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Offensive parlementaire contre le prix unique du livre

Posté : jeu. juin 05, 2008 2:47 pm
par jerome
Christophe Thill vient de poster cet article du monde sur le prix unique du livre.

Inquiétant.

L'article

Posté : jeu. juin 05, 2008 2:59 pm
par crazy guide
On vit dans un pays formidable !

Combien de milliardaires français doivent leur fortune à leur travail dans le milieu du livre ?

Les gens n'ont pas envie de lire (quelle qu'en soit la raison) : C'est forcement parce que les livres sont trop chers !

Ecrivez un livre, vous êtes certain de rouler en porsche dans les mois qui suivent.

Et je ne parle même pas des éditeurs qui croulent sous l'argent, des libraires qui passent six mois par ans au Bahamas et ainsi de suite.

Poussons le raisonnement jusqu'au bout : tout devrait être gratuit pour tout le monde. Comme ça on arreterait tous de travailler puisqu'on aurait plus besoin d'argent pour vivre.

J'arrete là parce que même en usant d'humour j'ai du mal à ne pas m'enerver....

Posté : jeu. juin 05, 2008 3:40 pm
par Transhumain
Il y a un thread sur le CC à ce sujet : http://www.cafardcosmique.com/phpBB2/vi ... fa4982757b
Avec quelques explications intéressantes de Thomas Day.

Posté : jeu. juin 05, 2008 3:58 pm
par Fabien Lyraud
J'avais lu il y a quelques années la répartition des points de ventes de livres en France (sur Livres Hebdo) :
1er point de vente : les grandes surfaces spécialisées
2éme point de vente : les super et hypermarchés
3éme : club du livre et vpc
4éme : librairie indépendante

L'abrogation de la loi Lang réduirait encore le nombre de librairie indépendante. Personnellement je suis favorable à l'interdiction de la vente de produits culturels dans les super et hyper. Ce qui aménerait l'ouverture de librairie dans des zones où il n'y en a pas (zones rurales, banlieues) et ne pourrait avoir qu'un impact positif sur les ventes.

Posté : jeu. juin 05, 2008 4:06 pm
par crazy guide
Fabien Lyraud a écrit : L'abrogation de la loi Lang réduirait encore le nombre de librairie indépendante. Personnellement je suis favorable à l'interdiction de la vente de produits culturels dans les super et hyper. Ce qui aménerait l'ouverture de librairie dans des zones où il n'y en a pas (zones rurales, banlieues) et ne pourrait avoir qu'un impact positif sur les ventes.
Est-ce réellement la bonne solution ?
D'un coté ça permettrait (peut-être) d'assainir l'offre en éliminant pas mal de cochonneries pondues par des ateliers de travail forcé (genre adaptation de séries télé ...)
D'un autre coté est-ce que quelqu'un qui n'a jamais lu va avoir l'idée de rentrer dans une librairie pour chercher un bouquin.
Je n'aime pas les bouquins "marketing" mais je préfère voire un gamin de 16 ans lire ça plutot que regarder la télé sur son téléphone portable. parce que je me dis qu'il n'est pas complètement perdu s'il fait l'effort de lire, et lui, typiquement il l'achètera en grande surface son bouquin...

Posté : jeu. juin 05, 2008 4:16 pm
par rmd
Fabien Lyraud a écrit :Personnellement je suis favorable à l'interdiction de la vente de produits culturels dans les super et hyper. Ce qui aménerait l'ouverture de librairie dans des zones où il n'y en a pas (zones rurales, banlieues) et ne pourrait avoir qu'un impact positif sur les ventes.
J'y crois assez peu.

Posté : jeu. juin 05, 2008 4:19 pm
par Fabien Lyraud
D'un coté ça permettrait (peut-être) d'assainir l'offre en éliminant pas mal de cochonneries pondues par des ateliers de travail forcé (genre adaptation de séries télé ...)
D'un autre coté est-ce que quelqu'un qui n'a jamais lu va avoir l'idée de rentrer dans une librairie pour chercher un bouquin.
D'un autre coté ce que je propose pourrait aussi permettre de développer les ventes de livres en maison de la presse. J'ai vu les présentoirs se réduire comme peau de chagrin depuis vingt ans pour ne proposer plus qu'une offre stéréotypée. Dans les années 50 Armand de Caro qui était PDG du Fleuve Noir avait développé un réseau de distribution alternatif en s'appuyant sur des maisons de la presse de quartier, des bureaux de tabac etc.... Si on interdit la vente de livre en supermarché, l'on permet à ce genre de chose d'exister. Des éditeurs qui veulent développer un réseau de distribution différent, alternatif pourront le faire. Et les littératures que nous défendons ne pourront qu'être gagnantes.

Posté : jeu. juin 05, 2008 4:51 pm
par Thibaud E.
LeMonde.fr a écrit :Malgré ce climat, Jean Dionis du Séjour persiste et signe. Il a décidé de maintenir en séance l'amendement, qui a été rejeté en commission, tout en le modifiant légèrement : le délai pour autoriser les rabais passerait de deux ans à un an. Cette mesure devrait permettre, selon lui, de "réduire le nombre extrêmement élevé de livres invendus qui sont détruits chaque année en France", qu'il évalue à "environ 100 millions". Un argument jugé digne d'un "évadé de l'asile de Charenton" par Teresa Cremisi, PDG de Flammarion.
+1, patronne ! :D

Mais ça demande explication. En gros, selon lui, vendre les livres moins cher permettrait de générer moins de retours*. Sauf que :
- S'il suffisait de baisser le prix d'un livre pour voir les ventes augmenter proportionnellement, ça se saurait (et les éditeurs le feraient)
- La baisse de rémunération engendrée tuerait nombre de libraires (ça on l'a déjà dit) mais aussi d'éditeurs et d'auteurs, ce qui se traduirait à terme par une baisse significative de la production. Et j'ai beau être une bille en économie, je ne me rappelle pas avoir lu quelque part qu'une baisse de la production soit compatible avec une baisse des prix... Ceci sans parler de l'appauvrissement intellectuel de l'offre (logique de best-sellerisation).
- Dans pas mal d'autres pays européens, les livres sont plus chers qu'en France. Leur marché du livre ne se porte pas plus mal que le nôtre, sinon mieux.

* Les retours sont les livres invendus que le libraire peut retourner gratuitement au distributeur au bout d'une période donnée (généralement trois mois), sans pénalité pour lui. Ces retours sont plus ou moins systématiquement pilonnés.

Posté : jeu. juin 05, 2008 5:04 pm
par Florent
C'est vrai que les livres sont chers. Par contre, empêcher que le prix soit vendu partout au prix éditeur, ça tuerait bien sûr les petits, à savoir les librairies non franchisées. Mais c'est un peu comme pour tout : dans la chaîne, il y en a sûrement un qui gagne plus que les autres sans en faire plus pour autant. C'est peut-être vers celui-là qu'il faudrait se tourner.

Posté : jeu. juin 05, 2008 5:39 pm
par Eons
Florent a écrit :C'est vrai que les livres sont chers. Par contre, empêcher que le prix soit vendu partout au prix éditeur, ça tuerait bien sûr les petits, à savoir les librairies non franchisées. Mais c'est un peu comme pour tout : dans la chaîne, il y en a sûrement un qui gagne plus que les autres sans en faire plus pour autant. C'est peut-être vers celui-là qu'il faudrait se tourner.
Les hyper et FNAC, qui non seulement exigent 40% de marge, mais tous les frais annexe à la charge de l'éditeur et un droit de retour total. Bref, ils ne prennent aucun risque et empochent 35 à 40% du prix du bouquin, l'éditeur les assume tous en récupérant 10% avec beaucoup de chance, et en y étant de sa poche avec un peu moins de chance.

Posté : jeu. juin 05, 2008 7:47 pm
par Epikt
Florent a écrit :C'est vrai que les livres sont chers.
Perso je trouve pas que les livres soient chers.
Leur prix a bien sur augmenté ces dernières années, peut-être plus que l'inflation, mais si on compare avec d'autres produits culturels équivalents on est dans le même ordre de prix : un GF est du même prix qu'un DVD et à peine plus qu'un CD, un poche coute moins cher qu'une place de cinoche, sans même avoir à comparer avec une place d'opéra. Même en se mettant dans la peau d'un lecteur rapide qui lirait un bouquin en 2h, on se fait pas forcément arnaquer.
Avec un abonnement en médiathèque permettant de lire gratos la part la plus courante de la production, voir en se prêtant les bouquins avec 2-3 amis, il est très facile de lire pas cher.

Posté : jeu. juin 05, 2008 8:42 pm
par Florent
Forcément, si tu compares à des choses chères qui ont augmenté pour démontrer que les livres ne sont pas chers, le raisonnement est biaisé. Surtout si tu termines en passant en revue le moyen de lire des livres sans les acheter, alors qu'il est question du coût des livres, pas du coût d'une carte de bibliothèque.

Moi j'ai encore mieux : j'achète des livres à 30 cents à Emmaus. Ils sont tout abimés, mais je repars avec une poche de livres pour 5 euros.

Là il est question des livres neufs qu'on achète. 7 ou 8 euros pour un livre de poche, même s'il est épais, je suis désolé mais c'est cher ! Alors forcément c'est le prix d'une place de ciné, mais le ciné aussi c'est super cher ! :mrgreen:

Et 20 ou 25 euros un livre grand format ! Avec ça je mange pendant une semaine :!: La lecture c'est vraiment devenu un luxe.

Posté : jeu. juin 05, 2008 8:46 pm
par Erion
Epikt parlait aussi des bibliothèques/médiathèques. Et là, ben, la lecture est véritablement le loisir le moins cher. Si, gamin, j'avais dû acheter tous les livres que j'ai lu en bibliothèque... C'est pas que la bibliothèque municipale était bien fournie, mais on y trouvait quand même pas mal de choses suffisante pour qui voulait lire.
A comparer avec le cinéma...

Posté : jeu. juin 05, 2008 8:50 pm
par Fredericque
Je pense qu'on devrait plus se méfier des sites web de vente en ligne (Amazone et co.). Ils demandent des abonnements au éditeurs et distributeurs mirobolants (surtout pour les distributeurs) et ils se paient grassement sur le prix du livre, sois-disant, le frais de port gratuit pour les lecteurs.

Au final, il s'avère que ça lèse les éditeurs au lieu de les servir, que ça lèse même le distributeur (chose assez rare pour être remarquée), mais bizarrement, tout le monde continue...

Je tiens quand même à faire remarquer que Leclerc et Amazone ont été traduit en justice pour avoir transgressé le prix unique du livre, et qu'ils ont eut gain de cause ?!

Le problème est général, je pense. Les grandes surfaces n'ont jamais eu un prix de revient aussi gros sur un produit vendu (40%) et les sites web commencent à rendre les acheteurs dépendants de ce mode d'acquisition, grandissant encore leur chiffre, ce qui va pousser par la suite tous les éditeurs à vendre leurs livres par eux, moyennant le prix que le site exigera.


Tout le monde ici, ou peu s'en faut, est d'accord sur le fait que virer le prix unique du livre serait non seulement un bêtise pour la diversité littéraire, mais aussi pour l'économie du pays. Du coup, je propose de parler des actions à mener concrètement.


Les propositions susceptibles d'être intéressantes, après discussion auprès d'autres professionnels du livres, seraient :
- sensibiliser les lecteurs-consommateurs sur le circuit du livre (un livre acheté chez le libraire permet une distribution des dividendes à tout le circuit du livre !) Par contre, c'est ici un travail de fond.
- Marcher plus avec les libraires qu'avec les grandes surfaces et site web. Plus facile à dire qu'à faire.
- Organiser des manifestations, dédicaces et autres entre libraires-éditeurs-auteurs afin de consolider ce rouage et redonner l'habitude aux consommateurs d'aller à la rencontre du livre (pour éviter le cloisonnement chez soi devant internet!)

Tout n'est pas faisable et beaucoup doivent déjà faire ce genre de choses.

Si vous en voyez d'autres, dites-le. En Bourgogne, on prend sérieusement cette attaque de la loi Lang (et je pense partout). Et les professionnels sont prêts à défendre cette loi. Donc, les informations leurs seront communiquées et pareil ici ;)

Il faut se serrer les coudes pour que le circuit du livre ne s'effondre pas !!

Posté : jeu. juin 05, 2008 8:59 pm
par Eric
Florent a écrit : Là il est question des livres neufs qu'on achète. 7 ou 8 euros pour un livre de poche, même s'il est épais, je suis désolé mais c'est cher ! Alors forcément c'est le prix d'une place de ciné, mais le ciné aussi c'est super cher ! :mrgreen:

Et 20 ou 25 euros un livre grand format ! Avec ça je mange pendant une semaine :!: La lecture c'est vraiment devenu un luxe.
Ben non..; pas tant que ça. Epikt à raison.

Grand Theft Auto, le big jeu du moment, c'est 40 euros. Idem pour Pro Evolution Soccer 40 € environ. Les ventes de DVD ne se portent pas mal, et pourtant une nouveauté c'est une trentaine d'euros.

Plus chers que des livres, et le ventes se portent bien.