Le forum d'ActuSF.com

Je suis sortie de la table ronde "Les femmes qui écrivent de la SF" (Utopiales 2007) avec un sentiment de frustration qui explique ma difficulté à en faire un compte rendu valable pour notre site préféré.
Le débat avait, en effet, un côté artificiel, chacun parlant de soi sans vraiment élargir le sujet.
Pourtant, il me semble qu'un certain nombre de faits et d'idées dignes d'intérêt ont été évoqués.
- le fait que la SF écrite par des femmes en France soit considérée comme "pas tout à fait de la SF"
- l'usage de prénoms ambigus/androgynes pour s'assurer des ventes aux USA
- la mise en avant, pendant des années de couvertures clairement destinées à flatter la virilité du mâle (femmes nues, vaisseaux et ET phalliques)...

Mais le point qui m'a le plus interpellée, moi qui dit toujours "on n'écrit pas avec ses seins", c'est ce que disait l'auteur italienne, (larusso??) à propos du corps.
La femme a un corps et elle ne l'oublie pas quand elle écrit, ce qui donne des textes différents et qui peuvent faire fuir le lecteur "adolescent boutonneux".

Est-ce que d'autres que moi ont assisté à ce "débat"?
Y a-t-il d'autres réactions? Sentiments? Souvenirs?
Et vous qui n'y étiez pas avez-vous un avis sur la question ?

k_tastrof a écrit : - le fait que la SF écrite par des femmes en France soit considérée comme "pas tout à fait de la SF"

Le nom du crétin qui considère un truc pareil ?

- l'usage de prénoms ambigus/androgynes pour s'assurer des ventes aux USA

Je me demande si c'est encore le cas aux USA.

- la mise en avant, pendant des années de couvertures clairement destinées à flatter la virilité du mâle (femmes nues, vaisseaux et ET phalliques)...

Le cul fait vendre, et pas que la SF. Et pas qu'aux hommes. Moi, un beau N'Chaka avec un gros fuseur sur fond de soleil-double...

Mais le point qui m'a le plus interpellée, moi qui dit toujours "on n'écrit pas avec ses seins", c'est ce que disait l'auteur italienne, (larusso??) à propos du corps.
La femme a un corps et elle ne l'oublie pas quand elle écrit, ce qui donne des textes différents et qui peuvent faire fuir le lecteur "adolescent boutonneux".

Marrant, moi, je trouve que c'est plutôt les garçons qui sont encombrés de leur bite.

Est-ce que d'autres que moi ont assisté à ce "débat"?
Y a-t-il d'autres réactions? Sentiments? Souvenirs?
Et vous qui n'y étiez pas avez-vous un avis sur la question ?

Mon sentiment est que ce genre de débat est un peu vain sauf s'il est très préparé. Dépister les problématiques de genre, ça ne s'improvise pas sur un coin d'estrade.
Cela dit, il était peut-être très préparé, ce débat, et si ça se trouve, j'ai raté quelque chose.

Katioucha a écrit :

k_tastrof a écrit : - le fait que la SF écrite par des femmes en France soit considérée comme "pas tout à fait de la SF"

Le nom du crétin qui considère un truc pareil ?

Euh... Ce sont les propos du seul garçon présent sur le plateau de cette table ronde.
Il semblait savoir de quoi il parlait puisqu'il a même rajouté :

...parce qu'on considère que la SF c'est une littérature d'ingénieurs avec du poil sous les bras.

Avant de parler d'étiquettes bizarres comme la "science fantasy", qui serait de la SF épilée:)

Kt

Mouais... Quitte à passer pour un vil bobo naïvement non discriminant, ce genre de débats m'a toujours paru un peu stérile... Personnellement, que le sexe de l'auteur soit bleu ou rose, je m'en bats résolumment les coucougnettes. Je ne crois pas être le seul dans ce cas, mais je peux me tromper...

En tout cas, "le fait que la SF écrite par des femmes en France soit considérée comme "pas tout à fait de la SF"", je n'en ai franchement pas l'impression, et ne vois pas pourquoi cela devrait être le cas...

Et pour "La femme a un corps et elle ne l'oublie pas quand elle écrit, ce qui donne des textes différents et qui peuvent faire fuir le lecteur "adolescent boutonneux" ", je suis de même très sceptique.

Ca sent un peu le dictionnaire des idées reçues, nan ?

k_tastrof a écrit :

...parce qu'on considère que la SF c'est une littérature d'ingénieurs avec du poil sous les bras.

Kt

Il y a plein de femmes ingénieurs maintenant . Et une proportion non négligeable qui ne se rase pas sous les bras .......................................

k_tastrof a écrit :l'auteur italienne, (larusso??)

Lorusso, Adrianna !

il y a plein de femmes ingénieurs maintenant

Ouais, ou je travaille (un boite d'informatique) les ingénieurs femmes sont même plus nombreux que les hommes

La femme a un corps et elle ne l'oublie pas quand elle écrit, ce qui donne des textes différents...

C''est pas Silverberg qui s'était planté en déclarant que l'écriture de James Tiptree ne pouvait etre que celle d'un homme, alors que en réalité James Tiptree etait une femme

j'y étais pas, mais en salle presse, on a eu du mal à maîtriser georges, totalement furieux et en désaccord avec ce qui était dit. Pour lui, comme pour moi d'ailleurs, les femmes faisait de la sf en même temps que les hommes, cf catherine moore, et la question n'a donc aucun interet.

Jean-Claude Dunyach a écrit :Je citais aussi le cas de Anne McCaffrey et MZ Bradley dont les séries (Ténébreuse et Pern) sont considérées comme de la Science-Fantasy en France et de la SF partout ailleurs.

Ca n'était pas le cas pour les premiers ouvrages parus, de l'une ou l'autre série. J'ai l'impression que cette expression de science-fantasy a été inventée par des éditeurs dans l'espoir de vendre la SF aussi bien que ce qui était étiqueté fantasy, non ? Alors est-ce qu'on peut dire que leurs ouvrages sont "considérés comme" ou bien simplement qu'ils sont "vendus sous l'étiquette de" ?

Très étonnant ce que tu rapportes la Jean-Claude, étonnant et inquiétant
Personnellement le fait qu’un auteur soit une femme ou un homme m’est parfaitement indifférent !
Est-ce que ce phénomène est vrai quelque soit le genre, SF ou fantasy, ou fantastique.
Est-ce que c’est le public spécifiquement SF qui est misogyne (étonnant) ou bien le public plus général, c’est quand même principalement ce public qui achète les Harry potter (et l’auteur est une femme)
Quant a MZ Bradley ou Anne Mc Caffrey, j’ai toujours considéré que c’était de la SF pure, du moins pour ceux que j’ai lu – les premiers volumes du cycle de Pern et quelques romans seulement de cycle de Ténebreuse)
Par exemple «La planète aux vents de folie» est a mon avis strictement SF sans aucun élément de fantasy

Jean-Claude Dunyach a écrit :
Et la problématique du débat n'était pas de savoir si on écrit avec sa bite, ses seins, ou n'importe quoi d'autre

après le roman de SF écrit en sms sur son portable , le roman de SF écrit ....




C'est en tout cas un débat assez bizarre , et il serait intéressant que les libraires puisse cibler la population "effarouchée " par les auteurs féminins pour discerner les facteurs à l'origine de ces comportements.

PS: en y réfléchissant, je crois que je lis de plus en plus de SF écrite par des femmes , bien que cela soit loin d'être une majorité ...

PPS: Ceci dit Pern , pour moi ,c'était de la fantaisie . Bon, je l'ai lu il y a longtemps et je me suis arrêté au bout de 2 ou 3 tomes .

J'ai l'impression que cette expression de science-fantasy a été inventée par des éditeurs dans l'espoir de vendre la SF aussi bien que ce qui était étiqueté fantasy, non ?

a partir du moment où un auteur méle des éléments de SF et des éléments de fantasy dans une même oeuvre il est à l'intersection des deux genres et c'est de la science fantasy. Il y a aussi le fait que aux USA on a tendance à considérer la hard science comme le noyau dur du genre. Et que la hard science est écrite en majorité par des hommes.
Les femmes ont toujours fait une SF relativement plus sensible avec des préoccupation centrée sur l'humain que je trouve quelque part plus interessante que les équations et les tuyaux.

Ceci dit Pern , pour moi ,c'était de la fantaisie

Bizarre, je suis exactement d’un avis contraire : planète, contrainte astronomique pour le retour des fils, symbiose télépathique entre hommes et dragons, qui n’ont rien de magique. Aucun élément surnaturel nul part dans le premier livre, par contre beaucoup d’éléments de SF !

Jean-Claude Dunyach a écrit :Et la problématique du débat n'était pas de savoir si on écrit avec sa bite, ses seins, ou n'importe quoi d'autre, mais de comprendre pourquoi il y a des a priori négatifs tenaces dans le public français vis-à-vis des femmes qui écrivent de la SF.

Il y a des a priori négatifs tenaces dans tous les publics vis-à-vis des femmes qui font quoi que ce soit, non ? Quand je regarde l'Assemblée Nationale ou le Medef ou les dirigeants russes ou indiens ou chinois ou la Cnesset ou n'importe quel conseil d'administration ou n'importe quel lieu de pouvoir, quand il y a une gonzesse, c'est en général la serveuse du bar, non ?