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Interview Jacques Goimard

Posté : mer. mai 25, 2011 12:01 pm
par Priscilla
Le n°62 du magazine Birost est dédié à Jacques Goimard. Dans un long entretien de quasiment 40 pages accordé trois ans plus tôt, l'un des grands pionniers de la science-fiction en France revient sur sa carrière, où cet agrégé d'Histoire a habilement su se servir de sa culture et de ses goûts éclectiques.

Extrait :
B : A quel moment attrapes-tu le virus de la science-fiction et bascules-tu en décidant de collaborer à des revues ?
J.G. : Au printemps 1956, un copain me dit que l'idéal de l'amateur de littérature policière s'appelle Mystère Magazine. je me mets à lire cette revue, l'apprécie, et me dis que si elle représente un idéal dans le domaine policier, je pourrais peut-être trouver un autre idéal avec Fiction. je commence à la lire et, en six mois, j'avale tout, je vais à la librairie l'Atome et deviens un amateur de science-fiction. Je sympathise avec Gérard Klein et me fais un ami à l'ENS - le seul que je me sois fait là-bas - qui est demandeur de conseils pour un livre qu'il souhaite écrire. A Noël 1955, je découvre le numéro spécial des Cahiers du Cinéma sur le cinéma américain, lequel deviendra par la suite une de mes spécialités. C'était parti...
[...]
B : Qu'est-ce qui t'a accroché dans Fiction, toi qui n'avais pas pris plaisir à lire le roman de Van Vogt ?
J.G. : Au départ, c'est surtout le fantastique qui m'a plu, en fait, mais d'une façon générale je découvrais un univers culturel nouveau qui correspondait à certaines de mes vues. Un jour, je suis tombé dans les pages de Fiction sur un référendum demandant aux lecteurs ce qu'ils avaient aimé lire dans ce numéro. J'y ai répondu et, la semaine suivante, j'ai reçu une longue lettre du rédacteur en chef, Alain Dorémieux. Je ne m'y attendais pas. Du coup, je l'ai bombardé de lettres et il me répondait à la même vitesse. Cela a fait de moi un converti. J'ai ensuite participé au concours de lancement de la revue Satellite, dans le numéro un, et dans le numéro deux j'ai appris que j'étais récompensé par un abonnement à la revue. J'ai éprouvé une joie sans bornes, j'en ai parlé à L'Atome, et j'ai eu l'impression d'entrer en science-fiction.