Parution : Ces Français qui ont écrit demain

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Erion
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Message par Erion » sam. sept. 29, 2012 7:38 pm

On a du mal à soupçonner la pertinence de Oui-Oui comme outil d'analyse littéraire. Faudrait suggérer cela en première année de fac de lettres.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lensman
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Message par Lensman » sam. sept. 29, 2012 7:40 pm

bormandg a écrit :
Lensman a écrit :
bormandg a écrit :N Et tout récit imaginaire, qu'il soit SF, fantastique, fantasy, voire fantaisiste (contes animaliers, Oui-Oui et autres) ne modifie la réalité que partiellement. .
Je ne vois pas bien ce que tu veux dire. La notion de "changer la réalité partiellement" me paraît bizarre... Dans Oui-Oui, il y a une sorte de monde (enfin, on sera gentil en appelant ça un monde...) dans lequel des choses arrivent (si l'on peut dire...) à l'aune de ce qui est "normal" dans le monde de Oui-Oui. Que vient faire la notion de "modifier la réalité partiellement" là dedans ?

Oncle Joe
Ce que je veux dire, c'est que dans Oui Oui nous avons un monde qui imite le monde "normal" avec des personnages qui ne pourraient exister et réaliser les actes présentés dans le "monde réel"; Un pantin qui agit de lui-même et qui parle, c'est de l'imaginaire pur, mais un taxi reste un taxi. Adapté au contexte, mais quand même conforme à ce qui lui correspond dans le "monde réel".
Oui,là, je comprends bien.
Mais c'est l'idée de "modifier la réalité", dans le cadre d'une œuvre artistique, qui me paraît peu claire. Une création artistique, c'est un création artistique, la réalité, c'est la réalité. "Modifier la réalité", je dois avouer que je ne vois pas dans quel champ ça peut s'appliquer, la réalité étant la réalité (pour autant que l'on arrive l'appréhender, je ne m'avancerais pas trop sur ce terrain…).
Ce qu'il faudrait parvenir à expliciter (me semble-t-il), c'est, que très grossièrement mais pourtant d'une manière qui est importante à saisir, en littérature (et dans d'autres arts, comme le cinéma), il y a toute une vaste catégorie d'histoires racontées (évidemment, je ne parle pas de la manière dont elles sont racontées, au niveau du style, du rythme, de la photo (au cinéma), des plans (au cinéma), des points de vue, des ellipses, etc, etc, j'en passe et des bien tordues) se situant dans un référent qui, en gros, serait une assez bonne approximation de la perception que l'on a de la "banalité" ou de la "normalité "du nôtre (par "nôtre", j'entends la manière de voir de l'individu moyen du groupe auquel s'adresse l'œuvre).
Dans ces histoires, il peut y avoir une révolution dans un pays africain imaginaire, le lecteur (ou spectateur ) trouvera ça "normal". Le voisin de l'héroïne sera un tueur en série, ce sera "normal". La cantinière offre une tasse de tafia à Napoléon, et c'est "normal". Etc. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que le lecteur ou spectateur ne va jamais être "surpris", ni jamais sursauter, ni jamais s'étonner, mais ça s'inscrira tout de même dans cette "normalité" (après, il peut trouver que ça ne va pas parce que Napoléon n'aimait pas le tafia, ou alors parce qu'il y a trop de coïncidences (heureuses ou malheureuses) dans l'histoire de l'héroïne et de son tueur en série pour que ce soit effectivement intéressant, ce n'est pas le problème).
Mais en revanche, des extraterrestres arrivent, et là, ça ne le fait plus. L'histoire se passe en l'an 2600, ça coince, etc. On n'est plus dans cette "normalité". Je ne dis pas que l'on est sorti du plausible (je n'ose plus employer le terme de possible de peur d'être mal compris…), mais ce ne sera plus perçu, par l'ensemble des lecteurs et spectateurs, comme "normal".
Je ne dis pas non plus que les frontières sont extrêmement précises et nettes entre ce qui sera considéré comme un arrière-fond "normal" où" tout le monde" s'y retrouve, et le reste (entre autres productions culturelles, la SF, ou tout au moins une écrasante partie de la SF), mais enfin, cette distinction très forte existe.
Le mimétique, ce serait ce qui respecterait cet arrière fond "normal".

(C'est un peu à part, mais note que dans Oui-Oui, si tu fais intervenir des extraterrestres ou si tu envoies Oui-Oui dans le futur, ça ne posera pas de problèmes; ça serait absurde de le faire avec Maigret, par exemple. Le lecteur ou le spectateur n'accorde qu'une très faible dose de "normalité" à Oui-Oui, au sens où j'essaie de l'exposer, mais pour des tas de raisons très diverses ).


Oncle Joe

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bormandg
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Message par bormandg » sam. sept. 29, 2012 7:51 pm

Avec la "normalité" (que les critiques et nombre de lecteurs appellent "respect de la réalité") tu reposes le fait que la "vraie" littérature, la littérature "réelle" se prétend réaliste. Il faut déjà une dose de réflexion largement au delà des capacités d'un Pivot ordinaire, d'un PPDA usuel ou d'un pithacadémicanthrope pour substituer "mimétique" à "réaliste", "normal", "conforme". Et on revient aux "normes" d'avant 1827...
Et d'accord, on ne modifie pas "la réalité", on modifie la conformité du monde imaginaire créé à la vision de la réalité qu'a le lecteur.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par Lensman » sam. sept. 29, 2012 8:02 pm

bormandg a écrit :Avec la "normalité" (que les critiques et nombre de lecteurs appellent "respect de la réalité") tu reposes le fait que la "vraie" littérature, la littérature "réelle" se prétened réaliste. Il faut déjà une dose de réflexion largement au delà des capacités d'un Pivot ordinaitre, d'un PPDA ou d'un pithacadémicanthrope pour substituer "mimétique" à "réaliste", "normal", "conforme". Et on reient aux "normes" d'avant 1827...
Mais là, on est entre nous, et est-ce que tu te sens d'accord avec ma manière de définir une production artistique mimétique (i.e., respectant la "normalité")? étant bien entendu que je ne porte pas le moindre jugement de valeur, je cherche à définir certaines caractéristiques d'une production culturelle. Et pour affirmer que, en gros (je dis bien : en gros), la SF n'en relève pas? (*)
(Pour tout dire, je suis beaucoup plus intéressé par la discussion sur la caractérisation de la SF, que par les diatribes contre Pivot où je ne sais qui...)

Oncle Joe

(*) Attention, il faut bien s'entendre: si des extraterrestres viennent nous rendre visite et si on digère l'affaire, alors les histoires où interviendront des extraterrestres seront dans la "normalité" et pourront être mimétiques. MAIS pas celles écrites auparavant, bien sûr.

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Message par bormandg » sam. sept. 29, 2012 8:18 pm

Encore une fois: pour moi "mimétique" veut dire "inspiré du réel" et non "normal", "conforme au réel", "respectant la réalité". Et, dans cette compréhension du terme, je peux admettre que les extra-terrestres ne sont pas inspirés par une réalité existante aussi longtemps que le Contact appartient encore au "non-réalisé", et qu'ils changeront de statut une fois le Contact advenu. Ceci étant, les imaginer n'est pas "non-mimétique", c.a.d. "non-inspiré du réel"; c'est simplement un peu plus création de l'auteur, un peu moins utilisation des données établies. La différence n'est pas de nature, elle est de quantité. Après tout, les sauvages de Chateaubriand étaient aussi éloignés de la réalité que connaissait l'auteur, que certains extra-terrestres humanoïdes...
Donc la différence SF -roman à prétentions réalistes n'est PAS un changement de nature de la démarche imaginative de l'auteur. C'est une augmentation quantitative du pôurcentage de données qu'il s'autorise à imaginer et à ne pas seulement tirer du "monde réel". Proportion qui n'a pas besoin d'être énorme pour qu'on entre dans la SF...
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Message par Lensman » sam. sept. 29, 2012 9:00 pm

bormandg a écrit :Encore une fois: pour moi "mimétique" veut dire "inspiré du réel" et non "normal", "conforme au réel", "respectant la réalité". Et, dans cette compréhension du terme, je peux admettre que les extra-terrestres ne sont pas inspirés par une réalité existante aussi longtemps que le Contact appartient encore au "non-réalisé", et qu'ils changeront de statut une fois le Contact advenu. Ceci étant, les imaginer n'est pas "non-mimétique", c.a.d. "non-inspiré du réel"; c'est simplement un peu plus création de l'auteur, un peu moins utilisation des données établies. La différence n'est pas de nature, elle est de quantité. Après tout, les sauvages de Chateaubriand étaient aussi éloignés de la réalité que connaissait l'auteur, que certains extra-terrestres humanoïdes...
Donc la différence SF -roman à prétentions réalistes n'est PAS un changement de nature de la démarche imaginative de l'auteur. C'est une augmentation quantitative du pôurcentage de données qu'il s'autorise à imaginer et à ne pas seulement tirer du "monde réel". Proportion qui n'a pas besoin d'être énorme pour qu'on entre dans la SF...
Si mimétique veut dire "inspiré du réel", je ne vois pas comment une production culturelle mettant en scène des personnages pourrait ne pas être mimétique.
Surtout, je ne vois pas bien ce que l'on pourrait mettre dans le "non-mimiétique", c'est-à-dire le "non inspiré du réel". Peux-tu donner des exemples ?

En tout cas, personnellement, ce n'est pas comme cela que j'aurais employé le terme "mimétique", comme je l'ai dit. Je l'aurais réservé à la "normalité" telle je l'ai décrite (c'est-à-dire que, pour donner deux exemples, il ne peut pas y avoir d'extraterrestres, pour l'instant du moins, et que ça ne peut pas se passer dans le futur (au delà d'un avenir immédiat, cet espèce de "présent prolongé" qui est justement, pour moi, une des caractéristiques de la "normalité" comme je l'entends)). Pour moi, "mimétique", cela devrait vouloir dire que le lecteur ne doit pas être surpris, ne doit pas trouver qu'il y a quelque chose d'"anormal" (la notion de "normal" étant vague, bien sûr, ce n'est qu'une perception générale, mais elle est très prégnante, malgré sont
caractère imprécis dans le détail).

Cela dit, il serait peut-être plus juste de donner à "mimétique" le sens que celui qui a inventé le terme lui a donné à l'origine… il vaudrait mieux que nous retrouvions sa définition…
Quelqu'un aurait une bonne citation ?

Oncle Joe

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dracosolis
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Message par dracosolis » dim. sept. 30, 2012 3:49 am

Quelqu'un aurait une bonne citation ?
"on ne devrait jamais quitter Montauban"



le mimétisme est une stratégie adaptative permettant à la littérature blanche d'échapper à ses prédateurs (les critiques) en singeant peu ou prou le monde réel ou considéré comme tel à un instant "t" par des gens "x"(les lecteurs lambda, tribus arriérées du bas Saint germain vernaculaire - so Gibert - gens de si peu de culture qu'ils ne reconnaitraient pas un spitfire s'il atterrissait dans leur jardin)
comme toute stratégie visant à faire prendre des vessies pour des lanternes, adaptative ou non, le mimétisme est voué à l'échec à long terme.
voilou
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Lensman
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Message par Lensman » dim. sept. 30, 2012 6:45 am

dracosolis a écrit :
Quelqu'un aurait une bonne citation ?
"on ne devrait jamais quitter Montauban"



le mimétisme est une stratégie adaptative permettant à la littérature blanche d'échapper à ses prédateurs (les critiques) en singeant peu ou prou le monde réel ou considéré comme tel à un instant "t" par des gens "x"(les lecteurs lambda, tribus arriérées du bas Saint germain vernaculaire - so Gibert - gens de si peu de culture qu'ils ne reconnaitraient pas un spitfire s'il atterrissait dans leur jardin)
comme toute stratégie visant à faire prendre des vessies pour des lanternes, adaptative ou non, le mimétisme est voué à l'échec à long terme.
voilou
Plutôt une tactique, vu comme ça, qu'une stratégie, non ? Dans ces conditions, parler d'"échec à long terme" n'est pas pertinent. On change de tactique si nécessaire, quitte à la réutiliser la plus tard, si c'est utile à la stratégie…
En tout cas, cette formulation est séduisante: elle correspond sans doute au gros de la littérature (j'entends du genre avec des personnages, des situations, etc, pas les poèmes de Rimbaud, évidemment). C'est à peu le sens que je donnerais à mimétique (même si je ne me préoccupe pas de ses buts, en tant que stratégie ou tactique): se trouver en phase à l'instant t (ce que j'appellerais plutôt "présent prolongé", pour avoir une durée) avec un maximum de lecteurs qui ne seront pas désorientés par l'arrière-fond (l'arrière-monde? hum…)
Attention, je ne parle pas pour ma part de qualitatif: des ouvres mimétiques et conçus dans ce sens peuvent parfaitement devenir des classiques ou être des chefs-d'œuvre, parce que, tout en composant avec cet arrière-fond posé de "normalité", le créateur fera passer d'autres choses. Le créateur a besoin (en tout cas, pense avoir besoin) de ce fond pour être lu ou vu. Sa stratégie est d'être recevable par un maximum de public, son tactique est le mimétisme (je simplifie)
En SF, d'après moi, l'arrière-fond de normalité, si prégnant en général, n'est pas de la même nature, ou plutôt, il n'est pas univoque, ce qui a tendance à désorienter ou à fatiguer beaucoup de lecteurs, ce qui n'est évidemment pas le but du mimétisme, au contraire utilisé pour aplanir le terrain.

Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le dim. sept. 30, 2012 11:42 am, modifié 1 fois.

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MF
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Message par MF » dim. sept. 30, 2012 7:40 am

Lensman a écrit :
dracosolis a écrit :
Quelqu'un aurait une bonne citation ?
"on ne devrait jamais quitter Montauban"

le mimétisme est une stratégie adaptative permettant à la littérature blanche d'échapper à ses prédateurs (les critiques) en singeant peu ou prou le monde réel ou considéré comme tel à un instant "t" par des gens "x"(les lecteurs lambda, tribus arriérées du bas Saint germain vernaculaire - so Gibert - gens de si peu de culture qu'ils ne reconnaitraient pas un spitfire s'il atterrissait dans leur jardin)
comme toute stratégie visant à faire prendre des vessies pour des lanternes, adaptative ou non, le mimétisme est voué à l'échec à long terme.
voilou
Plutôt une tactique, vu comme ça, qu'une stratégie, non ? Dans ces conditions, parler d'"échec à long terme" n'est pas pertinent. On change de tactique si nécessaire, quitte à la réutiliser la plus tard, si c'est utile à la stratégie…
au sens donné par Draco, c'est bien une stratégie adaptative et pas une tactique

mais, comme elle l'indique, ce n'est pas une SAS (stratégie évolutionnairement stable) et les SAC (système adaptatif complexe - lire auteur/éditeur/critique/...) qui la subissent, ou en tirent profit lorsque ce sont des SCUI (système complexe utilisant l'information) ne peuvent, au cas particulier, s'en suffire pour survire à terme

il y a tout une théorie à formaliser expliquant comment co-voluent la population de colombes (éditeurs/auteurs) (*) et la population de faucons (critiques) dans l'environnement que constituent les acheteurs de livres (**)

quant à associer sens tactique et éditeur...

(*) avec une théorie sous-jacente sur l'évolution de la population de colombes, avec la différenciation sexuelle éditeur-auteur (éditeur=mâle ; auteur= femelle) avec toutes les les exceptions que l'on doit aux techniques de survie en milieu hostile (mimétisme ; hermaphroditisme...)

(**) je ne parle pas des autres population opérant dans le même environnement évolutif : vautours, paons, oiseaux-lyre, colibris que chacun pourra, sans peine, identifier
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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dracosolis
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Message par dracosolis » dim. sept. 30, 2012 11:36 am

si tu commences à coupler ça aux gender studies on va se retrouver avec les harpies aux fesses
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Message par Lensman » dim. sept. 30, 2012 12:01 pm

MF a écrit :
Lensman a écrit :
dracosolis a écrit :
Quelqu'un aurait une bonne citation ?
"on ne devrait jamais quitter Montauban"

le mimétisme est une stratégie adaptative permettant à la littérature blanche d'échapper à ses prédateurs (les critiques) en singeant peu ou prou le monde réel ou considéré comme tel à un instant "t" par des gens "x"(les lecteurs lambda, tribus arriérées du bas Saint germain vernaculaire - so Gibert - gens de si peu de culture qu'ils ne reconnaitraient pas un spitfire s'il atterrissait dans leur jardin)
comme toute stratégie visant à faire prendre des vessies pour des lanternes, adaptative ou non, le mimétisme est voué à l'échec à long terme.
voilou
Plutôt une tactique, vu comme ça, qu'une stratégie, non ? Dans ces conditions, parler d'"échec à long terme" n'est pas pertinent. On change de tactique si nécessaire, quitte à la réutiliser la plus tard, si c'est utile à la stratégie…
au sens donné par Draco, c'est bien une stratégie adaptative et pas une tactique

mais, comme elle l'indique, ce n'est pas une SAS (stratégie évolutionnairement stable) et les SAC (système adaptatif complexe - lire auteur/éditeur/critique/...) qui la subissent, ou en tirent profit lorsque ce sont des SCUI (système complexe utilisant l'information) ne peuvent, au cas particulier, s'en suffire pour survire à terme

il y a tout une théorie à formaliser expliquant comment co-voluent la population de colombes (éditeurs/auteurs) (*) et la population de faucons (critiques) dans l'environnement que constituent les acheteurs de livres (**)

quant à associer sens tactique et éditeur...

(*) avec une théorie sous-jacente sur l'évolution de la population de colombes, avec la différenciation sexuelle éditeur-auteur (éditeur=mâle ; auteur= femelle) avec toutes les les exceptions que l'on doit aux techniques de survie en milieu hostile (mimétisme ; hermaphroditisme...)

(**) je ne parle pas des autres population opérant dans le même environnement évolutif : vautours, paons, oiseaux-lyre, colibris que chacun pourra, sans peine, identifier
Admettons…
Mais on s'éloigne de ma construction, que j'ai décidé d'appeler le "mimétisme global", qui consiste à faire en sorte que le lecteur n'ait pas l'impression que l'arrière-fond du monde du livre qu'il lit ne serait pas celui de ce qu'il perçoit, avec "tout le monde", comme étant le monde normal (quand bien même l'action se déroulerait à Oulan-Bator, actuellement ou dans le passé…).
La SF n'a pas à se préoccuper (trop…) du mimétisme global, parce que son public est habitué à ce que, justement, les habitudes soient remises en cause dans le récit. Rien n'est tellement assuré quant à l'arrière-fond. Et c'est même une sensation recherchée par ce lectorat (enfin, en principe, et d'après ma vision des choses…).
Ce qui n'empêche pas l'auteur de SF d'avoir tout de même recours à un "mimétisme restreint". Un personnage doit être un personnage, un environnement un environnement, etc, ou alors, la lecture devient impossible…
Je trouve d'ailleurs que certains prétendus auteurs de SF abusent du "mimétisme restreint" : quand l'action se situe en l'an 3500, dans une cité spatiale, et que les personnages réagissent comme des adolescents du début du XXIe siècle, il y a de l'abus! Le lecteur de SF de mon type a alors l'impression pénible qu'on lui refile du "mimétisme global" maquillé en SF…

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Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » dim. sept. 30, 2012 2:08 pm

MF a écrit : il y a tout une théorie à formaliser expliquant comment co-voluent la population de colombes (éditeurs/auteurs) (*) et la population de faucons (critiques) dans l'environnement que constituent les acheteurs de livres (**)

quant à associer sens tactique et éditeur...

(*) avec une théorie sous-jacente sur l'évolution de la population de colombes, avec la différenciation sexuelle éditeur-auteur (éditeur=mâle ; auteur= femelle) avec toutes les les exceptions que l'on doit aux techniques de survie en milieu hostile (mimétisme ; hermaphroditisme...)

(**) je ne parle pas des autres population opérant dans le même environnement évolutif : vautours, paons, oiseaux-lyre, colibris que chacun pourra, sans peine, identifier
Il y a une différence majeure d'avec l'évolution darwinienne du vivant et les co-évolutions qu'elle recèle (parfaitement décrites dans De l'autre côté du miroir et les accélérations parallèles pour rester sur place).
C'est que naguère encore et peut-être aujourd'hui, les colombes nourrissaient volontairement les faucons. En effet les publicités passées dans la presse littéraire et autres bénéfices étaient et sont peut-être encore sensiblement corrélées au nombre de compte-rendus et à leur ton. Or les faucons étant nourris ainsi (in)directement par les colombes avaient tendance à ne pas mordre la patte qui leur donnait du grain à moudre et souvent à la caresser de leurs ailes tout en prétendant évidemment le contraire. Et inversement les colombes attachaient un grand prix à être pourchassées visiblement par les faucons. Les liens de sympathie qui pouvaient s'établir entre ces espèces prétendument adversaires jouaient également leur rôle, surtout quand les faucons étaient également colombes et inversement, ce qui atteignait (ces perversions ont évidemment disparu) des sommets dans ces étranges volières que sont les jurys de prix littéraires.
En bref on obtenait d'étranges hybrides: le tigre-agneau, le sourichat, le requin marteau à battre sur l'enclume le fer quand il est chaud.

Un dénombrement des chefs d'œuvre salués rituellement par la critique et aussi vite oubliés fournirait une première base statistique.
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Message par MF » dim. sept. 30, 2012 2:43 pm

dracosolis a écrit :si tu commences à coupler ça aux gender studies on va se retrouver avec les harpies aux fesses
qu'elles y viennent !

aujourd’hui, c'est l’ouverture de la chasse dans mon bled et j'ai toujours considéré qu'une harpie n'était qu'une forme de volaille sauvage mal emplumée...


heu... on parlait bien mythologie, là ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Message par dracosolis » dim. sept. 30, 2012 3:57 pm

Gérard Klein a écrit :
MF a écrit : il y a tout une théorie à formaliser expliquant comment co-voluent la population de colombes (éditeurs/auteurs) (*) et la population de faucons (critiques) dans l'environnement que constituent les acheteurs de livres (**)

quant à associer sens tactique et éditeur...

(*) avec une théorie sous-jacente sur l'évolution de la population de colombes, avec la différenciation sexuelle éditeur-auteur (éditeur=mâle ; auteur= femelle) avec toutes les les exceptions que l'on doit aux techniques de survie en milieu hostile (mimétisme ; hermaphroditisme...)

(**) je ne parle pas des autres population opérant dans le même environnement évolutif : vautours, paons, oiseaux-lyre, colibris que chacun pourra, sans peine, identifier
Il y a une différence majeure d'avec l'évolution darwinienne du vivant et les co-évolutions qu'elle recèle (parfaitement décrites dans De l'autre côté du miroir et les accélérations parallèles pour rester sur place).
C'est que naguère encore et peut-être aujourd'hui, les colombes nourrissaient volontairement les faucons. En effet les publicités passées dans la presse littéraire et autres bénéfices étaient et sont peut-être encore sensiblement corrélées au nombre de compte-rendus et à leur ton. Or les faucons étant nourris ainsi (in)directement par les colombes avaient tendance à ne pas mordre la patte qui leur donnait du grain à moudre et souvent à la caresser de leurs ailes tout en prétendant évidemment le contraire. Et inversement les colombes attachaient un grand prix à être pourchassées visiblement par les faucons. Les liens de sympathie qui pouvaient s'établir entre ces espèces prétendument adversaires jouaient également leur rôle, surtout quand les faucons étaient également colombes et inversement, ce qui atteignait (ces perversions ont évidemment disparu) des sommets dans ces étranges volières que sont les jurys de prix littéraires.
En bref on obtenait d'étranges hybrides: le tigre-agneau, le sourichat, le requin marteau à battre sur l'enclume le fer quand il est chaud.

Un dénombrement des chefs d'œuvre salués rituellement par la critique et aussi vite oubliés fournirait une première base statistique.
ça ressemble au syndrome de Stockholm, ton truc^^
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Message par bormandg » dim. sept. 30, 2012 8:55 pm

Lensman a écrit :
MF a écrit :
Lensman a écrit :
dracosolis a écrit :
Quelqu'un aurait une bonne citation ?
"on ne devrait jamais quitter Montauban"

le mimétisme est une stratégie adaptative permettant à la littérature blanche d'échapper à ses prédateurs (les critiques) en singeant peu ou prou le monde réel ou considéré comme tel à un instant "t" par des gens "x"(les lecteurs lambda, tribus arriérées du bas Saint germain vernaculaire - so Gibert - gens de si peu de culture qu'ils ne reconnaitraient pas un spitfire s'il atterrissait dans leur jardin)
comme toute stratégie visant à faire prendre des vessies pour des lanternes, adaptative ou non, le mimétisme est voué à l'échec à long terme.
voilou
Plutôt une tactique, vu comme ça, qu'une stratégie, non ? Dans ces conditions, parler d'"échec à long terme" n'est pas pertinent. On change de tactique si nécessaire, quitte à la réutiliser la plus tard, si c'est utile à la stratégie…
au sens donné par Draco, c'est bien une stratégie adaptative et pas une tactique

mais, comme elle l'indique, ce n'est pas une SAS (stratégie évolutionnairement stable) et les SAC (système adaptatif complexe - lire auteur/éditeur/critique/...) qui la subissent, ou en tirent profit lorsque ce sont des SCUI (système complexe utilisant l'information) ne peuvent, au cas particulier, s'en suffire pour survire à terme

il y a tout une théorie à formaliser expliquant comment co-voluent la population de colombes (éditeurs/auteurs) (*) et la population de faucons (critiques) dans l'environnement que constituent les acheteurs de livres (**)

quant à associer sens tactique et éditeur...

(*) avec une théorie sous-jacente sur l'évolution de la population de colombes, avec la différenciation sexuelle éditeur-auteur (éditeur=mâle ; auteur= femelle) avec toutes les les exceptions que l'on doit aux techniques de survie en milieu hostile (mimétisme ; hermaphroditisme...)

(**) je ne parle pas des autres population opérant dans le même environnement évolutif : vautours, paons, oiseaux-lyre, colibris que chacun pourra, sans peine, identifier
Admettons…
Mais on s'éloigne de ma construction, que j'ai décidé d'appeler le "mimétisme global", qui consiste à faire en sorte que le lecteur n'ait pas l'impression que l'arrière-fond du monde du livre qu'il lit ne serait pas celui de ce qu'il perçoit, avec "tout le monde", comme étant le monde normal (quand bien même l'action se déroulerait à Oulan-Bator, actuellement ou dans le passé…).
La SF n'a pas à se préoccuper (trop…) du mimétisme global, parce que son public est habitué à ce que, justement, les habitudes soient remises en cause dans le récit. Rien n'est tellement assuré quant à l'arrière-fond. Et c'est même une sensation recherchée par ce lectorat (enfin, en principe, et d'après ma vision des choses…).
Ce qui n'empêche pas l'auteur de SF d'avoir tout de même recours à un "mimétisme restreint". Un personnage doit être un personnage, un environnement un environnement, etc, ou alors, la lecture devient impossible…
Je trouve d'ailleurs que certains prétendus auteurs de SF abusent du "mimétisme restreint" : quand l'action se situe en l'an 3500, dans une cité spatiale, et que les personnages réagissent comme des adolescents du début du XXIe siècle, il y a de l'abus! Le lecteur de SF de mon type a alors l'impression pénible qu'on lui refile du "mimétisme global" maquillé en SF…

Oncle Joe
Tu donnes dans mon système: tu parles de classer de façon quantitative ("global", "restreint") l'usage du mimétisme, et tu reproches les excès de mimétisme dnas les oeuvres supposées se passrer dans un futur lointain (ce en quoije suis d'accord avec toi). 8)
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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