
Le sexe de ta plume de Joëlle Wintrebert
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- bormandg
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Dans le style caricature, y'a aussi ça : 
Mais j'ai l'impression qu'on essayait de parler d'autre chose...

Mais j'ai l'impression qu'on essayait de parler d'autre chose...
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Ah ouais ? Comme l'UMP alors ?bormandg a écrit :C'est pourtant leur objet, AMA. Avec une façon de faire qui peut paraître contraire au but, mais je pense qu'elles sont sur ce thème.MF a écrit :Et considérer, par exemple, que les BG s'intéresseraient à "la douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature" m'interpelle un tant soit peu...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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Ok .MF a écrit :Ouais, mais la question d'Aldaran était une question piège : des auteurs masculins qui s'intéressent à "la douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature" et dont les romans présentent des filles puissantes.Hoêl a écrit :Heinlein , dans Révolte sur la lune et En terre étrangère .
Herbert avec les Bene Gesserit .
AEVV
Vance avec tout un tas de personnages féminins redoutables .
Westerfeld avec le personnage de la terroriste pro I.A. et sa compagne dans Le secret de l'empire .
Asimov avec Susan Calvin .
etc...
Les exemples que tu cites correspondent bien
au 2ème critère, mais pas au 1er.
A part Herbert pour ce qui est de la nature .
Cela dit , il y a une vingtaine d'années , je soutenais un mémoire de D.E.A. en litt.comp. dont le propos était le renouvellement de la SF par les écrivains féminins ; pour l'auteur français , j'avais pris... Joêlle Wintrebert . Il ne s'agissait pas de prétendre qu'il y eût une écriture féminine , mais qu'en intéressant les auteurs féminins , la S.F. élargissait ses champs d'investigation .
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
- bormandg
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Sauf que des auteurs féminins en SF (française), il y en a depuis que l'étiquette SF est arrivée en France (et je ne regarde pas la "proto-SF") : Nathalie Henneberg, Jacqueline Osterrath, Françoise d'Eaubonne, Marianne Andrau, Christine Renard, Julia Verlanger... Parler d'un élargissement signifierait que le champ n'était pas déjà ouvert...Hoêl a écrit : Cela dit , il y a une vingtaine d'années , je soutenais un mémoire de D.E.A. en litt.comp. dont le propos était le renouvellement de la SF par les écrivains féminins ; pour l'auteur français , j'avais pris... Joêlle Wintrebert . Il ne s'agissait pas de prétendre qu'il y eût une écriture féminine , mais qu'en intéressant les auteurs féminins , la S.F. élargissait ses champs d'investigation .
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Ouais mais c'est pas forcément significatif. Ce qu'écrivait Julia Verlanger sous le pseudonyme de Gilles Thomas, c'était macho au possible...
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
D'accord , Georges , mais ne te semble-t-il pas que , depuis le début des années 80 , elles sont nettement plus nombreuses , aussi bien pour les écrivains que pour tous les échelons de l'édtion ?bormandg a écrit :Sauf que des auteurs féminins en SF (française), il y en a depuis que l'étiquette SF est arrivée en France (et je ne regarde pas la "proto-SF") : Nathalie Henneberg, Jacqueline Osterrath, Françoise d'Eaubonne, Marianne Andrau, Christine Renard, Julia Verlanger... Parler d'un élargissement signifierait que le champ n'était pas déjà ouvert...Hoêl a écrit : Cela dit , il y a une vingtaine d'années , je soutenais un mémoire de D.E.A. en litt.comp. dont le propos était le renouvellement de la SF par les écrivains féminins ; pour l'auteur français , j'avais pris... Joêlle Wintrebert . Il ne s'agissait pas de prétendre qu'il y eût une écriture féminine , mais qu'en intéressant les auteurs féminins , la S.F. élargissait ses champs d'investigation .
Il n'y a que pour l'illustration (de S.F. , pas de Fntasy) qu'elles soient vraiment peu représentées .
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- bormandg
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Disons que les éditeurs ne les rejettent plus aussi systématiquement (avec au moins deux exceptions dès le début, le Rayon fantastique et Présence du futur) comme quoi "la SF, c'est pas pour les femmes". ..Hoêl a écrit :D'accord , Georges , mais ne te semble-t-il pas que , depuis le début des années 80 , elles sont nettement plus nombreuses , aussi bien pour les écrivains que pour tous les échelons de l'édtion ?bormandg a écrit :Sauf que des auteurs féminins en SF (française), il y en a depuis que l'étiquette SF est arrivée en France (et je ne regarde pas la "proto-SF") : Nathalie Henneberg, Jacqueline Osterrath, Françoise d'Eaubonne, Marianne Andrau, Christine Renard, Julia Verlanger... Parler d'un élargissement signifierait que le champ n'était pas déjà ouvert...Hoêl a écrit : Cela dit , il y a une vingtaine d'années , je soutenais un mémoire de D.E.A. en litt.comp. dont le propos était le renouvellement de la SF par les écrivains féminins ; pour l'auteur français , j'avais pris... Joêlle Wintrebert . Il ne s'agissait pas de prétendre qu'il y eût une écriture féminine , mais qu'en intéressant les auteurs féminins , la S.F. élargissait ses champs d'investigation .
Il n'y a que pour l'illustration (de S.F. , pas de Fntasy) qu'elles soient vraiment peu représentées .
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L'infinité dans une infinité de direction au lieu d'un infini d'infinis...MF a écrit :!?Hoêl a écrit :... en intéressant les auteurs féminins , la S.F. élargissait ses champs d'investigation.

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
[quote="bormandg"
Disons que les éditeurs ne les rejettent plus aussi systématiquement (avec au moins deux exceptions dès le début, le Rayon fantastique et Présence du futur) comme quoi "la SF, c'est pas pour les femmes". ..[/quote]
Comment sais-tu qu'il y a eu un rejet systématique par les éditeurs? (d'autant que, justement, il y a eu ces exceptions? )
Oncle Joe
Disons que les éditeurs ne les rejettent plus aussi systématiquement (avec au moins deux exceptions dès le début, le Rayon fantastique et Présence du futur) comme quoi "la SF, c'est pas pour les femmes". ..[/quote]
Comment sais-tu qu'il y a eu un rejet systématique par les éditeurs? (d'autant que, justement, il y a eu ces exceptions? )
Oncle Joe
Peut-on m'expliquer en quoi "la douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature" sont des valeurs, des qualités ou je ne sais quoi typiquement féminines ?Aldaran a écrit :Même si ça ne doit pas courir les rues, est-ce que quelqu'un aurait fait un vague tour des auteurs masculins qui s'intéressent à "la douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature"
Et je ne parle pas de la "représentation-culturelle-de-notre-société-aujourd'hui" et autres clichés.
Ben ça va avec les layettes roses et la place derrière les fourneaux, non ?
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
J'arrive tard dans la bataille mais j'ai des trucs à dire (comme toujours). Pour revenir deux secondes à quelque chose qui a été dit précédemment:
Mais je voudrais parler d'autres types de préjugés, beaucoup plus pervers et décisifs dans le fait qu'il y ait moins de filles diplômées en science au final, comme ceux que j'ai rencontrés à la Polytech. Lors de mon année à la Polytech, les étudiants et professeurs étaient charmants, mais les clichés étaient quand même là. Le plus répandu: les filles sont plus travailleuses que les garçons qui se laissent souvent aller. Certes, mais c'est surtout parce que les filles doivent prouver qu'elles méritent leur place là, les garçons n'ont pas ce genre de pression. Parce que, par exemple, leur prof de chimie ne leur a pas dit un truc du style: "les filles, ce n'est pas la peine de vous orienter vers la chimie, les entreprises n'engagent pas d'ingénieurs chimistes femmes". Parce qu'un autre professeur excusait les résultats d'une fille en dessin technique en disant que c'était scientifiquement prouvé que les filles voyaient moins bien en 3D (j'ai quand même fait 96 sur 100 à l'examen de ce cours mais, effectivement, je devais avoir plus de difficulté que les garçons à projeter en 3D, vu que presque personne n'a eu de meilleurs points que moi à cet examen).
Tout ça pour dire que même si, en tant que femme, on n'a pas été victime des préjugés et sous-entendus quant à la moins bonne capacité des filles de comprendre les sciences et qu'on choisit de s'orienter vers des études scientifiques, eh bien une fois sur place, le mur de clichés auxquels on est confrontées est encore plus dense et râlant. C'est peut-être là aussi qu'il faudrait agir pour que les femmes se sentent mieux dans les études scientifiques...
Quant aux textes dits féminins, je dois dire avoir du mal à comprendre ce que ça pourrait être. Je pense qu'un bon auteur l'est en dehors de toute caractérisation sexuelle. Qui pourrait dire en lisant Le Guin que c'est forcément une femme qui écrit? Ou, pour prendre un cas complètement opposé de roman à l'eau de rose, qui pourrait dire en lisant Marc Lévy que c'est forcément un homme? Si on ne connaît pas le sexe de l'auteur, pourrait-on vraiment savoir si le texte a été écrit par un homme ou une femme? Me revient en tête un exemple amusant donné dans "The Jane Austen Book Club" (livre et film): un homme parle à une femme de sa passion de la SF qui est née du fait qu'il avait besoin de se retrouver dans un "monde d'homme" parce qu'il n'y avait que des femmes chez lui quand il était gosse. Jusqu'à ce qu'il découvre que ces auteurs qu'il vénérait étaient des femmes qui avaient eu recourt aux abréviations de nom ou aux pseudos. Un tantinet exagéré, mais amusant quant à la réflexion sur le "sexe de la plume".
Pour finir, je lis de la SF depuis très longtemps et rares ont été les personnages féminins auxquels j'ai pu m'identifier dans le genre je dois dire. Un des seuls a été celui d'"Identification des schémas" de Gibson, mais je pense que ça tient plus à son obsession pour le film qu'à une quelconque caractéristique sexuelle. En fait, du moment qu'on me présente un héros intéressant, peu importe son sexe. Mais par contre, si on se retrouve comme dans "Empire et fondation" avec un personnage féminin qui ne fait qu'être "doux et réconfortant" et préparer le thé, ou dans les romans de Dick avec des femmes castratrices qui semblent ne vouloir que la perte du héros, j'ai plus de mal, ça me reste en travers de la gorge. Mais comme je le disais à un élève m'ayant dit qu'il ne lisait plus Lovecraft parce qu'il trouvait ça trop raciste, si je devais arrêter de lire les romans qui me semblent un peu trop clichés, voire misogynes, je ne lirai plus beaucoup (surtout que je lis majoritairement des romans de genre)...
(Argh j'exècre au plus haut point les "Hommes viennent de Mars" et autres "Pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes" - première nouvelle...)
Oui, l'Europe essaie de développer ce genre de politique, on a même eu droit à des pubs, etc., incitant les filles à se tourner vers des études scientifiques. Et certaines le font, comme moi il y a 10 ans. Rien dans mes études secondaires ni dans mon entourage ne m'a amené à croire que les études scientifiques ne pouvaient être pour les filles, et je dois même dire avoir l'impression (sans vouloir être méchante, mais c'est quelque chose qui m'a souvent frappé, y compris en tant que prof) que l'excuse des filles moins douées pour les sciences est parfois (voire souvent) utilisée par lesdites filles pour justifier une paresse/une difficulté d'apprentissage pour une matière qui leur paraît difficile à comprendre (comme elle paraît difficile aussi à certains garçons qui n'ont pas l'excuse de leur "sexe" pour expliquer leur faiblesse et dont on ne parle pas donc).Jean-Claude Dunyach a écrit : - le rapport à la science. C'est la première chose à laquelle on pense. Les classes scientifiques, dans les grandes écoles ou à l'université, sont elles aussi déséquilibrées en terme de proportion homme/femme. Cela n'est pas non plus une question de capacité (les études tendraient même à prouver le contraire), mais peut-être de choix, ou plus probablement de contrainte sociétale. Ca en est au point où l'Europe essaie de développer des politiques d'incitation à aller vers les carrières scientifiques pour les femmes afin de lutter contre l'idée ambiante de "ingénieur/chercheur/scientifique, c'est un métier d'homme, ce n'est pas pour toi ma fille". Si on ne s'intéresse pas à la science, si on est rebuté ou paralysé par elle, si on garde des souvenirs atroces des cours de physique de ses seize ans, la SF n'est pas nécessairement un champ que l'on a envie de cultiver.
Mais je voudrais parler d'autres types de préjugés, beaucoup plus pervers et décisifs dans le fait qu'il y ait moins de filles diplômées en science au final, comme ceux que j'ai rencontrés à la Polytech. Lors de mon année à la Polytech, les étudiants et professeurs étaient charmants, mais les clichés étaient quand même là. Le plus répandu: les filles sont plus travailleuses que les garçons qui se laissent souvent aller. Certes, mais c'est surtout parce que les filles doivent prouver qu'elles méritent leur place là, les garçons n'ont pas ce genre de pression. Parce que, par exemple, leur prof de chimie ne leur a pas dit un truc du style: "les filles, ce n'est pas la peine de vous orienter vers la chimie, les entreprises n'engagent pas d'ingénieurs chimistes femmes". Parce qu'un autre professeur excusait les résultats d'une fille en dessin technique en disant que c'était scientifiquement prouvé que les filles voyaient moins bien en 3D (j'ai quand même fait 96 sur 100 à l'examen de ce cours mais, effectivement, je devais avoir plus de difficulté que les garçons à projeter en 3D, vu que presque personne n'a eu de meilleurs points que moi à cet examen).
Tout ça pour dire que même si, en tant que femme, on n'a pas été victime des préjugés et sous-entendus quant à la moins bonne capacité des filles de comprendre les sciences et qu'on choisit de s'orienter vers des études scientifiques, eh bien une fois sur place, le mur de clichés auxquels on est confrontées est encore plus dense et râlant. C'est peut-être là aussi qu'il faudrait agir pour que les femmes se sentent mieux dans les études scientifiques...
Quant aux textes dits féminins, je dois dire avoir du mal à comprendre ce que ça pourrait être. Je pense qu'un bon auteur l'est en dehors de toute caractérisation sexuelle. Qui pourrait dire en lisant Le Guin que c'est forcément une femme qui écrit? Ou, pour prendre un cas complètement opposé de roman à l'eau de rose, qui pourrait dire en lisant Marc Lévy que c'est forcément un homme? Si on ne connaît pas le sexe de l'auteur, pourrait-on vraiment savoir si le texte a été écrit par un homme ou une femme? Me revient en tête un exemple amusant donné dans "The Jane Austen Book Club" (livre et film): un homme parle à une femme de sa passion de la SF qui est née du fait qu'il avait besoin de se retrouver dans un "monde d'homme" parce qu'il n'y avait que des femmes chez lui quand il était gosse. Jusqu'à ce qu'il découvre que ces auteurs qu'il vénérait étaient des femmes qui avaient eu recourt aux abréviations de nom ou aux pseudos. Un tantinet exagéré, mais amusant quant à la réflexion sur le "sexe de la plume".
Pour finir, je lis de la SF depuis très longtemps et rares ont été les personnages féminins auxquels j'ai pu m'identifier dans le genre je dois dire. Un des seuls a été celui d'"Identification des schémas" de Gibson, mais je pense que ça tient plus à son obsession pour le film qu'à une quelconque caractéristique sexuelle. En fait, du moment qu'on me présente un héros intéressant, peu importe son sexe. Mais par contre, si on se retrouve comme dans "Empire et fondation" avec un personnage féminin qui ne fait qu'être "doux et réconfortant" et préparer le thé, ou dans les romans de Dick avec des femmes castratrices qui semblent ne vouloir que la perte du héros, j'ai plus de mal, ça me reste en travers de la gorge. Mais comme je le disais à un élève m'ayant dit qu'il ne lisait plus Lovecraft parce qu'il trouvait ça trop raciste, si je devais arrêter de lire les romans qui me semblent un peu trop clichés, voire misogynes, je ne lirai plus beaucoup (surtout que je lis majoritairement des romans de genre)...
(Argh j'exècre au plus haut point les "Hommes viennent de Mars" et autres "Pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes" - première nouvelle...)
Modifié en dernier par Cachou le mer. déc. 08, 2010 4:56 pm, modifié 2 fois.