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C'est ce qui fait de vous un auteur paradoxal : un côté mundane et un côté écriture d'histoires que vous considérez vous-même comme impossibles. Essayons de comprendre : ne seriez-vous pas en réalité d'abord intéressé par la possibilité de travailler sur des sociologies expérimentales différentes ? Les Princes Marchands sont passionnant, de ce point de vue : vous décrivez trois (au moins !) mondes alternatifs et les confrontez tour à tour. Certains pensent qu'il s'agit d'une vue métaphorique des vraies confrontations entre sociétés humaines, comme dans le colonialisme. Est-ce exact ?

Je voudrais préciser quelques points :
Tout d'abord, je m'ennuie rapidement. La première chose dite par un éditeur de fiction, après publication réussie d'un manuscrit que vous leur avez envoyé, est : "Pourriez-vous écrire un autre livre comme celui-ci, mais un peu différent ?" Ce à quoi ma réponse habituelle est "probablement pas". Lorsque j'écris un livre sur un thème spécifique, il renferme généralement tout ce que j'ai à dire sur le sujet. J'ai du mal à m'imaginer quelque chose de plus ennuyeux que de devoir trouver un moyen de réécrire le même roman encore et encore... si bien que je suis toujours à la recherche d'un nouveau sujet.
Ensuite j'évolue. Le Charles Stross de 2011 n'est pas celui de 2001, ni de 1991. Si je devrais écrire aujourd'hui un livre sur un sujet que j'ai traité en 2001 ou 2002, ce serait un livre avec un point de vue très différent et, peut-être, une opinion différentes.
Cela dit...
Les Princes marchands étaient partiellement une métaphore du colonialisme, mais également une exploration de ce que signifient pour une société industrialisation et développement. En examinant le monde qui nous entoure, nous voyons de nombreuses nations à des stades différents. Certains sont frappés de pauvreté, tandis que d'autres jouissent d'un mode de vie de pays développé et son riches : comparez par exemple les Corée du Nord et du Sud ou, pour faire abstraction de toute dictature, la Thaïlande et le Japon. Le point intéressant est qu'il y a moins d'un siècle ces paires de pays possédaient un niveau de développement équivalent. Parfois, en quelques dizaines d'années, un pays pauvre peut s'élever jusqu'aux premiers rang de la production industrielle, tandis que d'autres nations stagnent.
Nous n'en connaissons pas les causes. Nous ne savons pas ce qui permet à un pays de se développer. Si nous le savions, il n'y aurait pas de tiers monde. Il s'agit clairement d'une interaction complexe entre infrastructure, enseignement, poids de la loi dans la société et de nombreux autres facteurs, mais personne ne sait avec certitude quels sont les mécanismes réels.
Ce que je voulais faire avec les livres des Princes marchands était d'explorer différents types de gouvernements et de développements. La révolution industrielle des XVIIe et XIXe était-elle inévitable ? La monté de la démocratie représentation et de la république était-elle inéluctable ? Et quelles sont les forces qui empêchent un pays de subir ces étranges modifications - car la forme des états modernes d'aujourd'hui est réellement très étrange en comparaison avec la nation typique à n'importe quel moment des 5 000 dernières années.

PierrePaul a écrit :Visiblement, la traduction de cet entretien a été sous-traitée en Chine, et sa relecture confiée à Stevie Wonder...

PierrePaul a écrit :Visiblement, la traduction de cet entretien a été sous-traitée en Chine, et sa relecture confiée à Stevie Wonder...