Un article d'Eric Holstein

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dabYo
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Message par dabYo » mar. févr. 08, 2011 8:49 pm

Lhisbei a écrit :de faire avancer le débat sur la critique, l'exercice critique ? d'autant que Eric a un passé de critique et qu'il est maintenant auteur. il a l'expérience personnelle des deux "jobs" et sa vision est assez croquignolette
Oui, sur le côté "raconter une histoire", on est bien d'accord que c'est centré sur l'exercice de la critique. (Même si je suis pas d'accord avec son point de vue.)

Mais en quoi taper sur du skyblogueur fait il avancer le débat sur l'exercice de la critique, quand on est de toute façon d'accord qu'à la base les tribulations de Mme Michu n'en sont pas ? Toute cette partie est clairement accès sur ce qui devrait être montré et ce qui ne le devrait pas.

En tout cas c'est comme ça que je l'interprète. Mais encore une fois, je trouve qu'Eric parle de trop nombreux sujets sans s'expliquer pour que sa pensée puisse être clairement comprise.
Le problème, c'est que beaucoup de critiques publiées sur les sites spécialisés ne sont guère plus intéressantes que des smileys...
Mais ça je pense que ni Trolinator, ni Mme Michu ni sont pour quelque chose si ? :P
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Cibylline

Message par Cibylline » mar. févr. 08, 2011 8:58 pm

Lhisbei a écrit :
dabYo a écrit :
Mais si mon interprétation est fausse, faudra m'expliquer le but de son article. A part enfoncer des portes ouvertes, je vois pas. A moins qu'il y avait besoin d'écrire un article pour découvrir que des avis d'une ligne et 3 smileys n'étaient pas spécialement intéressant pour l'auteur ?

(ou que quelque soit le blog ça n'a aucun intérêt peut être, non franchement je vois pas)
de faire avancer le débat sur la critique, l'exercice critique ? d'autant que Eric a un passé de critique et qu'il est maintenant auteur. il a l'expérience personnelle des deux "jobs" et sa vision est assez croquignolette
Je ne crois pas que ce soit à proprement parler un article. C'est plutôt un billet d'humeur, du genre qu'on trouverait sur un blog...
D'où mon idée que les médias se fondent les uns aux autres : tu vas trouver des articles sur des forums, des billets d'humeur sur des revues, des posts très courts sur des blogs...
(Rien ne peut faire avancer le débat, la question même est juste une prise de tête. Et le lecteur qualifie de critique ce que bon lui semble en fonction de ses intérêts et recherches.)

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Lhisbei
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Message par Lhisbei » mar. févr. 08, 2011 9:17 pm

dracosolis a écrit :8) j'aurais dû mettre un smiley tu crois ? 8)

edit
ça me gonfle :D
tout de suite ça rend mieux :lol:
Cibylline a écrit : Je ne crois pas que ce soit à proprement parler un article. C'est plutôt un billet d'humeur, du genre qu'on trouverait sur un blog...
D'où mon idée que les médias se fondent les uns aux autres : tu vas trouver des articles sur des forums, des billets d'humeur sur des revues, des posts très courts sur des blogs...
(Rien ne peut faire avancer le débat, la question même est juste une prise de tête. Et le lecteur qualifie de critique ce que bon lui semble en fonction de ses intérêts et recherches.)
oh je crois que je suis d'accord avec toi :)
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Eric
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Message par Eric » mer. févr. 09, 2011 12:38 am

Mon propos n'est pas tant les blogs que la critique. Le format de la rubrique du Cafard et le ton employé ont certainement fait effet de loupe. Cela étant, si au passage mon petit texte peut amener quelques blogueurs à réfléchir au sens de leur démarche, ce n'est pas plus mal. Car, dabYo, lorsque tu écris :
Mes avis de lecture ne font certes pas 5 lignes de smileys "kikoolol", mais ne sont pas pour autant publiés sur les ActuSF et autres cafard cosmique, je me vois exclu de la seule catégorie acceptable. C'est dur.

D'autant que je n'ai pas l'impression d'écrire des chroniques à la légère, j'y passe du temps, et j'ai une éthique qui m'oblige à tenter d'analyser ce que je n'aime pas dans un livre, ou ce que j'y aime.
Tu aimerais peut-être ne faire que lancer une discussion entre copains, mais c'est bel et bien une critique que tu rédiges en étant conscient qu'elle va être lue, avec l'espoir qu'elle s'avèrera utile et avec le souci du lecteur. Rien d'autre n'a motivé les quelques 300 chroniques que j'ai écrites pour ActuSF (putain... 300...).

Et c'est bien la critique, comme l'ont remarqué Lhsibei et Transhu, qui au cœur de mon propos. J'ai pris, par commodité de style sans doute, le exemples des blogs parce que j'en avais quelques uns en tête, mais j'aurais aussi bien pu parler des fameux boutons "j'aime" de Facebook, du déluge de tweets plus ou moins suce-boules qui s'attachent à tel ou tel auteur infuent (il y en a en ce moment une très belle série sur les dernières parutions de Cory Doctorow). Ce que je déplore, c'est cette prédilection de l'emporte-pièce, qui entend sceller le destin d'un livre en quelques mots ou paragraphes jetés avec plus ou moins d'adresse (les razzies, puisqu'on en parlait, en est un assez bon exemple).

J'ai commencé à écrire ce billet d'humeur (puisque c'est effectivement de ça qu'il s'agit, avec toute la mauvaise foi que cela implique), suite à la lecture d'un énième débat sur ce forum à propos de l'utilité de la critique. J'ai eu envie de dissiper quelques malentendus sur cet exercice qui, évidemment est utile, mais qui plus est légitime. Légitime, à condition de ne pas se mentir. DabYo, pour quelqu'un qui ne se sent pas critique, tu fais appel – directement ou indirectement – à des notions qui n'en sont pourtant pas si éloignées : éthique, honnêteté intellectuelle...

Entre autres perles de sagesses, draco, qui aime bien le troll, dit qu'elle écrit pour les lecteurs et pas pour les critiques. C'est là un étrange pléonasme suppressif, car un critique n'est jamais rien d'autres qu'un lecteur (du moins est-ce la cas dans notre petit milieu, ailleurs, ça peut-être un métier...) qui a conscience de faire partager ses rencontres littéraires et qui tente de la faire avec le plus d'honnêteté possible.
De même, j'ai des doutes qu'un auteur puisse vraiment s'en ficher.
Non. Et je peux te garantir que tous les auteurs, à chaque livre d'eux qui sort, sont rivés au web pour savoir ce qu'on en dit. Tu peux en toute quiétude traiter celui qui t'affirme le contraire de sale menteur.

Cela étant, j'ai des souvenirs de certains papiers dont la formulation les disqualifie de toute pertinence. Je pense plus spécialement à un blog qui mentionnait mon premier roman. L'auteur du billet disait qu'il ne l'avait pas aimé parce qu'il l'avait trouvé vulgaire. Il faisait référence à l'emploi continuel de l'argot par mon personnage principal.

Qu'on aime, ou pas, mon roman, n'est pas la question. On peut avoir été gêné par ce parti-pris de langage et s'interroger sur son opportunité. On peut même trouver que j'ai raté mon coup et n'ait fait que du sous-Audiard. Aucun problème. Mais se contenter de dire, "je n'ai pas aimé ce livre parce qu'il est vulgaire" ce n'est ni un avis ni une critique. Ce n'est même pas le récit d'une rencontre ratée. C'est tout juste l'équivalent d'un "Bonjour M'ame Michu, 'fait pas chaud aujourd'hui..."

J'idéalise peut-être, mais j'ai tendance à penser que si on se donne la peine de faire partager son avis, autant le faire en essayant d'aller un peu plus au fond des choses.
Donc j'ai dû faire l'effort du copié/collé... et je coince sur un terme : fiction.
Merci d'avoir fait l'effort ; -)

Alors oui, le terme de "fiction" est volontairement provocateur. Pourtant, et là encore en forçant peut-être un peu le trait, les artifices d'écriture utilisés pour mettre en valeur un roman que l'on a aimé (les critiques les plus difficiles à écrire, et de très loin) ne sont pas éloignés que cela de ceux qu'utilise l'auteur. On réfléchit à la manière dont on distribue l'information, on cherche à atteindre un climax et on ordonne notre texte dans le seul but de lui donner le plus d'impact possible. On triche avec la réalité, on met en scène le lecteur, on présuppose des intentions et au final, on cherche à provoquer une identification. Auquel cas, c'est bel et bien une forme de fiction, même si ces artifices ne sont pas toujours visibles.

Je repense par exemple à la chronique que j'avais faite d'Outrage et Rébellion, de Catherine Dufour, où ses petites manœuvres destinées à maintenir l'intérêt du lecteur apparaissent avec plus d'évidence.

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Message par Lensman » mer. févr. 09, 2011 7:17 am

Eric a écrit :
Alors oui, le terme de "fiction" est volontairement provocateur. Pourtant, et là encore en forçant peut-être un peu le trait, les artifices d'écriture utilisés pour mettre en valeur un roman que l'on a aimé (les critiques les plus difficiles à écrire, et de très loin) ne sont pas éloignés que cela de ceux qu'utilise l'auteur. On réfléchit à la manière dont on distribue l'information, on cherche à atteindre un climax et on ordonne notre texte dans le seul but de lui donner le plus d'impact possible. On triche avec la réalité, on met en scène le lecteur, on présuppose des intentions et au final, on cherche à provoquer une identification. Auquel cas, c'est bel et bien une forme de fiction, même si ces artifices ne sont pas toujours visibles.
.
D'ailleurs, certaines critiques, par leur qualité, finissent par être considérées comme des oeuvres en elles-mêmes, que l'on recueille dans des anthologies. Elles concernent parfois des oeuvres qui ne sont plus lues, et que l'on ne connait plus que par ces critiques, troublant paradoxe...
Cela dit, pareil pour les "humeurs" ou pour les journaux 'intimes/extimes" de blogs ou autres... cela dépend surtoutde la plume de celui qui les nourrit.

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Message par Eons » mer. févr. 09, 2011 8:46 am

dabYo a écrit :Mais ça revient au même: définir ce qui doit et ne doit pas être publié.
Sauf que ce qui n'est pas (encore) publié est rarement critiqué, que ce soit sur un blog ou un forum.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

dabYo
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Message par dabYo » mer. févr. 09, 2011 9:59 am

Ah merci d'avoir répondu, même si au final tu ne réponds pas à La question. Avant de répondre en large et en travers, il me faut te poser une question puisque tu ne me donnes pas assez d'éléments pour cibler ta pensée:
Cela étant, j'ai des souvenirs de certains papiers dont la formulation les disqualifie de toute pertinence. Je pense plus spécialement à un blog qui mentionnait mon premier roman. L'auteur du billet disait qu'il ne l'avait pas aimé parce qu'il l'avait trouvé vulgaire. Il faisait référence à l'emploi continuel de l'argot par mon personnage principal.

Qu'on aime, ou pas, mon roman, n'est pas la question. On peut avoir été gêné par ce parti-pris de langage et s'interroger sur son opportunité. On peut même trouver que j'ai raté mon coup et n'ait fait que du sous-Audiard. Aucun problème. Mais se contenter de dire, "je n'ai pas aimé ce livre parce qu'il est vulgaire" ce n'est ni un avis ni une critique. Ce n'est même pas le récit d'une rencontre ratée. C'est tout juste l'équivalent d'un "Bonjour M'ame Michu, 'fait pas chaud aujourd'hui..."
C'est embêtant que tu prenne cet exemple. Soit tu cible pertinemment notre chronique de ton roman, auquel cas je t'invite à la relire puisque tu fais des raccourcis (ce qui serait embêtant vu tes reproches). Soit c'est une pure coïncidence et je n'ai rien à y dire, puisque n'ayant pas lu la dite chronique, je ne peux pas juger sur ce que tu en dis. Et je t'invite à donner le lien, c'est toujours mieux de savoir de quoi on parle :)

(et sinon oui la catégorie s'appelle "critique", mais on était jeune et con à l'époque ! Enfin plus que maintenant)
Eons a écrit :
dabYo a écrit :Mais ça revient au même: définir ce qui doit et ne doit pas être publié.
Sauf que ce qui n'est pas (encore) publié est rarement critiqué, que ce soit sur un blog ou un forum.
Je parlais des avis qui devaient ou non être publiés, non pas des livres, désolé si j'ai pas été très compréhensible.
Je ne crois pas que ce soit à proprement parler un article. C'est plutôt un billet d'humeur, du genre qu'on trouverait sur un blog...
Oui j'étais d'accord là dessus, mais ne sachant si c'était le terme exact, j'ai préféré parler de "article" comme précisé sur le site.
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Erion
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Message par Erion » mer. févr. 09, 2011 10:41 am

Eric a écrit : Entre autres perles de sagesses, draco, qui aime bien le troll, dit qu'elle écrit pour les lecteurs et pas pour les critiques. C'est là un étrange pléonasme suppressif, car un critique n'est jamais rien d'autres qu'un lecteur (du moins est-ce la cas dans notre petit milieu, ailleurs, ça peut-être un métier...) qui a conscience de faire partager ses rencontres littéraires et qui tente de la faire avec le plus d'honnêteté possible.
Hm. "rien d'autre qu'un lecteur", ben non. Un critique n'est pas "rien d'autre qu'un lecteur" parce que si c'était le cas, on se foutrait un peu de son avis. On peut dire que c'est un "lecteur conscient", dans la mesure où il est capable de prendre du recul sur sa propre expérience de lecture. Ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Une bonne partie de la difficulté de la critique est là. Et ce processus n'est pas forcément le même que l'acte d'écrire. Certains auteurs sont "conscients" d'autres pas.
C'est un peu même la raison pour laquelle les auteurs sont accrochés aux critiques, juste histoire de savoir ce qu'ils ont fait, ce qui a été perçu et parfois, quand le critique est de bon niveau, découvrir des choses qui ouvrent des perspectives.
De même, j'ai des doutes qu'un auteur puisse vraiment s'en ficher.
Qu'on aime, ou pas, mon roman, n'est pas la question. On peut avoir été gêné par ce parti-pris de langage et s'interroger sur son opportunité. On peut même trouver que j'ai raté mon coup et n'ait fait que du sous-Audiard. Aucun problème. Mais se contenter de dire, "je n'ai pas aimé ce livre parce qu'il est vulgaire" ce n'est ni un avis ni une critique. Ce n'est même pas le récit d'une rencontre ratée. C'est tout juste l'équivalent d'un "Bonjour M'ame Michu, 'fait pas chaud aujourd'hui..."

J'idéalise peut-être, mais j'ai tendance à penser que si on se donne la peine de faire partager son avis, autant le faire en essayant d'aller un peu plus au fond des choses.
Là, je ne comprends toujours pas. Si une telle critique était sur un site comme ActuSF, alors je comprends qu'on râle. Parce que le site agglomère et présente une vue générale de la production et qu'en terme googliens, il est une référence, au même titre que noosfère. Une chronique baclée, c'est une chronique qui va se retrouver dans les premières réponses sur une recherche google. Alors oui, ça énerve.
Mais un blog c'est principalement une audience. Il ne faudrait pas surestimer le pouvoir d'une critique simpliste sur un blog. Tout le monde n'est pas critique, mais tout le monde peut dire ce qu'il a aimé ou pas d'un livre, même si c'est injuste. C'est des propos de comptoirs de zinc.
Alors oui, certains blogs développent des critiques très construites, d'autres pas. C'est le principe du blog. SI les gens sont intelligents, ils vont choisir, sélectionner, trier dans tous les sites qui donnent des avis de lecture. Certains blogs vont gagner en audience, d'autres non.
Je ne crois pas que les utilisateurs d'internet qui désirent des avis sur des livres mettent sur le même plan des critiques construites et des "c trop bien, lol". Une forme de sélection naturelle se fait.
Et même les "c trop bien lol" ont leur vertu, parce qu'en général, ce sont des blogs lus par de petits groupes, c'est l'équivalent du bouche à oreilles. Alors le bouche à oreilles peut se faire pour de bonnes ou de mauvaises raisons, mais l'auteur s'en fout un peu.

(Et la critique la plus bête sur mon premier roman, n'émanait pas d'un blog kikoolol, mais d'un "critique construit". Donc bon, je ne fais pas tant que ça la différence.)
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Eric
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Message par Eric » mer. févr. 09, 2011 10:50 am

Je n'étais pas allé vérifier si c'était ton papier que je citais, mais non.. ce n'est pas le tien, rassures-toi. L'exemple, d'ailleurs, n'était qu'incident. C'était simplement moins problématique de citer une chronique me mettant en cause que celle de quelqu'un d'autre.

Toutefois, je me souviens de ta chronique et surtout du principe de lectures croisées de ton blog. Désolé de te le dire, ça va peut-être te faire un choc, mais c'est bel et bien un travail critique - et une démarche assez intéressante, qui plus est. Et ne te sens pas embarrassé parce que tu n'as pas aimé mon bouquin, ton avis était pertinent et argumenté.

Speaking of which...

Mon intention avec mon article n'est aucunement de fixer des règles. Je n'ai d'ailleurs pas l'impression d'en avoir évoqué une seule. En fait, pour le dire brutalement mais de manière indiscutablement compréhensible, le fond de mon propos est : "Si on n'a rien à dire, autant fermer sa gueule." Mais ça n'est que mon ressenti, mon mauvais caractère et ma mauvaise foi.

En revanche, un aspect que je découvre en lisant vos réactions, c'est une certaine réticence à assumer votre approche critique. Comme si c'était honteux ou si le fait de se dire critique allait en quelque manière que ce soit diminuer votre liberté de parole. C'est étrange.

J'aurais tendance à penser que c'est l'inverse. Pour mon cas personnel, l'exercice de la critique a été une expérience extrêmement formatrice. J'ai appris à cerner mes besoins et mes attentes de lecteurs, ma vision d'une histoire et d'un propos ; et sans ces dix années à jouer les critiques je n'aurais sans doute jamais tenté l'aventure de la fiction.

Au fond, ce que j'appelle de mes vœux c'est une élévation constante du niveau de lecture. Et le contenu des critiques en reste un bon baromètre. C'est ça qui permet aux genres de se maintenir et de se développer.

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Message par dabYo » mer. févr. 09, 2011 10:51 am

Erion a écrit :Là, je ne comprends toujours pas. Si une telle critique était sur un site comme ActuSF, alors je comprends qu'on râle. Parce que le site agglomère et présente une vue générale de la production et qu'en terme googliens, il est une référence, au même titre que noosfère. Une chronique baclée, c'est une chronique qui va se retrouver dans les premières réponses sur une recherche google. Alors oui, ça énerve.
C'était peut être le cas il y a deux / trois ans, mais aujourd'hui les pointures ActuSF et autres Noosfère sont tellement à la ramasse côté technique que ce sont bien les blogs les premiers résultats de google la plupart du temps. Un petit exemple.
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Message par Lensman » mer. févr. 09, 2011 10:59 am

dabYo a écrit :
Erion a écrit :Là, je ne comprends toujours pas. Si une telle critique était sur un site comme ActuSF, alors je comprends qu'on râle. Parce que le site agglomère et présente une vue générale de la production et qu'en terme googliens, il est une référence, au même titre que noosfère. Une chronique baclée, c'est une chronique qui va se retrouver dans les premières réponses sur une recherche google. Alors oui, ça énerve.
C'était peut être le cas il y a deux / trois ans, mais aujourd'hui les pointures ActuSF et autres Noosfère sont tellement à la ramasse côté technique que ce sont bien les blogs les premiers résultats de google la plupart du temps. Un petit exemple.
Je viens de lire le texte, et ça ressemble furieusement à ce que j'appellerais de la critique... ce n'est pas censé être une critique ? (j'avoue être un peu perdu...)
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Message par Eric » mer. févr. 09, 2011 11:17 am

Erion a écrit : Hm. "rien d'autre qu'un lecteur", ben non. Un critique n'est pas "rien d'autre qu'un lecteur" parce que si c'était le cas, on se foutrait un peu de son avis. On peut dire que c'est un "lecteur conscient", dans la mesure où il est capable de prendre du recul sur sa propre expérience de lecture. Ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Une bonne partie de la difficulté de la critique est là. Et ce processus n'est pas forcément le même que l'acte d'écrire. Certains auteurs sont "conscients" d'autres pas.
C'est un peu même la raison pour laquelle les auteurs sont accrochés aux critiques, juste histoire de savoir ce qu'ils ont fait, ce qui a été perçu et parfois, quand le critique est de bon niveau, découvrir des choses qui ouvrent des perspectives.
Ca n'arrive pas tous les jours, mais on est d'accord. J'admets avoir un peu schématisé ; )


Erion a écrit : Là, je ne comprends toujours pas. Si une telle critique était sur un site comme ActuSF, alors je comprends qu'on râle. Parce que le site agglomère et présente une vue générale de la production et qu'en terme googliens, il est une référence, au même titre que noosfère. Une chronique baclée, c'est une chronique qui va se retrouver dans les premières réponses sur une recherche google. Alors oui, ça énerve.
Mais un blog c'est principalement une audience. Il ne faudrait pas surestimer le pouvoir d'une critique simpliste sur un blog. Tout le monde n'est pas critique, mais tout le monde peut dire ce qu'il a aimé ou pas d'un livre, même si c'est injuste. C'est des propos de comptoirs de zinc.
Alors oui, certains blogs développent des critiques très construites, d'autres pas. C'est le principe du blog. SI les gens sont intelligents, ils vont choisir, sélectionner, trier dans tous les sites qui donnent des avis de lecture. Certains blogs vont gagner en audience, d'autres non.
Je ne crois pas que les utilisateurs d'internet qui désirent des avis sur des livres mettent sur le même plan des critiques construites et des "c trop bien, lol". Une forme de sélection naturelle se fait.
Et même les "c trop bien lol" ont leur vertu, parce qu'en général, ce sont des blogs lus par de petits groupes, c'est l'équivalent du bouche à oreilles. Alors le bouche à oreilles peut se faire pour de bonnes ou de mauvaises raisons, mais l'auteur s'en fout un peu.

(Et la critique la plus bête sur mon premier roman, n'émanait pas d'un blog kikoolol, mais d'un "critique construit". Donc bon, je ne fais pas tant que ça la différence.)
Il est aussi possible que ça vienne de moi. Après tout c'est un billet d'humeur et j'assume une certaine mauvaise foi et beaucoup de subjectivité. Mais j'ai toujours du mal à comprendre pourquoi se donner le mal d'alimenter un blog qui est sensé être support de sens pour, justement, ne pas en mettre. Du sens. Une conversation de zinc, ça reste au zinc avec le café calva. Ca ne reste pas gravé de silicium.
Modifié en dernier par Eric le mer. févr. 09, 2011 11:50 am, modifié 1 fois.

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Message par MF » mer. févr. 09, 2011 11:20 am

Eric a écrit :Entre autres perles de sagesses, draco, qui aime bien le troll, dit qu'elle écrit pour les lecteurs et pas pour les critiques. C'est là un étrange pléonasme suppressif, car un critique n'est jamais rien d'autres qu'un lecteur (du moins est-ce la cas dans notre petit milieu, ailleurs, ça peut-être un métier...) qui a conscience de faire partager ses rencontres littéraires et qui tente de la faire avec le plus d'honnêteté possible.
Ah ! la rencontre littéraire...
Ben moi, j'ai tendance à nommer le résultat de cette rencontre une chronique de lecture et pas une critique. Mais c'est juste parce que je suis un vieux con pétri d'habitudes.

Je vais donner un exemple, celui tiré du blog de If Is Dead à propos de Petits arrangements avec l’éternité de Eric Holstein.
Au final, un livre qui se lit, sans trop d’énormes défauts, mais pas suffisant pour me captiver et m’intéresser. Encore un livre dont je ne garderai pas grand souvenir, au potentiel inexploité et noyé sous l’action répétitive et les ficelles parfois énormes ou mal amenées.
C'est bien d'une rencontre littéraire entre un livre et un lecteur qu'il s'agit (me captiver ; m’intéresser ; je ne garderai pas grand souvenir).
Qu'est-ce que ça peut dire aux autres lecteurs ?

Parce qu'il me semble que c'est quand même ça la différence essentielle entre une chronique et une critique : une critique s'adresse à l'ensemble des lecteurs.
Elle doit permettre à un lecteur, même si il ne partage pas les goûts du critique (ou, dans le meilleur des cas, si il ne le connait pas du tout) de s'y retrouver.
Et un critique doit être capable de produire des éléments d'appréciation du texte même (surtout) si il n'y a pas eu de "rencontre littéraire".
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Erion
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Message par Erion » mer. févr. 09, 2011 11:33 am

Eric a écrit : Il est aussi possible que ça vienne de moi. Après tout c'est un billet d'humeur et j'assume une certaine mauvaise foi et beaucoup de subjectivité. Mais j'ai toujours du mal à comprendre pourquoi se donner le mal d'alimenter un blog qui est sensé être support de sens pour, justement, ne pas en mettre. Du sens. Une conversation de zinc, ça reste au zinc avec le café calva. Ca ne reste pas gravé de silicium.
Parce que c'est possible. Tout simplement. Le Net est vaste, c'est un bac à sable, et personne ne viendra vous empêcher de dire quoi que ce soit. La liberté, c'est aussi le droit de dire des choses insignifiantes.
Ca participe du fait qu'il n'y a pas d'un côté "ceux qui savent" et "les ignorants qui doivent se taire".
Encore une fois, je ne suis pas certain que tous les possesseurs de blogs veulent faire sens, veulent avoir un impact. Ils partagent, ils émettent, sans se soucier de la réception. Beaucoup de bloggeurs que je connais sont très surpris des réactions sur leurs blogs (j'en connais même une qui est toute surprise qu'on LISE son blog et qu'on y trouve de l'intérêt). C'est pour ça que je parlais de journal intime public. Si on se censure dans un journal intime, y'a comme un problème.

Ce qui est fascinant, à mes yeux, dans le phénomène du blog, c'est qu'il fait bouger la frontière entre le public et l'intime. Nous, lecteurs de blogs, nous avons accès à de l'intime, donc à de l'inconstruit, du non-pensé. C'est ce qui en fait la dynamique, cette inconscience.
Evidemment, de l'extérieur, on peut être ébahi ou atterré par le niveau des blogs, se demander leur utilité, mais ca répond à un besoin d'expression libre, sans autorité. Il faut accepter que cette liberté ne soit pas utilisée au mieux.

Le prix Imaginales est constitué d'un Livre d'Or, donc chaque page est une création d'un des lycéens membres du jury. Alors parfois ce sont des collages, ou des dessins, ou trois mots, rien d'élaboré, rien qui soit une critique construite, mais c'est, pour un auteur, le prix le plus émouvant qui soit. Je garde le mien très précieusement, beaucoup plus que les critiques dans Le Monde, le JDD ou Libération.
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dabYo
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Message par dabYo » mer. févr. 09, 2011 11:36 am

Eric a écrit :Je n'étais pas allé vérifier si c'était ton papier que je citais, mais non.. ce n'est pas le tien, rassures-toi. L'exemple, d'ailleurs, n'était qu'incident. C'était simplement moins problématique de citer une chronique me mettant en cause que celle de quelqu'un d'autre.
J'aurai dit l'inverse, on peut toujours être accusé d'avoir mal digéré la critique (de la chronique) dans un cas de critique négative sur son propre travail ;)

Je précise aussi que ce n'était pas ma chronique mais celle de Serafina, je n'ai pas eu l'occasion de lire ton livre à ce jour, tu me pardonneras ;p
Toutefois, je me souviens de ta chronique et surtout du principe de lectures croisées de ton blog. Désolé de te le dire, ça va peut-être te faire un choc, mais c'est bel et bien un travail critique - et une démarche assez intéressante, qui plus est. Et ne te sens pas embarrassé parce que tu n'as pas aimé mon bouquin, ton avis était pertinent et argumenté.
Il faut que j'arrête de jouer le benêt, non, ça ne me choque pas. Enfin, je veux dire que je peux le comprendre, puisque comme je l'ai dit, pour nos chroniques nous avons des valeurs (décortication de nos émotions lors de la lecture, etc)

Ce sur quoi j'insiste simplement, c'est que je ne revendique pas le mot de critique. Que tu ne considère pas nos critiques/chroniques comme des critiques ne me gène pas. Mais alors pas du tout. Ce qui me gène, c'est que tu ne fasses aucune différence entre ActuSF et le Skyblog, tout simplement ;) (enfin, dans ton texte, vu que visiblement ici tu es plus nuancé)

Sur notre blog, notre démarche n'est pas de dire "hey ici on fait des Critiques", c'est plutôt "ici on partage nos lectures de façon à ce que vous puissiez vous faire une idée de notre opinion sur ce livre en considérant nos goûts". Et c'est là où tout change !

Un simple exemple, nous sommes 5/6 rédacteurs, dont 2 fondateurs (dont nos lecteurs habituels connaissent les goûts). Lorsqu'une chronique est rédigée par un autre rédacteurs, nous insistons sur cette différence. Ils sont différents des notres.

Nous ne faisons pas de critique parce que notre subjectivité est pleinement assumée. Par contre, on connaît l'éthique, l'objectivité (par rapport à nos goûts), etc. Mais ça n'emmène pas forcement à la Critique.

Et nous ne sommes pas les seuls. Les blogs du genre ne manquent pas, Vampirisme, Lelf, Fant'Asie, etc. Et je trouve dommage de les jeter dans la catégorie skyblog.

Pour moi, une critique se voudrait à priori complètement objective. Or, ce n'est pas ce que l'on recherche. Donc par conséquent, on ne se considèrera pas critique.
En revanche, un aspect que je découvre en lisant vos réactions, c'est une certaine réticence à assumer votre approche critique. Comme si c'était honteux ou si le fait de se dire critique allait en quelque manière que ce soit diminuer votre liberté de parole. C'est étrange.
Pour moi, en tout cas, et je parle seulement en mon nom, ce n'est pas seulement une réticence à assumer l'approche critique, c'est plutôt une volonté de ne pas le revendiquer. Quand j'écris sur notre blog, ce n'est pas pour être Critique. Je n'ai pas de culture littéraire (je ne lis qu'activement depuis 3 ans), je suis mauvais en orthographe, et j'y connais rien en style littéraire. Ça a même tendance à me perdre. Alors m'auto proclamer critique ? Non merci, je suis bien trop honnête avec moi même pour une telle supercherie. Moi je ne veux que donner mon avis, d'une façon construite certes, mais un avis quand même. C'est tout.

Et j'estime que cette démarche a largement sa place, d'où mon intervention ;)

Lensman a écrit :Je viens de lire le texte, et ça ressemble furieusement à ce que j'appellerais de la critique... ce n'est pas censé être une critique ? (j'avoue être un peu perdu...)
Non, ce n'est pas censé être une critique. Mais ça peut l'être si tu le souhaite :D



Pour le reste, je suis globalement de l'avis d'Erion.
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