Que faut-il recommander en SF à un non lecteur de SF ?
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- bormandg
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Et n'oublions pas Dick; il est souvent cité et utilisé comme point d'entrée, surtout dès que le jeune connait les adaptations filmées (Blade Runner , ...). 

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
C'est pas moi qui cite Asimov, ce sont mes étudiants qui ont un peu lu de SF qui le citent spontanément. Ca fait donc partie de leur point d'entrée principal, celui qui les amène à lire autre chose (en l'occurence Simak/Silverberg, etc...). Je ne suis pas en train de dire ce qu'ils devraient lire, je constate comment ça se passe, comment des jeunes en sont venus à lire de la SF. Maintenant, il semble que O.S.Card deviennent un autre point d'entrée principal, avec la Stratégie Ender.bormandg a écrit : Citer Asimov, c'est figer l'image de la SF et, souvent, choisir une raison de la rejeter. Tu m'écriras que la même chose peut aussi arriver avec Heinlein, surtout si on le voit à travers les caricatures usuelles. Mais tant que le demandeur n'a pas d'image fausse a priori, justement parce qu'il n'est pas autant l'objet de préjugés qu'Asimov (hors fandom, bien sûr), je le propose dès que possible
C'est pourquoi, à un jeune de 15 ans qui a jamais lu de SF et lit PEU en général, proposer Asimov n'est clairement pas un mauvais choix
Mon point de vue ne part pas du même postulat. Tu conseilles des non-lecteurs et advienne que pourra, tandis que moi, je récupère des jeunes lecteurs de SF que leurs lectures précédentes ont rendu curieux (l'intitulé du cours précise bien qu'il s'agit de littérature, ils sont prévenus). Donc, je n'ai que des étudiants pour qui "ça a fonctionné", du coup je fais la liste de leurs lectures et le résultat me donne la liste des oeuvres qui les rendent curieux (ce qui est quand même le but de la manoeuvre).
Mon "parcours" de lecture n'a jamais été Asimov (encore moins Ender), mais je n'étais déjà pas un lecteur "normal", et j'ai assez mauvais esprit pour ne pas lire ce qu'on m'aurait conseillé. Mais concernant les nouveaux lecteurs, je préfère adopter une méthode très pragmatique. Si le lecteur est curieux, il lira des oeuvres plus complexes, ou plus subtiles, s'il ne l'est pas, il n'ira pas plus loin.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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- Eric
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Je suis globalement assez d'accord avec Georges sur ce coup-là. En fait, quand on me pose la question (et fatalement, on me la pose régulièrement), j'essaie toujours d'y aller en douceur. Dune, j'adore, mais peut-être que c'est un peu trop d'un coup. Trop de SF tue la SF.
Souvent, le préjugé le plus marquant à combattre, c'est l'effet Star Wars. Du coup, le gens ont l'impression qu'ils perdent leurs temps à lire de la SF alors que y'a le dernier Beigbeider qui les attends en librairie.
Du coup, j'essaie d'orienter vers d'autres champs de la SF, des thématiques moins éloignées d'eux. Et du coup, Silverberg est un point d'entrée génial. Le Prestige de Priest, aussi, marche bien. Excellent premier roman à conseiller. Généralement on revient m'en demander un autre après, et là, j'essaye de voir si leurs neurones sont capables de marcher en logique floue, et j'embraye sur La Séparation.
Souvent, le préjugé le plus marquant à combattre, c'est l'effet Star Wars. Du coup, le gens ont l'impression qu'ils perdent leurs temps à lire de la SF alors que y'a le dernier Beigbeider qui les attends en librairie.
Du coup, j'essaie d'orienter vers d'autres champs de la SF, des thématiques moins éloignées d'eux. Et du coup, Silverberg est un point d'entrée génial. Le Prestige de Priest, aussi, marche bien. Excellent premier roman à conseiller. Généralement on revient m'en demander un autre après, et là, j'essaye de voir si leurs neurones sont capables de marcher en logique floue, et j'embraye sur La Séparation.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
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Proposer de livres est assez case gueule. J’ai pal mal d’expériences malheureuses à ce sujet !
Les lecteurs potentiels qui veulent découvrir la SF sont tous différent les uns des autres.
Conseiller un livre à un lecteur qui a une haute culture littéraire ou conseiller un livre a un autre qui lit du S.A.S, Ce n’est vraiment pas la même chose!
Le conseil dépendra plutôt de la culture, des goûts, des buts. (Distraction, réflexion).de la familiarité avec la lecture du lecteur potentiel, il n’y a pas vraiment de règles générales et le risque de se planter est très grand.
Et puis, on a souvent tendance à vouloir proposer des livres qui nous ont plu, qui nous ont marqués, qui sont a notre goût – et bien, dans un très grand nombre de cas, on se fourvoie !!!!! car, il se peut que ce soit justement ceux-la qu’ils détesteront le plus. Apprécier un livre quand on débute et apprécier un livre après plusieurs décennies d’expérience, ce n’est plus la même chose, l’approche est forcement différente.
Bref, j’évite de conseiller quoique ce soit, trop de risque
Les lecteurs potentiels qui veulent découvrir la SF sont tous différent les uns des autres.
Conseiller un livre à un lecteur qui a une haute culture littéraire ou conseiller un livre a un autre qui lit du S.A.S, Ce n’est vraiment pas la même chose!
Le conseil dépendra plutôt de la culture, des goûts, des buts. (Distraction, réflexion).de la familiarité avec la lecture du lecteur potentiel, il n’y a pas vraiment de règles générales et le risque de se planter est très grand.
Et puis, on a souvent tendance à vouloir proposer des livres qui nous ont plu, qui nous ont marqués, qui sont a notre goût – et bien, dans un très grand nombre de cas, on se fourvoie !!!!! car, il se peut que ce soit justement ceux-la qu’ils détesteront le plus. Apprécier un livre quand on débute et apprécier un livre après plusieurs décennies d’expérience, ce n’est plus la même chose, l’approche est forcement différente.
Bref, j’évite de conseiller quoique ce soit, trop de risque

Un non lecteur de SF n'appréciera pas le genre s'il lui manque les codes. Je conseillerais donc des anthologies qui sont un bon catalogue des codes et idées qu'on peut rencontrer en SF. L'outil idéal, à mon sens, c'est la grande anthologie au Livre de Poche. Ensuite, si le non lecteur de SF est intéressé, il n'aura pas besoin de vous pour s'attaquer à des romans ou des séries d'auteurs qu'il aura déjà lu.
Et en parlant de cette anthologie, toujours à mon sens, elle devrait être remboursée par la sécu.
Et en parlant de cette anthologie, toujours à mon sens, elle devrait être remboursée par la sécu.

Je connais quelques lecteurs hors SF qui y sont venus grâce à Ray Bradbury. Séduits par Fahrenheit 451, ils se sont laissés tenter par d'autres lectures SF. Et je me souviens, il y a longtemps, d'un professeur de français lecteur de SF qui voulut nous faire découvrir le genre avec les Chroniques martiennes.
Ca me fait penser à ce que je fais quand on me demande des conseils pour des mangas. Que donner à lire à un ado ? Ma réponse spontanée, en général, c'est Naruto ou tout ce qui s'en rapproche, même si ça ne correspond pas à mes goûts. Le truc est que je SAIS que ce type d'oeuvre a été conçu pour ce type de public et qu'en plus ça constitue 50 à 75% de ce qui se publie en France.Papageno a écrit : Et puis, on a souvent tendance à vouloir proposer des livres qui nous ont plu, qui nous ont marqués, qui sont a notre goût – et bien, dans un très grand nombre de cas, on se fourvoie !!!!! car, il se peut que ce soit justement ceux-la qu’ils détesteront le plus. Apprécier un livre quand on débute et apprécier un livre après plusieurs décennies d’expérience, ce n’est plus la même chose, l’approche est forcement différente.
Bref, j’évite de conseiller quoique ce soit, trop de risque
Il y a aussi un devoir d'honnêteté vis à vis de celui qui demande des conseils. Admettons qu'on propose à un non-lecteur de lire, allez, Vélum, et que ça fonctionne. Très bien, et après ? Il va lire quoi ? Comment va-t-il trouver le livre d'après sans aide ? En se promenant dans les rayons ? Au moins, avec la stratégie Ender, on a un ensemble d'oeuvres assez proches et distantes,nouveautés et rééditions ce qui permet de s'assurer que le nouveau lecteur pourra se diriger tout seul dans le rayon et explorer. Après, une fois rassasié de choses proches, il ira ailleurs.
Un point d'entrée, ce n'est pas l'oeuvre qui permet d'affirmer qu'on a lu de la SF, c'est celle qui ouvre à une galaxie assez étendue d'ouvrages du genre. C'est pour ça que Wolfe est un très mauvais point d'entrée. Oeuvre de qualité, certes, mais n'ouvrant sur aucune autre (peut-être le Livre de Cendres ? et encore). Là où Bradbury, Poul Anderson, Silverberg sont très fertiles.
Et sinon, "le monde inverti" est effectivement un bon point d'entrée, mes étudiants le prennent souvent en fiche de lecture, mais moins qu'Asimov (sur lequel j'ai ordonné un oukaze, j'en avais marre de lire 2 ou 3 fois les fiches sur les Robots ou Fondation).
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Pour ma part, depuis que ce livre existe, je conseille "100 mots pour voyager en science-fiction", de François Rouiller, éd. Les Empêcheurs de penser en rond, 2006. Quoi de mieux pour accrocher les éventuels lecteurs que de les surprendre ? C'est pour cela que j'aime bien l'idée d'Eric de proposer Le Prestige, de Priest, ça doit produire son effet...
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- marc
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bormandg a écrit :Ah je ne suis pas tout à fait du même avis !Erion a écrit :bormandg a écrit : Et Asimov n'est pas la réponse générique. Herbert ou Heinlein seraient à la fois plus introductifs et aussi largement utilisables.
Une porte sur l'été de Heinlein pourrait très bien être une porte d'entrée vers la SF. Chez Asimov il y a les anthologies de nouvelles. Par contre Herbert ou Simmons risquent de poser problème. Je pense qu'il doit exister pas mal de vieux classiques qui passeraient très bien pour des lecteurs non SF qui veulent découvrir le genre.
Marc Le Blog science-fiction de Marc et Phenix Mag
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
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Les livres que j'ai pu faire lire à des gens qui avaient des préjugés vis-à-vis de la SF :
Cristal qui songe et Les plus qu'humains de Theodore Sturgeon
Martians go home de Fredric Brown
Moore et Kuttner
Nuage d'Emmanuel Jouanne (avec un bémol, parce que moins accessible que les précédents cités mais la connexion à Boris Vian marche bien dans celui-là)
Et j'ajouterais que Marcel Aymé est également un bon point d'entrée pour familiariser l'esprit avec l'irréel de la SF ou de la Fantasy/Fantastique.
Cristal qui songe et Les plus qu'humains de Theodore Sturgeon
Martians go home de Fredric Brown
Moore et Kuttner
Nuage d'Emmanuel Jouanne (avec un bémol, parce que moins accessible que les précédents cités mais la connexion à Boris Vian marche bien dans celui-là)
Et j'ajouterais que Marcel Aymé est également un bon point d'entrée pour familiariser l'esprit avec l'irréel de la SF ou de la Fantasy/Fantastique.
Je serais parfaitement d'accord avec toi, si on ne me serinait pas (et pas seulement dans le milieu de la SF, qui serait peut-être pourtant le dernier endroit où elles sont encore un peu lues) que les "gens" n'aiment pas tellement les nouvelles...Aldaran a écrit :Un non lecteur de SF n'appréciera pas le genre s'il lui manque les codes. Je conseillerais donc des anthologies qui sont un bon catalogue des codes et idées qu'on peut rencontrer en SF. L'outil idéal, à mon sens, c'est la grande anthologie au Livre de Poche. Ensuite, si le non lecteur de SF est intéressé, il n'aura pas besoin de vous pour s'attaquer à des romans ou des séries d'auteurs qu'il aura déjà lu.
Oncle Joe
Nous sommes pétris d'une argile littéraire faites de récits d'aventure et d'exploration (je parle ici des vieux cons de mon âge).
Je recommande donc, très fréquemment :
- Le monde du fleuve de Farmer
- Titan de Varley
Ces deux romans offrent, à mes yeux, les avantages :
- de pouvoir se lire seuls, bien qu'intégrés à un "cycle" ;
- de présenter des thèmes science-fictifs, à la fois très large et abordables sans culture scientifique ou littéraire ;
- de donner au lecteur qui en ressent l'envie, la possibilité de chercher à en connaître plus sur les questions scientifiques, techniques, historiques, politiques... ouvertes par ces bouquins.
Je recommande donc, très fréquemment :
- Le monde du fleuve de Farmer
- Titan de Varley
Ces deux romans offrent, à mes yeux, les avantages :
- de pouvoir se lire seuls, bien qu'intégrés à un "cycle" ;
- de présenter des thèmes science-fictifs, à la fois très large et abordables sans culture scientifique ou littéraire ;
- de donner au lecteur qui en ressent l'envie, la possibilité de chercher à en connaître plus sur les questions scientifiques, techniques, historiques, politiques... ouvertes par ces bouquins.
J'ai récemment converti une non-SFiste en lui passant Uglies de Westerfeld.
Il y a peut-être une partie de la littérature estampillée "jeunesse" qui fait appel à moins de conventions du genre que certains grands classiques de la SF (mais je ne sais pas si on peut généraliser ça à toute la SF-jeunesse ?).
Il y a peut-être une partie de la littérature estampillée "jeunesse" qui fait appel à moins de conventions du genre que certains grands classiques de la SF (mais je ne sais pas si on peut généraliser ça à toute la SF-jeunesse ?).
Jean-François.