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La promotion des littératures de l'imaginaire

Posté : sam. sept. 20, 2014 12:56 pm
par Fabien Lyraud
J'ouvre un topic pour partager les retours d'expériences dans le domaines de la promotion de nos littératures favorites.

Récemment j'étais bénévoles sur une fête médiévale. J'ai fait venir un éditeur pour qu'ils viennent faire la promotion de sa collection de fantasy historique avec un de ses auteurs. L'auteur en question a plus vendu sur un week end dans une ville de 5000 habitants qu'à Etonnants Voyageurs. Donc cette expérience a été très positive.

Cela me conforte dans l'idée qu'il faut rapprocher les littératures de l'imaginaire d'autres manifestations pour en faire la promotion.

- Déjà il existe un rapprochement entre littératures de l'imaginaire et le monde du jeu de rôles. Depuis quelques années dans certaines conventions de jeux l'on crée des espaces littérature comme a Octogones à Lyon ou à Eclipse à Rennes.
- Le rapprochement est plus timide avec les jeux vidéos mais des éditeurs comme Bragelonne, Mnémos ou Actusf sont présents dans des manifestations dédiées.

Je pense qu'il faut continuer le rapprochement des cultures geeks mais pas seulement. Il faut essayer de réfléchir comment intégrer les littératures de l'imaginaire dans le tissus local. Après tout le milieu du polar s'est développé comme ça.

Re: La promotion des littératures de l'imaginaire

Posté : sam. sept. 20, 2014 7:07 pm
par Sybille
Fabien Lyraud a écrit :- Déjà il existe un rapprochement entre littératures de l'imaginaire et le monde du jeu de rôles. Depuis quelques années dans certaines conventions de jeux l'on crée des espaces littérature comme a Octogones à Lyon ou à Eclipse à Rennes.
Et il y a un pôle JdR aux Utopiales et aux Imaginales.
A Nice Fictions, Littérature, Jeux... et tous les arts seront à égalité :wink:

Posté : mer. sept. 24, 2014 1:26 pm
par Fabien Lyraud
Plus que l'évangélisation évoquée par Herbefol sur un autre sujet je pense qu'il faut s'orienter vers une stratégie de banalisation. Il faut explorer toutes les synergies possibles et mutualiser avec tous les milieux qui nous sont complémentaires. On retirera toujours quelque chose des dialogues amorcés ainsi.
Outre les complémentarités déjà explorées avec les rôlistes et les gamers sur lesquelles il faut poursuivre l'effort, on peut se demander s'il ne faut pas se rapprocher du milieu du rock comme le milieu du polar s'était rapproché de ceux du blues et du jazz dans les années 80. On devrait facilement créer des synergies entre fantasy et métal et entre SF et musique électronique.

Posté : jeu. sept. 25, 2014 7:50 am
par Patrice
Salut,
L'auteur en question a plus vendu sur un week end dans une ville de 5000 habitants qu'à Etonnants Voyageurs.
Étonnants voyageurs n'est pas à proprement parler un festival de l'imaginaire. Et surtout, l'entrée est payante. Les ventes de livres y sont globalement faibles. Les gens passent, regardent, et n'achètent pas.

A+

Patrice

Posté : jeu. sept. 25, 2014 9:12 am
par Fabien Lyraud
Étonnants voyageurs n'est pas à proprement parler un festival de l'imaginaire.
Oui, mais ça se veut la deuxième manifestation littéraire de France quand même.

Posté : jeu. sept. 25, 2014 2:56 pm
par Herbefol
Fabien Lyraud a écrit :
Étonnants voyageurs n'est pas à proprement parler un festival de l'imaginaire.
Oui, mais ça se veut la deuxième manifestation littéraire de France quand même.
Ce n'est pas pour autant que les gens achètent. Comme le dit Patrice, c'est payant, et fort cher d'ailleurs, comme festival. J'ai le vague souvenir d'avoir entendu parler d'un auteur étranger d'imaginaire qui y avait été invité une fois et qui ne veut plus y retourner parce qu'il avait l'impression d'avoir perdu son temps.

Posté : jeu. sept. 25, 2014 3:05 pm
par Herbefol
Quand je lis les propositions de Fabien, j'ai l'impression de voir un empilements de clichés :
- fantasy -> métal
- SF -> électro
- imaginaire = gamers = geeks
En gros, c'est faire tout pour que le reste du monde garde bien en tête l'idée "imaginaire = trucs pour gamins et attardés."

Posté : jeu. sept. 25, 2014 4:51 pm
par justi
Ah bon ?

Metal, electro, geek = gamins et attardés ?

C'est pas un raccourci aussi, ça ?

Posté : jeu. sept. 25, 2014 5:50 pm
par Fabien Lyraud
En gros, c'est faire tout pour que le reste du monde garde bien en tête l'idée "imaginaire = trucs pour gamins et attardés."
IL faut peut être oublier les rêves de légitimation que ce soit vis à vis de la république des lettres, des institutions culturelles ou de la bourgeoisie dominante. Le but c'est d'élargir la base à ceux qui sont susceptibles d'apprécier car ils connaissent l'imaginaire par d'autres média.
L'image du gamin attardé c'est pas grave ça. Plus il y en aura des gamins attardés plus les média seront obliges de se rendre compte que ce n'est pas forcément une réalité. Je préfère être un post ado idéaliste qu'un vieillard compétitif.
La valeur qu'il faut mettre au centre de notre culture c'est la créativité. Nous sommes une culture créative. Les littérature de l'imaginaire sont créatives. Et un adulte peut être créatif. La créativité et construction ludique d'un récit ne sont pas l'apanage de l'enfance. Bref.
Plus on essaie de se légitimer vis à vis de la culture installée plus on perd notre identité et plus les ventes baissent et plus le fandom se réduit. C'est aussi simple que ça.

Posté : ven. sept. 26, 2014 8:17 am
par Herbefol
justi a écrit :Ah bon ?

Metal, electro, geek = gamins et attardés ?

C'est pas un raccourci aussi, ça ?
Gamers et rôlistes ça l'est clairement dans l'esprit des gens, il n'est pas nécessaire (de mon point de vue) de les renforcer dans leurs convictions.

Posté : ven. sept. 26, 2014 8:34 am
par Herbefol
Fabien Lyraud a écrit :
En gros, c'est faire tout pour que le reste du monde garde bien en tête l'idée "imaginaire = trucs pour gamins et attardés."
IL faut peut être oublier les rêves de légitimation que ce soit vis à vis de la république des lettres, des institutions culturelles ou de la bourgeoisie dominante. Le but c'est d'élargir la base à ceux qui sont susceptibles d'apprécier car ils connaissent l'imaginaire par d'autres média.
C'est pas une question de légitimation, c'est une question d'élargissement du public. Ce que tu proposes en réalité, c'est de faire de la promo pour l'imaginaire auprès de gens qui le connaissent déjà. Les gamers et les rôlistes n'ont pas besoin qu'on leur explique ce qu'est l'imaginaire, ils le connaissent déjà. Du temps où je faisais du jdr régulièrement, tous les gens avec qui je jouaient avaient lu de l'imaginaire, ceux qui n'en lisent plus aujourd'hui c'est parce qu'ils ne lisent pas tout simplement, les livres ne sont pas faits pour eux.

Le genre de démarche que tu proposes maintient, voire renforce, la coupure entre le public déjà connaisseur et le reste. Or c'est chez les autres qu'il y a des lecteurs à conquérir. Des lecteurs de blanche (parfois de très gros lecteurs) qui bien souvent ont déjà lu de l'imaginaire sans le savoir par exemple. Y a des gens curieux partout, et ce n'est pas en leur tournant le dos qu'on les attirera.

Quand à "la bourgeoisie dominante" et au "vieillard compétitif" que tu opposes au "post ado idéaliste", ça n'a rien à faire dans le débat. Je ne suis pas là pour faire de la politique à deux sous.

Posté : ven. sept. 26, 2014 8:53 am
par Fabien Lyraud
ceux qui n'en lisent plus aujourd'hui c'est parce qu'ils ne lisent pas tout simplement, les livres ne sont pas faits pour eux.
Justement ceux qui ne lisent pas ne savent qu'il y a des livres faits pour eux. Ce que leur présente les média ne les intéressent pas. Mais ils ne savent qu'il y a des livres qui parlent à leur génération, qui dialogue avec leur culture.
C'est ce public là qu'il faut approcher sans lui faire peur.

Posté : ven. sept. 26, 2014 9:37 am
par dracosolis
:lol: :lol: eh ben c'est pas gagné "sans lui faire peur"

Posté : ven. sept. 26, 2014 10:50 am
par justi
Herbefol a écrit : . Ce que tu proposes en réalité, c'est de faire de la promo pour l'imaginaire auprès de gens qui le connaissent déjà. Les gamers et les rôlistes n'ont pas besoin qu'on leur explique ce qu'est l'imaginaire, ils le connaissent déjà. Du temps où je faisais du jdr régulièrement, tous les gens avec qui je jouaient avaient lu de l'imaginaire, ceux qui n'en lisent plus aujourd'hui c'est parce qu'ils ne lisent pas tout simplement, les livres ne sont pas faits pour eux.
Je ne pense pas que cela soit exactement vrai.

Certes, les anciens rôlistes étaient amateurs d'imaginaire. Le JdR était d'ailleurs plutôt une extension de la littérature qu'un domaine à part. Suffit de voir les innombrables adaptations de romans en JdR à l'époque.

Aujourd'hui, chez les jeunes ados, le constat n'est pas le même, à ma connaissance. Mon ami qui tient la plus grosse boutique de JdR dans ma ville soulignait encore récemment que des tas de jeunes (15-20 ans) jouaient à L'Appel de Cthulhu sans jamais avoir entendu parler de Lovecraft ! Le JdR semble, pour ces jeunes, être devenu un domaine à part entière. Ce n'est pas que ces jeunes ne lisent plus, après tout ils se tapent des centaines de pages pour animer leur soirées jeux, c'est qu'il s'est créé, me semble-t-il, un cloisonnement entre l'activité ludique et l'activité de lecture. C'est ce qui semble ressortir de l'expérience d'un acteur de terrain. Je ne prétends pas que ceci a une valeur universelle.

Il y a donc peut-être un public à (re)conquérir de ce côté. Peut-être aussi une petite enquête nous permettrait-elle de clarifier les relations entre rôlistes, gamers, fans de série TV et littératures de l'imaginaire et de voir clairement où en est la situation.

Quant à la reconnaissance par le grand public et les amateurs de blanche, ça fait 60 ans qu'on essaye. Ca n'a jamais marché. Je pense que c'est un combat perdu d'avance. Je pense qu'il vaut mieux miser sur l'effet de communauté.

Posté : ven. sept. 26, 2014 11:39 am
par Fabien Lyraud
Ce que tu proposes en réalité, c'est de faire de la promo pour l'imaginaire auprès de gens qui le connaissent déjà. Les gamers et les rôlistes n'ont pas besoin qu'on leur explique ce qu'est l'imaginaire, ils le connaissent déjà. Du temps où je faisais du jdr régulièrement, tous les gens avec qui je jouaient avaient lu de l'imaginaire, ceux qui n'en lisent plus aujourd'hui c'est parce qu'ils ne lisent pas tout simplement, les livres ne sont pas faits pour eux.
IL faut aussi pérenniser le public conquis. La déperdition des 25 ans nous a fait beaucoup de mal. Si une partie du public s'en va parce qu'il ne se reconnaît plus dans ce qu'il voit en librairie. Ca a été vrai il y a dix ans avec l'extension de la fantasy qui laissé dans le désarroi les amateurs de SF hard core et c'est encore plus vrai avec le développement de la bit lit qui lésé aussi bien public SF que fantasy classique. Ces gens là ne connaissent pas forcément les small press et les micro éditeurs. Leur faire découvrir qu'ils peuvent trouver leur bonheur chez des éditeurs peu présents en librairie c'est une action positive. De même mettre en valeur des auteurs que leur éditeur ne met pas forcément en avant c'est aussi une action positive.
Et tout cela contribue à pérenniser le public en leur montrant la partie émergée de l'iceberg où il n'aurai sans doute pas été voir sans ce coup de pouce.


Or c'est chez les autres qu'il y a des lecteurs à conquérir. Des lecteurs de blanche (parfois de très gros lecteurs) qui bien souvent ont déjà lu de l'imaginaire sans le savoir par exemple.
Sauf que le lecteur de blanche et le lecteur d'imaginaire ne cherche pas la même chose. On peut élargir la base de la fantasy aux lecteurs de roman historique ou celle de la SF à une partie du public du polar. C'est jouable et ça se fait déjà. Mais avec le public de la blanche on se heurte à un mur sémiotique. D'un coté la grande majorité du public de la littérature générale recherche un effet miroir. Le public de l'imaginaire lui cherche une certaine distanciation avec la réalité ( même si parfois c'est pour mieux comprendre cette réalité). Nous avons deux démarches de lecture différente et diamétralement opposée. Donc inconciliables.

IL vaut mieux dialoguer avec ceux qui connaissent le SF et la fantasy par d'autres média et les amener à la littérature. Par exemple en jumelant des événement autour du ciné fantastique et SF avec des présentations littéraires, en incluant la présence d'acteurs des littératures de l'imaginaire aux convention de JDR et de jeux vidéos.

Mais comme je l'ai dit on peut aller dans d'autres direction. Mon exemple de la fête médiévale le montre bien.
On peut associer des auteurs de SF à des événements autour des sciences par exemple.