Zelphalya a écrit :Vincent Ferré m'a demandé de faire suivre ce message :
[...]On ne saurait trop insister sur la différence entre Le Silmarillion et ce texte, qui
n'a pas été retravaillé par Ch. Tolkien, mais est de la seule main de Tolkien ;
ainsi que sur la différence entre ce texte et les volumes de L'Histoire de la Terre
du Milieu (dont font partie Les Contes Perdus, La Formation de la Terre du Milieu,
etc.), qui se présentent sous la forme de volumes annotés et commentés. Ils ne sont
pas destinés aux "intégristes les plus improbables", ou alors cela serait vrai de
toutes les éditions d'oeuvres inachevées (à commencer par celles de Proust, par ex.,
pour prendre un exemple apparemment opposé mais évident) ; ces textes ne sont pas
non plus des fonds de tiroir, mais le récit est beaucoup plus discontinu que dans
Les Enfants de Hurin. Ce dernier volume est vraiment destiné à un public plus large
que celui de L'Histoire de la Terre du Milieu. [...]
Tiens, je me sens un peu concerné, là, et me rend compte que les quelques lignes plus haut pouvaient paraître un peu bourrines, voire insultantes...
Je reformule, mais le fond reste le même. Je veux bien croire que
Les enfants de Hurin doive être distingué des volumes de
L'histoire de la Terre du milieu, déjà. Mais, pour ces derniers, je maintiens : quand je parle de "fonds de tiroir", je n'avais pas l'intention d'être méprisant ; simplement de noter que ce sont des textes qui, en l'état, ne pouvaient attendre de publication. Si publication il y a eu, c'est parce que nous parlons de Tolkien, d'un véritable mythe... et, soyons francs, d'une poule aux oeufs d'or.
Cette publication est à mon sens parfaitement légitme (même s'il pourrait, oui, y avoir débat sur la "forme", voir plus bas), mais je considère qu'elle ne saurait intéresser que deux types de public :
- Les exégètes passionnés, qui ont envie de se livrer à une étude "scientifique" de l'oeuvre de Tolkien (comme pour beaucoup d'éditions d'oeuvres inachevées...).
- Les "intégristes", oui, je maintiens le mot - il y a eu débat sur un autre fil - qui sont prêts à bouffer tout et n'importe quoi parce qu'il y a écrit Tolkien dessus.
La tentation de l'exégèse, je l'ai eue, pour Tolkien comme pour bien d'autres (parmi lesquels Lovecraft, Dick...), et à la limite de "l'intégrisme". La limite :
Le livre des contes perdus et
La formation de la Terre du milieu m'ont paru imbuvables. Je comprends qu'on puisse éprouver de l'intérêt pour ces textes ; mais les présenter comme des "nouveaux Tolkien", et les publier sans véritable avertissement au néophyte, ça me semble un peu gênant. Dans ma grande naïveté paranoïaque, j'imagine quelqu'un qui voudrait découvrir Tolkien mais serait effrayé par l'aspect volumineux du
Seigneur des anneaux, et prendrait un de ces volumes pour "s'initier" (parce que c'est nouveau, ça vient de sortir, qu'on en parle, etc.) : je doute fort que Tolkien y gagne un nouveau lecteur assidu. Et c'est dommage...
'Fin bon, tout ça n'engage que moi.