Nébal a écrit :Et à la limite, "L'amour au temps de l'hormonothérapie génique", c'est pas forcément loin, non ?
Gagné. J'explique. Il semble que mon féminisme puisse être parfois considéré comme équivalent au mépris de l’homme. Alors que c’est l’inverse.
Je viens d’un milieu parfaitement patriarcal, femme à la maison, homme chez son patron ou sa maîtresse, le genre de milieu où on ne paye pas d’études supérieures aux filles parce que c’est du gâchis.
L’opinion de ce milieu là, vis à vis des femmes, est sans appel : la femme est un objet de moindre qualité, réduit aux obligations ménagères. Une femme ne peut pas être intelligente : tout au plus réussit-elle à être habile. L’homme est là pour réussir à sa place et s’il échoue, c’est à cause de sa femme qui ne l'a pas soutenu. Une engueulade familiale ? C’est forcément sa femme qui trafique en sous-main. L’image de la femme n’est pas qu’elle est inopérante : elle n’est opérante que dans le mal. C’est une image négative pur jus.
Et l’image de l’homme, là dedans ? Eh bien l’homme est indispensable, financièrement, socialement. Mais ensuite ? Aussi bizarre que cela paraisse, ce qu’une jeune fille suce, dans ce milieu là, dans les gynécées de ces milieux là, c’est aussi le mépris de l’homme. Agressif, bruyant, égoïste, incapable de résister à un jupon, trempant sa queue dans tous les trous bordés de poil qu’il croise, carriériste et soumis à l’autorité, l’homme de ce milieu là est aussi d’un égoïsme sans borne, refusant de s’occuper des faibles, à savoir les vieux, les enfants et les malades. Incontrôlable, susceptible de réactions brutales, il faut lui mentir ; il ne comprend rien, ou alors pas comme nous ; c’est un homme, quoi. On le regarde agir de loin en espérant qu'il rentre le plus tard possible. A la maison, malheur à lui s’il ose sortir de son bureau car rien ne lui est permis, ni de choisir le menu, ni de choisir l’heure du dîner, ni de décider de ce qu’il porte. Fuyant l’enfer qu’il a lui-même créé, saturé de gonzesses rendues folles de méchanceté par l’ennui et la frustration, il se retrouve en général entre hommes, dans les clubs s’il est riche, dans les bars s’il ne l’est pas, où il passera encore de bruyantes heures à dire du mal des femmes, à boire, à roter, à aller aux putes, bref à incarner avec soumission tout le mal qu’on attend de lui. Tout ce qu’il est autorisé à faire chez lui, c’est engueuler ses enfants, qu’en cas de divorce il ne reverra pas souvent, les affections mièvres lui étant interdites, et les enfants n’ayant pas beaucoup de liens avec ce type qu’ils ne voient pas souvent. Dans ce milieu, ou plutôt je devrais dire : dans cette mentalité, quand un homme perd son travail, sa femme le quitte. La question ne se pose même pas. L’amour est contingent. Le contrat est : tu me supportes, je te paye.
Je ne sais pas si ma génération est différente ou si j’ai changé de milieu mais les hommes que je côtoie n’ont rien à voir avec ce pauvre type. Sévèrement burnés, poilus, adeptes des jeux de ballon, ils sont aussi féministes, traitent leur femme comme des égales, savent changer une couche, visiter grand maman et faire les courses. Par contre, il ne faut pas les emmerder : on ne touche pas à leurs gosses, madame est priée d’avoir sa vie et du répondant, ils savent se contrôler et il ne faut pas espérer les manipuler avec un porte-jarretelles ou un bœuf Strogonoff : ils savent très bien cuisiner.
Moi, je trouve que j’ai gagné au change. [edit] et les hommes aussi, c'est ce que je voulais dire.