Page 2 sur 2

Posté : dim. mars 09, 2008 5:01 am
par Nébal
Eric a écrit :Évidemment je vais m'attirer les foudres de tout le monde si je dis qu'un an passé à étudier les poètes romantiques pour mon bac français m'a dégoûté à tout jamais de la poésie ?
Tout le monde moins un, alors... :wink:

Posté : dim. mars 09, 2008 10:42 am
par zomver
Il serait injuste que ce thread oublie Michel Demuth et Les galaxiales avec par exemple ce poème de Clément Hornmann écrit en 2060 :

Ils ont laissé des allées
Aux pâturages de charbon,
Ils ont planté des défis
Et tressé de longues cohortes
Les oiseaux démembrés
Se sont perdus aux lacs.


N’oublions pas non plus les fulgurances poétiques que l’on trouve dans le magnifique épilogue de La possibilité d’une île de Michel Houellebecq. A noter le rôle actif de la poésie dans ce roman : c’est en effet un poème qui décide le clone Marie23 à quitter une vie confortable pour partir à la recherche d’un "hypothétique communauté néo-humaine", un poème qui se termine ainsi :

Il existe au milieu du temps
La possibilité d’une île.



Il ne faut pas omettre d’évoquer la poésie qui sort des sentiers académiques et qui transparaît dans bien des proses. Ainsi, je citerais volontiers – pour la littérature francophone SF (terme à prendre ici "au sens large") - toute la poésie qui sourd dans le Kathleen de Fabrice Colin où d’étranges paratextes confèrent au roman une ambiance … envoûtante. J’ajouterais - et loin de moi toute idée de provocation – que je suis très sensible à la poésie de certains passages écrits par Maurice G. Dantec.


Plus généralement, la SF (francophone ou non) entretient des liens étroits avec la poésie : de Cordwainer Smith (Les Seigneurs de l’Instrumentalité) à Greg Bear (La reine des anges) en passant par Stanislas Lem (La cybériade et ses savoureux pastiches),il y aurait de quoi écrire des pages entières sur le sujet ! Ainsi, avez-vous noté à quel point, dans certaines dystopies, la poésie a un rôle symbolique et fort ? Sans doute parce que - comme je l’ai dit ici - elle permet tout simplement de retrouver l’émotion des "mots interdits".

Terminer ce post en omettant de citer la poésie vogonne (Le guide du voyageur galactique - Douglas Adams) serait faire acte de censure, ce qui serait impardonnable même si ladite poésie est – je crois - "la troisième en exécrabilité de tout l’univers". ;D !

Edit: rectification erreur de frappe: "il y aurait de croire écrire des pages entières" en "il y aurait de quoi écrire des pages entières"

Posté : dim. mars 09, 2008 11:57 am
par Papageno
Évidemment je vais m'attirer les foudres de tout le monde si je dis qu'un an passé à étudier les poètes romantiques pour mon bac français m'a dégoûté à tout jamais de la poésie?
Oui que la foudre tombe sur toi ;-)
En fait, la poésie me rebute aussi mais seulement a haute dose. J'ai du mal a lire un recueil entier d'un seul coup. Mais lu a petit à petit, poème par poème, en espaçant les lectures pour laisser les images poétiques agir! au contraire cela me donne la chair de poule.

Pour Michel Demuth, je me souviens de l'éditorial d'un Marginal en vers!
et aussi en exergue à son recueil , "Les années métalliques" de ces magnifiques vers.
Sur les météores pacifiques
Jusqu'au itinéraires miroirs
Dans les citadelles du temps
Ou giclent des pluies d'histoire
et de sang
............................................
Et je remonte les données
comme un saumon cristallisé
Prisonnier de l'éternité
Et je tourne la-haut
Dans mon tombeaux de verre
Sur mon orbite blanche
Dans mon cimetière
Pour les Romantiques on trouve parfois dans des poèmes qui n'ont rien a voir avec la SF, des vers fulgurants rappelant les cataclysmes cosmiques du Space-Opéra, comme par exemples dans ces vers extraordinaires du "christ aux oliviers" (Les chimères) de Gérard de Nerval
Partout le sol désert côtoyé par des ondes,
Des tourbillons confus d’océans agités...
Un souffle vague émeut les sphères vagabondes,
Mais nul esprit n’existe en ces immensités.

En cherchant l’oeil de Dieu, je n’ai vu qu’une orbite
Vaste, noir. et sans fond, d’où la nuit qui l’habite
Rayonne sur le monde et s’épaissit toujours ;
Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l’ancien chaos dont le néant est l’ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les Jours !
Je ne peut pas comprendre qu'on puisse être insensible a un tel miracle d'écriture!

Posté : dim. mars 09, 2008 2:03 pm
par Eons
zomver a écrit :Il serait injuste que ce thread oublie Michel Demuth et Les galaxiales
Pas que les Galaxiales !
Sachant qu'on peut faire de la posésie sans nécessairement faire des vers, pour moi sa nouvelle « Dans le ressac électromagnétique » (Lunatique spécial MD - http://www.eons.fr//main.php?lang=fr&ru ... idlivre=88 ) est tout simplement un long poème.

Petit extrait :
Dans cette zone de l’espace, le réel devenait mince et intangible, et le Temps cassant.
Le mur du Fourneau était un piège d’ombre.
Une trace de blessure aussi dense qu’un caillot de sang.
Pour les yeux du Vaisseau, et ceux de Kilème, c’était une mâchoire ouverte sur la grande lame ardente de la galaxie du Fourneau.
Un amas de possibles où le Temps n’était plus un fleuve calme que rien ne pouvait détourner, mais un tourbillon de courants fous séparés par des berges de paradoxes.

Posté : dim. mars 09, 2008 3:40 pm
par zomver
Eons a écrit :Pas que les Galaxiales !
Yep.
Eons a écrit :Sachant qu'on peut faire de la posésie sans nécessairement faire des vers
Pas mieux.
La réciproque est également vraie. :)