Page 7 sur 14

Posté : sam. oct. 19, 2013 11:48 am
par justi
bormandg a écrit : Excuse-moi, mais le bouche à oreille existe. Si Hannu Rajaniemi était perçu comme la réponse à Asimov, ces jeunes l'auraient appris.
C'est un réflexe de fan, ça.

Le bouche-à-oreille existe dans le milieu déjà constitué, la fan base, quoi. Pas en dehors.

Posté : sam. oct. 19, 2013 3:36 pm
par Herbefol
justi a écrit :Je reconnais donc que les éditeurs font un ou deux efforts par an. Je trouve que ce n'est pas assez.
C'est surtout limité par le résultat des ouvrages en question. Quand tu as quelques locomotives en fantasy à côté (pour prendre le cas Bragelonne) tu peux te permettre de faire un ou deux trucs à perte en SF à côté. Mais pas plus. Déjà que l'éditeur connait aussi des échecs en fantasy et en bitlit (qui donc drainent une partie des ressources disponibles).
Et vu les scores de certaines ventes de SF, que ce soit chez Bragelonne ou ailleurs, c'est parfois à dégoûter les éditeurs de tenter de nouveaux trucs.
Pour continuer sur l'exemple Bragelonne, ils ont lancé une collection de SF il y a quelques années, en tentant des auteurs nouveaux chez nous (Nagata, Roberts, Traviss, Moriarty, etc.). Aujourd'hui, il n'en reste plus grand chose. Ils continuent avec Peter F. Hamilton parce que celui-là marche encore, mais le reste... Rajaniemi doit être leur dernière expérimentation en date et je ne suis pas sûr qu'on en revoit d'autres prochainement. Un éditeur ne peut pas s'amuser indéfiniment à balancer des sous dans un truc qui ne marche pas.

Pour ce qui est d'Eclipse, je rappelle que l'éditeur s'est déjà coulé une première fois avant d'être renfloué par Panini (gros sous). Ça va faire un an que c'est reparti et ça me parait un peu tôt pour dire que c'est réussi. On verra dans un an si le label est toujours en vie et continue de lancer des nouveaux auteurs. (d'ailleurs la reprise d'Eclipse par Panini arrive juste après leur perte du catalogue DC, peut-être un bon moyen de boucher un trou)

edit : et vu les résultats 2011 et 2012 de Panini France, j'espère que le label Eclipse sera un minimum rentable, sinon ça tombera dès que la direction du groupe cherchera à faire des économies.

Posté : sam. oct. 19, 2013 4:26 pm
par marc
justi a écrit :Le jeune lecteur, il veut D'ABORD une lecture en prise avec son époque, son monde, ses préoccupations, son univers. Ce n'est qu'APRES qu'il existe une chance qu'il s'intéresse au thésaurus (j'aime vraiment beaucoup ce mot) de la sf.
J'aimerais bien qu'on explique "en prise avec son époque". Pas clair. Si les petits hommes verts de Fredric Brown sont remplacés par les anciens colons terriens de Robert Charles Wilson, c'est déjà une évolution au sein du genre. Mais cela n'empêchera pas les lecteurs de lire les classiques. Par contre si on veut voir des transformers sur le mont Olympe, alors là je me dis que la SF d'avant était mieux ! Et ce qui sort en livre aujourdhui ressemble de plus en plus aux transformers et de moins en moins aux petits hommes verts !

Posté : sam. oct. 19, 2013 5:14 pm
par bormandg
justi a écrit :
bormandg a écrit : Excuse-moi, mais le bouche à oreille existe. Si Hannu Rajaniemi était perçu comme la réponse à Asimov, ces jeunes l'auraient appris.
C'est un réflexe de fan, ça.

Le bouche-à-oreille existe dans le milieu déjà constitué, la fan base, quoi. Pas en dehors.
Parole, tu n'as jamais vu des jeunes discuter entre eux! le bouche à oreille existe partout; ce n'est pas le même que celui des fans, mais il est aussi efficace.

Posté : sam. oct. 19, 2013 5:30 pm
par bormandg
justi a écrit : Ce sont les fans actuels qui achètent ces rééditions. Pas le lectorat potentiel, et en particulier les jeunes.
N'importe quoi. S'il fallait compter sur les fans actuels pour acheter la n-ième réédition d'un titre qu'ils ont dans leur bibliothèque, les rééditions vendraient 100 exemplaires. ce sont les "lecteurs potentiels" et les jeunes qui achètent parce que ce sont les titres qu'on leur a signalés comme sûrs. Ceux qui les trouvent ringards étendront le qualificatif aux nouveaux auteurs avant même de les avoir lus; ceux qui les apprécient estimeront avoir lu assez de SF et ne toucheront pas aux nouveaux auteurs. Sauf les quelques exceptions qui voudront lire autre chose en SF...

Posté : sam. oct. 19, 2013 6:41 pm
par Gérard Klein
Le voleur quantique, de Hannu Rajaniemi s'est vendu à ce jour depuis sa sortie en février 2013 à 827 exemplaires.
J'ai bien écrit 827 exemplaires source Edistat. Allons, disons qu'Edistat se trompe de 10%. À 950, je ne discute pas.
Je n'aime pas, et en général je ne fais pas, publier des états de vente d'autres éditeurs. Mais le fil est tel qu'il y a un moment où il faut remettre les denpules à l'heure.
Perte nette probable: dix à quinze mille €. Probablement plus s'ils paient les traductions comme moi. Ce dont je doute.

J'adore les donneurs de leçons et les nyakistes (spécialité française qui, si on pouvait les exporter, rendrait largement positive notre balance commerciale).
Mais puisqu'ils savent ce qu'il faut faire et que c'est si facile, pourquoi ne font-ils jamais rien? Ce qui me ravit puisque leur concurrence est nulle.

Après tout, quand dans les années 1960, j'ai constaté que la sf n'allait pas fort et q'uil fallait faire quelque chose, je m'y suis colleté et j'ai fini par faire de l'édition et Ailleurs et demain.
Je n'étais pas né dans l'édition (ce qui est fortement recommandé) et je n'y connaissais personne. J'ai sans doute eu de la chance, mais la chance ça se travaille. Du reste, quand j'ai dit à Robert Laffont que je n'avais guère le temps de diriger une collection et que je n'y connaissais pas grand chose: il m'a répondu: c'est vous ou je ne fais pas. J'ai fait.
Et pourtant, nous ne nous connaissions guère. À l'époque.
C'est un homme que j'ai beaucoup aimé.
J'aurais pu faire autre chose et je l'ai fait: économiste (les bénéficiaires de P.E.L. peuvent me remercier). Publicitaire, on me l'a proposé: je n'avais pas envie, dommage, je serai riche. Super cadre dans l'immobilier privé, on me l'a proposé aussi. Même constatation. Psychanalyste: on me l'a suggéré (on ne propose pas dans ce milieu) deux fois et à des niveaux sérieux. Mais écouter des gens se plaindre toute la journée, pas mon truc.
Socio-économiste (plus de vingt ans), éditeur, encore plus longtemps et ce n'est pas fini, ça ne m'a pas enrichi, mais j'étais libre et j'ai aimé. Comme tout ce que j'ai fait et dont je ne me sens pas obligé de parler ici.
Je n'ai pas assez écrit, ç'est vrai. Mais je n'ai pas honte et je suis même plutôt fier de ce que j'ai publié. Et je ne suis pas mort.

Bon, bref, les nyakistes, jeunes ou vieux, allez au turf. C'est comme ça qu'on apprend.

Il y a des gens que je respecte pour ce qu'ils ont fait, pas des nyakistes, Altairac et ses bouquins, Alfu et ses éditions, Dumay et ses efforts, Girard et sa passion. Et d'autres, sans le moindre doute. Peut-être même les Bragelonnistes qui sont venus me demander des recettes, du temps qu'on était à peu près copains.
Mais les donneurs de leçons et autres nyakistes, j'avoue les mépriser. Le jour où ils se remueront un peu le cul ou ce qui leur en tient lieu, on en reparlera.
Mais ce n'est pas demain la veille.

Posté : dim. oct. 20, 2013 7:14 am
par Jean-Claude Dunyach
Herbefol a écrit : Pour continuer sur l'exemple Bragelonne, ils ont lancé une collection de SF il y a quelques années, en tentant des auteurs nouveaux chez nous (Nagata, Roberts, Traviss, Moriarty, etc.). Aujourd'hui, il n'en reste plus grand chose. Ils continuent avec Peter F. Hamilton parce que celui-là marche encore, mais le reste...
Deux remarques :

1) Bragelonne publiait déjà Peter F. Hamilton bien avant mon arrivée et le lancement de Bragelonne SF (et il était aussi publié en Ailleurs et Demain). Il s'est effectivement très bien vendu et j'en suis ravi, c'est un auteur que j'adore. Mais ce n'est plus un "nouvel auteur" depuis longtemps.

2) La collection Bragelonne SF a essayé de publier des auteurs nouveaux et des auteurs femmes. Le public n'a pas suivi, les critiques non plus. Même les auteurs "classiques" (j'ai publié l'Algébriste de Banks qui a fait plus de 200 000 en Grande Bretagne et une misère en France, ainsi qu'un florilège de Delany, pour ne citer qu'eux) ont échoué. Et l'échec de livres comme la série de Karen Traviss, le Nagata ou le Roberts est du niveau de celui de Hannu Rajaniemi.
Les lecteurs de SF n'ont pas eu envie d'essayer les livres de Bragelonne SF. Il n'y a même pas eu de phénomène de curiosité. Les livres sont restés sur les tables. Même le Karen Traviss, republié en poche chez Milady, n'a pas décollé.

Gérard a raison: les faits sont têtus, les gens qui ont mis les mains dans le cambouis le savent bien.

Posté : dim. oct. 20, 2013 7:45 am
par Fabien Lyraud
Par contre si on veut voir des transformers sur le mont Olympe, alors là je me dis que la SF d'avant était mieux !
Sauf qu'un anthologiste aussi réputé que John Joseph Adams n'hésite pas à faire une anthologie sur les robot géants ( chez Baen).
http://www.johnjosephadams.com/armored/
Et en plus la majorité des auteurs font partie de la crème des nouvellistes anglosaxons.

Posté : dim. oct. 20, 2013 8:11 am
par Herbefol
Fabien Lyraud a écrit :Sauf qu'un anthologiste aussi réputé que John Joseph Adams n'hésite pas à faire une anthologie sur les robot géants ( chez Baen).
http://www.johnjosephadams.com/armored/
Et en plus la majorité des auteurs font partie de la crème des nouvellistes anglosaxons.
Super, dépêchons nous de la traduire. Avec un peu de bol il s'en vendra cinq cents en France. :lol:

Posté : dim. oct. 20, 2013 8:24 am
par Fabien Lyraud
1 - La fantasy se lit plus que la SF. Ce qui est normal puisqu'en fantasy il y a encore des oeuvres populaire et des oeuvres d'exploitation. En SF si l'on sort de la SF militaire et des romans Star Wars on ne trouve que de la littérature ambitieuse. Si les lecteurs ont plutôt envie de lire de la SF pulp ils trouvent leur bonheur du coté des licences.
2 - La SF est une littérature blanche à 80%. Aux USA il y a de plus en plus d'auteurs issus des minorités ce qui est une excellente chose. Et en France ?
3- La SF et l'imaginaire n'existe pas pour la majorité du public. En vertu de l'adage très français, que tout ce dont ne parle pas la télévision n'existe pas.
4 - La SF est absente d'une grande majorité du territoire français ( et l'imaginaire dans son ensemble aussi). Aujourd'hui les littératures de l'imaginaire sont devenus des littératures de librairie de centre ville de villes grandes et moyennes. Il y a vingt ans on en trouvait en maison de la presse.

Posté : dim. oct. 20, 2013 8:28 am
par marc
Jean-Claude Dunyach a écrit :Les lecteurs de SF n'ont pas eu envie d'essayer les livres de Bragelonne SF. Il n'y a même pas eu de phénomène de curiosité. Les livres sont restés sur les tables. Même le Karen Traviss, republié en poche chez Milady, n'a pas décollé.
Est-ce que ces mêmes livres publiés dans des collections étiquetés plus SF (et donc moins fantasy) auraient donné les mêmes résultats?
Fabien Lyraud a écrit :En SF si l'on sort de la SF militaire et des romans Star Wars on ne trouve que de la littérature ambitieuse. Si les lecteurs ont plutôt envie de lire de la SF pulp ils trouvent leur bonheur du coté des licences.
Pas certain. Peut-être que des auteurs n'osent pas se lancer dans ce genre car du côté édition on reste frileux. Et comme on reste frileux, l'intérêt et les ventes ne suivent pas, et on se retrouve dans un cercle infernal où personne n'est gagnant. Je vais finir par croire qu'il faudrait l'équivalent du FNA des années 70 à notre époque pour relancer la machine. Et en parallèle des collections grand format.

Posté : dim. oct. 20, 2013 8:36 am
par Herbefol
marc a écrit :
Jean-Claude Dunyach a écrit :Les lecteurs de SF n'ont pas eu envie d'essayer les livres de Bragelonne SF. Il n'y a même pas eu de phénomène de curiosité. Les livres sont restés sur les tables. Même le Karen Traviss, republié en poche chez Milady, n'a pas décollé.
Est-ce que ces mêmes livres publiés dans des collections étiquetés plus SF (et donc moins fantasy) auraient donné les mêmes résultats?
Sérieux, tu rigoles ou quoi ?
Ces bouquins étaient étiquetés SF nom de nom, avec du Martiniere sur la couvrante et des touches de ce putain de gris SF.

Posté : dim. oct. 20, 2013 8:38 am
par marc
Herbefol a écrit :
marc a écrit :
Jean-Claude Dunyach a écrit :Les lecteurs de SF n'ont pas eu envie d'essayer les livres de Bragelonne SF. Il n'y a même pas eu de phénomène de curiosité. Les livres sont restés sur les tables. Même le Karen Traviss, republié en poche chez Milady, n'a pas décollé.
Est-ce que ces mêmes livres publiés dans des collections étiquetés plus SF (et donc moins fantasy) auraient donné les mêmes résultats?
Sérieux, tu rigoles ou quoi ?
Ces bouquins étaient étiquetés SF nom de nom, avec du Martiniere sur la couvrante et des touches de ce putain de gris SF.
Je sais qu'ils sont étiquetés SF chez Bragelonne, et je n'hésite pas à en acheter. Mais je me demande parfois s'il n'y a pas des préjugés de la part des lecteurs concernant l'une ou l'autre collection, ce qui pénaliserait les éditeurs.

Posté : dim. oct. 20, 2013 9:04 am
par dracosolis
la remarque de Marc n'est pas sans fondement (hors des fans de sf un peu coincés du gland qui achètent pas si c'est brage, point barre et d'office) il existe un lectorat de sf qui ne PENSE pas tout simplement à regarder chez brage
l'exemple d’Adriana Lorusso pour moi est criant :
elle sort un roman chez brage, ça fait un flop (alors qu'il est superbe)
elle sort un RECUEIL DE NOUVELLES chez AD ASTRA, elle est nominée au GPI

Posté : dim. oct. 20, 2013 9:06 am
par Herbefol
C'est pas parce que c'est nominé au GPI que ça se vend. Faudrait pas confondre non plus. :)