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Avis aux éditeurs ....

Posté : lun. févr. 28, 2011 2:18 pm
par montag
Article paru dans le Républicain Lorrain
:D
L’octogénaire et l’être venu d’ailleurs

Pour ses 80 ans, Simone Bircker, de Willerwald, s’est vu offrir la publication du premier tome de la quête de Zoltan, un roman de science-fiction.

J’ écris les lettres à Léo, j’en suis à la page 1 864 », confie Simone Bircker, âgée de 80 ans. Son mari Léo est décédé il y a huit ans. « Quand vous perdez quelqu’un de cher, c’est une excellente thérapie de lui écrire, parce qu’il continue à vivre un peu avec vous. » Simone raconte son quotidien à l’artiste-peintre qui a partagé sa vie, à Sarralbe puis dans leur petit chalet de Willerwald. L’homme de chair et d’os, le père de ses enfants.

Car il y en a eu un autre, fictif celui-là : Zoltan, présent « depuis toujours » dans les milliers de pages des manuscrits qu’elle noircissait, surtout la nuit, quand elle ne pouvait pas dormir. « Vous savez, j’écris comme on rêve… »

Un être de lumière

« C’est de la science-fiction carrément ! », pose la vieille dame en souriant. Rien ne le laisse deviner sur la couverture du roman qu’elle vient de signer, mais « il y a même un être d’une autre galaxie », qui quitte la Terre après avoir instruit le héros… D’ailleurs, quand Simone a vu les premières séries fantastiques à la télé, elle s’est sentie lésée : « Je l’avais fait avant ! »

Pour son anniversaire, ses trois enfants Luc, Armelle et Serge lui ont offert la publication du premier tome des aventures du « prince Zoltan » et de ses descendants : L’envol de l’aigle. Cent exemplaires ont été tirés à compte d’auteur. L’octogénaire en a encore cinq tomes en stock, écrits à peu près dans les années quatre-vingt – elle ne sait plus très bien. Sans compter tous les cahiers qu’elle a brûlés parce qu’elle « ne savai [t] pas quoi en faire », et que son « chalet n’est pas si grand ».

C’est Léo qui l’a encouragée à révéler la quête de Zoltan. Simone, née Pierrard, a toujours lu et écrit, autant qu’elle s’en souvienne. « Je n’ai pas beaucoup d’études, mais j’ai beaucoup de lectures ! », glisse avec malice celle qui est cinq fois arrière-grand-mère. Sa fille Armelle, 55 ans, a gardé l’image d’une mère qui fermait ses cahiers quand elle rentrait de l’école. « C’est elle qui nous écrivait toutes nos rédactions », se souvient son fils Luc, 59 ans. Mais l’écrivain n’avait jamais fait lire ses textes à personne. Jusqu’à la maladie de Léo.

« Il a subi une opération très grave, et il avait du mal à rassembler ses esprits. Je lui lisais presque toutes les nuits, ça l’a aidé , se souvient Simone, les yeux mouillés de tendresse. Et il m’a dit que c’était beau… » Alors, il y a trois ans, elle s’est acheté un ordinateur, et a commencé à taper et corriger ses textes. Elle les imprime et les fait passer à ses descendants. Depuis, les personnages font un peu partie de la famille. Armelle en discute comme s’ils existaient, évoque « les yeux sombres aux reflets changeants » de ces extraterrestres, note que sa mère leur accorde toujours « des torses puissants ». « Puisqu’on les invente, autant les faire beaux ! », revendique la vieille dame, un brin gênée.

Attention, on ne trouvera « pas de vilains hommes verts, mais un être de lumière », prévient l’auteure. Et ce n’est « pas de l’eau de rose » non plus. « Il y a même des scènes érotiques », la taquine Luc. « Ils s’aiment, tout simplement », rougit Simone, rappelant à son fils qu’elle a tout de même 80 ans.

Estelle FERNANDES.

L’envol de l’aigle
de Simone Bircker, 14 €.
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