C'est ce qui me fait dire, contrairement à ce que je pensais d'abord (ma première réaction devant cet article, honnêtement, ça a été : "Encore ?", tant j'avais l'impression qu'elle avait déjà fait le tour de la question par le passé...), qu'effectivement, y'a encore du boulot...Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Le sexe de ta plume de Joëlle Wintrebert
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On en a parlé aussi pourtant. Mais je pense que ça tient surtout à l'image "masculine" accolée à la SF et aux genres adjacents. Puis peut-être que, du côté des lectrices, il y a juste moins de femmes qui le "revendiquent", car elles ont envie d'éviter les remarques stupides, comme ce commentateur sur mon blog qui s'étonnait du fait qu'une fille (moi donc) ait pu aimer "Wanted" (je n'ai pas encore compris ce qu'il pouvait y avoir d'étrange à aimer ce comic quand on est une fille...).Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Il me semble que ce qui est intéressant dans cet article, ce sont les éléments de réponse à la question "pourquoi si peu de femmes lectrices et auteurs de SF ?"
Peut-être qu'on ne connait pas la vraie proportion de lectrices de SF tout comme on ne connait pas la vraie proportion de lecteurs de romances (j'ai par exemple beaucoup d'étudiants lecteurs de "Twilight', mais peu le reconnaissent devant les autres).
Pour les auteurs, je n'ai pas d'idées par contre...
Sand a écrit :Y'a pas que l'Europe.Cachou a écrit :J'arrive tard dans la bataille mais j'ai des trucs à dire (comme toujours). Pour revenir deux secondes à quelque chose qui a été dit précédemment:
Oui, l'Europe essaie de développer ce genre de politique, on a même eu droit à des pubs, etc., incitant les filles à se tourner vers des études scientifiques.Jean-Claude Dunyach a écrit : - le rapport à la science. C'est la première chose à laquelle on pense. Les classes scientifiques, dans les grandes écoles ou à l'université, sont elles aussi déséquilibrées en terme de proportion homme/femme. Cela n'est pas non plus une question de capacité (les études tendraient même à prouver le contraire), mais peut-être de choix, ou plus probablement de contrainte sociétale. Ca en est au point où l'Europe essaie de développer des politiques d'incitation à aller vers les carrières scientifiques pour les femmes afin de lutter contre l'idée ambiante de "ingénieur/chercheur/scientifique, c'est un métier d'homme, ce n'est pas pour toi ma fille". Si on ne s'intéresse pas à la science, si on est rebuté ou paralysé par elle, si on garde des souvenirs atroces des cours de physique de ses seize ans, la SF n'est pas nécessairement un champ que l'on a envie de cultiver.
Mais quand on voit comment Centrale s'y prend pour attirer les filles, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose, en fait.
O_O
Et ils croient vraiment que ça va marcher?
Effectivement...Nébal a écrit :C'est ce qui me fait dire, contrairement à ce que je pensais d'abord (ma première réaction devant cet article, honnêtement, ça a été : "Encore ?", tant j'avais l'impression qu'elle avait déjà fait le tour de la question par le passé...), qu'effectivement, y'a encore du boulot...Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Modifié en dernier par Cachou le mer. déc. 08, 2010 5:14 pm, modifié 1 fois.
Parce que la SF c'est pour les ados décérébrés, et que les filles sont bien trop intelligentes pour se fourvoyer dans de telles débilités.Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Il me semble que ce qui est intéressant dans cet article, ce sont les éléments de réponse à la question "pourquoi si peu de femmes lectrices et auteurs de SF ?"
C'est évident, enfin !
Ou alors, selon la girl cooties theory of litterature, parce que les garçons, pionniers dans le genre, ont fait en sorte que surtout surtout, les filles n'entrent pas dans le Club (encore un héritage du XIXe sur le modèle des clubs de mecs interdits aux femmes ?)
http://www.sff.net/paradise/girlcooties.htm
Modifié en dernier par Sand le mer. déc. 08, 2010 5:17 pm, modifié 2 fois.
C'est curieux comme j'espère des auteurs sf qu'ils (ou elles) se débarassent des dits conditionnements. J'attends peut-être trop de cette littérature.Sand a écrit :parce que la SF est écrite par des gens du XXe siècle (depuis peu du XXIe) toujours conditionnés par l'attribution genrée des qualités/défauts humains ?
Oui, je dis 19ème juste pour cristalliser.Sand a écrit :(attribution qui remonte à bien avant le XIXe, il me semble, Hera au Foyer et Zeus baguenaudant, c'est pas des perdreaux de l'année).
Il me semble qu'il suffirait juste d'écrire de la SF.Sand a écrit :Faudrait écrire de la SF sans personnage.
Nébal a écrit :C'est ce qui me fait dire, contrairement à ce que je pensais d'abord (ma première réaction devant cet article, honnêtement, ça a été : "Encore ?", tant j'avais l'impression qu'elle avait déjà fait le tour de la question par le passé...), qu'effectivement, y'a encore du boulot...Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Il me semble qu'on disait que les femmes ne lisaient pas de SF, entre autres parce que celle-ci ne propose pas de personnages avec des valeurs féminines clichés.
On pourrait aussi discuter de savoir pourquoi si peu d'africains ne lisent pas de SF.
C'est bien parce que je ne sais pas répondre à la question, que je trouve le papier de Wintrebert intéressant :
puisDans sa dimension patriarcale, caricaturalement genrée, dogmatique, le culte de la science était une véritable machine de guerre contre les femmes, instrument de domination, de rapports de force, de compétition, lieu de tension et d’agressivité permanentes. Et il faut bien dire que, même sans loupe, quand on se penchait un peu sur l’histoire des femmes dans la SF, on s’apercevait vite qu’elle reflétait cette idéologie dominante.
enfinIl faut attendre les années 50, la guerre froide et l’angoisse de la bombe atomique pour que prenne fin le mythe de la science souriante et progressiste. De nouvelles préoccupations trouvent à s’exprimer dans les magazines qui se multiplient, Farmer casse le tabou du sexe interdit en publiant Les amants étrangers, on parle de pollution, de surpopulation, de racisme, et les femmes s’engouffrent dans la brèche d’une littérature enfin adulte et décomplexée. Les années 60 confirment la percée, en même temps que se produit cette véritable révolution : l’arrivée sur le marché du premier contraceptif oral. Désormais, les femmes pourront maîtriser leur fécondité. La légalisation de l’avortement dans les années 70, puis les lois empêchant la discrimination sexuelle sur le marché du travail, autant de progrès qui semblent signer la fin d’une oppression plurimillénaire.
Charnière 60-70… Le monde semble ouvert, en marche, généreux, fusionnel. Je découvre quelques réjouissances vitales, et avec le même appétit la science-fiction.
Ca peut se discuter, bien entendu, mais c'est intéressant, comme théorie.Manipulations génétiques, biotechnologies, à terme se profile l’image d’un biopouvoir aux accents nietzchéens qui ne masque pas son désir d’eugénisme. Il ne paraît pas très étonnant que ce retour à un scientisme triomphant ait de nouveau écarté les filles de la scène SF. Le culte du surhomme GM, elles peuvent ne pas trouver ça très sexy si elles n’ont pas un cerveau petit pois. Le mythe de l’immortalité qui s’associe évidemment avec celui du corps à jamais préservé (ou de l’absence de ce corps devenu inutile) est un peu plus glamour, mais il appartient aussi à la thématique fantastique, et se recycle aisément en fantasy.
Par ailleurs, les femmes qui écrivent sont aux premières loges pour constater la dégradation de leur statut et de leurs moyens d’existence. Là où elle pensaient avoir triomphé de l’inégalité des sexes, au début des années 80, c’est le choc en retour.
Peut-être.justi a écrit :
C'est curieux comme j'espère des auteurs sf qu'ils (ou elles) se débarassent des dits conditionnements. J'attends peut-être trop de cette littérature.
Je ne crois pas que les auteurs, de sf ou autre, soient "meilleurs" que les gens en général.
ah merdoum, nous voilà repartis pour 600 pages de définition !Il me semble qu'il suffirait juste d'écrire de la SF.
Il me semble à moi qu'il suffirait d'écrire. Des histoires. De la meilleure façon possible.
Qu'elles soient de SF m'intéresse plus parce que ce sont celles que je préfère, mais je ne leur présuppose pas de supériorité quelconque ^^
justi a écrit :Nébal a écrit :C'est ce qui me fait dire, contrairement à ce que je pensais d'abord (ma première réaction devant cet article, honnêtement, ça a été : "Encore ?", tant j'avais l'impression qu'elle avait déjà fait le tour de la question par le passé...), qu'effectivement, y'a encore du boulot...Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Il me semble qu'on disait que les femmes ne lisaient pas de SF, entre autres parce que celle-ci ne propose pas de personnages avec des valeurs féminines clichés.
.
j'ai pas lu les échanges comme ça, mais alors pas du tout.
(surtout que des personnages féminins clichés, je ne trouve pas que ce soit ce qui manque... )
Modifié en dernier par Sand le mer. déc. 08, 2010 5:24 pm, modifié 1 fois.
Itou sur les deux points.Sand a écrit :justi a écrit :Nébal a écrit :C'est ce qui me fait dire, contrairement à ce que je pensais d'abord (ma première réaction devant cet article, honnêtement, ça a été : "Encore ?", tant j'avais l'impression qu'elle avait déjà fait le tour de la question par le passé...), qu'effectivement, y'a encore du boulot...Salomé a écrit :Marrant qu'en 3 pages, vous ne réagissiez que sur ce que Vintrebert exclut dans son papier (à savoir écriture féminine vs écriture masculine)...
Il me semble qu'on disait que les femmes ne lisaient pas de SF, entre autres parce que celle-ci ne propose pas de personnages avec des valeurs féminines clichés.
.
j'ai pas lu les échanges comme ça, mais alors pas du tout.
(surtout que des personnages féminins clichés, je ne trouve pas que ce soit ce qui manque... )
'fin, j'espère que c'est pas ça le problème ; sinon, je vous le dis tout de suite, hein : je vais faire dans la misogynie décomplexée.
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
Effectivement, certains points sont intéressants, mais d'autres un peu exagérés de mon point de vue, notamment en ce qui concerne la SF actuelle. N'y a-t-il justement pas plus de lectrices de SF à notre époque? Je pense notamment aux nombreuses blogueuses que je connais, qui lisent quasi toutes de la SF (mais pas que)...Salomé a écrit :C'est bien parce que je ne sais pas répondre à la question, que je trouve le papier de Wintrebert intéressant :puisDans sa dimension patriarcale, caricaturalement genrée, dogmatique, le culte de la science était une véritable machine de guerre contre les femmes, instrument de domination, de rapports de force, de compétition, lieu de tension et d’agressivité permanentes. Et il faut bien dire que, même sans loupe, quand on se penchait un peu sur l’histoire des femmes dans la SF, on s’apercevait vite qu’elle reflétait cette idéologie dominante.enfinIl faut attendre les années 50, la guerre froide et l’angoisse de la bombe atomique pour que prenne fin le mythe de la science souriante et progressiste. De nouvelles préoccupations trouvent à s’exprimer dans les magazines qui se multiplient, Farmer casse le tabou du sexe interdit en publiant Les amants étrangers, on parle de pollution, de surpopulation, de racisme, et les femmes s’engouffrent dans la brèche d’une littérature enfin adulte et décomplexée. Les années 60 confirment la percée, en même temps que se produit cette véritable révolution : l’arrivée sur le marché du premier contraceptif oral. Désormais, les femmes pourront maîtriser leur fécondité. La légalisation de l’avortement dans les années 70, puis les lois empêchant la discrimination sexuelle sur le marché du travail, autant de progrès qui semblent signer la fin d’une oppression plurimillénaire.
Charnière 60-70… Le monde semble ouvert, en marche, généreux, fusionnel. Je découvre quelques réjouissances vitales, et avec le même appétit la science-fiction.Ca peut se discuter, bien entendu, mais c'est intéressant, comme théorie.Manipulations génétiques, biotechnologies, à terme se profile l’image d’un biopouvoir aux accents nietzchéens qui ne masque pas son désir d’eugénisme. Il ne paraît pas très étonnant que ce retour à un scientisme triomphant ait de nouveau écarté les filles de la scène SF. Le culte du surhomme GM, elles peuvent ne pas trouver ça très sexy si elles n’ont pas un cerveau petit pois. Le mythe de l’immortalité qui s’associe évidemment avec celui du corps à jamais préservé (ou de l’absence de ce corps devenu inutile) est un peu plus glamour, mais il appartient aussi à la thématique fantastique, et se recycle aisément en fantasy.
Par ailleurs, les femmes qui écrivent sont aux premières loges pour constater la dégradation de leur statut et de leurs moyens d’existence. Là où elle pensaient avoir triomphé de l’inégalité des sexes, au début des années 80, c’est le choc en retour.
Par contre, je plussoie énormément ça:
Le retour de manivelle étant d'autant plus dur qu'on est confronté d'un côté à ceux qui considèrent que l'égalité est belle et bien réelle (ah bon?) et de l'autre à ceux qui utilisent le qualificatif de "féministe" comme une insulte désignant des femmes agressives qui voudraient montrer leur supériorité par rapport à l'homme. Comme le disait si bien le documentaire "La domination masculine", on détruit les acquis féministes en détruisant l'image même du féminisme. De cette lutte égalitaire, on en a fait une soi-disant lutte de pouvoir qui n'existe que dans les dires des détracteurs...Là où elle pensaient avoir triomphé de l’inégalité des sexes, au début des années 80, c’est le choc en retour.
+ une culpabilisation énorme au niveau de la maternité.
Autant dans l'obligation d'y entrer, que dans l'interdiction de la foirer (et il faut allaiter sinon ton gosse sera malade, et attention l'allaitement c'est deux fois 10 minutes sinon c'est la fin du monde, et tout se joue avant deux ans - non, six ! - et si tu le punis tu vas le traumatiser, et si tu n'es pas ferme tu en fais un cas social, et si tu n'es pas disponible 24/24 t'es une mauvaise mère. Prends un temps partiel. Prends un congé parental. Ai une évolution salariale moindre et une retraite de merde.)
Autant dans l'obligation d'y entrer, que dans l'interdiction de la foirer (et il faut allaiter sinon ton gosse sera malade, et attention l'allaitement c'est deux fois 10 minutes sinon c'est la fin du monde, et tout se joue avant deux ans - non, six ! - et si tu le punis tu vas le traumatiser, et si tu n'es pas ferme tu en fais un cas social, et si tu n'es pas disponible 24/24 t'es une mauvaise mère. Prends un temps partiel. Prends un congé parental. Ai une évolution salariale moindre et une retraite de merde.)
Tout à fait. Quand j'ai le malheur de dire que je ne veux pas de gosse, je dois ensuite répondre à une longue série de questions parce que ça semble juste "impossible" (même une de mes amies (très) proches, qui connaît ma position sur la chose, m'a encore sorti récemment que certains problèmes de saute d'humeur que j'avais (que j'ai identifiés depuis) étaient certainement dus à "mon horloge biologique qui se réveillait"...). Sans compter le fait qu'apparemment, cette non-envie m'exclue du circuit amoureux (par exemple: j'ai appris que mes amis ne me présentaient pas d'hommes parce que je ne veux pas de gosses). C'est bête de râler pour ça, mais zut quoi.Sand a écrit :+ une culpabilisation énorme au niveau de la maternité.
Autant dans l'obligation d'y entrer, que dans l'interdiction de la foirer (et il faut allaiter sinon ton gosse sera malade, et attention l'allaitement c'est deux fois 10 minutes sinon c'est la fin du monde, et tout se joue avant deux ans - non, six ! - et si tu le punis tu vas le traumatiser, et si tu n'es pas ferme tu en fais un cas social, et si tu n'es pas disponible 24/24 t'es une mauvaise mère. Prends un temps partiel. Prends un congé parental. Ai une évolution salariale moindre et une retraite de merde.)
Et quand j'entends la manière dont les femmes qui ont des gosses doivent s'en sortir après, je me demande bien pourquoi les gens veulent absolument que j'ai envie d'en avoir...