Le coup de gueule de Bernard Werber

[Stéphane]

Je ne comprends surtout pas de quoi vous vous plaignez : le français qui vend le plus de SF défend la SF.

[Don Lorenjy]

Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu qu'il est pété de thunes.

C'est sûr, vu comme ça.


Je sens que je vais avoir longtemps le droit de me plaindre (dommage que j'en ai pas l'envie)

[Roland C. Wagner]

Je ne comprends surtout pas de quoi vous vous plaignez : le français qui vend le plus de SF défend la SF.

Euh… j'avais cru comprendre qu'il défendait l'imaginaire.

[Lucie]

Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu qu'il est pété de thunes.

À croire qu'il y a des gens intéressés aussi par autre chose que les thunes !

[fabrice]

J'ai l'impression que de toute façon, quoi qu'il dise, quelle que soit la citation postée, elle trouvera un contradicteur dans la minute qui suite.
Tiens, Werber a déclaré : "J'aime les chips". Pour qui se prend ce monsieur, pour aimer les chips ?

On peut aussi retourner le truc : dès que quelqu'un critique Werber, quelqu'un d'autre lui tombe dessus sur le thème : "oh, quand même, vous êtes toujours contre lui." C'est une entourloupe classique (l'autre étant d'estimer, comme l'écrivait Pierre Jourde, "qu'on méprise le public parce qu'on se moque de la soupe que les marchands lui servent") mais on ne s'en lasse pas.
Je vais donc essayer d'être plus précis : j'en ai rien à foutre que Werber aime ou pas les chips. Il me semble que nous ne sommes pas sur forum culinaire.
Ce qui commence à me porter sur le système, c'est 1) le portrait permanent de l'artiste en victime - il a le succès populaire, il voudrait aussi le succès critique, ce qui pourrait à la rigueur se comprendre s'il écrivait en français, 2) ses attaques répétées contre une prétendue littérature-intello-mortifère-à-longues-phrases qui empêcherait les Français de goûter pleinement et en toute décontraction aux plaisirs de la lecture (comme en témoignent d'ailleurs les ventes récentes des Bienveillantes, de Trois femmes puissantes ou, pour mieux coller au sujet, de La Horde du Contrevent) et 3) cette propension nouvelle à se poser en défenseur des littératures de l'imaginaire, qui relève à mes yeux de l'imposture la plus pure : vous pensez réellement, vous, que Bernard Werber se soucie du devenir des littératures de l'imaginaire ? Qu'il s'inquiète des ventes de ses petits camarades du Bélial, Interstices ou Lunes d'encre ? Il faut être sérieux deux minutes.
Si Bernard Werber se met à raconter des trucs sérieux, je serai le premier à le soutenir. Simplement, ça n'en prend pas le chemin.

[Roland C. Wagner]

Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu qu'il est pété de thunes.

C'est sûr, vu comme ça.

Ben oui, ces histoires de légitimation, c'est plus lié à l'ego qu'à autre chose, les pauvres choux qui souffrent atrocement de ne pas être considérés comme des "vrais" écrivains parce qu'ils ont choisi un mauvais genre, et toussa…

Mais, m… zut ! Quand tu as choisi d'écrire de la science-fiction, ou de la fantasy, ou du fantastique, ou tout ça mélangé, on assume, tu ne viens pas pleurnicher que les méchants légitidomisateurs, bouh qu'ils sont méchants, il veulent pas te légitidomiser.

[Roland C. Wagner]

Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu qu'il est pété de thunes.

À croire qu'il y a des gens intéressés aussi par autre chose que les thunes !

Ben quand t'en as, ton ego peut se mettre à souffrir de tout et n'importe quoi, c'est sûr.

[Roland C. Wagner]

Ce qui commence à me porter sur le système, c'est 1) le portrait permanent de l'artiste en victime - il a le succès populaire, il voudrait aussi le succès critique,

Ouaip.

Alors que j'en connais plein, ils se contenteraient juste d'un peu plus de sous pour payer le loyer.

[Lucie]

Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu qu'il est pété de thunes.

À croire qu'il y a des gens intéressés aussi par autre chose que les thunes !

Ben quand t'en as, ton ego peut se mettre à souffrir de tout et n'importe quoi, c'est sûr.

Tu aurais dit "Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu son succès", j'aurais abondé dans ton sens L'argument fric ne tenait pas.

[Don Lorenjy]

A priori je suis assez d'accord avec Fabrice sauf sur un point : quand quelqu'un qui fait de l'audience l'ouvre pour défendre l'imaginaire, je commence par penser que c'est bien pour l'imaginaire.

Après seulement je regarde qui l'ouvre, pourquoi, comment...
Et il faut reconnaître que Werber n'est pas forcément le mieux placé pour défendre autre chose que Werber, mais la plupart de ceux qui sont mieux placés font nettement moins d'audience.

Quant à la légitimation, puisqu'on a parlé thunes, je sors d'en prendre : l'an dernier bourse refusée pour un projet SF, cette année bourse accordée pour un truc bien litt gén à légitimation maximale.
Comme tu dis Roland, quand on choisit de faire dans l'imaginaire on ferme sa gueule... ou on fait autre chose. Et je persiste à trouver ça dommage.

[Florent]

J'ai l'impression que de toute façon, quoi qu'il dise, quelle que soit la citation postée, elle trouvera un contradicteur dans la minute qui suite.
Tiens, Werber a déclaré : "J'aime les chips". Pour qui se prend ce monsieur, pour aimer les chips ?

On peut aussi retourner le truc : dès que quelqu'un critique Werber, quelqu'un d'autre lui tombe dessus sur le thème : "oh, quand même, vous êtes toujours contre lui." C'est une entourloupe classique (l'autre étant d'estimer, comme l'écrivait Pierre Jourde, "qu'on méprise le public parce qu'on se moque de la soupe que les marchands lui servent") mais on ne s'en lasse pas.
Je vais donc essayer d'être plus précis : j'en ai rien à foutre que Werber aime ou pas les chips. Il me semble que nous ne sommes pas sur forum culinaire.
Ce qui commence à me porter sur le système, c'est 1) le portrait permanent de l'artiste en victime - il a le succès populaire, il voudrait aussi le succès critique, ce qui pourrait à la rigueur se comprendre s'il écrivait en français, 2) ses attaques répétées contre une prétendue littérature-intello-mortifère-à-longues-phrases qui empêcherait les Français de goûter pleinement et en toute décontraction aux plaisirs de la lecture (comme en témoignent d'ailleurs les ventes récentes des Bienveillantes, de Trois femmes puissantes ou, pour mieux coller au sujet, de La Horde du Contrevent) et 3) cette propension nouvelle à se poser en défenseur des littératures de l'imaginaire, qui relève à mes yeux de l'imposture la plus pure : vous pensez réellement, vous, que Bernard Werber se soucie du devenir des littératures de l'imaginaire ? Qu'il s'inquiète des ventes de ses petits camarades du Bélial, Interstices ou Lunes d'encre ? Il faut être sérieux deux minutes.
Si Bernard Werber se met à raconter des trucs sérieux, je serai le premier à le soutenir. Simplement, ça n'en prend pas le chemin.

Combien de sujets ai-je lu, ici même, sur le thème "quand est-ce que la SF sera enfin reconnue ?". Beaucoup de fans de SF passent leur temps à faire ce que tu reproches ici à Werber, à savoir pleurnicher sur la soi-disant non-reconnaissance de la SF en tant qu'ARRRRRT (les majuscules et les multiples R, c'est pour faire un effet snob, je ne sais pas si ça marche).

Alors certes, on peut se dire qu'il est reconnu, qu'il vit de sa plume et après tout, qu'est-ce qu'il peut en avoir à foutre que son genre de prédilection soit vu avec condescendance par le milieu littéraire, mais sur le coup il n'est pas plus ridicule que la plupart des fans de SF qui ont déjà fait 1000 fois le même genre de déclaration sans que personne ne leur tombe dessus.

Sur ce, je m'en vais en courant car j'aperçois au loin une foule de villageois armés de torches et de fourches.

[fabrice]

Sur ce, je m'en vais en courant car j'aperçois au loin une foule de villageois armés de torches et de fourches.

Ça, c'est de la fantasy. BW s'intéresse plutôt à la SF.

[Lucie]

J'ai l'impression que de toute façon, quoi qu'il dise, quelle que soit la citation postée, elle trouvera un contradicteur dans la minute qui suite.
Tiens, Werber a déclaré : "J'aime les chips". Pour qui se prend ce monsieur, pour aimer les chips ?

On peut aussi retourner le truc : dès que quelqu'un critique Werber, quelqu'un d'autre lui tombe dessus sur le thème : "oh, quand même, vous êtes toujours contre lui." C'est une entourloupe classique (l'autre étant d'estimer, comme l'écrivait Pierre Jourde, "qu'on méprise le public parce qu'on se moque de la soupe que les marchands lui servent") mais on ne s'en lasse pas.

Absolument : on ne s'en lasse pas. C'est une question de valeurs, aussi surprenant que ça puisse te paraître.

Je vais donc essayer d'être plus précis : j'en ai rien à foutre que Werber aime ou pas les chips. Il me semble que nous ne sommes pas sur forum culinaire.
Ce qui commence à me porter sur le système, c'est 1) le portrait permanent de l'artiste en victime - il a le succès populaire, il voudrait aussi le succès critique, ce qui pourrait à la rigueur se comprendre s'il écrivait en français, 2) ses attaques répétées contre une prétendue littérature-intello-mortifère-à-longues-phrases qui empêcherait les Français de goûter pleinement et en toute décontraction aux plaisirs de la lecture (comme en témoignent d'ailleurs les ventes récentes des Bienveillantes, de Trois femmes puissantes ou, pour mieux coller au sujet, de La Horde du Contrevent) et 3) cette propension nouvelle à se poser en défenseur des littératures de l'imaginaire, qui relève à mes yeux de l'imposture la plus pure : vous pensez réellement, vous, que Bernard Werber se soucie du devenir des littératures de l'imaginaire ? Qu'il s'inquiète des ventes de ses petits camarades du Bélial, Interstices ou Lunes d'encre ? Il faut être sérieux deux minutes.

Moi, ce qui commence à me porter sur le système, c'est qu'on en arrive à devoir connaître la généalogie et la biographie des gens pour donner une opinion au sujet d'une citation. Je me fiche de ce que Werber fait en général. Je réagis par rapport à un fil que je lis sur le forum. Aussi, quand je lis une opinion à l'emporte-pièce au sujet de quelqu'un que je ne connais pas plus que ça, et que je vois que tout le monde lui tombe dessus à bras raccourcis, ça me gave.

S'il est question de politique, bien entendu, c'est différent : je remonte mes manches et je me jette dans la mêlée

Si Bernard Werber se met à raconter des trucs sérieux, je serai le premier à le soutenir. Simplement, ça n'en prend pas le chemin.

Sois sérieux, Fabrice : si Bernard Werber se met à raconter des trucs sérieux, on ne le saura pas. Ça ne sera tout simplement pas relayé !

edit : +1 avec Florent. Attends-moi, je cours pas assez vite !

[Roland C. Wagner]

Sur ce, je m'en vais en courant car j'aperçois au loin une foule de villageois armés de torches et de fourches.

Ça, c'est de la fantasy. BW s'intéresse plutôt à la SF.

Disons au roman scientifique d'avant-guerre.

[Roland C. Wagner]

Tu aurais dit "Je comprends surtout pas de quoi il se plaint, vu son succès", j'aurais abondé dans ton sens L'argument fric ne tenait pas.

Ben son succès il lui rapporte plein de fric, non ?

Et puis, je veux dire, l'intérêt du succès, c'est quand même le pognon qu'il te rapporte.