Lem, on Tem !Lem a écrit :Je crois qu'il en va de l'œuvre de Houellebecq comme de n'importe quelle œuvre littéraire : si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent et on a tendance à les trouver intéressantes. Si on est rebuté, il n'y a pas de raison particulière d'aller plus loin.
Il y a bien des idées de MH que je ne partage pas, bien des provocations que je trouve infantiles ou gratuites (peut-être intéressées, je ne sais pas) mais j'ai été terriblement ému par Les particules, j'ai beaucoup aimé Plateforme et une partie de La possibilité d'une île. Sur La carte et le territoire, je n'ai pas eu d'émotions très fortes mais le problème de l'art m'intéresse, j'ai lu le livre avec plaisir. D'une manière générale, j'apprécie sa prose et son humour et, sur un plan plus conceptuel, je trouve qu'il appuie (a appuyé) là où il fallait le faire. Dans l'ensemble, cependant, ma relation à son œuvre reste fondée sur l'émotion ; c'est mon point d'entrée pour tout le reste. Et je me fous totalement qu'il soit réac ou quoi que ce soit.
Houellebecq et van Vogt
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+1, si je puis dire.Lem a écrit :Je crois qu'il en va de l'œuvre de Houellebecq comme de n'importe quelle œuvre littéraire : si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent et on a tendance à les trouver intéressantes. Si on est rebuté, il n'y a pas de raison particulière d'aller plus loin.
Il y a bien des idées de MH que je ne partage pas, bien des provocations que je trouve infantiles ou gratuites (peut-être intéressées, je ne sais pas) mais j'ai été terriblement ému par Les particules, j'ai beaucoup aimé Plateforme et une partie de La possibilité d'une île. Sur La carte et le territoire, je n'ai pas eu d'émotions très fortes mais le problème de l'art m'intéresse, j'ai lu le livre avec plaisir. D'une manière générale, j'apprécie sa prose et son humour et, sur un plan plus conceptuel, je trouve qu'il appuie (a appuyé) là où il fallait le faire. Dans l'ensemble, cependant, ma relation à son œuvre reste fondée sur l'émotion ; c'est mon point d'entrée pour tout le reste. Et je me fous totalement qu'il soit réac ou quoi que ce soit.
Moi, le côté réac m'emmerde avant tout parce que Houellebecq se plaint en parallèle des attaques dont il est soi-disant l'objet. C'est toujours un peu le même problème : on provoque à dessein, et on feint de s'étonner des conséquences. Ensuite, on tente de se protéger, tout aussi maladroitement. Faut-il le rappeler ? La possibilité d'une île n'avait été envoyé en première instance qu'à quelques journalistes triés sur le volet. C'est quand même un procédé assez minable.
Sur la qualité littéraire, on pourrait débattre sans fin, ça ne mènerait pas bien loin. A noter : il y a eu, à l'étranger - Édimbourg, notamment - un ou des colloques universitaires consacrés à l'œuvre de l'auteur.
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Je plussoie largement.Lem a écrit :Je crois qu'il en va de l'œuvre de Houellebecq comme de n'importe quelle œuvre littéraire : si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent et on a tendance à les trouver intéressantes. Si on est rebuté, il n'y a pas de raison particulière d'aller plus loin.
Il y a bien des idées de MH que je ne partage pas, bien des provocations que je trouve infantiles ou gratuites (peut-être intéressées, je ne sais pas) mais j'ai été terriblement ému par Les particules, j'ai beaucoup aimé Plateforme et une partie de La possibilité d'une île. Sur La carte et le territoire, je n'ai pas eu d'émotions très fortes mais le problème de l'art m'intéresse, j'ai lu le livre avec plaisir. D'une manière générale, j'apprécie sa prose et son humour et, sur un plan plus conceptuel, je trouve qu'il appuie (a appuyé) là où il fallait le faire. Dans l'ensemble, cependant, ma relation à son œuvre reste fondée sur l'émotion ; c'est mon point d'entrée pour tout le reste. Et je me fous totalement qu'il soit réac ou quoi que ce soit.
C'est l'effet que j'ai ressenti dans l'essai sur Lovecraft, Extension du domaine de la lutte, Les Particules élémentaires et La Possibilité d'une île ; dans une moindre mesure sur Plateforme et Lanzarote (je mets à part Rester vivant et La Poursuite du bonheur). La prose de Houellebecq m'a profondément touché dans ces textes, me paraissant d'une justesse et d'une précision rares, son humour a (presque) toujours fait mouche, et ses idées, que je les partage ou pas, ont eu au moins le mérite de me faire réfléchir, et éventuellement de me remettre en question.
J'espère qu'il en ira de même avec La Carte et le territoire, mais j'avoue une crainte : qu'il ne se renouvelle pas assez. A mon sens, La Possibilité d'une île devait constituer une apogée, et il était temps de passer à autre chose ; je vais bien voir ce qu'il en est...
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
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Tout pareil.Nébal a écrit :J'espère qu'il en ira de même avec La Carte et le territoire, mais j'avoue une crainte : qu'il ne se renouvelle pas assez. A mon sens, La Possibilité d'une île devait constituer une apogée, et il était temps de passer à autre chose ; je vais bien voir ce qu'il en est...
Plateforme est le roman que j'aime le moins, parce que, précisément, il faisait du Houellebecq, ça tournait parfois un peu à vide, notamment avec toutes ces scènes de cul, souvent inutiles - m'avait-il semblé, du moins.
Sur La Carte, Fabrice a dit qu'il se répétait. Je ne suis pas d'accord. Il a exploré le dernier sujet qu'il avait mis sur la table. Un organigramme de lecture pourrait être :
– Extension + quelques articles du début des années 90 : analyse "simpliste" (schopenhauerienne) de l'actuelle situation de l'homme par liquidation d'un troupeau de vaches sacrées ; condamnation de cette situation. Solutions possibles : a. l'amour authentique. b. l'art et la vie d'artiste. c. création technique d'une nouvelle nature humaine.
– Plateforme : impossibilité de l'amour authentique.
– Les particules élémentaires + La possibilité d'une île : réussite de la sortie technique mais au prix d'une immense souffrance et d'un long interrègne d'attente (le narrateur de l'avenir dans La possibilité attend "les Futurs" ; il sait qu'il n'est qu'une transition entre l'ancienne et la nouvelle condition)
– La carte et le territoire : l'art et la vie d'artiste (éclairés par une brève histoire d'amour inéluctablement condamnée), sorte d'utopie morose mais réalisable.
En ce sens, l'œuvre entamée au début des années 90 est achevée (c'est peut-être la raison pour laquelle MH se tue lui-même dans La carte). Bon, c'est une lecture un peu forcée, mais je suis curieux de savoir ce que sera le prochain roman. A moins qu'il n'écrive plus que de la poésie, ce serait logique.
– Extension + quelques articles du début des années 90 : analyse "simpliste" (schopenhauerienne) de l'actuelle situation de l'homme par liquidation d'un troupeau de vaches sacrées ; condamnation de cette situation. Solutions possibles : a. l'amour authentique. b. l'art et la vie d'artiste. c. création technique d'une nouvelle nature humaine.
– Plateforme : impossibilité de l'amour authentique.
– Les particules élémentaires + La possibilité d'une île : réussite de la sortie technique mais au prix d'une immense souffrance et d'un long interrègne d'attente (le narrateur de l'avenir dans La possibilité attend "les Futurs" ; il sait qu'il n'est qu'une transition entre l'ancienne et la nouvelle condition)
– La carte et le territoire : l'art et la vie d'artiste (éclairés par une brève histoire d'amour inéluctablement condamnée), sorte d'utopie morose mais réalisable.
En ce sens, l'œuvre entamée au début des années 90 est achevée (c'est peut-être la raison pour laquelle MH se tue lui-même dans La carte). Bon, c'est une lecture un peu forcée, mais je suis curieux de savoir ce que sera le prochain roman. A moins qu'il n'écrive plus que de la poésie, ce serait logique.
Alors là, au secours.Lem a écrit :A moins qu'il n'écrive plus que de la poésie, ce serait logique.
Des perles du genre :
« Je ne jalouse pas ces pompeux imbéciles
Qui s’extasient devant le terrier d’un lapin
Car la nature est laide, ennuyeuse et hostile ;
Elle n’a aucun message à transmettre aux humains. »
Bienvenue en sixième.
Bah, il n'en fera rien de toute façon. Il le dit lui-même, il a toujours peur de ne plus avoir de fric.
C'est vrai qu'à côté de :fabrice a écrit :Alors là, au secours.Lem a écrit :A moins qu'il n'écrive plus que de la poésie, ce serait logique.
Des perles du genre :
« Je ne jalouse pas ces pompeux imbéciles
Qui s’extasient devant le terrier d’un lapin
Car la nature est laide, ennuyeuse et hostile ;
Elle n’a aucun message à transmettre aux humains. »
Bienvenue en sixième.
Bah, il n'en fera rien de toute façon. Il le dit lui-même, il a toujours peur de ne plus avoir de fric.
"La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles .
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers..."
ça fait tache !
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
Oui, j'avoue que - mon exécration habituelle des pouètes mise à part - la polésie de Houellebecq, c'est quand même du beau foutage de gueule...
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
Complément hypothétique à l'organigramme ci-dessus : La carte et le territoire pourrait être une sorte de retour métaphorique à Lovecraft. Après tout, la thèse défendue par Houellebecq dans Contre la vie, c'est que Lovecraft a vécu une vie d'artiste tout à fait digne, et d'une profonde honnêteté. C'est à dire qu'il a vécu la seule utopie immédiatement réalisable. Il a connu brièvement l'amour (condamné à l'échec, mais c'est la loi). Puis il s'est retiré d'un monde où il n'avait pas sa place el a produit son œuvre dans une certaine solitude, sans se soucier vraiment d'en tirer profit. C'est à peu près le schéma de La carte, qui comporte par ailleurs une petite touche d'horreur (non-lovecraftienne, encore que…) et s'achève sur des visions inhumaines. Ce serait une manière assez élégante de boucler le chantier ouvert dans Contre la vie.
C'est quoi ce jugement à l'emporte-pièce ?Nébal a écrit :Oui, j'avoue que la polésie de Houellebecq, c'est quand même du beau foutage de gueule...
D'un autre coté, je fais le même sur la prose dudit Houellebecq...
On retombe sur un de tes arguments du fil M : le choc esthétique. Et face à cet argument, je ne peux rien opposer, sinon le rebut.Lem a écrit :Je crois qu'il en va de l'œuvre de Houellebecq comme de n'importe quelle œuvre littéraire : si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent et on a tendance à les trouver intéressantes. Si on est rebuté, il n'y a pas de raison particulière d'aller plus loin.
Toutefois ce qui, sincèrement, m'interroge, c'est que je n'ai pas l'impression d'idées "nouvelles" sous-tendant l'œuvre de MH.
Un agencement particulier de ces idées, bien évidement.
Une mise en regard d'une analyse profonde de ses expériences personnelles, sans doute.
Une expression différente des conséquences ultimes, pourquoi pas.
Et je n'ai pas non plus la sensation d'un auteur qui essaye de happer le lecteur, de le faire adhérer au récit, de l'impliquer, de l'immerger. Peut-être pour ne pas lui faire partager la douleur de l'auteur ?
C'est sans doute la combinaison de ces deux éléments qui font que je ne ressens rien, pas de choc, à la lecture de MH. C'est trop clinique pour que l'esthétique m'apparaisse.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
Plus 42, sans problème.Lem a écrit :Je crois qu'il en va de l'œuvre de Houellebecq comme de n'importe quelle œuvre littéraire : si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent et on a tendance à les trouver intéressantes. Si on est rebuté, il n'y a pas de raison particulière d'aller plus loin.
Il y a bien des idées de MH que je ne partage pas, bien des provocations que je trouve infantiles ou gratuites (peut-être intéressées, je ne sais pas) mais j'ai été terriblement ému par Les particules, j'ai beaucoup aimé Plateforme et une partie de La possibilité d'une île. Sur La carte et le territoire, je n'ai pas eu d'émotions très fortes mais le problème de l'art m'intéresse, j'ai lu le livre avec plaisir. D'une manière générale, j'apprécie sa prose et son humour et, sur un plan plus conceptuel, je trouve qu'il appuie (a appuyé) là où il fallait le faire. Dans l'ensemble, cependant, ma relation à son œuvre reste fondée sur l'émotion ; c'est mon point d'entrée pour tout le reste. Et je me fous totalement qu'il soit réac ou quoi que ce soit.
Que ce ne soit pas pas mon cas ne m'empêche en rien, mais en rien, de comprendre que tu puisses en effet en être touché.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Putain, c'est déjà bien.MF a écrit :Toutefois ce qui, sincèrement, m'interroge, c'est que je n'ai pas l'impression d'idées "nouvelles" sous-tendant l'œuvre de MH.
Un agencement particulier de ces idées, bien évidement.
Une mise en regard d'une analyse profonde de ses expériences personnelles, sans doute.
Une expression différente des conséquences ultimes, pourquoi pas.
Je connais bien des gens qui, devant un texte de MH, ressentent la même chose que toi (rien) et qui l''expriment à peu près dans ces termes.Et je n'ai pas non plus la sensation d'un auteur qui essaye de happer le lecteur, de le faire adhérer au récit, de l'impliquer, de l'immerger. Peut-être pour ne pas lui faire partager la douleur de l'auteur ?
C'est sans doute la combinaison de ces deux éléments qui font que je ne ressens rien, pas de choc, à la lecture de MH. C'est trop clinique pour que l'esthétique m'apparaisse.
Moi, c'est le contraire, je ressens tout.
J'imagine qu'il y a là une ligne de partage mais je ne sais pas à quoi elle tient.
Je vais revenir un peu à mon obsession du sens des mots. Pourquoi appeler "utopie" un simple choix de vie personnel ? Dans la notion d'utopie, j'ai tout de même l'impression qu'il y a la notion de construction d'une société (qui se voudrait parfaite).Lem a écrit :Complément hypothétique à l'organigramme ci-dessus : La carte et le territoire pourrait être une sorte de retour métaphorique à Lovecraft. Après tout, la thèse défendue par Houellebecq dans Contre la vie, c'est que Lovecraft a vécu une vie d'artiste tout à fait digne, et d'une profonde honnêteté. C'est à dire qu'il a vécu la seule utopie immédiatement réalisable. Il a connu brièvement l'amour (condamné à l'échec, mais c'est la loi). Puis il s'est retiré d'un monde où il n'avait pas sa place el a produit son œuvre dans une certaine solitude, sans se soucier vraiment d'en tirer profit. C'est à peu près le schéma de La carte, qui comporte par ailleurs une petite touche d'horreur (non-lovecraftienne, encore que…) et s'achève sur des visions inhumaines. Ce serait une manière assez élégante de boucler le chantier ouvert dans Contre la vie.
Bon, s'il s'agit de dire que Houellebecq vante l'individualisme, ma foi, je comprends très bien, mais il est bien inutile d'imbiber cela de considérations de philosophes neurasthéniques.
Cela dit, rien à voir avec Lovecraft (ou plutôt rien à voir davantage avec Lovecraft qu'avec trente-six autres auteurs au choix, où il pourrait avoir envie de voir ce qu'il a envie de voir...), mais ça, tout le monde l'a compris...
Oncle Joe
http://www.youtube.com/watch?v=1jB8N6MKfTcMF a écrit :C'est quoi ce jugement à l'emporte-pièce ?Nébal a écrit :Oui, j'avoue que la polésie de Houellebecq, c'est quand même du beau foutage de gueule...
(J'apprécie tout particulièrement les passages de l'éponge et du panini-saumon.)
Cela dit, j'adore cet album.
Si.
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg