Interview de Gérard Klein

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Eric
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Message par Eric » lun. nov. 13, 2006 4:22 pm

Qui? a écrit :Sinon je vois pas pourquoi on ne peux pas comparé la rentabilité des différents producteurs de loisir je suis sur que certains livres sont bien plus rentable que certains films ou CD.
Mais c'est ce qu'on fait. Je faisais juste les distingos entre deux secteurs. Un dont je connais un peu les arcanes, et l'autre pour lesquelles je les connais mieux.

Il est bien évident que certains disques vendent moins que certains livres. Je regardait par exemple une des derniers disques français cités dans le post La play-list du moment, le All the best from... de Kat Onoma (excellent disque au demeurant). Il est bien évident que tu le compare à n'importe quel Werber ou Grangé, il n'est pas rentable. Maintenant, prend... allez Aztechsde Shepard, au Blélial. Girard à déjà dit ailleurs que le bouquin ne s'est pas super bien vendu (le GPI va peut-être un peu changer la donne). On peut donc tabler sur quelque chose comme, allez... 600, 800 ex vendus. Prenons hypothèse haute 800 : 20.90 € (prix Amazon) x 10% = 2.10 € x 800 = 1680 €. Mouais... vu le travail, je ne trouve pas que ça soit une activité très rentable.

Or je peux te certifier que n'importe quel petit groupe qui place un titre dans une radio, même locale, va gagner plus que ça rien que sur les ventes que ça génèrera et les droits perçus auprès de la SACEM. Et je ne te parle pas des ventes directes à la sortie de concerts.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

jerome
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Message par jerome » lun. nov. 13, 2006 4:25 pm

bastien a écrit : Je vais peut être dire une connerie, mais pour moi les bénéfices c'est ce qui reste aprés les dépenses salaires y compris. Il ne faut pas confondre marge et bénéfice.
Mais effectivement ca laisse peu de marge d'échec.
Oui tu as p'tet bien raison. Je ne sais plus. Dans ce cas, évidemment, je retire ce que j'ai dit.
Jérôme
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Papageno
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Message par Papageno » lun. nov. 13, 2006 8:55 pm

Peut-être le coût de fabrication est-il moindre, mais pour la musique CLASSIQUE, c'est le coût de production du spectacle qui compte, pas celui de la fabrication du CD. Je rappelle que le classique représente moins de 4% des ventes de CD. un disque classique se vent a 4000 exemplaire environ (en France) - sauf quelques stars qui d'ailleurs a eux seules représentent au moins le moitié des ventes de classique.
Un opéra en studio par exemple : c'est parfois plus de 100 musiciens d'un grand orchestre a payer, plus de 50 choristes, 4 ou 5 artistes lyriques de stature international (très chére), des jours et de jours de répétitions avec le chef de chant et le chef d'orchestre. Si c'est un opéra contemporain, il y a encore le compositeur, si c'est un opéra baroque il faut payer des musicologues pour étudier les documents d'époque - parfois payer les musées qui conservent les partitions anciennes et tous ça pour des ventes qui dépassent rarement les 10000 exemplaires (quand cela marche bien). Les 'major' l'ont compris depuis longtemps, il n'en font plus, sauf des reprises de leurs anciens catalogue ou des 'live' pris sur le vif. Paradoxalement le DVD est moins chére car presque toujours pris sur le vif.
Ha oui, a la radio ou a la télévision, il n'y a pas (ou presque pas) de Musique classique (sauf station spécialisée qui ne sont que des vitrines confidentielles pour public spécialisé), a la rigueur on passe que quelque disques anciens qui appartiennent au domaine publique - d'ailleurs quand il passe du classique, les gens Zap!.
Quand au productions d'une grande salles d'opéra - le coût est astronomique - probablement de l'ordre de grandeur d'un film a grand spectacle (decor, mise en scene - et l'opera de paris par exemple c'est environ 1000 salariés) mais comme je l'ai déjà dit - c'est subventionné.
Bon j'arrête car ici, on va devenir rapidement et largement hors-sujet!

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mar. nov. 28, 2006 5:22 pm

sandrine.f a écrit :
Ca ne fait pas longtemps que je suis éditeur (et en plus pas avec mes sous, c'est facile de parler !), mais il est peut-être bon de rappeler que l'"éditeur" ne touche qu'une part minime du prix de vente.
j'ai coupé la suite du texte mais la détresse des pauvres éditeurs m'a presque arraché des larmes.

C'est aussi beau qu'une plaquette publicitaire, un discours d'une association de petits commerçants ou une action de lobbying.

Pour revenir à des choses moins lyriques et moins dignes des misérables, prenons au hasard ( :wink: ) un grand éditeur français.

Gallimard par exemple.

D'après les chiffres trouvables, son CA 2005 est de l'ordre de 150 ME et son résultat d'exploitation est de l'ordre d'une douzaine de ME.

Outre une rentabilité d'exploitation qui frôle les 10% (ce qui est un chiffre enviable mais normal pour ce secteur, voir Hachette qui est dans les mêmes eaux), cela veut dire que sur chaque Euro de prix de vente au libraire d'un livre (qui est différent du prix public), 10% (je vous fais grace des autres composantes du résultat) vont potentiellement dans la poche des actionnaires (il me semble que c'est un actionnariat familial).

Pas mal pour une activité que l'on nous dépeint comme étant presque du mécénat.
Cette amorce de débat sur la rentabilité et les bénéfices des éditeurs (et d'autres entreprises) me permet une fois de plus de sonder l'effrayante ignorance, au demeurant excusable de la plupart de mes contemporains. C'est moins cette ignorance que je déplore que les conclusions erronées qu'ils sont amenés à fonder à partir d'elle.
L'intervenante citée et quelques autres font remarquer que pour Gallimard et l'Oxymore, 10% en gros de bénéfice sur chiffre d'affaires (CA), ce n'est pas si mal. Et cela n'aurait pas dû conduire à la disparition de l'Oxymore et aux pleurs et cris de Léa Sihol.
Ils se méprennent totalement sur la notion de bénéfice et sur le fonctionnement d'une comptabilité.
Ils pensent, comme la plupart des gens et même nombre de comptables, que la comptabilité est un exercice de constatation. Or elle compte une grande part de spéculation ou encore d'anticipation ou de prospective, comme vous voudrez. Cette spéculation sur l'avenir peut douloureusement s'avèrer fausse ou plutôt non vérifiée dans les faits.
La plupart des gens pensent que le bénéfice, c'est en gros, à la fin d'une année, la différence entre l'argent dépensé et l'argent encaissé. Il est là, aussi irréfutable qu'une tête en bois, et on peut en faire ce qu'on veut, par exemple acheter des pommes de terre pour se nourrir.
Malheureusement, les choses ne se passent pas du tout comme ça.
Les bénéfices sont, très schématiquement, la différence à la fin de l'exercice (de l'année en général) entre l'ensemble des avoirs de l'entreprise et ses dettes.
Mais comment va-t-on évaluer les avoirs de l'entreprise, éventuellement d'édition? Il y a les sous dans la caisse, s'il y en a. Mais il y a aussi, et dans l'édition c'est primordial, les stocks (de livres encore invendus). Comment va-t-on les évaluer: à leur prix de revient, à leur valeur espérée à la vente si on les vend tous, à une valeur intermédiaire si on introduit un amortissement qui correspond à leur éventuelle dépréciation? Vaste problème qui connaît de (trop) nombreuses solutions comptables, réglementaires et fiscales.
Dans la réalité, tant qu'un livre n'est pas vendu, par l'éditeur et aussi par le libraire qui dispose d'un droit de retour, il ne vaut rien et a même un coût, celui des avances sur droits, de la traduction, de la fabrication, etc, autant de pertes éventuelles. Mais le fisc entre autres ne tolère pas qu'il soit évalué pour rien ou pire pour une valeur négative (son coût). Donc un stock de livre va toujours figurer comme un avoir positif en comptabilité et constituer tout ou partie, au moins apparente, des bénéfices.
Maintenant si ce stock ne se vend pas l'année suivante et qu'il faut le mettre disons entièrement au pilon (pour faire simple) parce que le stockage, ça coute, et même très cher, le bénéfice purement apparent (et même fictif) de l'année précédente peut se transformer en horrible perte. Et vous déposez en catastrophe votre bilan.
La relative comparabilité des taux de bénéfices des éditeurs, petits ou grands, au moins pendant un certain temps peut tout simplement s'expliquer par les contraintes pesant sur l'évaluation des stocks. Mais quand la dure réalité s'impose, cette comparabilité disparaît. Ce n'est pas du tout la même chose d'avoir en stock des Pléïades, des Découvertes et des Harry Potter comme Gallimard dont on peut raisnooablement escompter qu'ils vont se vendre, et d'avoir quinze mille exemplaires de Mon dragon sur la commode dont il s'est vendu difficilement 500 exemplaires la première année et dont il ne se vendra plus rien. Ainsi s'explique presque certainement (bien que je ne dispose d'aucune précision), la disparition regrettable de l'Oxymore, d'ISF et d'autres petits ou moins petits éditeurs.

Cette réflexion sur l'évaluation future s'étend à tous les actes et valeurs économiques sans exception. Si vous avez dix euros dans votre portefeuille à un moment donné, vous ne pouvez pas du tout être sûr que vous pourrez acheter la même chose avec le lendemain. Dans les périodes d'hyperinflation, une monnaie peut perdre 90% de sa valeur en une seule journée, ou encore pour acheter le même objet, il faudra sortir dix fois plus de thunes le soir que le matin. Comme l'inflation en Europe et aux EU est relativement maîtrisée et qu'aucun de vous n'a connu d'hyperinflation, la monnaie vous semble un étalon à peu près aussi sûr que le mètre ou la seconde. Mais ça n'a rien d'évident.
Il en va de même avec les facteurs de production: si vous avez des locaux, des machines et des employés qui ne produisent rien de vendable par vous parce que le marché a changé ou que les prix ont chuté chez les concurrents, la valeur de ces locaux et machines tend vers zéro et les salaires deviennent des coûts sans contrepartie positive, donc des facteurs de pertes.
Alors, avant de parler de rentabilité, de bénéfices, etc, il vaut mieux se renseigner et réfléchir une bonne fois.

(Désolé pour le comptable au fond de la classe qui grince des dents en songeant à tout ce que j'ai négligé dans mon déjà trop long exposé).

Gérard Klein
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Eric
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Message par Eric » mar. nov. 28, 2006 5:57 pm

Bonjour à vous, et bienvenue chez nous... (oui je sais, normalement on tutoie sur les forums, mais là, bon... enfin, voilà quoi...)

Merci en tout cas pour ces quelques éclaircissements.

Maintenant, pour prendre un peu la défense de mes petits camarades (et la mienne aussi parce que j'ai dû dire mon comptant de conneries aussi), il est vrai que pour cette frange particulière de lecteurs assez intéressés par le milieu de l'édition, les arcanes de l'art sont souvent nébuleuses.

Le flou est d'ailleurs souvent jalousement maintenu par les éditeurs. Donc merci à vous de venir nous éclairer un peu. Dans ces conditions, il est toutefois logique que nos esprits tordus se mettent à fantasmer.

A la lecture de votre message on pourrait facilement se dire que l'édition de genre est un business qui tient carrément de la profession de foi. Comme les grands groupes éditoriaux ne sont pas spécialement porté sur la philantropie, qu'est-ce qui les pousse à persevérer dans cette voie ?

Quelles sont les ordres de grandeur des sommes en jeu pour l'achat des droits, la traduction et la fabrication d'un roman étranger par exemple ?

Bref autant de détails qui nous permettraient de moins nous couvrir de ridicule.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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sandrine.f
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Message par sandrine.f » mar. nov. 28, 2006 6:32 pm

Ils se méprennent totalement sur la notion de bénéfice et sur le fonctionnement d'une comptabilité.
merci pour moi.

En ce qui me concerne, l'évaluation financière est mon job. Il se peut fort bien que je le pratique mal, ce n'est pas à Gérard Klein, qui est, il me semble, directeur littéraire et non DAF, d'en juger.

Pour les cours de compta, merci, j'ai déjà fait Dauphine, mais peut-être est-ce aussi un repaire d'effroyable ignorance.

Il est évident que je devrais sans trop de problème pouvoir faire un cours de Comptabilité créative (comme l'appelait un de mes prof de compta) ou comment ajuster son résultat rien qu'en jouant sur les provisions pour dépréciations ou les réévaluations d'actif, le tout sans se faire allumer par le fisc ou les CAC, mais je ne suis pas sûre que celà soit le lieu et le public.

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marc
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Message par marc » mar. nov. 28, 2006 7:10 pm

sandrine.f a écrit :Il est évident que je devrais sans trop de problème pouvoir faire un cours de Comptabilité créative (comme l'appelait un de mes prof de compta) ou comment ajuster son résultat rien qu'en jouant sur les provisions pour dépréciations ou les réévaluations d'actif, le tout sans se faire allumer par le fisc ou les CAC, mais je ne suis pas sûre que celà soit le lieu et le public.
Bien qu'étant informaticien, j'ai aussi une formation comptable. Je suis certain de ne pas être le seul sur ce forum à avoir des notions de comptabilité. Par contre le domaine de l'édition m'est totalement inconnu. Donc si tu as un exemple plus parlant à nous montrer sans rentrer dans des considérations trop techniques, ça peut nous intéresser. Un des points soulevés par Gérard Klein concerne cette évaluation du stock qui se déprécie au fil du temps. Mais comment s'y prend t-on, sachant que tous les éditeurs n'ont pas des pléiades en stock?
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Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mar. nov. 28, 2006 7:22 pm

sandrine.f a écrit :
Ils se méprennent totalement sur la notion de bénéfice et sur le fonctionnement d'une comptabilité.
merci pour moi.

En ce qui me concerne, l'évaluation financière est mon job. Il se peut fort bien que je le pratique mal, ce n'est pas à Gérard Klein, qui est, il me semble, directeur littéraire et non DAF, d'en juger.

Pour les cours de compta, merci, j'ai déjà fait Dauphine, mais peut-être est-ce aussi un repaire d'effroyable ignorance.

Il est évident que je devrais sans trop de problème pouvoir faire un cours de Comptabilité créative (comme l'appelait un de mes prof de compta) ou comment ajuster son résultat rien qu'en jouant sur les provisions pour dépréciations ou les réévaluations d'actif, le tout sans se faire allumer par le fisc ou les CAC, mais je ne suis pas sûre que celà soit le lieu et le public.
Je suis économiste de formation et j'ai exercé auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, diverses banques et EDF comme chargé d'études et conseiller, en particulier pour ce qui est de la prospective, entre 1963 et environ 1995. Je me suis aussi marginalement occupé d'analyse financière, sujet sur lequel j'ai publié, il y a certes fort longtemps, une pleine page dans le Monde. J'ai également fait partie pour un temps du comité doctoral des Arts et Métiers pour la prospective stratégique d'entreprise. J'ai enfin créé, et ce n'est pas mon moindre titre de gloire, le Plan d'Epargne-Logement.
Accessoirement, il ne s'est nulle part agi dans mon exposé de ce qu'on appelle ironiquement la comptabilité créative et qui n'a guère de sens que pour les transnationales, mais de comptabilité tout à fait traditionnelle valable au niveau de l'épicier du quartier comme de celui d'une grande ou petite maison d'édition voire de General Motors quand elle a de gros stocks de voitures à peu près invendables.
Toute comptabilité implique, qu'on le veuille ou non, une grande part d'incertitude quant à l'avenir, d'anticipation, et n'est jamais une simple constatation sauf post mortem comme le montre l'analyse de la plupart des dépots de bilan. Voir là dessus notamment la thèse de René Mercier, ENS Mathématiques, ancien directeur de la SEDES, que je l'ai aidé à mettre au point et qui a dû paraître chez Economica.
je suis aussi directeur de collections et écrivain, essayiste et tout ce qu'on voudra, et j'ai eu bien d'autres activités. Pour un très bref résumé voir le Who's who.
Revoyez vos cours. Cordialement.

Gérard Klein
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sandrine.f
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Message par sandrine.f » mar. nov. 28, 2006 7:28 pm

il y a pas mal de maneuvres possibles sur du stock qui est un des éléments de l'actif.

Tu peux décider de passer une provision pour dépréciation d'éléments de stocks, ce qui va impacter ton résultat de manière négative.

Cela marche aussi dans l'autre sens (même si c'est plus rare), si jamais tu vends que sur le marché américain et que le dollar s'apprécie brusquement face à l'Euro (je sais que ce n'est pas le cas aujourd'hui, mais bon) tu va pouvoir réévaluer ton stock positivement ce qui te fait une augmentation de ton actif et donc une plus-value latente.

Comme dit Gérard Klein, tout est variable par essence dans une comptabilité, plus encore si on parle de couts comme il le fait (il mélange d'ailleurs joyeusement comptabilité analytique -les couts- et comptabilité générale -les immos-), mais bon c'est un spécialiste.

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Davidian
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Message par Davidian » mar. nov. 28, 2006 7:30 pm

C'est vrai que passé 25 ans, les neurones s'autodétruisent: malgré mes nombreux diplômes obtenus magna cum laude et tout le tintouin (), après la lecture de trois lignes du post de Gérard, je suis retourné en vitesse à la contemplation de mon fond d'écran:
Image

J'ai honte, je n'ai plus le niveau intellectuel pour traîner sur ce forum
:cry: :cry: :cry:
Je hais la vieillesse...

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Message par Gérard Klein » mar. nov. 28, 2006 7:47 pm

Eric a écrit :Le flou est d'ailleurs souvent jalousement maintenu par les éditeurs.

A la lecture de votre message on pourrait facilement se dire que l'édition de genre est un business qui tient carrément de la profession de foi. Comme les grands groupes éditoriaux ne sont pas spécialement porté sur la philantropie, qu'est-ce qui les pousse à persevérer dans cette voie ?

Quelles sont les ordres de grandeur des sommes en jeu pour l'achat des droits, la traduction et la fabrication d'un roman étranger par exemple ?
Je ne suis pas certain que les éditeurs entretiennent tant de flou que ça. Mais d'une part, ils ne savent pas toujours eux-mêmes pour les raisons susdites notamment, exactement où ils en sont. D'autre part, je ne suis pas certain que leurs lecteurs se passionnent pour l'examen de bilans qui sont souvent accessibles, au moins sur des sites spécialisés. Je ne le fais pas moi-même. Enfin, il faut faire la part, comme dans toute activité économique, du secret normal des affaires.

Si vous regardez bien la situation, très peu de grands groupes s'intéressent à la littérature marginale de genre. Mais qu'est-ce que vous entendez par là? le polar, la sf à la Werber, le fantastique (à la Marc Lévy), Harlequin, etc. Il y a toujours le cas particulier de goûts personnels comme celui de Robert Laffont qui m'a permis de créer Ailleurs et demain et m'a beaucoup soutenu.
Il y a aussi le souci constant d'explorer les possibles du marché et de ne pas se laisser distancer par les collègues et néanmoins concurrents.

Quant à la troisième question, elle ne peut pas recevoir de réponse définie puisque cela dépend du livre, de l'auteur, de sa taille, de la traduction éventuelle et du prix payé au traducteur au feuillet qui peut pratiquement varier du simple au double, etc.
J'avais tendance à répondre naguère sur la base de mon expérience que l'investissement de base d'un livre était de l'ordre de grandeur du prix d'un studio à Paris. Ce n'est peut-être plus tout à fait vrai en raison de la hausse de l'immobilier et de la baisse de certains coûts techniques dans l'édition (mais de la hausse pharamineuse du prix du papier). Mais cela peut toujours donner une idée. Mais cela peut aller très facilement au delà de plusieurs centaines de milliers d'euros, voire d'un million d'auros ou plus si l'auteur est un tant soit peu coté, si le tirage est important et si le plan marketing-publicité est conséquent.

Gérard Klein

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Bull
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Message par Bull » mar. nov. 28, 2006 8:06 pm

Question très terre à terre.

/Pré-requis/
Je ne pas choisi l'option "économie/analyse financière" dans ma vie professionnelle, et j'ai donc pour habitude de "faire confiance" aux professionnelles pour hum, disons l'aspect technique, et j'essaye ensuite au maximum de me concentrer sur hum, disons les conséquences.

Ce qui me suffit généralement pour critiquer plus ou moins efficacement les tendances gouvernementales (de droite comme de gauche) à une maitrise comptable de la santé. En participant notamment à des groupes de travail sur les projets de loi de financement de la sécurité sociale.

/fin des pre-requis/

Enfin bref, j'avais cru comprendre (grâce aux analyses des experts made in Culture SF) à partir du récent débat sur les Editions Oxymore que cette petite maison d'Edition avait fermé pour des raisons purement liés à leurs mauvaise connaissance/gestion, plus ou moins volontariste, des lois de base du marché.

Est-ce cela que vous contestez Mr Klein ?

BC
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Message par BC » mar. nov. 28, 2006 8:17 pm

J'ai enfin créé, et ce n'est pas mon moindre titre de gloire, le Plan d'Epargne-Logement
Ca n'ajoute rien à l'affective admiration que j'ai pour l'auteur, l'éditeur et l'analyste (ah...les intros du LdP), depuis, disons, une quarantaine d'années, mais ce n'est pas banal d'apprendre que l'auteur de Les seigneurs de la guerre est aussi le créateur du Plan d'Epargne Logement :D

JDB
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Message par JDB » mar. nov. 28, 2006 9:17 pm

Eric a écrit :Quelles sont les ordres de grandeur des sommes en jeu pour l'achat des droits, la traduction et la fabrication d'un roman étranger par exemple ?
Je réponds sur ce que je connais, à savoir la traduction.
Le traducteur est considéré comme un auteur, et donc rémunéré en fonction des ventes de l'ouvrage, tout comme l'auteur, et avec les mêmes aléas (différence de pourcentage en fonction de l'édition : broché grand format, poche, club, etc.).
Comme l'auteur, il touche un à-valoir ; celui-ci est déterminé par la longueur et la difficulté de l'ouvrage, par sa réputation, et par d'autres facteurs.
En ce qui me concerne, pour donner quelques exemples, voici quelques à-valoir que j'ai touchés l'année dernière et cette année :
Roma Mater, par Poul & Karen Anderson (Calmann-Lévy) : 12 000 €
Les Continents perdus, anthologie de Thomas Day (Denoël) : 7530 €
Olympos, par Dan Simmons (Robert Laffont) : 25670 €
JDB

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Davidian
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Message par Davidian » mar. nov. 28, 2006 9:49 pm

JDB a écrit :Olympos, par Dan Simmons (Robert Laffont)
Petite question: combien de temps a pris la traduction d'Olympos?
Car c'est un beau pavé...

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