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Posté : ven. août 10, 2012 12:57 pm
par dracosolis

Posté : ven. août 10, 2012 1:03 pm
par Sylvaner
Un mot au moment de dire adieu à Roland C. Wagner, parce que je suis intervenu lundi sur ce fil sous le coup de la nouvelle, et que mon message était un peu "sec". Je m'associe donc à la douleur de tous ceux, proches et moins proches, qui sont sur le point de lui rendre hommage... en espérant un peu que la douleur partagée se dilue, et que les nombreux et humbles messages comme celui-ci contribuent à alléger un chouïa le fardeau de ceux qui la prennent en plein fouet.

Je ne connaissais pas Roland personnellement. Je suis non seulement un "simple lecteur", mais également un noob absolu du fandom, découvert avec ce forum. Mais depuis que je traîne mes basques ici, j'ai eu l'occasion d'interagir quelques fois avec lui, et j'ai été impressionné par ses emportements, derrière lesquels on croyait toujours deviner un clin d'oeil rigolard...
L'autre chose que j'ai découvert sur le forum, c'est qu'il faisait parti de ces piliers qui ne traitaient jamais personne par le mépris. C'est sans doute pour ça que je m'autorise à dire quelques mots ici : avec lui, tout le monde avait droit à la parole, et on ne se disqualifiait que par ses actes ou ses propos... jamais a priori.
La dernière chose que j'ai découvert, c'est son côté très "artisan", fier de son travail mais très modeste à la fois. Je n'ai compris la valeur de cette attitude qu'à la lecteur de Rêves de Gloire, sans doute son chef d’œuvre au sens du compagnonnage : voilà un livre extrêmement ambitieux et novateur, et il le défendait sans plus de prétention qu'un potier qui aurait réussi un beau vase... bien sûr, je me plante peut-être complètement, mais c'est ce que je percevais à travers ce forum.

La mauvaise nouvelle m'a touché. Beaucoup plus que je ne l'aurais cru, en fait.
Ce forum, la SF française, la SF tout court ont perdu beaucoup...

Toutes mes condoléances à la famille et aux proches.

Sylvain

Posté : ven. août 10, 2012 1:06 pm
par nolive
Gérard Klein a écrit :La première fois que j'ai rencontré Roland, il avait à peu près quatorze ans et il tourbillonnait autour de Michel Jeury. C'était à Issigeac.
La dernière fois que j'ai rencontré Roland, il avait à peu près cinquante ans et il tourbillonnait autour de Michel Jeury. C'était à Montpellier.

Je n'avais hélas pas pu obtenir d'inviter Sylvie pour cette séance de dédicaces. Mais Joëlle Wintrebert, Philippe Caza et Claude Ecken avaient pu nous rejoindre. C'était une chouette soirée, copieusement arrosée d'anisette, comme il se doit... Lundi matin, quelques instants avant d'apprendre la nouvelle, j'avais commencé à comploter pour en organiser une autre...

Posté : ven. août 10, 2012 1:34 pm
par Soleil vert
La vie consiste à tenir le coup entre la mort des êtres chers - Philippe Tesson

Posté : ven. août 10, 2012 1:50 pm
par palactu
Un petit rappel du "bon vieux temps" pour les moins jeunes.

Extrait du CYCLE DU FANDOM, tome 4, Le Retour de l'Homme-Montagne par Richard Wolfram, Editions de l’hydre (originellement publié in Vopaliec SF n° 54 , septembre 1983) :
Le joint mesurait trois mètres de long et contenait plus de trois cents grammes d'herbe périgourdine, mêlés à huit paquets de cigarettes blondes et une quantité indéterminée de condiments divers aux propriétés aromatiques surprenantes.
Superjouanne tira une longue bouffée, recracha un épais nuage de fumée violacée.
― Je n'en fume plus, dit-il. Mélangé à la bière...
― Je comprends, fit Wagner en s'emparant du joint. Tu m'excuseras si je me le tape tout seul...
― C'est ton problème. Tu risques d'être malade...
Wagner haussa les épaules.
― Je n'ai pas été malade depuis des années.
En cinq taffes, il avait fini le joint et les murs se déformaient sous ses yeux, parois gluants d'un estomac géant. Mais cela ne l'angoissait nullement; il aimait les visions d'horreur.
Les siennes du moins.

Posté : ven. août 10, 2012 2:23 pm
par MF
Roland, je l'ai rencontré il y a un millénaire.
En 1983. Ou 84, je ne sais plus....

Je me souviens que ce n'était pas loin de l’Œuf-Cube.
Il écrivait dans CB, je scribouillais dans J&S.
Je voulais rencontrer ce dingue de SF et de Rock.
Entre grands malades, on se comprend ^^
On a bu une bière, puis deux, puis je ne sais plus.
On a surtout parlé SF, science et jeux.
La SF comme jeu de l'esprit.
J'étais sur le cul de son érudition ; de sa connaissance infuse des liens qui tissaient ces trois univers ; de sa simplicité et de son écoute.

C'est seulement à ce moment-là que j'ai compris que je l'avais déjà rencontré.
En 1974.
Mais que je ne l'avais pas reconnu à ce moment là.
Il avait 14 ans et c'était un jeune con.
J'en avais 18 et j'étais un vieux con.
Et bien qu'on essayait de taper sur les mêmes idoles, à ces âges là, 4 ans d'écart c'est une faille infranchissable. Une éternité.

Il est resté jeune et j'ai continué de vieillir.
Lui, il a toujours 14 ans.

Il m'a retrouvé en 2006, lorsque j'ai fait une critique de L.G.M.
Elle était positive, mais si je me souviens bien elle se terminait par « Quant à l'usage que fait l'auteur de la physique quantique, qu'en dire ? Au mieux qu'il l'utilise comme un Deus ex machina, au pire qu'il n'y a rien compris. »

Putain de volée de bois vert que je me suis pris ^^

Alors je lui ai expliqué pourquoi j'avais sorti cette formule à la con.
On en a discuté et on a reconnu que l'on avait, tous les deux, grandement raison et petitement tort.

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi sur de ses convictions et d'aussi prêt à les remettre en cause.
Pas seulement pour le fun.
Mais pour toujours faire mieux, toujours comprendre.

Ce soir, c'est la nuit des étoiles. Alors bon voyage Roland...

Image

Posté : ven. août 10, 2012 3:33 pm
par kibu
Internet, c'est un truc bizarre. On y lit les interventions d'inconnus. On y échange des propos parfois acerbes, ne comprenant pas toujours les tenants et les aboutissants d'une telle dérive.
Je n'ai pas la prétention d'affirmer connaître Roland C. Wagner. Pourtant, à force de le lire par forums interposés, j'ai le sentiment d'avoir perdu un ami, du moins quelqu'un avec qui j'ai développé une certaine familiarité.
Je ne sais toujours pas pourquoi il s'est adressé à moi pour donner un avis sur une centaine de pages de Rêves de Gloire. Moi, le mec loin de toutes les frasques du fandom. J'avais la ferme intention de le rencontrer à Saint-Malo pour lui poser la question et me frotter à la tornade wagnérienne. J'ai eu la flemme de me déplacer, me disant que de toute façon, je n'aurais rien, strictement rien d'intelligent à lui dire. Ben maintenant, j'ai l'air malin...

Bon, j'arrête là, avant de déblatérer des conneries.

Posté : ven. août 10, 2012 5:49 pm
par Gérard Klein
Ah, l'Œuf-cube, à côté de chez moi. J'ai bien connu son fondateur moustachu à l'époque héroïque. La boutique tirait son nom d'une forme bizarre, à mi-chemin du cube et de la sphère. J'en ai un, d'époque. Peut-être venu de là.
Je ne savais pas que Roland fréquentait l'endroit. Peut-être ce n'était que MF.
La physique quantique, oui, c'est difficile, mais pas tant que ça. J'ai pris mes leçons auprès d'Alain Aspect et quelques autres. Everett entre ceux là, selon qui Roland continue quelque part dans le multivers.

À propos, quelqu'un n'aurait pas une MVT en bon état de marche pour aller déplacer cette foutue buse de quelques centimètres. La mienne, d'époque, avec l'ivoire et tout, est au musée. À défaut, on va être obligé d'écrire des uchronies où Roland écrit Rêves de foire après Rêves de gloire. Ça lui aurait ressemblé.

Le Figaro a fait un très beau papier d'Olivier Delcroix. Pas sûr que c'était le quotidien favori de Roland mais on ne choisit pas ses supports de nécro.
J'ai secoué Libération, sans succès pour le moment. Le Monde a promis une page sur la fin du mois. Et sous la signature de vous devinez qui. Que Roland encensait à sa manière, mais ils s'aimaient beaucoup, tous les deux. Dans le genre amour vache.

Boire une bière en son honneur, certes. Mais ça sent le sapin.
J'ai préféré un Islay.

Posté : ven. août 10, 2012 5:50 pm
par dracosolis
Ah toi aussi tu la trouves super mal placée cette buse ?

Posté : ven. août 10, 2012 6:16 pm
par dracosolis
Montussan aujourd'hui :
Sylvie était, fatiguée, sous médicaments, mais droite et courageuse, Natacha là et. splendide
Claude Ecken a lu des passages tirés des livres de Rô, Yal et Sara sont venus beaux et bariolés, ils ont parlés de lui à la tribune, Michel Jeury a envoyé un mot dans lequel il disait "que si un voyageur du temps était venu lui dire qu'il survivrait à Roland, il ne l'aurait pas cru"
Georges a réussi à parvenir à destination

Et last but not least
La dernière plaisanterie de Roland :
le train qui convoyait l'Atalante est arrivé en retard car ils ont écrasés un âne.

(reportage de Raphael Aj)

Posté : ven. août 10, 2012 8:13 pm
par Tétard

Posté : ven. août 10, 2012 8:33 pm
par Aldaran
Juste une image :
Je ne sais plus quand (je buvais - plus - à l'époque...), chez Roland, avec deux ou trois autres frapadingues de SF. Derrière la table sur laquelle on mangeait, il y avait les étagères en aglo avec TOUS les FN (dont Roland pouvait tirer, de tête, une citation - même s'i on ne lui donnait que le numéro, c'était un vrai malade, ce gars...) et la chaîne stéréo qui passait un de ses chers vinyles. Et puis, je vois une toute petite main qui dépasse de la table et qui se dirige résolument vers le bouton de volume et qui le tourne pour mettre fin à la discussion en cours.
Que cette petite main (un peu plus grande aujourd'hui) monte encore le son très longtemps, c'est ce qu'il me reste à souhaiter.
Bon, voilà...
Z'êtes cons, hein...
J'vais m'en rouler un autre, tiens.

Posté : ven. août 10, 2012 9:49 pm
par silramil
Je n'ai pas trouvé d'autre manière d'en parler : http://resf.hypotheses.org/1057
Merci de faire des commentaires pour me corriger.

Posté : sam. août 11, 2012 8:28 am
par Lensman
Superbe initiative de Silramil de mettre d'amblée en avant l'oeuvre littéraire de Roland. Car c'est bien elle qu'il va falloir chérir, faire vivre, et surtout faire lire.
Roland était "imbibé" de SF, mais sans doute que la marmite dans laquelle il est tombé tout petit, était-elle tout avant tout faite d'une nourrissante soupe "populaire", au sens particulier du Fleuve Noir Anticipation et que, de ce fait, il a été beaucoup moins "inhibé" que d'autres auteurs français qui ont fait (et font parfois toujours) une sorte de complexe vis à vis de la grande SF anglo-saxonne (avec, toujours peut-être, cette idée, taraudante pour les plus inquiets, qu'il ne serait possible de s'y mesurer, voire simplement d'exister, qu'en misant à outrance sur l'arme du "bien écrit", qui est à la littérature française ce que le Dreadnought était à la Royal Navy, du temps de H.G. Wells…). Pas de complexe chez Roland vis à vis de l'intimidante (très) grande soeur (et pas de complexe non plus au niveau de son écriture personnelle, qu'il s'était façonnée autant par le ressenti instinctif de l'écrivain qu'au moyen de la raison). Son oeuvre s'est construite en parfaite harmonie avec la SF, sans aucune volonté de s'en distancier, de se distinguer de ce qu'il considérait être ses caractéristiques fondamentales. Il voyait la SF comme une aventure culturelle collective, à laquelle chacun participe, du lecteur un instant touché par le "sense of wonder" (exemple: nous tous), au créateur majeur (exemple: Michel Jeury).
Cette vision, ce vécu "collectifs" se manifestaient de manière frappante dans la passion véritablement fusionnelle qu'il entretenait avec le Fleuve Noir Anticipation. Les anecdotes sur Roland citant le titre d'un FNA quand on lui donnait le numéro, ou l'inverse, les citations ressorties de mémoire, et son affection indéfectible pour les vieux auteurs de la collection, des meilleurs au plus... discutables, tout cela était parfaitement authentique (*).

Oncle Joe

(*) authentique.

Posté : sam. août 11, 2012 12:10 pm
par Jacques Ah !
Désolé, vraiment désolé, ce n'étais pas une blague ; je ne voulais pas y croire mais c'était écrit dans le Figaro. Roland était l'incarnation du fandom, mais il n'avait que 51 ans, de la trempe des Ligny, Pagel et autres ; je ne sais quoi dire... RIP ! ludwing. :cry: