Lehman critique de Dome de S. King
Posté : mar. mars 08, 2011 4:24 pm
"Dôme", de Stephen King : un enfer américain
LE MONDE DES LIVRES
(...)
L'engagement à gauche de King étant notoire, on reconnaît vite, sous la trajectoire de Big Jim Rennie et de son gang, les grandes étapes de la marche nazie vers le pouvoir ; Chester's Mill connaît ainsi, tour à tour, son incendie du Reichstag, sa "nuit de cristal", sa "nuit des longs-couteaux", etc. Jusqu'au bunker hitlérien terminal. Le dôme est un instrument d'optique narrative qui transforme la petite ville en microcosme et que King utilise pour faire apparaître la haine et le désir de revanche de l'Amérique ultraconservatrice, ultrareligieuse, traumatisée par la victoire d'Obama - l'Amérique du Tea Party.
(...)
Malheureusement, cette distribution des rôles est si manichéenne qu'elle ôte toute valeur à la démonstration. On suit l'histoire comme elle se donne - une empoignade de saints et de monstres de série B -, sans jamais s'inquiéter de sa coïncidence avec le réel. C'est préférable car, une fois délesté de ses pesanteurs politiques, le roman se révèle pour ce qu'il est : un excellent divertissement dont le tempo semble calqué sur celui des séries télé américaines de la dernière génération, une apocalypse sous globe traversée par des dizaines de personnages et de grands prodiges.
King n'a jamais hésité à reconnaître que, dans la plupart de ses oeuvres, il se souvenait d'un genre ou d'un format éditorial. De ce point de vue, Dôme apparaît comme un hommage colossal à la série télévisée "La quatrième dimension", rendu par un conteur amoureux de ses sources et de son art.
DÔME (UNDER THE DOME) de Stephen King. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par William Olivier Desmond. Albin Michel, tome 1 : 630 p., 22 € ; tome 2 : 566 p., 22 €.
Serge Lehman
LE MONDE DES LIVRES
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L'engagement à gauche de King étant notoire, on reconnaît vite, sous la trajectoire de Big Jim Rennie et de son gang, les grandes étapes de la marche nazie vers le pouvoir ; Chester's Mill connaît ainsi, tour à tour, son incendie du Reichstag, sa "nuit de cristal", sa "nuit des longs-couteaux", etc. Jusqu'au bunker hitlérien terminal. Le dôme est un instrument d'optique narrative qui transforme la petite ville en microcosme et que King utilise pour faire apparaître la haine et le désir de revanche de l'Amérique ultraconservatrice, ultrareligieuse, traumatisée par la victoire d'Obama - l'Amérique du Tea Party.
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Malheureusement, cette distribution des rôles est si manichéenne qu'elle ôte toute valeur à la démonstration. On suit l'histoire comme elle se donne - une empoignade de saints et de monstres de série B -, sans jamais s'inquiéter de sa coïncidence avec le réel. C'est préférable car, une fois délesté de ses pesanteurs politiques, le roman se révèle pour ce qu'il est : un excellent divertissement dont le tempo semble calqué sur celui des séries télé américaines de la dernière génération, une apocalypse sous globe traversée par des dizaines de personnages et de grands prodiges.
King n'a jamais hésité à reconnaître que, dans la plupart de ses oeuvres, il se souvenait d'un genre ou d'un format éditorial. De ce point de vue, Dôme apparaît comme un hommage colossal à la série télévisée "La quatrième dimension", rendu par un conteur amoureux de ses sources et de son art.
DÔME (UNDER THE DOME) de Stephen King. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par William Olivier Desmond. Albin Michel, tome 1 : 630 p., 22 € ; tome 2 : 566 p., 22 €.
Serge Lehman