Parution novembre Ailleurs et demain

[Herbefol]

Jusqu'à la bande dessinée qui vacille.

La BD fait plus que vaciller. Depuis une paire d'années, il y a un malaise grandissant entre les auteurs et les éditeurs. Quand au marché en lui-même, les chiffres ne sont pas mauvais (comme pour le livre en fait), sauf que les ventes moyennes descendent, on agrandit les formats et on monte les prix, poussant les ventes encore un peu plus à la baisse, etc. Bref, le secteur va droit dans le mur.

[Sylvaner]

Je ne conteste aucun des diagnostics posés ici, et je serai bien en peine d'argumenter sur les points qui font polémique... si ce n'est par mon souvenir des livres de poches marqués "inédit !" réjouissants dans les années 90 chez Pocket SF. J'ai eu l'impression que ce dynamisme par le volume se retrouvait un peu chez folio au lancement de la collection actuelle...

Ce qui me semble alarmant, c'est le défaitisme de l'ensemble de la communauté SF. Qui disait que les éditeurs ne veulent plus éditer, les lecteurs ne veulent plus lire, les libraires ne veulent plus vendre ?

Et alors, on y croit où pas à la portée universelle de la SF ? si on y croit, c'est comme les droits de l'homme, c'est pas parce que c'est mal barré qu'il faut baisser les bras. Où sont les enthousiastes, les audacieux, les volontaires ? j'ai l'impression que le monde se partagent aujourd'hui entre ceux qui ont fait beaucoup et n'en peuvent plus, et puis ceux qui font beaucoup mais dans des modèles résolument confidentiels. Et puis il y a Stéphane Marsan, mais lui, il publie beaucoup de trucs qu'on n'a pas envie de lire... ceux qui, dans le modèle de l'édition dont j'ai l'image d'Epinal en tête, devaient permettre de financer les "bons" livres, ceux auxquels on croit... ?

[bormandg]

N'oublions pas qu'il y a ceux qui décident comme Stéphane et quelques autres qui n'ont pas de directeur financier et de directeur commercial à convaincre (avec des limites imposées par la "réalité", en tout cas par les résultats a posteriori de leurs décisions) , et ceux qui ne sont que directeur littéraire, en mesure de proposer, parfois d'obtenir, mais pas d'imposer. Gérard ou Gilles n'ont pas moins de talent que d'auitres, mais même les pouvoirs divins ne sont pas toujours suffisants.

[JDB]

Je ne conteste aucun des diagnostics posés ici, et je serai bien en peine d'argumenter sur les points qui font polémique... si ce n'est par mon souvenir des livres de poches marqués "inédit !" réjouissants dans les années 90 chez Pocket SF. J'ai eu l'impression que ce dynamisme par le volume se retrouvait un peu chez folio au lancement de la collection actuelle...

Ce qui me semble alarmant, c'est le défaitisme de l'ensemble de la communauté SF. Qui disait que les éditeurs ne veulent plus éditer, les lecteurs ne veulent plus lire, les libraires ne veulent plus vendre ?

Et alors, on y croit où pas à la portée universelle de la SF ? si on y croit, c'est comme les droits de l'homme, c'est pas parce que c'est mal barré qu'il faut baisser les bras. Où sont les enthousiastes, les audacieux, les volontaires ? j'ai l'impression que le monde se partagent aujourd'hui entre ceux qui ont fait beaucoup et n'en peuvent plus, et puis ceux qui font beaucoup mais dans des modèles résolument confidentiels. Et puis il y a Stéphane Marsan, mais lui, il publie beaucoup de trucs qu'on n'a pas envie de lire... ceux qui, dans le modèle de l'édition dont j'ai l'image d'Epinal en tête, devaient permettre de financer les "bons" livres, ceux auxquels on croit... ?

Beaucoup de questions. Je donne des éléments de réponse à certaines, et brièvement parce que je suis fatigué et vais me coucher (j'ai passé la soirée à relire une vieille traduction de polar que je vais rééditer en Baskerville).
Les inédits au format poche : ça a existé, y compris au Livre de poche, du temps où c'était Michel Demuth qui dirigeait la collection SF. Je n'ai pas les chiffres de vente (comme dit Gérard Klein, ils relèvent du secret d'Etat), mais sans doute que c'était possible économiquement : les auteurs anglo-saxons étaient moins gourmands, les traducteurs étaient moins payés et les ventes étaient suffisantes pour justifier la prise de risque financière. Le monde a changé.
Au passage, j'aimerais bien qu'un spécialiste nous rédige une histoire économico-financière de la SF, car cela permettrait de comprendre bien des choses. Rappel historique (à gros traits) : après le succès de Star Wars (1977), nombre d'auteurs américains se sont vu offrir des à-valoirs fabuleux pour leurs romans à venir. A l'époque, on a beaucoup parlé de Silverberg, Haldeman, Heinlein et autres. Du coup, leurs prétentions (ou celles de leurs agents) sont montés d'un cran quand il s'est agi de négocier avec les éditeurs français, dont les gentlemen's agreements ont volé en éclats (si le cycle "Fondation" est passé de Denoël aux Presses de la Cité, c'est tout simplement pour une question de fric). Ensuite, comme les ventes ne suivaient pas toujours, pas mal de gens ont dû réviser leurs ambitions à la baisse. Et, du coup (je simplifie), il est devenu impossible ou presque de publier de l'inédit en poche.
Bien entendu, la réalité est plus compliquée et, pour être rigoureux, il faudrait resituer dans le temps les phases successives de cette évolution, car on tiendrait alors compte d'autres phénomènes concomittants comme l'émergence de la fantasy et de l'horreur, la disparition de cette dernière (comme catégorie éditoriale en France, s'entend), la part sans cesse grandissante des novelisations de films, de séries télé et de jeux vidéo, la baisse générale de la lecture au profit de la vidéo puis du DVD puis de l'ordinateur puis du smartphone puis de la tablette... J'arrête, ça me déprime.
Personnellement, je pense avoir gardé mon enthousiasme, mais j'essaie de le focaliser sur deux ou trois projets à long terme : Poul Anderson et Lucius Shepard au Bélial', puis ma collection Baskerville. De même, c'est aux Quarante-Deux qu'on doit en grande partie la présence de Greg Egan dans le paysage SF français. Je vous laisse le soin de citer d'autres acteurs du milieu qui cultivent avec passion et rigueur tel ou tel auteur, tel ou tel genre.
Et en attendant, comme il faut bien vivre, je traduis des livres honorables mais qui me passionnent moins. Et comme c'est la crise et que mon tarif au feuillet stagne depuis quelques années, ce travail de mercenaire me prend de plus en plus de temps et m'en laisse de moins en moins pour donner libre cours à mon enthousiasme.
Quant aux "modèles résolument confidentiels", ils sont imposés par la réalité. Si on veut de gros tirages, une mise en place importante, une promotion digne de ce nom... il faut payer, donc il faut avoir un capital de départ. Dès que je gagne à l'Euromillion, c'est juré, je me ruine pour éditer ce qui me plaît.
JDB

[bormandg]

Dès que je gagne à l'Euromillion, c'est juré, je me ruine pour éditer ce qui me plaît.
JDB

C'est vrai qu'avec 169 M€ on peut commencer à éditer...