques, etc.)Cordwainer a écrit :Je ne me suis pas amusé à faire le calcul mais je serais curieux de connaitre le nombre de textes que ces deux revues mensuelles (j'insiste là dessus) nous offraient en un an ! Voilà le panel dont je voulais parler. Et savoir le nombre de livres que l'on devrait acheter aujourd'hui pour arriver au même résultat. Et je ne parle même pas de la différence financière !
Je n'ai pas été assez clair: les revues US qui tirent à 20-30.000 exemplaires aujourd'hui tiraient deux à trois fois plus il y a trente ans. Et 20-30.000 exs, ça reste rentable (d'autant qu'il n'y a aucun frais de traduction). La seule différence de population suffit à expliquer que "ça continue de marcher" (quoique moins bien) là-bas.Cordwainer a écrit :Et puis cela n'explique pas vraiment pourquoi ça continue de marcher aux USA et pas en France.
Modifié en dernier par PierrePaul le dim. févr. 04, 2007 2:00 pm, modifié 1 fois.
- sandrine.f
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- Cordwainer
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Excuse moi, je n'avais pas "percuté" quand tu m'avais donné ta première explication.Je n'ai pas été assez clair: les revues US qui tirent à 20-30.000 exemplaires aujourd'hui tiraient deux à trois fois plus il y a trente ans. Et 20-30.000 exs, ça reste rentable (d'autant qu'il n'y a aucun frais de traduction). La seule différence de population suffit à expliquer que "ça continue de marcher" (quoique moins bien) là-bas.
Tes arguments sont convaincants en effet. Je n'avais pas pensé, par exemple, à l'absence de traduction là-bas. Donc nous assisterons à plus ou moins longue échéance à la fin de ces revues ?

Moi qui pensais revoir un de ces jours Galaxie en kiosques......

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Tiens, je peux répondre sur ça, car j'en avais discuté avec Alain Dorémieux à l'époque où je collaborais à Fiction (souvenirs, souvenirs...).sandrine.f a écrit :il y avait quand même un certain décalage avec les parutions originales (en première approximation aux alentours de deux ans).
Ce qui était perturbant était l'hétérogénéité de ce décalage qui allait pour un même numéro de textes en parution quasi-simultanée à des choses dépassant la décennie de retard.
D'une part, il essayait de composer des sommaires équilibrés, en gardant de la place pour les auteurs francophones, et ses goûts entraient en jeu -- il y avait donc des textes qu'il écartait, d'autres qu'il repoussait, d'autres qu'il ne se résolvait à publier que lorsqu'il y avait un trou (des auteurs qu'il n'aimait pas mais que les lecteurs lui réclamaient, comme Zenna Henderson, si je me souviens bien).
D'autre part, des numéros se perdaient lors de la traversée transatlantique. Cela arrivait deux ou trois fois par an sur Fiction. Opta les réclamait, et la revue-mère les renvoyait (d'où décalage dans la parution des textes), mais certains se reperdaient parfois (d'où l'absence de certains sommaires entiers du F&SF dans le Fiction français).