Lucie a écrit :
Et ça signifie que tu vas présenter (et donc "défendre") une littérature de l'Imaginaire bien écrite selon tes critères (que je partage, mais là n'est pas la question) et Werber va présenter (et donc "défendre") une littérature de l'Imaginaire bien écrite selon ses critères à lui, que partagent quelques centaines de milliers de lecteurs.
Je ne crois pas, non. Benard Werber n'en a rien à foutre qu'un bouquin soit bien écrit : à l'entendre, ce serait même plutôt un obstacle.
Lucie a écrit :
Et moi, ça, ça me botte. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas UN Imaginaire dogmatique qui doit répondre à telles ou telles règles édictées par tel ou tel gourou.
C'est marrant que tu emploies ce terme. Enfin, passons.
Lucie a écrit :
Et parce qu'après avoir fait la tête parce que mon fils, lorsqu'il était gamin, ne jurait que par Werber et me parlait de points pour la vie après la mort (j'avais vraiment l'impression qu'il ne comprenait pas le sens du mot "fiction", mais c'est peut-être ça, être enfant après tout). Et qu'en un an, il a changé, et s'est mis à ne plus jurer que par Sepulveda et Jared Diamond, et que donc, j'en conclus que Werber n'était une si mauvaise lecture pour un pré-ado.
Ouais, enfin, encore heureux que commencer par Werber n'empêche pas de lire des trucs bien par la suite. Il ne manquerait plus que ça. Mais ton gamin aurait commencé par Jack Vance, ça aurait été bien aussi.
Cela dit, je te rejoins sur le fait que ce n'est pas très grave.
Lucie a écrit :
Les gens évoluent. Les auteurs, mais aussi les lecteurs. L'effet de groupe, de "public" cité comme s'il s'agissait d'une masse homogène et toujours semblable à elle-même, le fait oublier, mais les gens évoluent et leurs goûts changent.
Exact. Je le constate toutes les semaines en collège. Et je suis le premier à prôner ça : lisez, quitte à lire n'importe quoi pour commencer. Si vous vous accrochez un peu, vos goûts s'affineront.
Mais j'ai le sentiment qu'on parle de deux choses différentes ici.
Est-ce que c'est bien de lire Werber pour commencer ? Ce n'est ni bien ni mal. C'est bien de lire.
Doit-on souhaiter que Werber s'engage pour défendre la SF ? Pas vraiment, à mon sens. Car la SF que nous voudrions voir défendue est, a minima, une littérature intelligente et bien écrite.
Lucie a écrit :
Finalement, ce que tu dis relève du même "complexe" que ce que dit Werber : la non-reconnaissance par les médias généralistes. Mais par définitions, les médias généralistes ne sont pas spécialistes et quand un journaliste doit poser une question sur la SF à un écrivain de SF, il cherche qui il connaît comme écrivain de SF. Et c'est Werber. Pour aller chercher l'un des cinq que tu cites, il faut vraiment bien connaître la SF française actuelle. Et par définition, ça n'est pas la spécialité du média généraliste.
Non, moi je m'en fous que la SF soit reconnue ou pas. Je dis juste que si on veut qu'elle le soit, Werber n'est pas le bon ambassadeur. C'est un peu comme si tu disais : ah, le cinéma français n'est pas très reconnu aux Etats-Unis, envoyons Luc Besson.
Pour aller chercher l'un des cinq auteurs que je cite, il suffit de flâner cinq minutes sur le net. Ça s'appelle faire son boulot de journaliste. Il paraît que c'est un concept qui se perd.
Lucie a écrit :
Sans compter que si par hasard un journaliste souhaitait interroger l'un des cinq en question, son rédac-chef lui dirait un truc du genre "ça va pas se vendre, là, coco".
Bien d'accord avec toi.
Lucie a écrit :
Et non, rien c'est pas mieux. Pour toi, peut-être, mais pas pour les lecteurs.
Je crois que ça, ça se discute sans fin. Je ne donnais effectivement que
mon point de vue.