Il serait injuste que ce thread oublie
Michel Demuth et
Les galaxiales avec par exemple ce poème de Clément Hornmann écrit en 2060 :
Ils ont laissé des allées
Aux pâturages de charbon,
Ils ont planté des défis
Et tressé de longues cohortes
Les oiseaux démembrés
Se sont perdus aux lacs.
N’oublions pas non plus les fulgurances poétiques que l’on trouve dans le magnifique épilogue de
La possibilité d’une île de
Michel Houellebecq. A noter le rôle
actif de la poésie dans ce roman : c’est en effet un poème qui décide le clone Marie23 à quitter une vie confortable pour partir à la recherche d’un
"hypothétique communauté néo-humaine", un poème qui se termine ainsi :
Il existe au milieu du temps
La possibilité d’une île.
Il ne faut pas omettre d’évoquer la poésie qui sort des sentiers académiques et qui transparaît dans bien des proses. Ainsi, je citerais volontiers – pour la littérature francophone SF (terme à prendre ici "au sens large") - toute la poésie qui sourd dans le
Kathleen de
Fabrice Colin où d’étranges paratextes confèrent au roman une ambiance … envoûtante. J’ajouterais - et loin de moi toute idée de provocation – que je suis très sensible à la poésie de certains passages écrits par
Maurice G. Dantec.
Plus généralement, la SF (francophone ou non) entretient des liens étroits avec la poésie : de
Cordwainer Smith (
Les Seigneurs de l’Instrumentalité) à
Greg Bear (
La reine des anges) en passant par
Stanislas Lem (
La cybériade et ses savoureux pastiches),il y aurait de quoi écrire des pages entières sur le sujet ! Ainsi, avez-vous noté à quel point, dans certaines dystopies, la poésie a un rôle symbolique et fort ? Sans doute parce que - comme je l’ai dit
ici - elle permet tout simplement de retrouver l’émotion des
"mots interdits".
Terminer ce post en omettant de citer la poésie vogonne (
Le guide du voyageur galactique -
Douglas Adams) serait faire acte de censure, ce qui serait impardonnable même si ladite poésie est – je crois -
"la troisième en exécrabilité de tout l’univers". ;D !
Edit: rectification erreur de frappe: "il y aurait de croire écrire des pages entières" en "il y aurait de quoi écrire des pages entières"