Que penser de l'intérêt actuel pour l'uchronie en France?

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Lensman
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Message par Lensman » dim. juil. 10, 2011 7:28 pm

Patrice a écrit :Salut,
En ce qui concerne le refus du futur, c'est une idée que j'ai déjà rencontrée, en effet. Je ne sais pas trop quoi en penser.
Au risque de faire de la psycho-socio de comptoir, je suis tenté d'y croire. Nous vivons clairement une époque qui ne correspond plus à l'image des futurs flamboyants de la SF de l'âge d'or. Comment penser le futur quand on vit une crise qui est finalement autrement plus grave que celle de 1973, que l'on détruit lentement mais surement tous les programmes spatiaux un minimum ambitieux (au point de célébrer une pauvre navette automatique alors que les Russes en ont fait voler une il y a maintenant près de 30 ans), bref, quand on vit une époque qui manque singulièrement de rêve scientifique?
C'est sans doute une facilité, mais s'inventer d'autres futurs peut séduire.

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Patrice
Cependant, les grands Brunner, qui ont tant marqué les années soixante-dix, ne décrivaient pas à proprement parler des avenirs radieux..

Oncle Joe.

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silramil
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:29 pm

Patrice a écrit :Salut,
Lensman a écrit :
Patrice a écrit :
E Le meilleur exemple de ceux-là qui me vienne en tête étant Roma Aeterna de Silverberg. Mais j'ai déjà assez souvent parlé de l'admiration que j'ai pour ce roman et sa solidité intellectuelle.
Je crois que tout le monde n'est pas du même avis sur ce fil...

Oncle Joe
C'est bien pour cela que j'ai parlé de solidité intellectuelle et non nécessairement de qualité littéraire: je sais que certaines des nouvelles qui le composent traînent un peu en longueur.

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Patrice
Je ne parlerai pas de Roma Aeterna. Je connais le coup du vase de Soissons.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Patrice
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Message par Patrice » dim. juil. 10, 2011 7:33 pm

Salut,
Cependant, les grands Brunner, qui ont tant marqué les années soixante-dix, ne décrivaient pas à proprement parler des avenirs radieux..
Non, bien sûr. Mais à côté de Brunner, tu as encore SImak, Bradbury, Farmer, Asimov et d'autres qu'on ne peut taxer de pessimistes.

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Patrice

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Sylvaner
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Message par Sylvaner » dim. juil. 10, 2011 7:35 pm

L'apport de la fantasy (ouh ! ouh !) donne aussi un autre aspect à l'uchronie... notamment française : bien que la divergence ne soit pas très nette, les très sympathiques et distrayants livres de Pierre Pevel s'approchent pour moi de ce "genre". Et voilà 7 ou 8 livres de plus pour le corpus.

Il existe des œuvres qui racontent des histoires passées, avec des éléments franchement imaginaires, mais qui retombent plus ou moins sur leur pattes en termes de continuité historiques. Le concept est difficile à exposer, puisque citer des livres est en soi une forme de spoiler ... J'oserai quand même La Lune et le Roi Soleil, de V Mc Intyre, le Roi d'Août et d'autres de Michel Pagel ou encore l'Age de la Déraison de Keyes - de façon moins claire. La trilogie BD "La licorne" sont intéressants aussi dans le genre... on pourrait parler d'uchronie rétrograde, au sens du contraire d'antérograde - comme pour les amnésies.

D'autre part, le caractère uchronique est parfois la surprise qui clôt certaines œuvres... tout le monde a vu le Tarantino sur la 2e guerre mondiale ?
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Lensman
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Message par Lensman » dim. juil. 10, 2011 7:36 pm

Patrice a écrit :Salut,
Cependant, les grands Brunner, qui ont tant marqué les années soixante-dix, ne décrivaient pas à proprement parler des avenirs radieux..
Non, bien sûr. Mais à côté de Brunner, tu as encore SImak, Bradbury, Farmer, Asimov et d'autres qu'on ne peut taxer de pessimistes.

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Patrice
Bradbury... hum... mais on dévie un peu...

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Herbefol
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Message par Herbefol » dim. juil. 10, 2011 7:36 pm

silramil a écrit :3 modèles en gros d'uchronie
-Modèle 1 : on suit le cours historique du monde depuis un point de divergence. C'est le modèle de Geoffroy, qui nous raconte par le menu, dans son uchronie de 1836 (à vérifier), tout ce que napoléon a fait de beau entre 1812 et 1832.
-Modèle 2 : il y a eu un point de divergence dans le passé et maintenant le monde est différent. C'est le Maitre du Haut-Château, avec la victoire des Nazis, dont l'histoire se situe dans des années 60 alternatives.
- Modèle 3 : on nous raconte une guerre ou une bataille qui tourne différemment de ce qu'on a vu dans le monde réel. Il y a beaucoup de petits textes uchroniques qui s'organisent autour de ça.
Perso, j'ai du mal à cerner la différence entre les trois, j'ai un peu l'impression que tu coupes les cheveux en quatre.
De l'uchronie, j'en ai lu un peu et j'apprécie beaucoup le truc, mais je pense qu'un bon récit uchronique est avant tout un récit, une histoire et que le fond uchronique ne doit pas primer sur ce que raconte l'histoire. Exemple : Fatherland, de Robert Harris, qui est surtout une enquête policière, une sorte de thriller, où ce qui importe est ce que Xavier Marsh tente de découvrir, pas le fond uchronique du récit. L'aspect uchronique offre un décor, une toile de fond sur laquelle peindre le récit, toile qui est évidemment indispensable à ce récit particulier (l'intrigue ne pourrait pas avoir lieu dans notre monde), mais ce qui entraîne le lecteur, c'est le récit.

Après, le fond, c'est tout de même très variable et ça ne tient souvent pas trop la route, ce qui rend d'autant plus utile que l'ouvrage ne repose que là-dessus.
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.

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Lensman
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Message par Lensman » dim. juil. 10, 2011 7:38 pm

Herbefol a écrit : Perso, j'ai du mal à cerner la différence entre les trois, j'ai un peu l'impression que tu coupes les cheveux en quatre.
On peut te citer?
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silramil
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:40 pm

Herbefol a écrit :
silramil a écrit :3 modèles en gros d'uchronie
-Modèle 1 : on suit le cours historique du monde depuis un point de divergence. C'est le modèle de Geoffroy, qui nous raconte par le menu, dans son uchronie de 1836 (à vérifier), tout ce que napoléon a fait de beau entre 1812 et 1832.
-Modèle 2 : il y a eu un point de divergence dans le passé et maintenant le monde est différent. C'est le Maitre du Haut-Château, avec la victoire des Nazis, dont l'histoire se situe dans des années 60 alternatives.
- Modèle 3 : on nous raconte une guerre ou une bataille qui tourne différemment de ce qu'on a vu dans le monde réel. Il y a beaucoup de petits textes uchroniques qui s'organisent autour de ça.
Perso, j'ai du mal à cerner la différence entre les trois, j'ai un peu l'impression que tu coupes les cheveux en quatre.
De l'uchronie, j'en ai lu un peu et j'apprécie beaucoup le truc, mais je pense qu'un bon récit uchronique est avant tout un récit, une histoire et que le fond uchronique ne doit pas primer sur ce que raconte l'histoire. Exemple : Fatherland, de Robert Harris, qui est surtout une enquête policière, une sorte de thriller, où ce qui importe est ce que Xavier Marsh tente de découvrir, pas le fond uchronique du récit. L'aspect uchronique offre un décor, une toile de fond sur laquelle peindre le récit, toile qui est évidemment indispensable à ce récit particulier (l'intrigue ne pourrait pas avoir lieu dans notre monde), mais ce qui entraîne le lecteur, c'est le récit.

Après, le fond, c'est tout de même très variable et ça ne tient souvent pas trop la route, ce qui rend d'autant plus utile que l'ouvrage ne repose que là-dessus.
C'est marrant que tu prennes cet exemple. Justement, dans mes petites réflexions, je vois dans ce bouquin une uchronie du 2e modèle, qui intègre une bonne dose d'histoire secrète - toute l'intrigue ne repose quand même que sur la divergence et sur l'évolution de ce monde-là. Dire que c'est avant tout un roman d'enquête me paraît pour le coup très exagéré. Ce n'est pas un récit suspendu en l'air.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » dim. juil. 10, 2011 7:41 pm

silramil a écrit :Ainsi, dans les Futurs Mystères de Paris, si je ne m'abuse, il y a des éléments du passé du monde de la fiction qui sont différents de notre histoire : ça n'en fait pas un futur uchronique.
C'est un peu plus compliqué que ça, mais je ne peux pas en révéler plus sans spoiler grave.
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:42 pm

Lensman a écrit :
Herbefol a écrit : Perso, j'ai du mal à cerner la différence entre les trois, j'ai un peu l'impression que tu coupes les cheveux en quatre.
On peut te citer?
Oncle Joe
tiens c'est vrai, je n'avais pas réagi à ça. Moi, couper les cheveux en quatre ?

Cela dit, relis bien, les 3 sont vraiment différents. le 1er modèle correspond plutôt à l'uchronie ancienne, le 2e et le 3 à l'uchronie SFisée.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:43 pm

Roland C. Wagner a écrit :
silramil a écrit :Ainsi, dans les Futurs Mystères de Paris, si je ne m'abuse, il y a des éléments du passé du monde de la fiction qui sont différents de notre histoire : ça n'en fait pas un futur uchronique.
C'est un peu plus compliqué que ça, mais je ne peux pas en révéler plus sans spoiler grave.
Oui, ce n'est pas un exemple facile à manier.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:44 pm

Sylvaner, au risque de spoiler un peu, est-ce que tu pourrais détailler un exemple de fantasy uchronique ?
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Message par Roland C. Wagner » dim. juil. 10, 2011 7:45 pm

silramil a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :
silramil a écrit :Ainsi, dans les Futurs Mystères de Paris, si je ne m'abuse, il y a des éléments du passé du monde de la fiction qui sont différents de notre histoire : ça n'en fait pas un futur uchronique.
C'est un peu plus compliqué que ça, mais je ne peux pas en révéler plus sans spoiler grave.
Oui, ce n'est pas un exemple facile à manier.
C'est surtout que le bouzin n'est pas terminé.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par Lensman » dim. juil. 10, 2011 7:45 pm

silramil a écrit :
Lensman a écrit :
Herbefol a écrit : Perso, j'ai du mal à cerner la différence entre les trois, j'ai un peu l'impression que tu coupes les cheveux en quatre.
On peut te citer?
Oncle Joe
tiens c'est vrai, je n'avais pas réagi à ça. Moi, couper les cheveux en quatre ?

Cela dit, relis bien, les 3 sont vraiment différents. le 1er modèle correspond plutôt à l'uchronie ancienne, le 2e et le 3 à l'uchronie SFisée.
C'est juste.

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Message par Sylvaner » dim. juil. 10, 2011 7:53 pm

Eh bien, La lune et le roi soleil, par exemple, se déroule dans le Versailles de Louis XIV... où le roi soleil reçoit en cadeau un couple de vraies sirènes, qu'il exhibe comme pièces maîtresses de son zoo... jusqu'à ce que le caractère intelligent et les pouvoirs surnaturels de ces créatures posent tant de problème qu'il finit par s'en débarrasser et faire disparaître toute trace, écrite ou orale, de leur existence... ce qui raccroche parfaitement a l'histoire officielle. (en admettant bien sûr - suspension temporaire de l'incrédulité) que des siréniens intelligents existent ou aient existé quelque part et n'aient jamais été retrouvés).

D'où l'idée d'uchronie rétrograde... il ne s'agit pas d'une histoire qui débute par un point de divergence donnant un futur ou un présent différent du nôtre, mais d'une histoire qui à partir d'un passé différent, aboutit à un point de convergence faisant que ce passé, finalement, pourrait bien être le nôtre.
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