Mort de la SF par dissolution

Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Répondre
Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Mort de la SF par dissolution

Message par Erion » mar. juin 24, 2008 9:01 am

Tout le monde connaît ici l'assertion selon laquelle nous vivons dans un monde technologique tel, que ce qui est présenté par la SF n'apparaît plus comme étrange. Du coup, la littérature générale peut s'en emparer, la SF s'étant dissoute, imprégnant chaque individu, etc. Cf. Le cyberpunk, et notamment Gibson.
Je suis en train de lire un article sur Dogura Magura, l'un des tous premiers romans (1935) japonais annonçant la SF littéraire japonaise. L'article est un peu soporifique, bien qu'intéressant, mais un passage m'a plutôt amusé au regard des discussions actuelles sur la SF. Il s'agit d'une citation d'un critique littéraire qui date de 1930 et qui parle de la tendance actuelle : "Les gens d'aujourd'hui, depuis qu'ils sont nés, ont grandi en voyant des bateaux à vapeur, télégrammes, téléphones, images animées, et des avions. Pour ces contemporains, ces choses représentent l'environnement naturel, pareil à des arbres s'étendant sur des montagnes ou à l'eau occupant les océans. Ces choses ne sont plus du tout considérées comme étranges. (...) L'âge contemporain est l'âge des machines, par contraste avec les gens du tournant du siècle qui craignaient les machines".

Toute ressemblance avec des écrits contemporains ne serait que pure coïncidence. Le paradoxe du truc, c'est que ce fameux roman Dogura Magura est plutôt anti-machine, mais va donner l'impulsion nécessaire à la SF japonaise comme genre autonome.
Alors, à quand l'âge des machines ?

Avatar du membre
bormandg
Messages : 11906
Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 2:56 pm
Localisation : Vanves (300 m de Paris)
Contact :

Message par bormandg » mar. juin 24, 2008 10:41 am

Ce que tu écris est à la fois vrai et faux: la part d'étrangeté de la science-fiction n'a plus lieu d'être dans un univers où chacun de nous a vu remettre en question les bases mêmes de son environnement en quelques années; en revanche un certain nombre de règles d'écriture, de recherche de cohérence du cadre "étranger" par exemple, de nécessités de justifier certaines prémisses, etc..., que la science-fiction a apportées ne sont pas encore rentrées dans le fonds général des règles d'écriture littéraire. La dissolution de la science-fiction, ce serait quand tous les écrivains de "littgen" appliqueraient ces règles d'une écriture contemporaine venues de la SF, comme le font par exemple Robert Merle dans L'ïle[/i (je verrais bien son narrateur sur le Space Beagle)], Houellebecq par moments. Tout en sachant que la SF pourrait continuer à garder une certaine originalité parce que l'un de ses fondements, l'intertextualité, le rappel systématique de références (les Trois lois de la robotique), l'utilisation de private jokes comme la nef spatiale Robert Anson Heinlein ne sauraient être généralisées... Tout au plus utilisées par certains auteurs à la limite des "transfictions", genre Burroughs.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

Répondre

Retourner vers « Les infos sur la Science Fiction, la Fantasy et le fantastique en général »