Critic, parution octobre

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JDB
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Message par JDB » mar. oct. 01, 2013 5:05 am

Herbefol a écrit :Euh, non JDB. Ce genre de boulot c'est payé au smic, soit 9,43 € brut de l'heure. Je te laisse faire le calcul. :P
Merci de cette donnée.
Donc, pour transformer un livre papier en livre numérique, ça devrait pas coûter plus de 300 euros, à la louche.
Bien sûr, il y a le coût du matériel (un PC, un scanner) et des logiciels (Word, Finereader, plus Atlantis -- utilisé dans la dernière phase).
Tout ceci, je le répète, c'est uniquement la partie technique du travail, qui ne prend pas en compte le travail d'édition (correction, restauration, etc.)
JDB
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bormandg
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Message par bormandg » mar. oct. 01, 2013 11:40 am

Pour résumer en peu de mots: même s'il s'agit d'un livre pour lequel le fichier mis en page a déjà été réalisé en vue de l'impression papier, la création d'un fichier e-book a un coût. Limité, mais non nul. Qui s'ajoute aux autres coûts liés à la diffusion. Et au droit de l'auteur à toucher une rémunération, droit d'autant plus prégnant que ses revenus liés à la vente papier seront réduits d'autant que les lecteurs se reporteront de plus en plus dans l'avenir sur l'édition numérique. Donc un prix minimum restera nécessaire.
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yogo
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Message par yogo » mar. oct. 01, 2013 2:14 pm

Voilà ce que j'ai trouvé sur le prix du livre numérique. Ca date un peu (3ans) mais ca donne une bonne idée si cette étude est juste ! http://www.lemotif.fr/fichier/motif_fic ... tha.se.pdf
Ca fait 1200€ pour un livre qu'il faut numériser, 650€ pour un livre dont on a un fichier à traiter et 150€ sur une nouvelle production.

justi
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Message par justi » mer. oct. 02, 2013 7:25 am

Erion a écrit :
Il y a plusieurs soucis dans ce que tu présentes, dont le premier est l'absence de prise en compte du temps.
Quand Doctorow, Weber et d'autres font du gratuit numérique, il n'y a quasiment pas d'offre. La conjonction entre le gratuit ET la présence d'un éditeur papier pour des sorties conjointes fonctionne a plein, et si ces auteurs réussissent c'est en grande partie parce qu'ils ont été pionniers à un moment critique.
Or, depuis, Amazon et d'autres ont participé à une sorte de déferlement d'e-books à prix négligeable (quasi-gratuit), rendant presque impossible la découverte d'auteurs par ce biais.D'une certaine manière, cette situation a renforcé la position des gros éditeurs, les seuls en mesure de mettre en avant des opérations promotionnelles. (Et je ne parle même pas des achats de commentaires pour monter artificiellement des ouvrages à compte d'auteur).
Le streaming à la Spotify pose lui aussi problème, bénéficiant aux artistes déjà installés alors que les autres se partagent des miettes infinitésimales.

Dans le cadre US, la base de lecteurs est si grande qu'il y a de la place pour les auteurs gros vendeurs à la Gaiman et pour ceux juste en dessous, avec des systèmes de promotion et d'édition innovants. En France, c'est beaucoup plus limité.
Je le dis d'autant plus volontiers que mon éditeur fait le nécessaire et j'ai bénéficié de l'opération "Décade de l'imaginaire" avec des nouvelles gratuites pendant 10 jours et que le prix des e-books de l'Atalante est en dessous du poche.
A vrai dire, le numérique renforce le poids de l'éditeur, éditeur en tant que marque, label, etc, et pour avoir discuté avec le diffuseur numérique de l'Atalante, ce dernier est une pièce maîtresse de la nouvelle manière de vendre du numérique. Il ne faut pas croire que le modèle a changé de manière fondamentale. Editeur et Diffuseur restent centraux, comme dans l'ère "papier".

Nous arrivons à une période de variété de l'offre car elle mélange celle des éditeurs reconnus et les auto-édités, sans que le lecteur dispose de plus de temps pour expérimenter et tester. Cette situation rend tout très compliqué. Evidemment, on trouve toujours un auteur auto-édité qui perce, trouve un public et touche le jackpot, c'est l'économie du loto (idem pour les applications pour smartphones). C'est très bien pour ces auteurs, mais ça ne peut pas constituer un modèle "normal" pour tous les autres. En principe, c'est l'éditeur qui doit prendre des risques avec les auteurs qu'il choisit, pas l'auteur.
Je partage ton avis sur le fait que les gros groupes d'édition sont frileux avec le numérique, alors même que le poche ne se porte plus aussi bien qu'auparavant. En revanche, en regardant les expériences des copains sur le numérique, je suis convaincu que l'éditeur reste indispensable (s'il fait autre chose que gérer financièrement ses sorties) pour offrir de la visibilité aux auteurs, surtout moins connus. Un éditeur offre quelque chose d'essentiel : du temps pour installer un auteur. Ce qui permet d'éviter les effets de mode.
Une remarque importante : je ne refuse pas la place de l'éditeur dans mon commentaire.

Les revues citées sont des revues éditées sérieusement par des gens compétents et talentueux, pas de l'auto-édition "amazonesque". Les livres promus sont des livres de grandes (ou moins grandes) maisons d'éditions. Ce qui me paraît douteux et en voie d'obsolescence, ce sont les intermédiaires nécessaires à la production d'un contenu numérique.

Le facteur temps est pris en compte : les revues mentionnées sont intégralement (et gratuitement) disponibles sur le net, depuis leur numéro 1 (notons que dans ce domaine précis pour la constitution d'un fonds et l'installation d'un auteur ou d'une ligne éditoriale, une version numérique disponible en permanence est même plus efficace qu'une version papier, dont les numéros s'épuisent et ne sont pas réimprimés). Les romans cités font partie du fonds des éditeurs en question. Et je me dois de répéter encore une fois, même si c'est lassant, que les auteurs sont PAYES (aux tarif et conditions imposées par la SFWA, pas à l'emporte-pièce), même si le contenu est gratuit pour le lecteur !

Il y a donc largement la place pour imposer des textes sur la durée, le fonds restant aisément accessible.

La prédominance des grands éditeurs sur les petits me paraît être une loi économique incontournable, malheureusement, quels que soient les moyens de promotion mis en oeuvre. Tu mentionnes le streaming type Spotify : à ma connaissance, il n'est profitable à aucun artiste, petit ou gros, dépassé par les alternatives illégales. Les seuls qui en ressortent quelque bénéfice sont les majors, qui ont bétonné leur pourcentage avant même le lancement de Spotify. Le système est donc déjà biaisé à la base. Les alternatives plus indépendantes à ce système existent (Bandcamp par exemple, centré sur les artistes indépendants ou non signés, qui pratique le prix libre ou minimal). Certes, c'est la jungle, comme dans nombre d'activités culturelles numériques. Mais je rappelle que dans le domaine des productions matérielles, c'est AUSSI la jungle, le nombre de biens produits étant immense. Je terminerai sur cette parenthèse musicale en mentionnant que nombre d'artistes inconnus avec qui j'ai discuté du système Bandcamp s'en félicitent, les téléchargements effectués en prix libre leur rapportant plus qu'une présence sur des sites plus commerciaux à la Spotify. On peut me rétorquer que ce sont des artistes confidentiels, mais la sf n'est-elle pas devenue elle aussi confidentielle ?

Car, oui, un succès d'auto-édition, ça ne semble effectivement marcher que pour quelques artistes (auteurs) déjà installés ou, pour reprendre ton expression, "par l'économie du loto". Néanmoins, ce n'était pas mon propos qui se voulait avant tout centré sur des moyens de promotion et de distribution applicables à des structures éditoriales.

Là où je te rejoins, c'est sur l'étroitesse du marché francophone par rapport au marché anglo-saxon. J'y rajoute aussi les frais éventuels de traduction, qui apportent encore un obstacle spécifique pour le marché francophone. Cependant, je pense qu'elle doit inviter les dites structures éditoriales à encore plus d'originalité et de volontarisme (politique notamment, c'est quoi cette TVA à 19,5 % ?!?). La seule véritable expérience qui me paraît similaire aux expériences anglo-saxonnes me paraît celle d'Angle mort, qui semble avoir tourné court. Il m'intéresserait d'en savoir plus à ce sujet d'ailleurs. Une revue numérique 100 % française serait peut-être plus viable.


Dernière remarque : les éditions numériques gratuites que j'ai mentionnées sont à 95% inédites. Les techniques employées pour les rééditions ne sont donc pas un obstacle pour les éditeurs.

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