Quelle légitimité pour la science-fiction [ReSF]
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Quelle légitimité pour la science-fiction [ReSF]
J'ai écrit un petit texte pour poser les enjeux de la légitimité de la science-fiction dans le carnet de recherche de ReS Futurae. Au plaisir de discuter avec vous sur le sujet !
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
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Fabien Lyraud
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Le problème c'est que la science fiction n'est pas une littérature comme les autres.
La SF est une littérature de concepts ( je préfère parler de concept plutôt que d'idées) car elle manie des concepts spéculatifs.
La SF est littérature d'images car elle utilise des images fortes.
La SF est littérature d'univers car elle permet de créer des univers en prenant pour bas des spéculations rationnelles.
La SF ne peut être seulement jugée sur les mots, le style ou la narration. Il faut que les trois dimensions citées précédemment soient aussi prise en compte par la critique et que leur pertinence soient évaluées. Donc cela rend quelque part assez difficile le processus de légitimation.
La SF est une littérature de concepts ( je préfère parler de concept plutôt que d'idées) car elle manie des concepts spéculatifs.
La SF est littérature d'images car elle utilise des images fortes.
La SF est littérature d'univers car elle permet de créer des univers en prenant pour bas des spéculations rationnelles.
La SF ne peut être seulement jugée sur les mots, le style ou la narration. Il faut que les trois dimensions citées précédemment soient aussi prise en compte par la critique et que leur pertinence soient évaluées. Donc cela rend quelque part assez difficile le processus de légitimation.
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tout à fait d'accord pour reconnaître un statut particulier à la SF au sein de la littérature (sous réserve d'inventaire sur ce que cela signifie), mais je trouve ta conclusion un peu rapide : en quoi ces trois caractéristiques empêcheraient-elles de trouver la science-fiction légitime ? Quant des oeuvres individuelles se voient valorisées, c'est justement parce qu'elles apportent des concepts, des images, des univers remarquables. Cela peut fonctionner pour quelques oeuvres. Pourquoi pas pour la totalité ?
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
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Fabien Lyraud
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J'ai dit difficile, pas impossible. Le processus de légitimation doit donc tenir comptes des dimensions que j'ai cité et ne pas se contenter des déterminants traditionnelles de la littérature. Pour qu'il y est processus de légitimation, il faut que l'on considère que le genre possède des invariants qui lui sont propres. La prise en compte d'invariants propres à un genre est ce qui a permis de faire sortir le roman policier du ghetto. Donc c'est bien possible de tenter ce genre de chose mais ce sera difficile.
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Hum, est-ce que ce n'est pas un peu excessif de parler encore de ghetto pour la SF? Cela fait 40 ans que des murs sont tombés et qu'il y a beaucoup de circulation.
Par ailleurs, le roman policier a un atout (ou un défaut...) qui est qu'il s'agit d'une écriture réaliste, donc les romans policiers sont faciles à étudier à l'université ou à l'école, d'un point de vue stylistique. Ce n'est pas le cas des romans de SF, comme tu le signales toi-même.
Par ailleurs, le roman policier a un atout (ou un défaut...) qui est qu'il s'agit d'une écriture réaliste, donc les romans policiers sont faciles à étudier à l'université ou à l'école, d'un point de vue stylistique. Ce n'est pas le cas des romans de SF, comme tu le signales toi-même.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
- Roland C. Wagner
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Heu , pour le "roman policier" "réaliste" , je suis sceptique : la fin de Nuit de fureur de Thompson n'a rien de "réaliste" pour moi , pas plus que celles d'un paquet de romans "hard boiled" que je me suis enfilé des dernières décennies...silramil a écrit :Hum, est-ce que ce n'est pas un peu excessif de parler encore de ghetto pour la SF? Cela fait 40 ans que des murs sont tombés et qu'il y a beaucoup de circulation.
Par ailleurs, le roman policier a un atout (ou un défaut...) qui est qu'il s'agit d'une écriture réaliste, donc les romans policiers sont faciles à étudier à l'université ou à l'école, d'un point de vue stylistique. Ce n'est pas le cas des romans de SF, comme tu le signales toi-même.
Et puis , je pourrais rajouter dans le lot , pas mal de romans historiques...
Bref , le but de la littérature , (quel que soit son prétenfu sous-genre) a-t-il jamais été d'être "réaliste" ?
Et inutile de me contrebalancer Zola , ce journaleux n'a pas écrit une ligne digne de Golding !
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
Tiens, une idée (que je ne partage pas nécessairement), ou plutôt une métaphore : la SF est un ghetto victime de gentrification...silramil a écrit :Hum, est-ce que ce n'est pas un peu excessif de parler encore de ghetto pour la SF? Cela fait 40 ans que des murs sont tombés et qu'il y a beaucoup de circulation.
JDB
“Miss Judith Lee, vous êtes l’une des choses les plus étranges de ce monde très étrange.”
Si le but de la littérature n'est pas d'être réaliste, la part de la littérature qui obéit à peu près aux codes du réalisme est légitimée de manière automatique, avec les degrés dont je parle dans le texte.
Qu'il y ait de la marge pour le terme "réalisme", qui ne désigne plus les mêmes choses maintenant qu'au XIXe siècle, c'est sûr.
Qu'il y ait de la marge pour le terme "réalisme", qui ne désigne plus les mêmes choses maintenant qu'au XIXe siècle, c'est sûr.
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- bormandg
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Déjà je conteste ta première phrase: la science fiction n'est pas "une littérature"; je veux bien reconnaître que, pour la partie qualifié de "specula tive fiction", il s'agit de l'application de certains concepts à la littérature (et, plus rarement, au cinéma ou à la BD); seulement ce trait n'est pas caractèristique de la SF, il y a des romans, essais, films, BDs conceptuelles hors SF.Fabien Lyraud a écrit :Le problème c'est que la science fiction n'est pas une littérature comme les autres.
La SF est une littérature de concepts ( je préfère parler de concept plutôt que d'idées) car elle manie des concepts spéculatifs.
La SF est littérature d'images car elle utilise des images fortes.
La SF est littérature d'univers car elle permet de créer des univers en prenant pour bas des spéculations rationnelles.
La SF ne peut être seulement jugée sur les mots, le style ou la narration. Il faut que les trois dimensions citées précédemment soient aussi prise en compte par la critique et que leur pertinence soient évaluées. Donc cela rend quelque part assez difficile le processus de légitimation.
Pour les images, prétendre particulariser la SF et ignorer les autres btranches de la littérature serait totalement partial.
Le procédé "création d'univers" n'est lui non plus pas limité à la SF, même si sa dénomination a l'air de vouloir le faire croire; mais nombre de livres hors SF créent sinon un univers différent, du moins un regerd totalement différent sur "notre" univers pour que la prétention à caractériser la SF par ce critère soit fausse.
Que la SF ne puisse être seulement jugée sur le style et les mots est vrai; mais c'est tout aussi vrai pour le reste de la littérature. Et les critiques littéraires savent parfaitement reconnaître les autres dimensions dans tout livre qui ne porte pas l'étiquette épouvantail. Et les contester dans tout livre non légitimé.
J'ai lu l'article de référence avant de réagir aux réponses, mais je n'ai pas pour l'instant de réaction aussi virulanteà émettre.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
- bormandg
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Là, pour des tas de motifs, le ghetto (souvent vécu, à tort AMA, comme forteresse) est encore bien existant. Les "collections de SF" en sont le témoignage, et le traitement par le "fandom", souvent avec rejet automatique, des oeuvres publiées hors collection, en sont un témoignage.silramil a écrit :Hum, est-ce que ce n'est pas un peu excessif de parler encore de ghetto pour la SF? Cela fait 40 ans que des murs sont tombés et qu'il y a beaucoup de circulation.
Là, avec les oeuvres publiées "hors collection", il y a un énorme problème: elles vont de la pure SF à ce que j'appelle l'anti-SF, c.a.d. les auteurs qui proclament ne pas écrire de SF et qui ignorent superbement les oeuvres qui les ont précédés sur le thème (ou qui les plagient en effaçant les codes). Dire qu'elles correspondent à la diffusion des idées, thèmes et méthodes, ne sera vrai que pour une partie des oeuvres...
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- bormandg
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D'une certaine façon on en revient toujours à la Préface de Cromwell: la légitimation demeure la même que décrite par Hugo et la notion de réalisme a beaucoup moins évolué que tu le prétends.silramil a écrit :Si le but de la littérature n'est pas d'être réaliste, la part de la littérature qui obéit à peu près aux codes du réalisme est légitimée de manière automatique, avec les degrés dont je parle dans le texte.
Qu'il y ait de la marge pour le terme "réalisme", qui ne désigne plus les mêmes choses maintenant qu'au XIXe siècle, c'est sûr.
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Ce qui veut dire, d'après toi (tu me corrigeras si j'ai mal interprété), que le problème vraiment fondamental, ou en tout cas, celui qui l'emporte préalablement sur toute autre considération, serait le problème de l'étiquette: il serait (note le conditionnel) nécessaire (mais peut-être pas suffisant... difficile à dire...) de supprimer l'étiquette SF pour que les critiques émetteurs de légitimation 'généraliste" (si j'ose écrire) puissent entrer en action. Sinon, ces critiques ne prendraient pas en considération le matériau proposé.bormandg a écrit :.
Que la SF ne puisse être seulement jugée sur le style et les mots est vrai; mais c'est tout aussi vrai pour le reste de la littérature. Et les critiques littéraires savent parfaitement reconnaître les autres dimensions dans tout livre qui ne porte pas l'étiquette épouvantail. Et les contester dans tout livre non légitimé.
Si tu as raison, je ne peux guère aller plus loin dans la discussion, sauf pour dire que je ne m'intéresse pas à la légitimation par des critiques qui refusent de mettre dans leur corpus des oeuvres (ou préjugent, ce qui est rigoureusement la même chose), au prétexte qu'elles sont éditées avec une étiquette. Ou plutôt, cela va m'intéresser, mais seulement d'un point de vue sociologique, pour réfléchir à la notion de légitimation culturelle en tant que telle dans le cadre d'une société; la SF n'étant alors qu'un exemple particulier.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le jeu. avr. 05, 2012 8:38 am, modifié 1 fois.
- bormandg
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Tu développes ce que je pense.Lensman a écrit :Ce qui veut dire, d'après toi (tu me corrigeras si j'ai mal interprété), que le problème vraiment fondamental, ou en tout cas, celui qui l'emporte préalablement sur toute autre considération, serait le problème de l'étiquette: il serait (note le conditionnel) nécessaire (mais peut-être pas suffisant... difficile à dire...) de supprimer l'étiquette SF pour que les critiques émetteurs de légitimation 'généraliste" (si j'ose écrire) puissent entrer en action. Sinon, ces critiques ne prendraient pas en considération le matériau proposé.bormandg a écrit :.
Que la SF ne puisse être seulement jugée sur le style et les mots est vrai; mais c'est tout aussi vrai pour le reste de la littérature. Et les critiques littéraires savent parfaitement reconnaître les autres dimensions dans tout livre qui ne porte pas l'étiquette épouvantail. Et les contester dans tout livre non légitimé.
Si tu as raison, je ne peux guère aller plus loin dans la discussion, sauf pour dire que je ne m'intéresse pas à la légitimation par des critiques qui refusent de mettre dans leur corpus des oeuvres (ou préjuge, ce qui est rigoureusement la même chose), au prétexte qu'elles sont éditées avec une étiquette. Ou plutôt, cela va m'intéresser, mais seulement d'un point de vue sociologique, pour réfléchir à la notion de légitimation culturelle en tant que telle dans le cadre d'une société; la SF n'étant alors qu'un exemple particulier.
Oncle Joe
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