Je dois avouer que Florent me semble plus convainquant en étant bavard qu'en disant d'une manière lapidaire ce que sont censés contenir les livres ou pas...Florent a écrit :Alors là je ne suis pas du tout d'accord. Encore une fois, il y a un contexte. L'auteur choisit de raconter ce qu'il veut de la manière qu'il veut, mais il se doit d'être cohérent avec l'univers qu'il a choisi. Si j'écris une saga sur les bisounours, j'ai un cahier des charges que je dois respecter si je veux être cohérent. Et quand je choisis un contexte moyen-âgeux, je ne peux pas mettre en scène une femme possédant tous les pouvoirs, obéies des hommes, etc. Il y en a eu, qu'elles soient régentes (le personnage de Cersei tient d'ailleurs ce rôle) ou, plus rare, héroïnes (Jeanne d'Arc), mais si l'auteur veut être HONNÊTE, il décrit la condition réelle des femmes à cette époque et non une condition fantasmée par une femme occidentale vivant en 2011. Or LE TRONE DE FER a ceci de particulier qu'il s'inspire de l'Histoire, d'un contexte réaliste ayant réellement existé, et qu'il ne s'inscrit pas dans la lignée d'une fantasy où, si l'auteur en a envie, il peut créer à foison des personnages de femmes puissantes, craintes et respectées. La réalité ne s'est pas imposée à lui, mais il a choisi de la respecter : le reste est question de cohérence.silramil a écrit :L'argument de "la réalité contient x, donc l'auteur a le droit (voire raison) de reconduire x dans sa fiction" est très faible, surtout s'agissant d'un monde dans lequel on trouve de la magie.Florent a écrit :Elle ne prend en compte que ce qui arrange sa propre opinion et ses préjugés, surtout. Si on se place du point de vue des associations de protections de l'enfance, cette histoire est également horrible. Du point de vue des protecteurs des animaux, pareil. Mais encore une fois, c'est le contexte médiéval qui veut ça. C'est à croire qu'elle n'a jamais ouvert un livre d'Histoire, la réalité est bien pire que tout ce que peut décrire Martin. Ou bien alors il faudrait réécrire les livres d'Histoire, pour qu'ils soient en accord avec ses principes. Et c'est à peine une blague...
Ensuite, avancer que les femmes, dans cette histoire, ne font que des mauvais choix là où les hommes sont admirables, c'est aller un peu vite en besogne. Barathéon est un roi alcoolique, un héros déchu vivant dans le souvenir d'une défunte aimée. Stark, en tant que main du roi, ne fait que des mauvais choix et provoque la chute du royaume par sa naïveté. Les fils Lannister, admirables ? L'un d'eux trahit son roi et le tue de sa main, balance un enfant de 10 ans du haut d'une tour... Les hommes du TRONE DE FER font constamment des mauvais choix, autant, sinon plus que les femmes, et leurs actes n'ont rien d'admirable, ils sont plus pathétiques qu'autre chose. Martin s'amuse à démonter ses idoles et celles de la fantasy : ici il n'y a pas de héros. Jamme Lannister, qui correspond à l'archétype du chevalier blanc, est une belle ordure, etc.
Si on compare les morts féminines et masculines, il y a bcp plus de morts chez les hommes, par ailleurs. Les femmes sont plus malines, elles s'en sortent généralement. Cersei est tout sauf idiote, Catelyn Stark idem, par contre leurs époux ne sont pas bien malins. Et leurs fils guère plus, il suffit de voir la conclusion de leurs "destins extraordinaires", de Geoffrey à Robb Stark.
Donc pour conclure, je dirais que l'on trouve dans ce livre ce que l'on veut bien y trouver, comme dans tous les livres par ailleurs. Mais prétendre que ses personnages féminins sont des idiotes (ce qui reste à prouver, comme je viens de l'écrire) juste là pour se faire martyriser, au grand plaisir du lecteur, c'est considérer l'auteur comme un racoleur, au mieux, ou comme une espèce de taré au pire.
D'ailleurs, en lisant tout ça, pour qui n'aurait jamais lu le livre, on a l'impression qu'à chaque page des femmes se font violer, torturer, massacrer... Or de mémoire, je me souviens d'une nuit de noce forcée, d'une reine dont le roi se désintéresse, d'une princesse malgré elle humiliée par son prince, d'une femme violée par un prince, événement qui provoqua une révolte et la chute d'un roi... Autant d'éléments choquants mais courants au Moyen Age et, qui d'une, servent l'histoire, et d'autre part ne sont pas relatés en détails, comme le ferait un auteur souhaitant racoler comme tu le prétends.
Et son argumentaire me rappelle qu'on trouve quelques wagons de violences, tueries et viols dans La Parabole du semeur et La Parabole des talents d'Octavia Butler sans que personne ne taxe cet auteur de racisme ou autre déviance. Un oubli ?